@yurin bae

ootd - Chaque jour différait. Hier pouvait être difficile, demain pouvait être facile, et aujourd’hui pouvait faire pencher la balance entre les deux. Ou n’être ni l’un ni l’autre et se placer du mauvais côté et s’échouer. Il s’était réveillé après avoir avoir passé une nuit mouvementée, avait vu l’heure et ne s’était probablement pas levé du bon pied. Ça lui arrivait rarement, il s’était rué à la chambre de Youngjae, l’avait enjoint à s’habiller quand il s’activait à faire de-même. Ils allaient être en retard et c’était chose rare. Il détestait cela. Petit-déjeuner pris à la hâte et les quatre pieds ancrés dans le bus à lui rappeler que ce soir c’était sa mère qui allait s’occuper de lui.
Puis il n’eut plus qu’à partir travailler. À cette journée remplie, à aujourd’hui pris dans une bousculade inédite. Quelle idée lui avait-il pris de devenir influenceur ou encore de continuer à l’être tout en éduquant un enfant ? Il y en avait qui s’y attelait avec brio ou alors ne le montraient-ils pas. Avait-il le droit de demander conseil ? La lumière vacillait, elle était fatiguée. Un jour, elle allait flancher.
Et les clients furent désagréables en fin de journée au magasin. Une tempête orageuse se préparait, les transports en commun étaient perturbés. Paré de son meilleur sourire, il ne parvint pas à les rassurer et à les comprendre. Il était irrité lui aussi, la petite veine qui saillait à son front était-elle visible ? Il s’assura qu’ils ne repartent satisfaits mais ce n’était pas sûr. Il poussa un soupir à la fermeture et eut dans l’envie d’annuler sa venue au repas entre employés. Ce serait inconvenant, déplacé même murmurait une petite voix dans sa tête et pour une fois, décida-t-il de se laisser porter par l’instant. Au point de ne pas voir le temps passer et de devoir se précipiter jusqu’à l’arrêt le plus proche pour attraper le dernier train qui le ramènera chez lui. À cause du temps météorologique perturbé.
Raté.
Sans en être le seul.
Un regard qui se partagea, qui dériva ailleurs. Avant de le retrouver et d’en rire. D’une étincelle qui crépita, minime.

— runners
@sunhee kwon

( outfit ) les mains accrochées dans la chevelure brune, la jambe qui remue sous les émotions. ce qu'il s'apprête à faire n'est pas anodin. et alors que son nom résonne dans la bouche de tous les invités, que son père est passé le voir une dizaine de minutes plus tôt ; yurin prend la fuite.
il refuse de s'enfermer dans toutes ces conventions. il refuse de continuer à jouer un rôle qui ne lui correspond plus depuis bien longtemps. il refuse cette union qui ne mènera à rien d'autre qu'au désarroi.
ô désespoir ! maman, qu'est-ce que tu penses de ton petit cygne ce soir ?
gamin qui s'enfuit de la réception par la porte des cuisines. personne ne le retient parce que personne ne s'en aperçoit. quel marié s'échapperait le jour de son mariage ? le coeur qui bat à cent à l'heure sous la poitrine quand il s'engouffre dans le taxi qu'il paie grassement pour l'abandonner en plein coeur de la ville de new york - qui ne dort jamais.

yurin perd la notion du temps.
il arpente cette rue, puis une autre. il ne cherche rien d'autre que le vide dans sa tête. il repousse toutes les croyances, toutes ces choses qui hurlent dans son esprit que c'est pourtant ainsi qu'est faite la vie ;
non, dit l'artiste.
capricieux, penseront certains.
les heures sont autant de points lumineux que ceux qui finissent par s'afficher au coeur de la voûte céleste. combien sont-elles ? ces étoiles que yurin aimerait un jour peindre par milliers. la cravate défaite, la chemise entrouverte, la veste pendue sur son avant-bras, son image n'est que le piteux reflet de ses pensées. il se sent épuisé, éreinté d'avoir parcouru des kilomètres sans se rendre compte de rien.
où suis-je ?
une station de métro quand il relève les yeux, que sa conscience le submerge à nouveau. ah ! brooklyn. s'enfermer chez lui, sous une couverture, oublier. (s'oublier.)

mais quand ses jambes se déverrouillent pour s'élancer vers le train, il reste sur le quai à suffoquer. la gorge serrée, les émotions à l'étroit. une silhouette à ses côtés, un regard aurait suffit quand son rire illumine cette nuit si sombre aux yeux de yurin. un rire qui le percute, renverse toutes ses certitudes.

