Il est tard, ça fait quelques heures que je suis rentré du travail, mon garnement m’a donné encore du fil à retordre, je crois qu’il me test, ce n’est même pas mon propre enfant et il me test, c’est fou ça. Il a quatorze ans en même temps, c’est l’âge con, mais ça m’a épuisé, parce que je dois toujours tout surveiller et qu’il me fait courir partout, parce qu’il fait des tas de choses, qu’il essaie toujours d’échapper à ma vigilance, c’est son nouveau jeu avec ses amis, quand ils sont ensemble, ils essaient de jouer à qui va courir le plus vite, qui se fera prendre en premier. Super, j’ai trop de veine. J’héberge Clara depuis quelques temps, je crois qu’on est sur la bonne voie elle et moi, mais on n’a pas … enfin on a eu un petit bisous l’autre soir, ça remonte à un moment et ça arrive de temps en temps que j’ai envie de l’embrasser, alors disons que quand je vois qu’elle est aussi ok, je vais la voir et je lui fais un bisous, je crois que je suis amoureux, il nous arrive de dormir ensemble, je sais qu’elle n’aime pas être seule et qu’elle a besoin d’être entourée, je ne veux pas la laisser alors on dors à deux, mais chose incroyable, il ne s’est encore rien passé entre nous. Mais ce n’est pas passé loin, je ne voulais juste pas faire ça quand elle n’était pas vraiment elle-même, je veux attendre le bon moment. J’ai un sourire quand je vois qu’elle dort déjà. Je me glisse dans le lit après m’être changé, avoir enfilé un bas de jogging, oui je dors d’habitude en sous vêtement, mais depuis qu’elle est là, je fais un effort de ne pas me retrouver en slibard devant elle, c’est quand même plus classe. Je fini par m’endormir et ça arrive qu’on s’endorme dans les bras l’un de l’autre. Je me dis qu’à un moment il faudra qu’on parle de nous, parce que j’ai très envie d’aller plus loin. Je me suis rapidement endormi après lui avoir déposé un baiser sur le front.

La nuit se passe, je fais des rêves … disons plutôt des cauchemars étranges ou je me retrouve enfermé après avoir été capturé, après avoir été jeté de l’hélico, ça revient toujours, sauf que certaines choses changent et ne sont pas normale. Je sais que je suis dans un rêve, alors même si ce que j’y vois m’a l’air réel, je sais que ça ne l’est pas. Pourquoi je vois cet homme toujours qui essaie de me tuer ? Ça je ne sais pas, ce que je sais c’est que ce coup ci c’est moi qui prends le dessus et je ma main lui serre le cou. trigger et warningsPuis je sens qu’on pose une main sur moi dans la réalité et je ne sais pas pourquoi j’ai le réflexe de me défendre et de mettre ma main autour du coup de cette personne, pensant qu’on m’attaque, pensant qu’il est venu jusque chez moi pour me tuer. C’est quand j’entends crier que je me réveille vraiment et que je comprends que ce n’était plus mon rêve, je me vois au-dessus de Clara, les mains sur sa gorge. Je la lâche tout de suite, je me recul et me cache dans un coin, honteux, confus, j’ai perdu le contrôle encore. Je me laisse glisser contre le mur de la chambre, je bafouille des excuses. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris. Je pensais que c’était le type, j’ai un peu perdu la notion du réel et du rêve.

« Je … Je suis désolé … Je … »

Je me prends la tête dans la main, elle va me prendre pour un fou c’est certain.

