Le chiffon que je frotte sur le bar, perdue dans mes pensées, regardant le bois vernis briller, alors que je sens presque cette solitude m'apaiser... Je dis bien presque, parce que je sais que cet homme n'est pas loin. Mon patron, son père, m'avait mis en garde, de ne pas lui marcher sur les pieds, sois disant, il mordait...Sur le ton de la taquinerie, et avec ce que j'avais pu voir ici, je me doutais que c'était pire. Une morsure n'était rien comparé à ce qu'il pourrait faire, c'était certain. Et il était encore là, alors que tout les clients avaient désertés le bar, motos au moteur bruyant s'éloignant, lui ne bougeant pas de là... Nous laissant seuls, dans cet endroit sentant le tabac et l'alcool.

Les motos, les bagarres, les nanas qui se trémoussent sur des hommes, avant de monter dans des chambres à l'étage, ... Je n'étais pas tombé dans un bar classique, mais moi je faisais mon job, c'est tout. Rien de plus, et je ne fréquentais personne d'ici...Mise à part Robbie, qui lui avait réussi après des mois de flirt à saisir mon coeur... Le grand amour, rien n'en était sûr, mais en tout cas, je l'appréciais, j'aimais le voir dans mon lit, dans ma vie, ...
Mais de là a finir ma vie ou me marier avec, ... Ah part contre ça, ça ferait plaisir à mes parents, le mariage évidemment, pas le genre d'hommes qu'il était...

Je soupire en continuant le rangement, les verres trouvant leur place. La salle était silencieuse, juste la musique d'ambiance assez basse, la nuit était déjà tombée depuis longtemps...Et mon regard se redresse vers l'homme, Styx Redwood. "Je vous sers quelque chose? Normalement, le bar est fermé à cette heure..." Depuis presque une heure pour les clients, mais lui, c'était différent non ? Il était le fils du proprio...



@Styx Redwood

T'es assis en retrait, comme toujours, t'avais une vue sur le bar et les environs, y'a toujours des membres de ton club dans le bar, mais il y a souvent de nouveaux visages, des curieux et curieuses qui veulent voir de quoi ça l'air et peut-être se taper un petit hors la loi en même temps. C'est de ceux-là que tu ne lâches pas des yeux. Tu veilles sur les autres comme un loup prêt à sauter et donner le signal aux autres d'attaquer si nécessaire. Mais ce soir, tout allait bien. Les mouvements se faisaient de façon naturelle, rien qui ne sortait de l'ordinaire. T'avais refusé ce soir l'avance de plusieurs, n'ayant étrangement pas la tête à ça. Tu regardais tes frères monter à l'étage avec leurs régulières ou nouvelles conquêtes alors que les citoyens quittaient les lieux à la fermeture. Tu pourrais rentrer, mais tu n'en faisais pas. Tes plans n'étaient pas d'aller chez toi, tu ne te sentais pas vraiment le bienvenu dans ta demeure depuis que tu es forcé à loger la fille du Chapitre de Montréal, quel idée!

3 heures du matin. C'était l'heure. Toujours en retrait, tu regardais, ou plutôt dire que tu la fixais serait plus juste, la barmaid laver le comptoir. La régulière de Robbie, qui étrangement tu n'avais pas vu depuis quelques jours... Elle se sentait probablement regardée puisqu'elle finissait par lever les yeux et s'adresser à toi. Elle mentionnait que le bar était fermé à cet heure, inutile de le mentionner puisque tu le savais très bien. Tu te mordais la lèvre inférieur tout en soupirant, te levant pour y tirer un tabouret sous le bar. T'asseyant tu donnais ta commande. Whiskey. Double. simple, direct, froid. Tu ne changeras jamais. Robbie vient te chercher? que tu demandais. Oh ça c'est un peur hors caractère Red, depuis quand que tu converses un peu plus avec elle?

La routine au bar c'était installée rapidement, je connaissais mon travail, même sans lettres de recommandations , j'avais déjà pu exercer souvent dans des pays tellement différents, où les préférences des clients étaient souvent variés, mais étrangement semblables, l'alcool servant à s'enivrer, à fêter une bonne nouvelle, à faire la fête… A donner le sourire. Evidemment avec modération. Mon regard dans celui du fils du patron, cet homme sombre, froid… Je sais qu'il a le droit d'être ici, qui lui dirait le contraire, mais cette mention était aussi un aveu dissimulé, s'il n'avait besoin de rien, je pourrais rentrer chez moi.

Il s'installe au bar, bien plus près. Son aura, ce qu'il dégageait, qui faisait surement fuir pas mal de monde, il était impressionnant… Un peu terrifiant aussi, un peu … Beaucoup certains vous direz, mais moi c'était un long frisson, une vague glacée qui me percuta quand sa commande s'échappa de ses lèvres.
Un verre adapté, le liquide ambré coulant déjà dedans, double, comme demandé, et je le laisse glisser d'un mouvement de main, sur le bar, vers lui. J'évite son regard en continuant ma tâche. Secouant la tête, je tourne mon corps vers lui pour essuyer les verres sans lui tourner le dos.

"Non, pas ce soir." L'inquiétude dans mes traits, ça faisait plusieurs jours qu'il n'avait pas passé la porte de mon appartement ou du bar quand je travaillais, et ses sms se faisaient rares, mais avec ce qu'il faisait, je ne pouvais penser que ce genre de moment dans devait arriver… "Il a du travail." Pensant que l'homme en face de moi devait être au courant comme il était en quelque sorte le patron de Robbie.