- c'est la première fois que j'entends quelqu'un rire comme toi.

sous la lumière artificielle grossière et blafarde, yurin ne distingue qu'un faciès pourtant épuisé.
alors pourquoi est-ce qu'il rit ?
une bourrasque de vent remue leurs cheveux.

@yurin bae

ootd - Petite étincelle.
puisses-tu prendre de l’ampleur sans jamais y croire.
Quelle était-elle ? et d’où venait-elle ? Il en était effrayé et le mieux était de ne pas y toucher.
N’est-ce pas ?

L’inconnu ne sourit pas, l’inconnu ne rit pas. Il ne fit que parler, le déconcerter à son tour comme il lui semblait l’avoir fait lui-même avant. Il s’arrêta de rire, Sunhee, replaça une mèche de cheveux derrière son oreille et regarda droit devant lui. Il avait raté le dernier train, il ne serait pas là pour Youngjae à moins de marcher jusque dans le Queens ou de prendre un taxi. Avec quel argent ? Et est-ce que les taxis passeraient-ils par ce temps ? Alors marcher n’était pas une solution révolue. Il lui avait dit qu’il ne rentrerait pas trop tard et qu’il pourrait s’endormir sans inquiétude.
Raté.
Raté comme ce réveil.
Raté cette journée.
Et loupé le dernier train alors que le ciel ne grondait même pas pour l’instant. Il ne savait pas quoi répondre à ce jeune homme débraillé et ne savait pas non-plus quelle raison le poussa à rencontrer de nouveau son regard différent des autres. À ses yeux possédant une profondeur comme il n’avait jamais pu en voir et qui lui donnaient l’impression de rechercher toutes les couleurs du monde car les siennes étaient ternes.

« Et en quoi est-ce que mon rire est-il si particulier ? »

Répondre à une question par une question, ironique. Il s’était rapproché, avait comblé légèrement la distance qui les séparait. Plus grand, des traits qu’il se doutait reconnaître. Coréen ?

« Est-ce que vous connaissez le coin ?, lui demanda-t-il, Je suppose qu’il faudrait être fous pour rentrer en marchant par ce temps. », soupira-t-il tandis qu’un nouveau courant d’air balaya leurs cheveux.

Il en fut surpris, décida que le mieux serait de s’attacher les cheveux. Après quoi pensa-t-il enfin à envoyer un message à sa mère pour la prévenir qu’il ne rentrerait certainement qu’au petit matin. Il était à la ville que l’on appelait celle qui ne dormait jamais, il trouverait bien un café ouvert la nuit pour l’accueillir. Il commençait à avoir froid.

— runners
@sunhee kwon

( outfit ) débraillé est le meilleur mot pour le qualifier.
où est l'élégance ? adieu la prestance. tant pis, cela dit, car il sait, yurin, qu'il aurait dû rester là-bas pour la conserver aux yeux de tous.
à présent que les heures sont passées, que se disent-ils à son propos ? est-elle en train de hurler, de pleurer, de l'injurier ? la réalité semble tout à coup le rattraper. c'est le rire de ce garçon qui le percute de plein fouet.
comme une vague le ferait.
son rire le transcende et lui donnerait presque envie de s'asseoir là et de tout lui raconter. lui, petit être blond qui a le visage constellé. pourtant, ils ne se connaissent pas. ils ne savent rien l'un de l'autre hormis qu'ils ont raté le train.
yurin pense qu'il y en aura un autre.
- c'est juste que... il est plus vivant.
yurin abandonne un faible soupir en reportant son attention sur les rails en contrebas. il sent la fatigue dans tout son corps, s'interroge sur le nombre de kilomètres qu'il a parcouru à l'aveugle. il n'a pas mangé depuis des heures, il n'a pas bu non plus, et il a l'impression d'avoir la bouche pâteuse.