@Clara d'Egerton

Je suis perdue. Je remets absolument tout dans ma vie en question. Est-ce que je veux vraiment être psychiatre toute ma vie ? Me retrouver derrière ce bureau ou sur ce fauteuil a tenté d’aider des gens à aller ? Est-ce que j’ai envie de tout plaquer pour me concentrer sur ma musique ? J’ai l’argent pour réaliser mon rêve et vivre de ma passion. Travailler, c’est juste pour que je me sente plus normal et moins aristocrate. Pourtant, je n’ai pas besoin de travailler. Ma famille et moi avons assez d’argent pour vivre toute une vie sans même avoir besoin de travailler. Alors je pourrais. Mais, est-ce que j’ai vraiment envie de ne pas travailler et vivre avec cet argent que je n’ai pas gagné pour simplement réaliser mon rêve de faire de la musique, d’être chanteuse ? Rêve que mes parents qualifient de lubies, de passe-temps ou plutôt de perte de temps. Ah aussi ils disent que c’est un rêve vulgaire. Alors je me demande si je ne tiens pas à ce rêve simplement pour être en opposition à mes parents. Est-ce que je suis psychiatre simplement pour tenter de me rapprocher de Cole ? Essayer de créer un lien qui aurait pu être là il y a plusieurs années, lorsque je n’étais qu’une enfant encore ? Est-ce que la vie que je vie et crée présentement est réellement ce que je veux comme vie ? Est-ce que je ne suivais pas un chemin tracer depuis longtemps et maintenant il ne me correspond plus? Charles est mort parce que la pression familiale l’a brisé. Clay vit avec Axel parce que la mort de Charles l’a brisé et qu’il ne supporte plus d’être à l’appartement. Ma petite sœur vit sa vie est c’est merveilleux comme ça. Moi, j’ai l’impression de suffoquer dans cet appartement. J’étouffe et je ne sais plus quoi faire. J’ai envie de tout balayer et de juste… partir. Où ? J’en ai aucune idée. Alors je vais chez Dallas. Je m’y sens mieux. Un peu du moins. Plus qu’à l’appartement. Surtout lorsque ma petite sœur n’y est pas. Et même si Dallas n’est pas toujours là, puisqu’il travaille aussi, je me sens bien et entouré par son odeur un peu partout. Je dors tellement mieux dans son lit à sentir son parfum à chaque respiration.

Depuis l’halloween, notre… relation, si on peut dire, évolue. Il y a eu un baiser échangé ce soir-là, mais rien de plus. Il m’a arrêté. J’avais vraiment envie de plus, mais je n’étais clairement pas moi-même alors c’est surement mieux ainsi. Depuis, il y a eu quelques baisers échangés ici et là et merde que j’ai envie de plus. Dallas est bien la seule chose que je sais que je veux garder dans ma vie. Il est une constante rassurante dans mon quotidien. Je crois que je tombe de plus en plus amoureuse de lui. Mais j’ai peur que si je lui en parle, ça brise ce lien si fragile qui commence à se créer entre nous. Pourtant, c’est chez lui que je me réfugie lorsque je ne supporte plus d’être seule à l’appartement. Comme ce soir. Je suis arrivée chez lui et je me suis directement changée pour porter l’un de ses t-shirts avant de me glisser dans son lit. Ça n’a pas été long que j’ai trouvé le sommeil. Son odeur me rassure et me détend tellement.

Dans mon sommeil, je sens sa présence se glisser à mes côtés. Puis, ses lèvres sur mon front, ce qui me fait tendrement sourire. Sans être réellement réveiller, je me glisse dans ses bras. Là où je me sens le mieux depuis quelques temps. Je suis déjà quelqu’un de tactile et câline en tant normal, mais lorsque ça ne va pas, c’est pire. En plus, avec Dallas, j’ai toujours envie d’avoir un contact physique avec lui. Puis, je replonge profondément dans le sommeil.

Je me réveille brutalement lorsque je sens une main m’encercler le cou. J’ouvre les yeux et tombe sur Dallas qui me surplombe. Il fait un cauchemar ? C’est bien pire que d’habitude. Je tente de le ramener au présent en touchant ses bras, son visage, n’importe quoi pour qu’il réalise qu’il rêve en l’appelant doucement. Du moins que je peux malgré la pression qu’il exerce sur mon cou. Le seul détail que je n’avais pas pensé est qu’il poserait ses deux mains sur moi. Voyant qu’avoir un contact physique avec lui ne faisait qu’empirer sa défense, je crie son nom. Ça fait mal puisqu’il serre ma gorge, mais je suis soulagée de voir que ça réussi à le réveiller pour de vrai. Seulement mon cœur se brise lorsque je le vois s’éloigner puis se cacher, trop honteux pour me faire face. Je me lève à mon tour, frottant ma gorge pour faire passer la douleur, et vais le rejoindre. Je m’agenouille à ses côtés. Je tente d’attraper son visage qu’il cache entre ses mains pour qu’il me regarde.

