Plus je rassemble tous les éléments, plus je me dis que j’aurais dû me méfier bien avant d’avoir cette foutue lettre. J’ai pourtant fait attention, durant toutes ces années, il a fallu quelques jours, des doutes pour que tout me univers retombe de nouveau en enfer. J’étais rentré ce jour-là au bar après avoir passé du temps avec Criss, je m’étais disputé quelque jour avant avec un type qui avait drogué plusieurs de mes clients/amis, ça fait quelques mois que ce type traine ici que je le vire à chaque fois, mais je n’ai jamais réussi à l’empêcher réellement de venir. Je me suis disputé avec lui un soir et je me suis demandé si je devais prévenir le gang et je ne l’ai pas fait, j’aurais du parce que visiblement lui m’a reconnu.

Je suis rentré dans mon bureau, j’ai vu la l’enveloppe et la lettre L. Je n’ai pas eu besoin de comprendre plus, j’ai ouvert, il y avait un masque, un mot qui me demandait de venir à un rendez-vous, qu’il me laissait une chance de m’expliquer toutes ces années de mensonges. Je n’ai évidement pas été au rendez-vous, je n’ai pas voulu prendre ça au sérieux. Je me suis dis que ce n’était pas possible, qu’il ne pouvait pas m’avoir retrouvé. Je me trompais. Quand je suis arrivé le lendemain soir au bar, je devais partir plutôt retrouver Criss, on s’est rapproché depuis l’autre fois et ça me fait vraiment plaisir, mais je ne lui ai pas parlé de ça. Je ne voulais pas l’inquiéter, j’ai senti que quelque chose n’allait pas. Y avait ces types à l’entrée, je l’ai reconnu, pas Luis, mais l’homme avec qui je m’étais disputé, il n’avait pas l’air d’être là pour plaisanter. Je revenais au bar pour fermer et faire quelques tris dans des papiers, mon deuxième bar ayant ouvert je passe un peu moins ici. Puis ils m’ont emmené dans mon bureau, ça m’a fait tout drôle de recevoir des ordres, du moins de sentir que je n’avais pas le choix. Je me suis demandé ce qu’ils allaient faire. J’ai eu rapidement la réponse.

Ils n’avaient pas l’intention de me laisser vivant, ils ont du recevoir des ordres de plus haut et ils m’ont tabassé, j’étais à terre quand ils sont partis, sonné, à moitié évanoui, je les ai à peine vu mettre le feu, j’ai senti simplement l’odeur de l’essence, j’ai vu l’étincelle et tout s’est embrassé rapidement, les alarmes avaient été désactivées avant, ne me laissant aucune chance.

J’ai bien cru que j’allais mourir, je ne sais pas quand je me suis évanoui réellement, je sais juste que quand j’ai réouvert les yeux j’étais à l’hôpital encore et qu’on m’a posé beaucoup trop de questions, qu’il y avait la police, que j’avais le bras brûlé et de bandages un peu partout. Ils m’ont laissé me remettre quelques jours, mais la police à réattaquer. Ils voulaient savoir ce qui c’était passé et j’ai fini par passer aux aveux.

J’ai tout balancé, ce que j’ai vécu pendant sept ans, ce que Luis à fait et ils ont cherché dans leur dossier, ils ont trouvé beaucoup de chef d’accusation contre lui, alors je suis devenu un témoin clé, témoin à protéger, j’ai eu droit à un avocat et à une protection spéciale. Mais je voulais surtout qu’ils laissent Criss venir et Gaetano aussi. J’ai un peu de mal à tout mettre en place, je suis d’ailleurs encore dans la salle d’interrogatoire quand Criss arrive. Ça a été compliqué de reparler de ça et mon père va le savoir aussi … est-ce qu’il va venir, est-ce qu’ils vont me demander de revenir ? Je ne sais pas s’ils pourront, j’ai droit apparemment à l’asile politique et à de vrais papiers. J’ai tellement de questions à poser à Criss, je n’ai pas trop pu le voir ces derniers jours avec les soins intensif c’était un peu compliqué et je ne sais pas du tout ce qu’il s’est passé pour lui alors quand il arrive je me lève et le sert dans mes bras.

