Elle marque un point, je trouve aussi que ce n’est pas assez rapide, ils devraient passer à autre chose plus rapidement, il y a d’autres sujets, ce n’est pas tellement important finalement ce que je fais de ma vie, je ne suis même pas connu … imaginez si je le suis un jour, j’avoue que ça me fait un peu flipper, beaucoup même. Je trouve ça mignon qu’elle prenne autant ma défense et je passe une main sur ses joues, caressant son visage :

« C’est gentil, mais je ne veux pas qu’ils trouvent le moyen de trouver que tu es de mon côté, ils s’en prendraient à toi aussi, j’ai l’habitude tu sais … qu’on me traite de P***, je ne l’avais juste pas eu publiquement et au moins ils savent maintenant, mais j’essais de plus être ce type là … J’essais c’est juste que … »

C’est dur, il y a trop de choses dans ma vie que je voudrais oublier, trop de choses que je voudrais ne jamais avoir vécu, des choses qu’elle ne sait même pas, parce que je ne les avais jamais dites à personnes.

« Le problème c’est que je n’en connais pas tant que ça … enfin un petit plus maintenant … mais j’ai toujours été seul pour tout affronter. »

C’est sans doute ça qui me fait autant déraper, qui fait que je me déteste autant. J’acquiesce quand elle me dit que je devrais aller me doucher et qu’on mangera un morceau après, je n’ai pas mangé depuis un moment, j’ai surtout beaucoup bu, à en juger par le bordel ambiant de mon petit salon. Je profite pour lui voler encore un baiser avant de dire :

« Ce n’est pas très grand ici, mais tu fais comme chez toi, mais ne range pas, je ferais ça plus tard. »

Je sais qu’elle le fera si je ne lui dis pas, c’est vraiment le bazzart, je n’ai pas ouvert les volets depuis un mots, peut-être bien que mes voisins on du croire que ce coup ci j’étais vraiment mort.

Je crois que je vais réellement parler avec Jakub pour trouver une idée qui fera en sorte que les médias parlent d’autres choses. Une nouvelle collection ? Une semaine où on va verser une grosse partie des bénéfices des ventes qu’on fera à des associations qui lavent les océans ? Je suis même prête à créer un scandale sur moi-même pour que les médias lâchent enfin Aiden. Et c’est sûrement le moment parfait puisque je suis pratiquement la seule à front depuis le décès d’Anim alors ça ne créera pas trop de problèmes chez les autres alters. Je relève le regard vers Deden, surprise, lorsqu’il me caresse le visage. Je lui offre un doux sourire. À ses paroles, je viens appuyer l’une de mes joues un peu plus contre sa main alors que j’enveloppe cette dernière de ma propre main.

- Ils n’oseront pas s’en prendre à moi. Je viens d’une famille influente, qui donne une bonne image de New-York, mais surtout, ils savent que j’ai l’argent pour les poursuivre en justice jusqu’à tout leur prendre. Je suis capable d’en prendre. Ce n’est pas comme ci les littles ou Jo et Nikita frontaient beaucoup depuis quelques semaines. C’est pour eux qu’on se tient loin des médias.

J’embrasse le creux de sa main avant de reprendre la parole.

- Je suis là. On est là maintenant. Et même si tu n’as pas rencontré mes frères encore, tu peux compter sur eux. Tu n’es plus seul. Tu es fort, je sais que tu vas passer au travers de cette crise. Puis, on est derrière toi pour t’aider à continuer d’avancer.

Je lui serre tendrement les mains pour lui montrer qu’on est présent pour lui. Certes, je suis la seule alter à être capable d’assumer la vie quotidienne puisque le deuil ne m’accable pas, mais dès que le système sera à nouveau stable et bien, il pourra compter sur chacun de nous pour retrouver le sourire.

Finalement, c’est moi qui souris, comme une idiote, lorsqu’il me vole un nouveau baiser. Je sens que je ne pourrai plus me passer de ses baisers. Je me mords la lèvre pour tenter de camoufler mon air amusé lorsqu’il me dit de ne pas ranger. Il me connait déjà autant ? En plus, je n’aime même pas faire le ménage. Ça fatigue bien Frigg et Joëlla puisqu’elles doivent toujours passer derrière moi.

- Ça marche.