- Eh… Dallas, regardes-moi. Tu n’as pas à être désolé. Tu as fait un cauchemar, ce sont des choses qui arrivent. Surtout à des soldats à la retraite. Je ne t’en veux aucunement.

Je parle d’une voix douce, surtout pour le rassurer, mais en partie parce que parler avec plus de vigueur est douloureux. Je lui caresse les cheveux la nuque puis le dos, tentant de le rassurer.

- Tu veux bien revenir avec moi dans le lit ?

Je ne veux pas qu’il continue à se morfondre. Ça me brise le cœur de le voir dans cet état. Je dépose un baiser sur son épaule, tentant vraiment de lui montrer que je ne lui en veux aucunement.

@Dallas Davenport

Je suis tellement secoué par ce que j'ai pu faire, parce que j'aurais pu continuer à faire aussi. Je n'imagine même pas ce que ça aurait été si j'avais dû expliquer à ses frères et soeurs que je l'avais tué, mais que ce n'était pas vraiment moi, que je n'ai pas su me contrôler. Je me suis accroupi dans un coin, quelque peu retourné, alors que c'est sans doute elle qui doit l'être le plus. Je regarde mes mains, je vois bien la trace sur son coup et quand elle approche de moi, je recul, m'enfonçant un peu dans le coin de la pièce, faisant non de la tête:

"Non ... Je ... je ne veux pas te faire de mal, il vaut mieux que tu ... que tu restes loin de moi."


C'est bien pour ça que je ne suis pas apte du tout à retourner à l'armée, trop perturbé, trop brisé et trop imprévisible. Si j'avais pris un collègue pour un ennemi alors que j'avais une arme, j'aurais tellement pu lui tirer dessus. Mon esprit et loin d'être serein, j'ai vu trop de choses, j'ai vu la mort de trop près. Je fais non de la tête et quand elle me dit que j'ai juste fais un cauchemar, qu'elle viens vers moi quand même et que je sens ses mains sur moi, bien sur que ça me rassure, mais bien sur que je flippe encore plus de lui faire du mal alors je m'écarte et m'éloigne pour me mettre dans un coin de la pièce. Est-ce qu'elle se rends compte de ce que j'ai fait?

"Non, je ... c'est mieux si je reste loin."

Ce n'est pas ce que je voulais dire, parce que bon sang, je voudrais être avec elle, mais c'est compliqué et je ne veux pas qu'on pense que je m'en prends à elle, je ne veux pas qu'elle ait des ennuis à cause de moi, je ne veux pas qu'il lui arrive quoi que se soit.

"J'aurais pu ... j'aurais pu te tuer ... "

Si je ne m'étais pas arrêté à temps, si elle n'avait pas réussis à me faire revenir à moi. J'aurais eu bien du mal à expliquer à la police ce qui s'était passé.

Le voir dans cet état me brise le cœur. Il se sent coupable et il s’en veut assez pour nous deux. Je ne pensais pas que ces cauchemars de sa vie passée pourraient avoir ce genre de conséquences. Je ne pensais pas qu’il allait s’en prendre à moi dans son sommeil. Pourtant, je ne lui en veux pas. Ce n’est pas sa faute. Je sais qu’il ne voulait pas me faire de mal. La façon dont il réagit maintenant le confirme assez bien. Et malgré le fait qu’il a un mouvement de recul lorsque je m’approche, je viens tout de même m’installer à ses côtés. Je ne veux pas qu’il se noie dans sa culpabilité.

- Ce n’est pas toi qui m’as fait du mal Dallas. Tu dormais. Tu ne m’en aurais jamais fait autrement sinon. Je le sais. Je… Je ne veux pas rester loin de toi, moi…

Est-ce que ma dernière phrase va avoir l’effet escompté sur lui ? Est-ce qu’il va comprendre qu’il est important pour moi et que je voudrais qu’il y ait plus entre nous ? Je ne sais même pas comment nommer notre relation. Nous ne sommes pas que des amis puisqu’on s’embrasse par moment, qu’on dort ensemble. Mais, on n’est pas un couple non plus puisqu’on ne fait rien vraiment de romantique. On dort dans les bras de l’autre, certes, mais on n’a jamais passé à l’étape supérieur. Et ce n’est pas l’envie qui manque de me laisser perdre dans le plaisir qu’il pourrait me faire connaitre. Seulement… J’ai peur que ça brise quelque chose si je le lui avoue. Comme j’ai peur de lui dire que je crois que je suis en train de tomber amoureuse de lui. J’ai peur de sa réaction. Après tout, on a quand même une bonne différence d’âge. Peut-être qu’il ne veut rien de sérieux avec une fille de mon âge. Je comprends maintenant pourquoi Clay et Axel avaient si peur de s’avouer leurs sentiments. C’est si effrayant !

