Tu es pris dans un mix de colère et de tristesse et tu ne comprends pas pourquoi. Tu viens de te prendre la tête avec ta sœur, tu lui as parlé d'une façon qu'elle ne méritait pas pour quelque chose de si futile. Maintenant, t'es seul chez toi et tu remets tout en question. Des envies particulières te viennent en tête, des idées d'actions que tu ne devrais pas commettre. Alors pour une fois, tu as la décence de faire la bonne chose, c'est-à-dire appeler ton psy. Au moins, lui saura te raisonner, voir même te calmer. Tu prends donc sa carte d'affaire et compose son numéro. Tu écoutes alors la sonnerie retentir dans ton oreille, attendant une réponse qui finit par avoir lieu. Bonjour Dr. Keegan.? C'est Nyx, j'espère que je vous dérange pas..


@Silho Keegan

Ton dernier client de la journée se fait bavard, et tu te retrouves à faire des heures supplémentaires. Bon, en réalité, Silho, étant à ton compte, on ne peut pas dire que tu tiennes vraiment une fiche de présence ! Qu'importe. Non seulement, ce gars a envie de causer, mais il est d'un ennui mortel. Tu es à deux doigts de lui demander pourquoi il vient voir un psychiatre pour simplement bavasser de sa vie insipide quand tu vois l'écran de ton téléphone, que tu avais préalablement déposé sur la table basse, s'allumer. En apercevant le nom de l'appelant, ta tête se penche légèrement. C'est étrange... Tu suis Nyw Zaïmis depuis plusieurs semaines maintenant, tu lui as donné ton numéro professionnel depuis la toute première séance, persuadé qu'il en aurait besoin, et c'est la première fois qu'il t'appelle. Poussé par ta curiosité et le lien tissé avec ce patient, tu coupes poliment la parole à celui tenant le crachoir depuis plus d'une heure vingt en lui demandant de t'excuser.

Afin d'être certain que le jeune homme au bout du fil ne soit pas renvoyé sur ton répondeur, tu décroches avant de sortir de ton bureau et de coller le cellulaire à ton oreille pour entendre sa voix, Nyx, bonsoir. Vous ne me dérangerez jamais. Tu ne réponds pas quant à sa question sur ta personne ; il a composé ton numéro et tes paroles ne peuvent que lui confirmer qui tu es. Tu laisses un petit silence s'installer avant de reprendre, En quoi puis-je vous aider ? Il ne t'appelle certainement pas pour parler de la pluie et du beau temps, ou pour prendre de tes nouvelles ou encore simplement pour entendre ta charmante voix...

Entendre le son de la voix de cet homme te rassure. Tu ne sais pas pourquoi. Peut-être le fait de savoir que quelqu'un de confiance, mais aussi impartial, est prêt à t'écouter. Tu soupires longuement à sa question. Comment peut-il t'aider en vrai ? Je sais pas trop... Je suis mitigé sur comment je me sens en ce moment. Comme pris entre la colère et la tristesse.. Et je sais que tout ça, c'est une réaction surdimensionnée. Tu prends un moment de silence pour réfléchir à la situation, à la raison pour laquelle tu appel Silho comme ça. Tout ce que je sais, c'est que j'ai juste envie de me défoncer et pourtant, je vous appel à la place..

Réellement intéressé par la raison de cet appel, tu l'écoutes attentivement. Il est perdu. Il ne sait plus comment gérer ses émotions, et si, lorsque ce genre de chose arrive habituellement, il n'y a qu'une seule et unique solution qui lui vient, cette fois-ci, il a décidé d'agir différemment. Cet aveu te fait sourire. Enfin... Ce n'est pas vraiment un aveu, mais disons que voir ton travail commencer à porter ses fruits sur le jeune Zaïmis te fait plaisir, C'est une bonne chose, vous ne croyez pas ? Tu ne reprends pas immédiatement le fil de tes paroles, cependant, tu ne lui laisses pas non plus le temps de répondre, Vous avez bien fait de faire mon numéro. Puis-je vous demander le pourquoi de cette réaction surdimensionnée que vous avez évoqué ? Chaque trouble à une cause, un déclencheur, et si vous parvenez, ensemble, à déceler ceux qui provoquant colère et tristesse, alors vous pourrez travailler sur le comment. Comment combattre, comment vaincre ou, si cela n'est pas possible, comment contourner, éviter ou réussir à les apprivoiser.

Une bonne chose... Il est vrai que l'appeler était une bien meilleure option que de te mettre de la poudre dans le nez. Tu te mets d'ailleurs à réfléchir à la question. Tu te demandes pourquoi tu l'as appelé, mais il enchaîne sur une autre question. Tu laisses entendre un rire ironique en y réfléchissant. Ma famille... Encore un repas de famille. Je déteste aller là, je sais même pas pourquoi ma présence importe... Mais cette famille vient avec des règles à la con. T'as des plans pour ta journée ? Cancele tout parce que le père vous convoque tous et on est obligé d'obéir. Tu te demande souvent ce que tu fais dans cette famille. Tu as trop souvent l'impression d'appartenir plus à ton père qu'à toi-même. Tu te sens comme un simple trophée qui sert à être affiché et utiliser à son avantage.

Ah la famille... Voilà un sujet que tu connais à la fois extrêmement bien et à la fois pas du tout. Ton exemple personnel est catastrophique, mais ton expérience à ce propos est également ce qui t'a forgé Silho. La famille, c'est une force, une faiblesse, une chose merveilleuse et horrible. Tout ça dans un mélange subtile de non-dits, d'amour, de haine, de joie, de colère, de douceur, de violence et de beaucoup trop de qualificatifs en plus de ceux-ci.
Ton nez se fronce alors que Nyx te fait part de sa propre vision, Et si jamais vous décidez de ne pas vous rendre à cette réunion familiale ? Tu n'énonces pas immédiatement ce qui t'interpelle le plus, à savoir qu'il a débuté en parlant de sa famille dans la globalité pour terminer en évoquant simplement son père.

Ne pas te pointer, tu l'as envisagé tellement souvent,  mais jamais tu as osé te tenter. Ou plutôt, on ne t'en à jamais laissé la chance. De toute façon, avec ta famille de malheur, c'est impossible. Vous avez ces règles, ces stupides règles que vous êtes en obligation de suivre, à risque d'en subir les conséquences. Impossible. Un de mes frères ou sœurs va venir me chercher de force. Je dis ne pas vouloir y aller, j'insiste sur le fait que j'ai pas envie, même si c'est leur anniversaire de mariage, je me fais engueuler. Je me fais traiter d'enfant égocentrique. Tu prends un moment pour respirer, te calmer avant d'encore t'emporter. Je sais très bien que j'ai pas ma place dans cette famille. J'ai pas envie d'être là à écouter les autres parler de comment ils réussissent bien leur vie, leurs études et me faire rappeler que je suis un bon à rien. Je sais que j'ai pas d'avenir, que je suis capable de rien foutre, que ça serait mieux pour tout le monde si j'allais juste crever dans le fond d'une ruelle... C'est bien la première fois que tu verbalises cette pensée bien intrusives. C'est comme ça quand tu es à jeun, tu perds toute ta joie de vivre et tu te laisses envahir par tes démons.