autour de leurs deux silhouettes, dont la plus petite finie par se rapprocher, les éléments de la nature montrent des signes que yurin ne saisit pas tout de suite. ses pensées sont ailleurs ; perturbées, elles aussi.
- q-quoi ? il n'y aura pas d'autre train ?
la surprise qui se tisse sur les traits fins et épuisés de son visage.
comment a-t-il pu rater une quelconque information alors qu'il a erré dans les rues de la ville des heures durant ?
il glisse une main dans ses cheveux bruns, les repousse en arrière. il aimerait se défaire de tout cet apparat inutile comme il s'est débarrassé de son alliance. glissée dans la poche de son pantalon, elle pèse pourtant si lourd contre sa cuisse.
et tandis que le blond relève ses cheveux et pianote sur son téléphone portable, yurin pince l'arête de son nez. il ferme quelques brèves secondes les paupières, cherche des mots, des gestes. n'importe quoi qui montrerait qu'il n'est pas sorti de nulle part.
- mh, il y a un café à cinq minutes d'ici.
un endroit où il vient parfois pour dessiner.

@yurin bae

ootd - déconcerté, il l’était. L’était-il lui aussi ? l’inattendu coloré. Il ne sut pas quoi répondre à sa réponse, songea qu’il ferait mieux de ne rien y ajouter. Si on le définissait de vivant, n’était-ce pas rassurant ? Non qu’il ait l’impression de ne pas vivre, au contraire, son existence était remplie, full, à tel point qu’il ne se souvenait plus depuis quand il ne s’était pas posé. Réellement.
ancré dans la réalité, désancré de la certitude.
Et s’il était cet être humain accroché à cette matérialité, son interlocuteur semblait être le contraire de ce qu’il représentait. Il cligna des yeux face à son hébétude de l’annonce qu’il venait de lui faire. Les messages postés de part et d’autre avaient été assez mis en évidence pour que chacun comprenne qu’il n’y aurait pas de train pour la nuit. Il remarqua qu’il était épuisé lui aussi, une autre forme de fatigue. Celle à laquelle on ne pouvait échapper.

« Non, c’était le dernier train. »

Ce fut les mots qui s’échappèrent d’entre ses lèvres, naturellement. Puis il eut envie de lui raconter sa journée, cette soirée à laquelle il n’avait pas voulu participer. Mais les convenances… ces convenances aberrantes. Peut-être voir se peindre sur son visage un sourire, une esquisse de joie quelconque et se sentir rassuré de ce que cela pouvait lui apporter.
Il le suivit jusqu’au café, lui proposa de rester avec lui et ils se retrouvèrent bientôt autour de deux tasses fumantes. Il avait pris un thé, ne savait pas si c’était une bonne idée de boire ce breuvage après avoir bu de l’alcool.
puis,
finalement,

« Alors, d’où est-ce que sort un jeune homme d’à peu près mon âge aussi bien vêtu à cette heure tardive ? »

Il but une gorgée. Au cas où, son téléphone portable était posé à côté de sa tasse sur la table. Ils étaient plus proches désormais, l’espace entre eux n’était pas très grand. Il se surprit à l’observer en détail, ne s’y attarda pas. Cependant, il avait déjà noté le grain de beauté sous son oeil gauche. Attractif, absorbant.
Ses prunelles se perdirent à la vie extérieure, celle qui ne s’arrêtait pas. Ce soir, elle était plus calme à cause de la météo et le temps semblait s’être suspendu. Avait-il le droit d’en profiter ? Il n’en était pas certain.

— runners
@sunhee kwon

( outfit ) c'était le dernier train.
et à chaque mot prononcé par le garçon lui permet de s'ancrer à nouveau sur terre.
revenir à cet instant présent où la pluie commence à tomber. que l'alerte météorologique prend un sens. que le rire du blond anime les prunelles jusqu'alors éteintes de l'artiste mélancolique.
à quoi est-ce que ça rime, tout ça ? qu'est-ce que ça signifie ? est-ce un petit signe de la vie ?
yurin ignore combien de temps il a erré dans les profondeurs de la ville ; de celle qui représente finalement un peu les chemins tortueux de son âme. les ténèbres ne viennent jamais seules ;
ont-elles emmené cette rencontre ?