Mon cœur se serre lorsque je le vois s’écarter sous mon toucher. Il a vraiment si peur de me faire du mal… Ne voulant pas empirer la situation, je reste où je suis. Je m’assis pour lui faire face tout de même seulement vêtue de son t-shirt et d’une culotte. C’est tout de même assez particulier comme scène. On dirait presque qu’on a fait plus que dormir vu nos tenues. Pourtant, c’est loin d’être le cas.

- Pourquoi ? Tu ne m’as jamais fait de mal avant. Tu as toujours agi comme un gentleman avec moi. C’est la faute de tes cauchemars ce qui est arrivé, pas la tienne. J’ai pas peur de toi, Dallas.

Je fronce les sourcils lorsqu’il me dit qu’il aurait pu me tuer. D’un côté, c’est vrai, mais, de l’autre, ce n’est pas arrivé. Ne voulant pas le laisser dans cette terreur, je m’approche de lui doucement et dépose mes lèvres sur les siennes pour l’embrasser doucement et tendrement. Je prends même l’une de ses mains que je porte à mon cou pour lui montrer que je n’ai pas peur de lui.

- Mais, tu ne l’as pas fait…, que je murmure contre ses lèvres avant de l’embrasser à nouveau.

Je n’ose pas vraiment la regarder, j’ai mal agi et je le sais, elle le sait aussi alors pourquoi est-ce qu’elle veut quand même être près de moi ? Ce n’est pas normal. Elle devrait fuir, pas rester là, elle est pourtant psychologue, elle sait que ça peut être dangereux, que JE … peux l’être, enfin non, peut-être qu’elle ne savait pas en réalité. Je n’ai jamais vraiment parlé de ce qu’il s’est passé là-bas. Je n’ai pas parlé de ce qui m’était arrivé, comment je pourrais ? Alors que j’ai vu mes collègues et surtout amis mourir ? Comment je pourrais parler de ça après tout ce que j’ai pu voir en mission ? Je le revis déjà assez souvent, ça fait presque huit ans maintenant et j’en suis toujours là, à faire des cauchemars, à me dire que ça va s’arrêter tout seul. J’ai vu un psy une fois en réalité, mais ça ne s’était pas vraiment bien passé et je n’y suis pas retourné. J’ai juste fait croire que ça allait, mais clairement ça ne va pas.

« Non, tu ne dois pas faire ça. Je ne veux pas non plus être loin de toi, mais … c’est mieux pour toi. Je … Je ne sais pas vraiment me contrôler quand … quand je fais des crises ou que … je ne suis pas … moi … Je ne veux pas te faire plus de mal. »

Je dis plus, parce que je sais qu’elle a surement vécu quelque chose de dramatique, même si on en n’a pas non plus parlé, mais je crois que j’ai deviné pourquoi le soir d’Halloween elle avait fait une crise de panique dans cette ruelle, je n’ai pas oublié et je crois avoir compris et je ne voudrais pas … Je ne voudrais pas lui faire du mal. Parce que je tiens à elle, plus que je ne le voudrais, alors je reste dans mon coin, mais elle s’approche quand même et je ferme les yeux. Je ne veux pas avoir à la regarder, c’est trop dur de me dire que je pourrais la blesser.

« Ce ne sont pas des cauchemars … c’est ma réalité … Je … Je ne pourrais jamais … les effacer, j’ai essayé. Tu devrais … Je ne voudrais pas devenir violent à cause de ces trucs … »

Je sais que je pourrais et ça serait encore pire que tout. J’ai senti qu’elle s’était rapprochée de moi, je suis recroquevillé sur moi-même, mais elle me relève la tête et je laisse faire, pourtant je ne devrais pas. Je sais que je ne devrais pas, mais j’aime ses baisers, j’aime quand elle est près de moi. Je ne veux pas qu’elle s’éloigne, c’est très contradictoire tout ça.