Je lui dis avant de le regarder filer dans la salle de bain. Dans un premier temps, je commande deux pizzas et, dans un deuxième temps, je commence par ouvrir les volets et les fenêtres. Ça ne fera pas de tort de faire aérer l’appartement. Assise sur le canapé, je n’arrive pas à rester posée là en voyant le désordre. Je veux aider Aiden alors si je rassemble un peu tout ce qui va ensemble, ça lui fera un coup de main non ? Je me lève donc et ramasse toutes les bouteilles d’alcool vide et les pose sur la table. Je fais la même chose avec les boites de nourriture vide que je tente d’empiler pour que ça fasse une moins grosse montagne. Puis, il y a les sachets de drogues. J’ai bien envie de les mettre dans mon sac pour ne plus qu’il ait accès à ces sachets, mais je me ravise et je les pose sur un coin de la table basse. Je termine par ramasser les quelques autres choses qui se retrouvent au sol pour les mettre sur la table. On peut dire que j’ai fait un compromis non ? Je n’ai pas ramassé à proprement parler, mais c’est un peu moins le désordre. Je me réinstalle sur le canapé avec mon téléphone pour regarder les mail pro que j’ai eu depuis que j’ai quitté les bureaux. Ça va m’aider à patienter pendant que Aiden est sous la douche.

TW: auto-mutilation

Je suis un peu surpris qu’elle me dise venir d’une famille influente, j’avoue n’avoir jamais vraiment remarqué tout ça, en réalité je suis plutôt du genre à ne pas me fier à ça, ce genre de détails ne m’intéresse pas la plupart du temps, je me fou pas mal d’où on vient, mais elle porte toujours de jolis choses, elle est toujours très jolie, j’aurais dû me douter au fond. Je me sens un peu con de ne pas avoir demandé et je fini par dire :

« Oui mais s’ils te voient avec moi … ils vont aussi t’assaillir de questions, je n’ai pas envie qu’ils viennent t’embêter par ma faute … Jo et Nikkita … oh … tes autres … toi. »

Je ne suis pas encore habitué, je ne sais d’ailleurs pas toujours si c’est la même personne qu’en arrivant, je ne sais pas encore bien qui elle est finalement, mais je l’aime bien, ça je le sais et ça me fait du bien qu’elle soit venue, spontanément, sans avoir d’arrières pensées.

« Je ne veux pas vous embêter … ça risque d’arriver encore, il y a des tas de choses dont je ne suis pas fier. »

Si quelqu’un me proposer de faire un disque, ce qui serait le rêve, mais ce dont je doute fort aussi, c’est évident que ça arrivera de nouveau, des scandales pour tel ou tel chose, ça arrivera, je le sais, ça arrive à tout le monde qui fait un tant soit peu parti du monde des artistes, de n’importe quel art que se soit, dès qu’on est un peu connu finalement, on est exposé au « on dit » parfois même sans être connus, on nous juge sans arrêt quoi qu’on fasse, il faut juste vivre avec et c’est souvent très difficile. Ça me touche qu’elle me dise que je sois fort, je ne suis pas sûre de ça, loin de là et je suis sur du contraire même, mais je ne dis rien et je lui demande de ne pas trop ranger, gardant ma main dans la sienne, alors que je fini par aller à la douche, mais avant d’y aller je lui dire :
« Pizza chorizo s’il y a, j’adore ça. »

Je lui fais un petit sourire et je vais rapidement dans la douche qui est à littéralement deux pas, vingt mètre carré, ce n’est pas bien grand, il n’y a que deux pièces, le séjour, cuisine, salle à manger tout en même temps, je n’ai d’ailleurs même pas de table, juste une table basse qui en a vu des verte et des pas mûres une mini cuisine avec un petit frigo un plan de travail et une gazinière et une pièce dans le fond, la chambre toute petite aussi, juste une place pour un lit double qui est collé contre le mur, parce que sinon on ne pourrait pas passer et dans la chambre une petit salle de bain également accessible uniquement par la chambre, une douche, un toilette et un évier, cette pièce ne doit pas faire plus de neuf mètre carré. Je n’ai même pas de machine à laver, il y en a une en bas de la rue. J’évite de me regarde dans le miroir et je vais dans la douche, j’enlève mon t-shirt et mon jean et les laisse traîner à terre, puis évidement que je retombe sur les cicatrices, les vieilles comme les plus récentes, les vieilles se sont presque toutes estompé, sauf une qui était un peu plus profonde, j’ai encore mes ongles sur ma main, sur celle que je viens de me faire avant qu’elle n’arrive et je ne sais pas pourquoi mais je continue d’enfoncer mon ongle, jusqu’à ce que ça saigne de nouveau, comme si j’avais un besoin vitale de me faire du mal. Je m’assois dans le fond de la douche, en sous vêtement, je sens des larmes rouler le long de mes joues, ce que je peux être idiot. Pourquoi est-ce que j’ai cru que ça serait différent ? Je pleurs en silence, parce que je n’ai pas l’habitude de faire autrement. Je ne montre jamais réellement mes sentiments et je ne veux pas qu’elle voit. Je sais qu’elle est juste à côté.