Tu l'écoutais et hochais de la tête tout en tournant le liquide dans ton verre. Tu n'affichais aucune émotion sur ton visage, mais dans le fond, tu avais plus que de la confusion face à sa réponse. Ça faisait un moment que tu n'avais pas vu Robbie et tu savais que la dernière chose qui lui avait été demandée de faire ne devait pas durer aussi longtemps. Peut-être que ton paternel lui avait demandé de faire quelque chose en privé, il faudra que tu vérifie avec lui demain. Tu en prenais note tout en calant ton verre d'un coup. Tu glissais le récipient sur le comptoir. Un autre stp que tu demandais.

T'avais bien vu son inquiétude se peindre sur son visage, tu savais très bien que le fait que tu ne savais pas ou il était était très inquiétant, suspect. Fallait que tu trouves moyen de changer de conversation, mais tu n'es vraiment pas le meilleur pour les petites conversations sans but précis. Quand tu finiras, je te ramènerais. elle n'avait pas le choix, elle ne pouvait dire non, c'était clairement un fait que tu lui disais et non une proposition de raccompagnement.

De l'autre côté du bar, j'étais seule avec lui, et même si ce bois pouvait nous séparer, j'avais la sensation qu'en un instant il pourrait me réduire en cendre, un regard, un mot… Il était la noirceur même et c'était assez imposant pour contenir en moi, bien caché dans un placard de mon cerveau, mon esprit taquin, mon sourire, ma joie, j'étais neutre… Légèrement tendue.

Hochant la tête je sortis du bar la bouteille du liquide qui avait déjà disparu de son verre pour venir le remplir. La laissant sur le bar car je doutais qu'il serait son dernier verre, je me demandais en silence si Robbie était bien dans un travail pour le compte du père de cet homme en face de moi. J'ignorais tout de leur affaire, mais je savais qu'ils bossaient tous ensemble, il fallait être aveugle pour ne pas douter de l'honnêteté de leur trafic, mais au moins, ici derrière le bar j'étais en sécurité… Monsieur Redwood, père, me l'avait promis.

Je relève les yeux un peu trop rapidement vers lui. "Pardon?" J'ai bien entendu ses mots, mais je veux être sûre de ne pas les avoir rêver, ou juste mon imagination qui me jouerait des tours. "Je peux rentrer en uber ou en taxi, vous savez j'ai l'habitude." Et le déranger était pas une bonne idée,... Celle d'être avec lui dans une voiture, encore moins… non?

Elle connaissait bien son boulot, verre déjà bien vide qu'elle remplissait et même te laissait la bouteille sur le comptoir. Tu vidais ton deuxième verre. Secouant de la tête. Non, je te ramène. c'était vraiment non-négociable. Tu n'allais pas la laisser rentrer seule à la maison, tu ne te permettrais pas que quelque chose lui arrive, encore moins lorsque tu ne sais pas ou se trouve Robbie, qui sait peut-être qu'il lui était arrivé quelque chose? Il faudra que tu en parles avec ton père, le président du club.

Déposant brusquement le verre sur le comptoir, tu te levais rapidement. J'insiste tu faisais glisser ton verre vers elle, prenais la bouteille, passais derrière le bar pour aller la ranger sur l'étagère. Te retournant, tu te penchais par-dessus son épaule, la frôlais pour prendre le verre que tu avais laissé sur le comptoir. Une fois le verre lavé et ranger tu jetais le torchon. On y va?

Les gestes sont automatiques, je les fais sans réfléchir. Même si j'avais toujours eu cette passion pour la photo, être derrière un bar était un endroit que j'avais bien souvent fréquenter. Job d'été, job lors des voyages… Alors là, verre vide déjà rempli de nouveau, bouteille sur le bar, je me doutais qu'il en aurait encore besoin.

Me ramener ? Il déconnait, il avait pas parler, mon cerveau me trahissait, mais … Non il était sérieux. Son ton était pas négociable, il était sérieux, et quand son corps se met en mouvement, je n'ai pas répondu, je n'ai rien dit…
Hochement de tête léger alors que je sens qu'il s'approche, mes mains occupées à essuyer des verres, juste pour les occuper, car tout était terminé, il était le dernier client, et il n'y avait plus que son verre de sale. Bouteille qu'il range lui même, surprise je n'ai pas bougée. Encore moins quand je sens son souffle si proche de moi, il est dans mon dos… Et si tourner le dos à cet homme était une mauvaise idée, je sais qu'il peut percevoir le frisson qui me parcourt. Le silence dans le bar, l'eau qui coule pour qu'il s'occupe de son verre lui même, perdue dans mes pensées, je me demande pourquoi il tient tant à me raccompagner. Je sursaute quand il parle. "Oui... Je prends juste mes affaires."

Veste rapidement enfilée, et sac en bandoulière. Une fois à la porte de derrière, celle pour les employés, quand tout est fermé, je m'avance vers la route avant de me retourner. "Vous savez j'ai l'habitude de rentrer seule, je ne vais pas me faire dévorer sur le chemin." Pas de grand méchant loup la nuit ici à NY et je ne portais pas de chaperon rouge.