les mains qui encadrent la chaleur d'une tasse quand un soupir se forme doucement sur les lèvres de yurin. il a posé sa veste de costume sur la chaise à côté de la sienne comme on abandonne un vêtement sale.
tandis qu'il mélange le sucre au breuvage presque noir, les arômes chatouillent ses narines et il a l'impression d'apercevoir des visages tournoyants. tantôt elle, tantôt lui... mais le plus important désormais n'est-il pas en face de lui ?
yurin relève le regard pour croiser le sien quand il l'interroge sur sa venue. non sa destination. c'est à ce moment que le brun esquisse certainement le premier sourire depuis des heures. fin et délicat, réel.
- d'une pièce de théâtre dans lequel le premier rôle a été abominablement mal attribué, de mon point de vue.
il lui offrirait presque la confession de ses aînés attentifs à chacun de ses pas depuis toutes ces années. l'envie de le voir s'élever au bras d'une jeune femme qu'il connait à peine dans le but de lier les familles. quelle idée ! quand on sait comment les choses ont tourné par le passé.
- et toi, qu'est-ce que tu faisais tout seul sur le quai ?

tel un murmure, il souhaiterait lui demander s'il l'attendait sans même le savoir. si le destin existe vraiment, en est-ce là tout son fruit ?
yurin observe le profil de l'enfant blond. teinture probable qui, pourtant, permet aux tâches brunes sur le faciès délicat de se dévoiler avec une grâce qui le chavire. il a un charme particulier, venu d'ailleurs.
- je m'appelle yurin.
connaître, rencontrer, découvrir -
finir par tout barricader.
cela viendra, mais pas maintenant.

@yurin bae

ootd - La pluie avait commencé à tomber, le vent s’était aussi levé. Étaient-ils à l’abri ici ? Ce n’était pas ce qui l’inquiétait le plus. Il espérait que ce temps ne réveillerait pas Youngjae, sinon il se rendrait compte qu’il n’était pas là. Non qu’il n’ait pas confiance en ces quelques personnes qui venaient de temps en temps le garder, il n’était pas le plus à son aise en sa présence et il peinait à trouver le sommeil s’il était absent. après tout, il avait été l’unique personne à avoir voulu l’accueillir au sein de son logement.
Ça irait.
Ça irait, se répétait-il. Sa mère saurait le réconforter et il retrouverait le sommeil. Il n’avait de toute façon de solution sous la main et il ne pouvait qu’attendre que la tempête ne passe. Même si elle tardait. Il aurait été prêt à parcourir la capitale à pieds sous ce mauvais temps s’il n’avait pas passé la soirée en compagnie de ses collègues à profiter de bonne nourriture et bon alcool.
Il essaya de ne pas y penser et peut-être cet inconnu l’y aida-t-il en laissant se dessiner un sourire sur son délicat visage. Il avait tourné la tête au bon moment, il songeait que cela était prédestiné. cette rencontre. Avant de rire intérieurement. Balivernes. Les liqueurs ingurgités précédemment lui faisaient tourner la tête, à n’en pas douter.

« Parfois les premiers rôles valent mieux être placés en seconds rôles, n’est-ce pas ? »

il lui sourit de nouveau comme s’il ne pouvait s’en empêcher.

« Ai-je le droit de parler de mascarade ?, lui chuchota-t-il presque, à vouloir rentrer dans la norme quand j’aurais préféré être chez moi. »

Ça le ferait rire en temps normal s’il ne l’avait pas dit sur ce ton empli d’une certaine mélancolie. Il continua de sourire et ses prunelles dérivèrent à ses longs doigts entourant cette tasse de café. On dirait ceux d’un artiste.

« Enchanté, Yurin, prononça-t-il avec toute la particularité qu’était sa voix, Je m’appelle Sunhee. »

Un éclair zébra soudainement le ciel et il sursauta légèrement. Peut-être avait-il songé vite en se croyant capable de rejoindre son quartier même sous la tempête. Il n’aimait pas ce genre de temps, désastreux. ce mot était l’un des plus qualifiable. Il observa le ciel, resserra les pans de sa veste. Le lieu n’était pas réchauffé malgré la météo qui faisait rage à l’extérieur et il avala une nouvelle gorgée de thé. N’avait pas aussi froid qu’il ne le laissait paraître avec cette présence à ses côtés qui lui procurait une chaleur qu’il ne distinguait pour l’instant qu’à peine.