J’aimerais tellement faire plus pour le protéger. Et dire que je ne ressentais ce besoin de protéger qu’envers notre système, jamais envers des gens extérieurs. Alors, comme je suis prête à tout pour le système, je le suis aussi pour Aiden. Et ça me surprend. Ça va surprendre tout le système aussi lorsqu’ils vont s’être remis du décès d’Anim.

- Et je vais mettre ma horde d’avocat sur leur dos pour harcèlement. Les autres alters de notre système, en effet. Je pourrais te parler d’eux une autre fois, autour d’un repas chez moi.

Je me doute bien que ce doit être très déstabilisant pour une nouvelle personne toute cette histoire de système et d’alters et… etc. C’est pour ça que ça pourrait être une bonne idée de lui parler de chaque alters pour qu’il sache un peu dans quoi il s’embarque avant que le système se replace. Mais pas aujourd’hui, il a déjà vécu beaucoup trop d’émotion.

- Tu ne nous embêteras pas, Aiden. On a un tas d’avocat qui attendent qu’on les appelle pour nous défendre. Je suis certaine qu’ils seraient ravis d’avoir une nouvelle personne à défendre avec une cause différente d’avec nous.

Ça, je ne le dirais pas à Aiden, mais au prix qu’on les paye et à la loyauté qu’ils ont pour notre famille, je crois qu’ils seraient partants pour défendre n’importe quel cause, même si elle est débile. Alors bien sûr que défendre Aiden face à tous ces connards ça leur ferait plaisir. Mes parents les ont sélectionnés justement parce qu’ils ne voulaient pas défendre des privilégiés qui se croient tout permis à cause de leur argent et de leur pouvoir.

Je lui fais un grand sourire lorsqu’il me dit la pizza qu’il veut, même s’il ne répond rien à mes encouragements. Bon, c’est vrai, il n’a peut-être rien a rajouté non plus.

- Je te commande ça.

Et c’est ce que je fais lorsque j’entends la porte se fermée. Puis, même s’il m’a dit de ne pas faire de ménage, je ne peux pas m’en empêcher. J’ouvre ses fenêtre, puis je mets tous les boîtes de nourriture dans la poubelle. Il nous faudra de la place pour mettre nos pizzas non ? Alors, ce n’était pas pour faire du ménage, mais bien pour qu’on puisse manger que j’ai fais ça. Puis, je mets toutes les bouteilles sur le comptoir. Bon, ça le rempli bien et on dirait que ça donne l’impression qu’il a encore plus bu que ce qu’il en est réellement, mais tant pis. Je ne sais pas ce qu’il veut en faire. Une fois fait, je me pose sur le canapé pour regarder mes mails pro. Mais, je me rends compte que ça fait un moment qu’il est dans la salle de bain et je ne suis pas certaine d’entendre l’eau coulé alors je dépose mon téléphone et marche jusqu’à cette pièce. Je toque doucement à la porte une fois devant.

- Aiden ? Ça va ?

L’oreille coller contre la porte, je crois entendre des sanglots étouffés. Mon cœur se brise. Je tente d’ouvrir la porte et je suis soulagée de voir qu’elle n’est pas barrée. Alors je l’ouvre en répétant son nom avant de le voir dans le fond de la douche. Je me précipite à ses côtés et le prend aussitôt dans mes bras.

- Eh… Aiden… Ça va aller… Je suis là, je ne te lâche pas.

Je lui murmure alors que je le serre dans mes bras, l’une de mes mains qui caresse ses cheveux tandis que l’autre le tient fermement contre moi.