« Je suis désolé, ils veulent des témoignages en plus contre Luis, ils ont dit que j’aurais droit de rester ici, j’ai tout balancé, je ne pouvais plus garder ça pour moi. Il n’a pas eu que moi … il a continué avec d’autre … Je … peut-être que si je l’avais dit avant … »

Je sais que ce n’est pas de ma faute, mais je me dis qu’on aurait pu éviter tout ce bordel.

« J’imagine qu’ils n’ont pas pu sauver grand-chose du bar … »

Je m’inquiète pour ça oui, je ne sais pas du tout dans quel état il est, je m’inquiéterais de ça plus tard.

@Cristiano Vakos

Depuis la nuit de la Saint-Valentin, entre Lee et moi, ça a beaucoup évolué. Non pas qu’il s’est passé quelque chose entre nous deux. C’est plus tôt… Qu’on s’est rapproché. On a passé beaucoup de temps ensemble. À mon plus grand plaisir. Ce n’était pas toujours facile de concorder notre horaire puisqu’il travaille beaucoup de soir avec ses deux bars et, moi, mes contrats se passent bien plus dans la journée. Je n’ai jamais mis autant les pieds dans un bar que depuis cette soirée-là. Je voulais tellement le voir souvent que je pouvais passer des heures au comptoir à siroter un verre – rarement avec de l’alcool – simplement pour le regarder travailler. Ça n’a fait que confirmer à quel point j’étais toujours fou amoureux de lui. J’avais tellement de fantasmes qui me traversaient l’esprit que ça me donnait assez de matériel pour de longues nuits en solitaire. Même si j’étais honteux le lendemain de la Saint-Valentin lorsque je me suis réveillé dans un lit dans sa loveroom alors qu’il était à côté, je n’ai pas pu rester loin de lui trop longtemps. Mes souvenirs de cette nuit-là était flou, mais je sais qu’il a tout fait pour que je reste en sécurité. Alors, même s’il ne s’est pas réellement excusé de la façon dont il a agi lorsque j’ai été le voir à l’improviste, j’ai tourné la page. Bien sûr que je me sens encore blessé. Je voulais tellement partager la bonne nouvelle de mes deux premiers contrats sérieux avec lui que j’ai réellement senti mon cœur se fendre lorsque j’ai eu l’impression que je le dérangeais. Parce qu’il était avec un autre. Parce que ça ne sera jamais moi « cet autre ». Parce que je ne suis que le voisin d’à côté, le gamin qui lui collait au basket. C’est bien pour ça que je prends ce qu’il me donne. Je prendre les moments qu’il me donne, même si ça resterait qu’en ami pour toujours. Les quelques années où qu’il était mort étaient horribles alors je ne veux pas vivre en sachant qu’il est vivant mais hors de ma vie. Je le veux à mes côtés avec le peu qu’il me donne. Je vais m’en contenter. C’est mieux que rien après tout.

Puis, il a eu ce soir-là, où un très fort mauvais présentiment m’a englouti alors que Lee avait du retard. Ce n’était pas normal. Après quelques minutes à tourner en rond dans mon appartement, le téléphone en main, j’ai fini par appeler la police pour les envoyer au bar de Lee. Ce n’était pas normal qu’il ne réponde pas à mes textos ni à mes appels et qu’il ne me prévienne pas de son retard. Ça devait être parce qu’il lui était arrivé quelque chose de grave. Avec son passif, je ne pouvais pas m’empêcher de croire au pire. J’étais peut-être paranoïaque selon certains, mais ça s’est avéré que mon présentiment était le bon. Il aurait pu brûler vif et mourir pour vrai cette fois-ci !

J’ai à peine pu le voir pendant qu’il était à l’hôpital. Il s’est réveillé après un court moment et la police voulait que lui parler. Alors je pouvais rarement rester avec lui. À mon plus grand malheur. Mais j’avais aussi des contrats à respecter alors c’était toujours à contre cœur que je me rendais à ces obligations. Je n’avais pas le choix si je voulais me faire un nom dans ce milieu et continué à avancer. Puis, ça été de longues périodes d’interrogatoire que Lee a eut droit depuis peu, mais ils me laissent enfin le voir. Je ne me fais pas prier et je fonce dans la salle d’interrogatoire où il se trouve. Sans prendre une seconde pour réfléchir, je me réfugie dans ses bras où je pleure silencieusement. J’ai eu si peur de le perdre ! Je l’écoute parler, soulagé d’apprendre qu’il a tout révélé et qu’il peut rester ! J’aurais quitté New-York pour le suivre en Espagne s’il n’avait pas pu rester. Je le serre fort contre moi jusqu’à ce qu’il sous-entende que c’était de sa faute si Luis a eu d’autres victimes. Je me recule donc un peu pour le regarder dans les yeux d’un regard sévère.

