Outfit

Il est toujours plus facile d’agir que de réfléchir. Mes pensées sont sans cesse dirigées vers cette opportunité désastreuse. Celle qui devrait m’apporter l’unique chance de pouvoir sauver celle qui me reste. J’ai toujours voulu vivre correctement en trouvant ma propre route. Celle qui me permettrait d’offrir à mes grands-parents une vie adéquate. Malgré qu’un est parti avec mon cœur, il me restait que la femme de ma vie, ma mamie. Étrangement, il aurait fallu que ma réponse soit négative. Que je viens à proclamer haut et fort ce rejet envers la proposition qu’il m’avait fait. Pourtant, il m’était impossible de refuser. J’avais trop besoin de cette main tendue. Au début, je ne voulais aucunement répondre. Je n’avais pas osé y réfléchir ni prendre le temps de le contacter. Tout mon corps me disait ne fuir ! Mon alarme intérieure voulait que je prendre la fuite loin de cette crapule enivrante. Derrière son sourire enjôleur et sa belle gueule se trouvait un diable à cravate. Son pacte infernal allait retirer tout mon amour-propre que je possède. Est-ce la bonne idée de vendre mon âme en échange de la vie d’une autre personne ? Oui. Ma grand-mère mérite de pouvoir combattre. Le jeu allait commencer sous peu. Je ne pensais pas que j’aurais le courage de prendre mon téléphone pour lui envoyer un message. Jusqu’à ce matin. Tout le monde en ville penserait qu’il aura une nouvelle histoire d’amour entre deux enfants de riches. Les presses pourront se faire une petite fortune. Pour cela, je devais sacrifier mon identité pour devenir une autre. Une parure parfaitement imaginée pour satisfaire les besoins du connard qui sera mon employeur.   Lors de nos échanges, je me remets en question. Est-ce que je dis oui ? Pourquoi ? Le doute s’installe de plus en plus dans mon esprit. Venant créer un ver d’oreille qui tourne en boucle dans ma tête. Il vient me narguer de sa fourche. Un petit diablotin sur mon épaule gauche et un ange sur ma droite. C’est ennuyeux de penser ainsi. Que je dois tout calculer pour devenir le jouet de pacotille d’un homme. En plus, le roi assit sur son trône qui se moquera de moi. Je le vois, je doute, son opinion pour les femmes et les gens du peuple n’est pas grandiose. Pour lui, les riches sont au-dessus de nous. Pourtant, sans ceux sous leurs statuts, ils n’ont aucun pouvoir. Je suis une femme sans histoire ni passé catastrophique et comme tout un chacun dans mon entourage, certainement sans avenir planifier. Vivant un jour à la fois. Espérant que la noirceur viendra à s’illuminer devant moi. En fait, je n’aurais jamais cru m’assoir en face de lui.  

Tout le monde savait qui contrôlait la partie. Comme dans tous les jeux, il y a les joueurs et le maître du jeu. Assis dans son fauteuil se trouvait le mien : Sin   Broadent. Lucifer en personne. La nervosité remonte. Suis-je prête réellement à mettre ma vie entre ses mains ? Je soupire alors que le regret s’installe en moi. Je dois être tombée réellement bas pour devenir sienne. J’aimerais bien fair4e disparaitre le sourire qui affichera surement pour me narguer. Cet homme est un charmant salaud.

Je ne pouvais pas croire encore que je me retrouve à quelques mètres de lui. Cette personne aux traits malicieux, sévère et froid. Cet homme dont le visage cesse de cacher une personnalité bien plus disgracieuse que celle dont ses admiratrices admirent. Sous le voile de mes cils noircis, mes yeux se ferment et s’ouvrent sous l’état électrisant de mon âme. La gorge sèche et le cœur battant, mes deux paumes se collent. Les deux mains fermées se serrant l’une dans l’autre pour calmer cette tension haineuse qui grimpe lentement dans mon être. Dès l’instant où j’avais entamé la démarche de contacter de diablotin, je venais de signer mon arrêt existentiel au détriment d’hommes régnants d’un certain pouvoir incertain. Il est l’allié des nobles destructeurs de notre époque. Cependant, je ne me serais jamais imaginé que ce serait pour approuver, non suppliée de m’avancer des fonds que je prendrais le temps de le contacter. Un échange pour un échange ? Une vie pour en sauver une autre. Je croyais avoir le contrôle de ma vie. Celui d’entreprendre une péripétie banalisée par la société. Vivre d’un domaine honteux, mais offrir une qualité de vie à ceux que j’aimais. Sauf que tout a chaviré. Les histoires, les cauchemars et le drame n’ont pas cessé de s’accumuler. Je me retrouvai là, une longue goutte de sueur glissant le long de mon dos, assise dans une pièce qui sera mienne sous peu. Je jetais un coup d’œil nerveux au travers de la pièce. Observant la décoration de bon goût, couvrant les murs et décorant à la perfection les meubles. La plupart d’entre elles représentaient de belles femmes. Ce n’est guère étonnant, car après tout. N’est-ce pas les œuvres ayant une valeur impressionnante sur le marché de l’art ?  Mes iris glissent le long de sa nuque observant la pomme d’adam bouger sous les paroles qui brise ce silence. Mes yeux remontent doucement pour remarquer cette mâchoire carrée pour terminer dans ses yeux de couleur funeste. Avalant ma salive réalisant l’énergie qu’il dégageait. Entre son timbre de voix autoritaire, des mots qui claquent dans le vide, Sin dégagea cette confiance que je maudis ! Cette domination confiante envers la pauvre enfant que je suis. Ses paroles reflètent toute l’injustice d’une haine prononcée pour ceux du bas monde. Les pauvres ouvriers d’une classe sociale ordinaire que nous sommes. À cet instant, j’aurais envie de le giflé, lui mettre une bonne droite et lui briser ce nez bien structurer.  Un petit hoquet moqueur m’échappe. Mes jambes se croisent et le goût de lui tenir tête vient doucement naître en moi. Comme si des brindilles s’allumèrent. Sauf que cette force me manque. « Je n’apporterai pas les gens comme ‘’moi’’ chez toi. » Le moi fut mis en évidence avec ce dégoût. Qu’est-ce qu’il pouvait bien avoir envers les gens de classe moyenne ? « Tu resteras quand même un salaud… » Dis-je à voix haute alors que je pensais l’avoir pensé. Je ne le quitte pas du regard. Imaginant que je suis sa future victime et qu’il est mon assaillant. « Je ne bois pas d’alcool. Juste de l’eau s’il vous plaît.» Ce goût amer. Cette image des gens, dont l’ivresse, vient tout détruire. Ce n’est pas pour moi.  J’hésite à laisser tout tomber. Est-ce vraiment une bonne idée. Sauf que ça venait d’aborder le sujet déclencheur du contrat. Mon sacrifice sera pour gagner du temps supplémentaire avec elle. « Je te donnerais les informations et les détails pour que tu fasses son suivi. » Il n’a pas tout à fait tort. Comment pourrais-je dire non ? Je soupire. Il est gagnant et je suis perdante d’une certaine manière. « Je n’aime pas l’avouer. Mais, tu as raison. Je ne peux pas dire le contraire. » Décroisant les jambes, ma main vient jouer avec mon collier dont l’alliance de mon grand-père est attachée par une chaine en faux or. La nervosité est bien installée. Elle se mélange avec la colère et la réalité. «  Que tu approuves ou non ? Qu’est-ce que tu veux dire ?! Tu refuserais un soin ? Pourquoi ? » La voix se hausse. La peur de voir un non être prononcé vient me déstabiliser. Je veux la sauver ! Je suis ici pour cela.