— runners
@sunhee kwon

( outfit ) se laisser enchanter - envoûter - alors qu'il sait que la magie n'existe que dans les contes de fées.
les doigts enroulés autour de la tasse fumante, yurin se demande bien comment il s'est retrouvé ici. à observer le ciel se parer de dizaines d'éclairs déchirant les nuages, à contempler la beauté d'un garçon dont il ne connaît qu'à peine le nom.
à cette heure-ci, dans le plus profond de la nuit ;
il aurait dû être en train de célébrer son mariage. faire danser sa femme et lire l'approbation dans les yeux de son père
au lieu de quoi
il aimerait juste disparaître sans laisser la moindre trace de son passage.
léger sourire à la remarque faite. de toute façon, qu'y répondre ? ne sommes-nous pas tous les premiers rôles de nos vies ? aussi modestes puissent-elles être. yurin a longtemps décidé de faire comme s'il contrôlait tout cela, qu'il existait un moyen imprenable pour que tout demeure ancré dans la paume de la main.
jusqu'à la chute.
- alors peut-être avons-nous assistés à des spectacles bien décevants.
des déguisements trompeurs ou trompés. des façades dévoilées qu'en arrière-plan, une fois le rideau à peine tiré. la mascarade fait aussi semblant que le théâtre.
le café porté aux lèvres s'insinue dans la trachée, réchauffe un instant le corps glacé. yurin ne s'en est pas rendu compte.
- d'où est-ce que tu viens, sunhee ?
parce qu'il a beau reconnaître la sonorité d'un prénom coréen, yurin entend l'accent d'un anglais prononcé différemment du sien. de tous les new-yorkais. yurin a peut-être aussi envie d'imaginer l'exotisme pour lieu dit.
sunhee arrive-t-il à briller de la manière dont il porte son prénom ?
le silence s'installe avec naturel entre eux. deux êtres qui demeurent installés au coeur d'une vision particulière de la nature qui se déchaîne. un signe choisit pour les éloigner du rester, les rapprocher de l'instant.
pourtant, il suffit d'un regard pour que yurin saisisse sa veste de costume, se lève, contourne la table, et vienne la déposer sur les épaules de sunhee. regard qui s'éternise plus que nécessaire, sans doute, sur le faciès certainement interloqué du destinataire.
- sunhee... quelle est ta plus grande peur ?
un murmure rien que pour eux, retourné en face du garçon.

@yurin bae

ootd - Il aimait croire au hasard, au destin. À ces routes déviées, à ces chemins parfois tortueux. après tout, la vie ne serait-elle pas monotone sans cela ? Il s’était dit qu’on avait placé Youngjae sur son chemin en bonne conscience et qu’ils s’étaient bien trouvés tous les deux. Bien sûr, il mentirait s’il disait ne pas en avoir souffert car il y avait eu de la souffrance. Il avait douté, il s’était angoissé et il avait vu des peurs de son passé refaire surface. des petits effrois qui grignotaient ses entrailles, qui l’empêchaient de se sustenter quand cela s’apparentait à l’essentiel. C’était normal, lui avait-on répété. S’était-il répété. Et il avait fait un choix, ne l’avait jamais regretté.
jamais.
Ne pas se confondre dans les erreurs, oublier le regret. Au moins essayer. Car, au fond, ce seront eux qui finiront par regretter leurs actes.
Donc il pouvait en venir à croire que cette rencontre était le fruit du hasard. Une coïncidence difficilement non qualifiable de belle puisqu’elle l’était. belle dans sa disgrâce. Une nouvelle fois voulut-il se confier à lui comme il se mit à désirer qu’il ne l’imite. Ici, dans ce café similaire aux autres, niché au centre de la ville, au coeur de la nuit, qui viendrait tendre l’oreille hormis leurs propres silhouettes ?
Il ne fit que sourire à ses mots, sourire à son âme dont il aimerais saisir l’essence pour y apporter un peu de lumière.

