Je ne pensais pas qu’un jour j’accepterais ce genre d’arrangement, mais c’est un peu plus que ça évidement, ça va m’aider, je le sais au fond, j’ai juste toujours eu la trouille d’affronter mes peurs alors ouai ça me fiche la trouille mais je ne peux plus faire autrement maintenant que de faire semblant, je crois que c’était un appel à l’aide … et il a été entendu. Je ne suis pas encore habitué à ce qu’il m’embrasse, j’ai l’impression que ce n’est pas réel, que c’est presque un rêve éveillé, mais je sais qu’il est là et je souris quand il me dit qu’elle sera contente de savoir qu’on s’est enfin tout dit.

« Oui, j’aurais sans doute droit à un « je te l’avais dit ». »

Ce n’est pas bien grave, même si ce genre de remarque est toujours un peu agaçante. Je ne suis pourtant pas sûr qu’elles ne m’en voudront pas, on a déjà tellement souffert dans toute cette histoire, la mort de notre frère a été dure alors que je sois là … ça ne va pas aider non plus. Je hausse les épaules et lui dit :

« Je ne sais pas … je comprendrais qu’elles m’en veuillent … je n’ai pas été très … je leur ai pas tellement laissé le temps de se remettre et j’avais promis à Cléo de ne pas … de ne pas faire ça … »

Je ne savais simplement pas que j’allais si mal. Je me pousse un peu pour qu’il s’installe à côté de moi et je pose ma tête contre son épaule. Je n’ai jamais été aussi heureux qu’il soit là.

« Je … Je veux pas retourner à l’appartement … Je ne pourrais pas … »

Je lui confie ça, je ne me sentirais pas capable de retourner là-bas, là ou je ne vois que des souvenirs, que cette terrible nuit. Je n’aurais sans doute pas la force d’arrêter si j’y retourne, pas pour le moment.

Le soulagement face au fait qu’il accepte de l’aide qui explose en moi n’est comparable en rien tellement il est immense. J’ai eu si peur de le perdre sans avoir eu le courage de lui dire que je l’aime que c’était tout ce que j’espérais. Enfin, il va recevoir l’aide dont il a besoin et je vais le savoir en sécurité le temps qu’il remonte la pente. J’aurais tellement peur de le retrouver mort sans avoir eu le temps de le sauver si c’était autrement.

Et l’embrasser ! Comment c’est bon et agréable. Je n’ai jamais eu autant de papillons dans le ventre à embrasser quelqu’un. Avec Clay, je pourrais faire que ça de mes journées. C’est si bon, agréable et doux. Comme le voir sourire ! Je ne peux m’empêcher de rire à ses paroles tout en hochant la tête, confirmant ainsi ses dires.

- Je l’entends déjà nous le répéter sans cesse. En rajoutant, bien sûr, « vous auriez gagner tellement de temps à m’écouter » et ses variantes. J’espère que t’es prêt à ça hein ? Clara ne nous lâchera pas de sitôt.

Clairement, je suis déjà amusé par cette perspective. Je tente tant bien que mal de créer une atmosphère un peu plus douce et chaleureuse pour faire en sorte que Clay se sente un peu mieux, mais surtout un peu moins coupable pour le geste qu’il a commis. Je serre sa main dans la mienne et vient lui caresser les cheveux de l’autre à ses paroles tentant de le rassurer.

- Elles t’aiment plus que tout, Clay, elles ne pourront pas t’en vouloir longtemps si elles t’en veuillent réellement. L’important est que tu es toujours là.

Une fois couché à ses côtés, sa tête contre mon épaule, je le serre un peu plus contre mon corps. Je veux qu’il se sente soutenu, en sécurité et, surtout, aimer grâce à ce geste. À ses paroles pleines de douleur, je viens lui embrasser le haut de son crâne.

- Alors tu viendras chez moi. On pourra partager la même chambre ou, si c’est trop vite, tu pourras prendre une chambre d’ami. La porte de chez moi t’es toujours ouverte, tu sais ?

Je lui caresse le dos tendrement, tentant de faire baisser son niveau d’anxiété. Il pourra rester le temps qu’il lui faudra. Ça me fera même terriblement plaisir de le retrouver chez moi en rentrant du boulot. Je pourrais faire à manger pour nous deux. Regarder la tv avec lui le soir. Tout simplement passer du temps avec lui.