« Je … Je ne peux pas Clara … Je voudrais, je voudrais tellement … »

Elle n’a pas peur de moi, parce qu’elle n’a pas vu comment je suis quand je perds le contrôle, quand je ne suis plus dans la réalité et que je passe en mode « commando ». J’ai de la chance que ça n’arrive pas souvent au travail, c’est arrivé une ou deux fois, mais ça n’a pas eu de grosses conséquences, heureusement, sinon ils m’auraient envoyé en psychiatrie j’imagine. J’ai toujours eu assez de chance finalement, mais je ne veux pas prendre le risque que ça dérape un jour où l’autre, pourtant je voudrais tellement être avec elle, que ça soit possible. Je me déplace, je sais que ça va sans doute la vexer, mais je ne veux vraiment pas la blesser, c’est simplement que j’ai peur de moi-même. Elle n’a pas conscience de qui je suis vraiment.

« Je n’ai pas … Je ne l’ai pas fait ce soir, mais je … j’ai déjà … tué … je … »

Le contexte était différent bien sûr, tuer ça fait parti du travail du militaire, tuer l’ennemi, on n’aime jamais ça, mais je me rappelle très bien de ce que ça fait et je ne veux jamais plus ressentir ça et j’ai eu l’impression ce soir que je n’étais pas loin, je ne veux pas prendre ce risque qu’il lui arrive quoi que se soit.

Je suis psychiatre et, pourtant, je me sens tellement démunie face à ce que ressens Dallas. Je me sens tellement impuissante. Je ne sais tellement pas quoi faire. Tout mon être ne veut que l’envelopper dans un gros câlin pour le réconforter, mais je vois bien que ma proximité le stress et le met dans un état pire que l’instant d’avant. Alors à contre cœur je reste à distance. Mais je ne resterai pas plus loin de lui que cette distance. Je ne l’abandonnerai pas alors qu’il souffre. Je comprends qu’il a peur de me faire du mal, mais je ne veux pas donner raison à sa peur. Je commence à comprendre réellement les conséquences que la guerre a eu sur lui, mais je ne l’abandonnerai pas pour ça. Je ne veux pas le laisser. Ce qu’on a est tout ce qui me retient. C'est tout ce qui me donne du bonheur. Qui me fait sourire. C'est tout ce qui fonctionne bien en fait. Comment je pourrais le repousser ? Malgré ce qui vient de se passer.

- Je ne suis pas le genre de filles a abandonné à la première difficulté ni a abandonné ceux qui on besoin de soutien.

Je ne veux pas qu'il croit que je prends trop à la légère ce qui vient de se passer. Or, je ne veux pas que ça le traumatise plus que ce qu'il est déjà. Son passé de militaire est loin d'être tout rose alors si en plus ça vient éclabousser sa vie présente, il ne pourra pas s'en sortir. Si la violence continue a faire partie de son quotidien, il ne pourra pas avancer.

- Ils font partis de toi, je le sais et je les accepte. Tu ne seras pas quelqu'un de violent pour autant.

Je tente par tous les moyens de le sortir de cette torpeur, mais je perds de plus en plus espoir de voir ce moment arriver après toutes mes tentatives. Alors je tente le tout pour le tout en l'embrassant. Je suis soulagée de le voir se laisser faire et même répondre un peu. Tout n'est pas perdu. Je tente vraiment de lui montrer que son passée n'a pas à nous éloigné, malgré ses paroles. Parce que j'y crois vraiment. Mais, il finit par se déplacer et ça me brise le coeur. Pourquoi il ne veut pas nous laisser une chance ? Ça fait tellement de semaines qu'on dort ensemble et il n'est jamais rien arrivé. Ok, quelques cauchemars ici et là, mais rien d'intense. Alors pourquoi vouloir tout mettre à la poubelle pour un événement ?