- Tu n’es aucunement responsable des agissements de Luis, d’accord ? Que tu aies parlé avant ou pas, Luis est une grosse merde qui aurait fait du mal à d’autres personnes quand même. Tu as fait ce qui était le mieux pour toi. Et s’ils veulent plus de témoignages, je suis prêt à témoigner contre lui. Je ne suis peut-être pas sa victime, mais j’ai vu ce qu’il t’a fait. Je suis certain que tu as dû tout faire pour qu’il ne s’en prenne pas à moi, surtout lorsque je vous ai surpris au lit.

Je serais réellement prêt à tout pour que Luis ne soit plus jamais une menace pour Lili. Tout comme son père. Je repose ma tête contre son torse pour me réfugier une nouvelle fois entre ses bras lorsqu’il parle de son bar qui a cramé.

- C’est surtout la partie arrière qui est bonne pour une grosse rénovation. La section bar et les tables sont pas si pire, juste un bon nettoyage. Les pompiers sont arrivés assez vite.

Je tente de le rassurer sur cet endroit qui lui tient tant à cœur sans bouger de ses bras. Je pourrais y rester des heures tellement je m’y sens bien.

@Leeroy Montez

Je suis fatigué, ça fait plusieurs heures et plusieurs jours que tout ça dure, j’ai l’impression que c’est moi qu’on accuse alors que non, ils veulent juste que je raconte tout et ça prend du temps parce que c’est loin d’être évident, ils ne peuvent pas faire ça en une fois, parce que j’ai des soins à avoir. Je me suis brûlé la main et une partie du bras pendant l’incendie, je ne me rappelle plus vraiment comment. Je crois que mon cerveau préfère oublier. Je ne me sens pas très bien quand il évoque la fois où il nous a surpris. Je crois les bras et je fais les cents pas. Ce n’était pas une chouette période et je ne veux pas y repenser. Je ne sais pas tellement quoi lui dire, ce qui est sûr c’est qu’il n’a pas tort et que j’ai en effet tout fait pour qu’il ne lui fasse rien. Je préférais qu’il s’en prenne à moi. Je m’en suis puis des raclées … pendant sept ans. A y réfléchir je ne sais même pas comment je faisais pour tenir le coup, enfin si c’est là que j’ai commencé à me droguer.

« Ça peut être utile je crois … »

Je ne veux pas trop remuer le passé, mais c’est déjà bien trop tard pour ça au fond. Ça me fait bizarre de le sentir encore contre moi quand il me serre dans ses bras. Je ne pensais pas que ça me ferait autant de bien. Je passe une main derrière sa tête, je ne sais pas pourquoi je fais ça, je crois que j’ai besoin de réconfort. Je lui demande pour le bar, je n’ai pas vu encore les dégâts.

« J’irais voir quand je pourrais sortir. Ils ont dit que je pouvais rentrer chez moi. »

Il y aura juste une infirmière qui passera tous les jours pour refaire les pansements, mais au moins je serais à la maison et j’aurais du quoi faire, je ne compte pas m’enfermer, ce n’est pas mon genre. Je fini par le regarder et lui dire :

« Il m’avait laissé une lettre y a quelques jours … il voulait qu’on se voie. Je ne suis pas allé le voir … ils veulent l’accuser de tentative de meurtre entre autres choses … J’ai un peu de mal à croire que tout ça sera vraiment fini. Ça semble si … je serais libre. »

Je fais un petit sourire, je serais libre, je n’aurais plus à avoir peur, je n’aurais plus à me demander sans arrêt ce que je suis sensé faire si jamais on me retrouve, parce que je serais libre. C’est une sensation que j’avais oublié.

@Cristiano Vakos