« Je viens d’Australie, lui apprit-il, Sydney, sourit-il, J’y ai vécu une grande partie de ma vie puis j’ai passé quelques années en Corée du Sud. Quelle ville, Yurin ? »

Parce que si Yurin avait su deviner qu’il puisse venir d’ailleurs, lui savait que c’était de Corée du Sud dont il provenait. Il avait appris à les reconnaître, les traits ne trompaient pas. Quoique l’on aurait pu se fourvoyer à ceux de son interlocuteur qui possédait un faciès des plus attrayants. il aimait y poser ses yeux sans s’y attarder, de peur que cela ne devienne gênant ou même qu’il ne puisse le blesser car la beauté aurait dû importer peu quand le plus fascinant était ce que recelait celle qui se trouvait à l’intérieur.
Et il ne s’y était pas attendu, à cette veste posée avec douceur sur ses épaules. Un effleurement, à peine perceptible, et des prunelles qui plongèrent dans leurs jumelles. épuisées de ce qu’on attend de lui.

« Ma plus grande peur ?, répéta-t-il, Ne pas être à la hauteur. »

Car il avançait lentement, à son propre rythme. Cela serait-il assez ?

« Et toi ? »

Il se demanda s’il allait lui répondre, il en vint même à se questionner sur sa réponse. Peu certain d’avoir répondu la bonne. Sa tasse était à moitié vide, ça ne suffirait pas pour le temps qui s’écoulait à la fois vite et lentement.

« De quoi as-tu le plus envie en cet instant ? »

de laisser un nouveau sourire coloré son visage constellé d’étoiles.

— runners
@sunhee kwon

( outfit ) les ténèbres n'ont pas toujours ternies la lueur dans ses prunelles. auparavant, yurin possédait ses rêves de grandeur associé à cette envie perpétuelle de s'améliorer afin d'être, cela va sans dire, le meilleur. pour lui. pas pour les autres. éternel instatisfait qui s'achemine sur un sentier pavé d'épines et de ronces.
château qui n'existe qu'au sein de son âme, sensation terrifiante d'avoir tout le temps quelque chose à revendiquer.
et en même temps
l'unique volonté d'être laissé de côté ; oublié.
pourquoi pas, tiens, à sydney.
- à séoul, un jour d'hiver. il neigeait quand je suis arrivé dans ce monde.
alors comment peut-il aujourd'hui se trouver face au soleil incarné ? sydney, l'australie ; un endroit où il n'est jamais allé. l'atmosphère certainement chaleureuse puisqu'elle est peinte sur les traits gracieux de l'enfant installé sous ses yeux.
pourtant, sunhee frissonne et yurin lui offre sa veste de costume sur les épaules. ce n'est pas grand-chose, elle est peut-être maudite, ou elle ne vaut certainement qu'une pièce ou deux. à quoi est-ce que cette mascarade ressemble ? yurin ne devrait pas être ici et pourtant il n'y a nulle part ailleurs où il aimerait se tenir.
l'impression de n'appartenir à aucun lieu en particulier.
léger soupir quand il expire l'interrogation à son camarade. leurs tasses sont vides. parviendront-ils à tenir quelques heures supplémentaires ?
sourire en biais quand les maux s'expriment. yurin pourrait presque lui souffler combien il caresse cette sensation depuis des années. néanmoins, cette peur a été remise en arrière-plan, elle n'est pas sa priorité.
- disparaître.
non pas se cacher un instant ou s'enfermer des heures durant
juste
disparaître
s'effacer de la surface de la terre.
yurin s'agite un peu sur sa banquette. fait signe au serveur pour commander autre chose à boire. pourquoi pas manger.
- sunhee... on ne se connaît pas et pourtant on est là. je suis certain que ça doit vouloir dire quelque chose, tu ne crois pas ?
l'artiste qui a l'esprit en éveil. imagine des scénariis sans bien être sûr de ce qu'ils pourraient bien réellement signifier. deux âmes en peine au bord d'un chemin de fer vidé. la pluie et les éléments qui se déchaînent.
ils disaient mariage pluvieux mariage heureux.
yurin n'est pas au bon endroit. pas avec la bonne personne. malgré cela, depuis qu'ils discutent ensemble, il craint que son coeur n'en soit allégé. de si peu qui représente autant. le temps peut bien alors s'écouler, les conversations les distraire jusqu'au lever du jour où le vent, subitement, se tait pour laisser le soleil se dévoiler.
éclairer le visage aux cheveux satinés.