- Je sais ça. C'est une partie intégrante du métier de militaire. Mais, ce n'est pas la même chose ici. Cette nuit, ce sont les conséquences de ton stress post-traumatique qui t'ont amené à agir de la sorte. Tu n'auras jamais voulu me faire de mal autrement.

Je me rassois devant lui, impuissante. Avoir une formule magique pour le libérer de tous ces maux, je le ferais tellement. Ça me fait tellement mal de le voir souffrir comme ça. À la place, je soupire et me redresse avant de lui tendre la main.

- Je crois qu'on a besoin d'une tasse de thé, tu m'accompagnes ?

Je lui demande doucement. Le sortir de la chambre et le faire marcher pourrait surement lui faire du bien après tout.

Comment est-ce que j’ai pu faire ça ? Comment je peux encore me regarder en face alors que je détruits tout autour de moi ? Je ne comprends pas ce qui m’arrive, je ne comprends pas pourquoi j’en suis là, enfin si, je sais, j’ai vécu des choses horribles et personne ne pourra vraiment m’aider, c’est comme ça que je le vois. J’ai un tout petit sourire un peu triste lorsqu’elle me dit qu’elle n’abandonnera pas à la première difficulté, c’est une bonne chose, mais je voudrais tellement que ça soit … différent, qu’elle puisse ne pas avoir peur de moi, même si je doute qu’elle ait réellement peur. Je voudrais être « normal », ne pas avoir ces crises. Je me passe une main sur le visage, je suis rassuré un peu qu’elle m’ait dit ça, mais vraiment, ce ne va pas être facile, surtout si elle est si gentille.

« Je sais mais je … je ne suis pas comme … je ne sais pas en vérité ce que je suis, mais je ne tourne pas rond. »

Elle le sait, elle l’a bien vu. Je ne suis pas convaincu de ce qu’elle me dit et je lui réponds :

« Pourtant je l’ai été ce soir et je risque de l’être à d’autres moments, je ne contrôle rien du tout. » *

Je me suis éloigné après qu’elle m’ait embrassé, parce que c’était trop tentant, de l’embrasser encore, parce que j’aime trop sentir ses lèvres sur les miennes. Elle a cependant raison, je ne voulais pas lui faire de mal et jamais je ne le voudrais, je veux tout le contraire évidement. Elle me dit des mots qui font tilt dans ma tête, stress post traumatique … ouai je sais que j’en ai un, mais je ne sais pas comment l’arrêter. Il me ronge de l’intérieur.

« Mais si un jour … Je n’arrive pas à me réveiller à temps … je ne sais pas ce que je deviendrais, si je devais te faire du mal. »

Je fini par accepter qu’elle se rapproche et lui tends la main, elle a sans doute raison, un café ou un thé nous fera du bien. J’acquiesce donc en la suivant.

Je me retiens pour ne pas glisser une nouvelle fois ma main à ma gorge encore sensible. Je veux éviter qu’il se sente encore plus coupable en me voyant faire. Mais, plus le choc de la situation passe ainsi que l’adrénaline, plus que la douleur se rappel à moi. Mais, je tiens bon. Je mets ces émotions dans une case et la pousse loin de moi pour rester concentrer sur Dallas. Il a besoin de moi. Je ne peux pas céder à la panique et à la peur maintenant. Demain, lorsque je serais seule, je pourrais, mais pas maintenant. Pas devant Dallas.

Je finis par m’assoir sur le seul bien que je sois qu’en petite culotte sous un t-shirt de Dallas. Le sol est froid sous mes cuisses et mes fesses, mais ça à la mérite de me garder connecter avec l’instant présent. J’aimerais tellement prendre son visage entre mes mains pour le rassurer. Ou juste prendre ses mains dans les miennes, mais je vois bien qu’il ne supporte pas de me voir si proche de lui.

- Tu es un soldat traumatisé avec un stress post-traumatique qui a besoin d’aider pour s’en sortir. Tu as besoin d’une psychothérapie Dallas…

Je voudrais tellement lui dire que je vais le référer à un collègue spécialiser dans ce genre de cas, mais je ne veux pas le brusquer. Il ne semble pas être prêt à passer cette étape.

- Voilà. Tu n’es pas violent parce que tu l’es fondamentalement. C’est ton subconscient qui agit à ta place. Ce sont tes traumatismes qui agissent à ta place.

