Eres el mejor de nosotros

Mina & Alvarez

Finalement, depuis ma sortie de prison, tout s’est passé très vite. J’avais un peu honte de devoir retourner chez les parents. L’ambiance était un peu bizarre, mais la mama a tout fait pour que j’oublie et m’a donné beaucoup trop à manger. Le paternel me parlait déjà de boulot. Alors que tout ce dont j’avais envie c’était prendre du temps pour me retrouver. J’ai fait au mieux pour satisfaire tout le monde, mais j’ai foiré. J’aurais dû prendre sur moi, mais en prison, j’ai attrapé des mauvais réflexes et quand il a voulu jouer au con avec moi, je lui ai fracassé sa gueule. Un peu trop même ! Je savais que les flics allaient arriver et ce soir-là, je suis parti. J’ai pris peur et j’ai rejoint les gars du cartel pour me barrer aux USA. J’avais prévu de venir, mais sûrement pas aussi rapidement. L’ambiance au Bronx n’est pas la meilleure, ça doit faire deux grosses heures que je suis là qu’une personne m’a déjà demandé du fric et ici, les gens te dévisagent. Après, je sais que j’ai pas la meilleure tête, mais quand même ! Ok, ça se voit que je suis un migrant à la limite un SDF. D’où le fait que j’esquive de croiser les regards des flics s’ils me contrôlent, je suis mort.

Mina ne devrait plus tarder et ma seule envie du moment, c’est de retrouver ma soeur et d’aller dans un endroit plus chaud et moins lugubre que cette entrée de station de métro. Je m’allume une clope et quelques minutes après, j’entends une voix familière. Mais dans le doute, je me retourne face à cette personne avec un regard assez noir, mais quand je vois ma soeur, je suis soulagé de voir que c’est bien elle. Je jette le reste de ma clope vers la voiture qui klaxonne et monte dans son véhicule. J’ai même un petit sourire quand elle lui fait un gros fuck. C’était mérité. Mina me demande comment je vais et je sais qu’elle n’est pas dupe. Elle sait que s’il n’y avait pas eu un gros truc, je ne serais pas venu aussi vite la voir. Alors je lui dis « Oui, tu m’as trop manqué, donc j’ai pas pu attendre ! » Ca me fait bizarre de la voir enceinte. La famille s'agrandit. Dans le fond, tout le monde est content et dans la forme, la famille est trop traditionnelle.

On avait trop de choses à se dire. Tout le temps à rattraper. Alors je commence à lui poser des questions « Alors dis moi tout, c’est top les USA ? C’est aussi bien qu’on l’imagine ? Et la question qui brûle les lèvres de maman, comment va le futur bébé ? Le père, c'est un gars sérieux ? » Je lui fais un clin d’oeil « Je te rassure, je ne suis pas nos parents. Après quinze ans, la seule chose que j’ai envie de dire, c’est profite de la vie ! » J’avais changé en bien et en mal. La prison nous change et dans un coin de ma tête, je suis encore en prison, d’ailleurs !

Eres el mejor de nosotros

Mina & Alvarez

J’aurais aimé arriver par la grande porte aux USA. Mais j’ai pris peur et si cet enfoiré était parti porté plainte, je serais retourné en prison. Et ça, c’était hors de question ! Je préfère encore mourir, parce que l’idée d’être privé à nouveau de liberté m’est impossible. Aux USA, j’espère me faire du fric, je ne suis pas con, être dans la légalité, ça va pas le faire et d’ici un certain temps, j’aurai sûrement des nouvelles de certains gars qui sont encore au Mexique ! Et pour l’argent que Mina et la famille m’ont envoyé, ce n’est jamais suffisant. Les cartels n’ont pas d’âme. Le seul truc que j’ai envie de faire, c’est de rendre la pareille à la famille. Je ne pense pas que je serais capable de dire la vérité aux parents.

J’ai un peu honte d’arriver comme ça, cela fait quelques jours que j’ai les mêmes
vêtements ! Ok, je ne pue pas encore, mais c’est pas propre du tout. J’écoute ce que Mina me dit et l’idée d’une douche me donne déjà envie. Je lui réponds alors avec un sourire « Ouai, je vais pouvoir enfin me détendre, mais dans le pire des cas, on peut se commander de la bouffe. On est dans le royaume de la malbouffe. Si jamais, c’est ma tournée, il me reste trois cent dollars. » et je rigole.

Les parents vont être furieux que je sois parti aussi vite, mais c’est juste le temps que je me fasse oublier. Après, moi, j’avais envie de parler d’elle, tout savoir, car même si on n’a pas perdu contact, en vrai, c’est cent pour cent différent. On n'est pas écouté et personne ne nous regarde. « Ouais, c’est la première chose que j’ai remarqué, pas de militaires à chaque coin de rue. Après c’est ce que je cherche à vivre, sans qu’on me casse les couilles. Pour moi, il y a que la famille qui compte et tant pis pour le rêve américain. Je vais pas te mentir, c’est quoi cette connerie ? Faut juste faire ce que l’on doit faire ! » Il y avait d’autres choses que je voulais savoir sur ma soeur. Elle allait être maman et c’était pas rien ! « Le truc c’est que ça serait bien qu’il se montre avant la fin… Imagine si t’as des trucs de filles et que c’est un petit gars… Après, t’as envie d’avoir quoi toi ? Ok pour le père, c’est une relation officielle ? C’est un gars bien ? C’est ça que je voulais savoir ! Après c’est sûr que je le verrai ! » et je lui fais un clin d’oeil quand elle me demande si les parents vont bien et s’ils ont digéré la chose. J’avoue que c’est compliqué, ils sont vieux jeu ! « Ils finiront par s’y faire ! Et d’ici un jour ou deux faudra bien que je leur sonne et j’aurai une discussion avec eux. » Ils vont bien finir par ouvrir les yeux.

Elle avait raison de changer de sujet et je lui réponds du tac au tac « Perso, je te suis où tu veux ! » Ca serait sympa de voir où elle bosse, mais quand je vois le bâtiment où elle vit, cela m’a l’air pas mal. J’étais content d’être enfin arrivé ! Quand on sort du véhicule, je lui fais signe d’ouvrir la marche « Allez, fais moi visiter ce lieu ! »