Sa tante la à nouveau déposer au centre, John n’étant pas libre, elle avait besoin de travailler. Dans des moments comme celui-là, il se sent vraiment comme un poids, une poupée qu’on laisse où on veut sans s’en préoccuper. Elle le dépose devant la bâtisse sans vraiment se soucier des escaliers à grimper, il sait comment le faire, John lui a montré, mais tout de même, il est toujours instable. Dix minutes, surement moins, mais pour lui ce fut une éternité, il arrive finalement à la porte du centre, il reconnaît l’odeur, les sons, il sait où se diriger, il frappe de sa canne le bord du mur jusqu’à trouver les chaises de l'entrée. Cela fait un moment qu’il ne s’est pas retrouvé assis sur cette chaise.

Lunette de soleil sur le nez, canne entre les mains, il se trouve assis à fixer devant lui, il a beau avoir l’air de ne rien faire, mais il écoute. Il écoute les voix raconter des inepties, d’autres poser des questions, certaines racontent des histoires de leur vie. Il entend tout et parfois il sourit, trouvant le tout comique. Charlie n’a jamais vraiment participer aux activités donner au centre, beaucoup n’accommode pas les personnes en difficulté et beaucoup sont surtout concentrés sur les mouvements et puis pas comme s’il avait envie de se mêler au gens. Du moins avant que John entre dans sa vie, aujourd’hui, seul, il ne sait pas s’il le ferait.

Le centre était en mouvement, il l'entendait, le sentait presque dans sa peau. Il semblait peut-être passer le temps à attendre et ne rien faire, mais il observait de ses sens la vie qui se déroulait autour de lui. Il ne voulait pas se joindre au chaos, parce que pour lui s’en était un, mais il aimait être assis à cette place. Enfin, jusqu'à temps que cette présence attaque ses sens et le fait reculer sur sa chaise, une chance qu’elle se trouve collée au mur, il se serait retrouvé les deux jambes en l’air. Charlie commence à trouver que ce point d’observation est le plus mauvais qu’il soit. Après John qui le rencontre ici et perturbe sa vie, c’est au tour de ce géant. Homme qui ne passe pas par quatre chemins apparemment pour savoir son nom.

Vous ne connaissez pas les espaces personnels ?

Il sentait le chocolat chaud, boissons qu’il pouvait comprendre que le monde aime. Ce qui était plutôt rassurant, il ne ressentait pas de mauvaise ondes venant de sa personne à part un manque flagrant de savoir-faire. Un sourire pris possession du visage de Charlie, il ne prenait pas cette place pour rien, il pouvait tout entendre et il avait entendu la dame lui parler de lui, il savait son nom. Un point pour lui d’essayer de lui parler et d’être gentil.

Vous le savez déjà non ? Elle vous l’a dit.

Du doigt, sans lâcher sa canne, il pointa vers l’endroit d’où venait la voix de la dame.

Il sourit, cet homme était une vraie tornade dans son esprit, trop proche, trop bruyant, trop tout pour ses cinq sens. Il appréciait le semblant de respect, demander le nom de la personne directement même si on le connait, un peu de curiosité sûrement ou une tentative de communiquer. Il le reconnaissait, son manège fonctionnait. Charlie grimaça au bruit de la chaise qui se fait tirer à ses côtés, les pattes qui raclent le sol, n’est pas des plus plaisant surtout d’aussi près.

Une autre question, il pourrait soupirer, mais John lui avait appris que toute personne n’est pas forcément méchante, ils cherchent seulement à faire la conversation. Alors la seule chose à faire est de répondre.

Un mélange des deux.

Sa tante le laissait souvent au centre, espérant qu’il s’occupe et se toruve des amis, mais surtout pour elle d’avoir quelques heures privée à occuper sa journée sans l’avoir dans les pattes. Triste histoire de sa vie, il ne voulait pas nécessairement se mêler aux autres, il ne savait pas comment.

Sa tante le laissait souvent au centre espérant qu’il se mêle au gens, qu’il s’occupe le temps qu’elle termine sa journée, ayant peur de le laisser seul à la maison et qu’il pourisse là. Comme s’il n’était pas apte à s'occuper de lui-même. Jamais elle n’a prit le temps de discuter avec lui, savoir s’il voulait venir, s’il était capable de se débrouiller, alors il ne disait rien, ne voulant pas rajouter sur sa vie. Il aimait tout de même le centre, s'asseoir en avant, écouter. Son ouïe s’était quand même développée avec le temps et ce qu’il entendait parfois, aurait pu en faire friser certain. Chaque personne avait un ton de voix différent, une intonation, une façon de parler qui les démarquent, ce qui rendait le tout assez intéressant pour lui.

Charlie ne se plaignait jamais du bruit, bien que parfois, comme maintenant c’était un tant soit peu trop strident pour lui, il préférait laisser le monde vivre. Normalement lorsque les personnes se rendent compte de son incapacité, leur comportement change, ils font plus attention, ils s’excusent continuellement, ils se comportent avec lui comme s’il allait se briser et il trouve ça énervant.

Arrêtez de vous excuser.

Il avait été un peu sec, il devait l’avouer, mais il détestait ce genre d'excuses, le geste avait été tout à fait normal, bouger une chaise, ce n’est pas comme si l’homme lui avait hurlé dessus. Une groupe de jeunes filles passa devant eux, saluant l’homme, prenant quelques secondes pour parler, Charlie détourna la tête, elle flirtait, il l’entendait dans leur ton de voix et il trouvait ça ennuyant. Comme si elle avait des chances. Ce fut la question posée, qu’il le sortit de ses pensées en le faisant sauter légèrement, ce qui le fit instinctivement empoigner la personne tout près, réflexe qu’il avait acquis avec John.

Pardon…

Il reprit sa main, en serrant ses bras contre lui, pas du tout à l’aise.

Vous avez déjà vu un aveugle cuisiner, danser ou autre activité offerte ici. Ce n’est pas adapté pour moi.