Je suis triste de le voir s’éloigner alors qu’on s’embrassait. Il est vraiment traumatisé par tout ça. Je ne veux pas le forcer à faire quoique ce soit, même si je meurs d’envie de l’embrasser à nouveau. Mon regard se teinte d’un voile de tristesse à ses paroles.

- Il ne m’arrivera rien. Tu ne me feras rien Dallas. Si ça te peut te rassurer, je peux prendre des cours d’autodéfense pour être capable de me sortir de n’importe quelle emprise, comme ça tu n’aurais pas à avoir peur de me faire mal si tu ne te réveilles pas à temps.

Je serais prête vraiment à tout pour l’aider à réduire son stress. On finit par se lever et, toujours sa main dans la mienne, je l’entraine dans la cuisine. Je le laisse s’assoir au comptoir en déposant un baiser sur sa joue.

- Je vais faire du thé à la camomille, ça va nous aider à nous calmer et nous détendre.

Je lui serre la main une dernière fois avant d’aller faire bouillir l’eau et de préparer nos deux tasses.

Je me suis éloigné pour ne pas qu’elle se rapproche trop, mais elle le fait quand même.  Une psychothérapie … maintenant ? Bien sur que j’y ai déjà pensé, quand j’ai tenté de me suicider l’an passé. Il y a des choses qui font beaucoup trop de mal. Je revois encore la tête de mon ex-femme quand elle m’a vu avec Axel, son visage me hante, j’aurais dû être honnête, lui dire que ça n’allait plus, au lieu de ça, j’ai fait n’importe quoi, même si j’ai beaucoup aimé Axel, j’avais de l’affection pour elle aussi, mais ce n’était plus vraiment la même chose qu’au tout début. On ne se comprenait plus. Je sens que toute la tristesse que j’ai cumulé durant ces années revient, comment est-ce que j’ai pu faire ça ? Comment est-ce que je pourrais en parler à quelqu’un que je ne connais pas alors que je n’arrive même pas à en parler à des personnes que je connais ?

« Je ne sais pas si j’y arriverais … »

A faire une thérapie, j’ai essayé, ça n’avait pas vraiment marché, parce que je n’avais pas trop aimé le psy que j’avais eu, je ne me sentais pas vraiment en sécurité avec lui, j’avais l’impression qu’il me jugeait sans arrêt, puis finalement je n’ai plus été aux séances. Elle sait bien sur de quoi j’ai besoin, puis qu’elle est elle-même psy.

« Je ne suis peut-être pas violent mais j’ai … J’ai fais du mal aux gens que j’aime … je les ai blessés et je ne voudrais pas que … que ça soit pareil avec toi… »

Indirectement je suis entrain de lui dire que je l’aime, qu’elle fait parti des gens important. C’est un début. Elle essaie de me rassurer et je trouve ça adorable, qu’elle me soutienne et ne prenne pas peur, mais je ne voudrais pas qu’elle finisse par souffrir à cause de moi, ce n’est pas seulement de physique qu’il s’agit. J’ai peur de finir par lui briser le cœur si on commence à être trop proche et je le voudrais pourtant, je voudrais tellement qu’il se passe quelque chose, je ne rêve que de ça depuis qu’elle dort ici presque toutes les nuits, mais je me refuse d’y penser pour le moment.

Elle m’aide à me relever et je garde ma main dans la sienne, c’est très bizarre de sentir les battements de mon cœur aussi fort, d’avoir envie que ça ne soit pas qu’une main dans la sienne et d’avoir envie d’être encore plus proche d’elle. Je suis dans le pétrin. Je la laisse s’occuper de l’infusion et je m’installe sur le tabouret, j’ai la chance d’avoir un bel appartement avec une vue imprenable sur New-York, la nuit les gratte-ciel sont reconnaissable à la lumière des appartements ou des éclairages de nuit, je trouve que c’est encore plus beau que le jour, c’est pour ça que j’ai choisi cet endroit, parce qu’il a une vue imprenable et qu’on voit aussi la statue de la liberté, c’est l’avantage d’être à Staten Island.

@Clara d'Egerton

Je tente par tous les moyens de refouler la douleur et la panique loin dans mon esprit. Je vois bien que Dallas se sent déjà terriblement mal et coupable pour ce qui s’est passé alors je ne veux en aucun cas lui en rajouter. Après tout, il n’a pas voulu me faire de mal. Il n’a pas voulu m’étrangler. Il était pris dans son cauchemar. Je sais qu’il n’aurait jamais voulu me faire de mal volontairement. Donc, je ne veux pas lui en rajouter pour qu’il se sente encore plus mal. Je sens que ce qu’on a tous les deux sont vraiment fragile et j’ai peur que cet événement vienne tout briser. Je ne veux pas le perdre. C’est la seule chose de bien qui m’arrive depuis quelques semaines. C’est la seule chose qui m’aide à tenir le coup. Je crois que si Dallas n’avait pas été là, je serais parti en vrille depuis longtemps, j’en suis certaine. C’est mon point d’ancrage. Je sais parce que je le sens au fond de moi que sans lui, j’aurais arrêté mon boulot de psychiatre pour passer mes journées à l’appartement à faire de la musique quand l’envie serait là. Mais ça aurait été dur puisque j’aurais eu l’appartement pour moi seule. Après y avoir habité avec Charles, Clay et ma petite sœur, ça aurait été horrible. Surtout avec le fantôme de Charles qui me hante depuis que Clay remonte la pente. Je me sens comme dans un sable mouvant. Ma seule prise pour ne pas me retrouver engloutit est Dallas. Alors, non, je ne veux pas que cet accident nous sépare. Je vais faire comme toujours et juste ravaler ce que je ressens pour aider Dallas à s’en sortir. C’est le plus important.

- Je vais t’aider et tu vas réussir. Je vais te trouver le meilleur psy et je t’accompagnerai à chacun de tes rendez-vous s’il le faut. Je serais juste de l’autre côté de la porte. Je serais vite à tes côtés si tu as besoin de moi.

Je me doute bien qu’il a déjà dû faire une psychothérapie. Après les derniers événement traumatique qu’il a vécu lorsqu’il était un soldat actif, il a dû être obliger d’en faire une. Mais, cette fois, ça sera différent. Je vais lui trouver un psy qui sera là pour l’aider et non pas pour l’évaluer. Si seulement je pouvais lui faire sa psychothérapie… Mais, je ne peux pas. Je suis trop proche de Dallas, ça ne saura pas bon pour la thérapie. Je voudrais tellement pouvoir lire dans sa tête pour réussir à comprendre ce qui s’y passe et pouvoir l’aider réellement. Je me sens si impuissante face à son mal-être. Et autant ses paroles suivantes me brisent le cœur, autant elles le réchauffent. Il insinue qu’il m’aime ? Ou du moins que je suis importante pour lui ?

- On fait tous un jour ou l’autre du mal aux gens qu’on aime sans le vouloir. Ça fait parti de la vie. Accepter de partager sa vie avec quelqu’un, c’est accepter qu’un jour cette personne puisse nous faire du mal sans le vouloir. Je suis prête à prendre le risque, Dallas.

Comme lui, je lui dis indirectement qu’il compte pour moi et que je l’aime. Que je sois prête à prendre le risque d’être blessé par lui si ça veut dire que je partage ma vie à ses côtés.

On finit par se relever pour se rendre à la cuisine. Je le laisse s’installer sur un tabouret alors que je vais préparer les deux tasses de thé. Je profite du fait qu’il regarde la magnifique vue que son appartement offre sur New-York pour frotter mon cou qui me fait mal. J’espère que l’eau chaude soulagera un peu la douleur. Je ne veux pas faire culpabiliser encore plus Dallas en voyant que j’ai mal. Je finis de remplir les tasses d’eau chaude et je vais les déposer devant Dallas avant de m’installer à ses côtés. Je prends une première gorge au risque de me brûler, mais ça fait un peu de bien à ma gorge. Je cherche quoi dire pour combler le silence. Puis, finalement, je finis par déposer ma tête contre son épaule. Avec juste le t-shirt de Dallas sur ma petite-culotte, l’air ambiant commence à me faire la chair de poule.

- J’ai envie de toi…, que je murmure finalement.

Et ce n’est que la pure vérité. J’ai réellement envie de lui et ce depuis très longtemps.