Plus je rassemble tous les éléments, plus je me dis que j’aurais dû me méfier bien avant d’avoir cette foutue lettre. J’ai pourtant fait attention, durant toutes ces années, il a fallu quelques jours, des doutes pour que tout me univers retombe de nouveau en enfer. J’étais rentré ce jour-là au bar après avoir passé du temps avec Criss, je m’étais disputé quelque jour avant avec un type qui avait drogué plusieurs de mes clients/amis, ça fait quelques mois que ce type traine ici que je le vire à chaque fois, mais je n’ai jamais réussi à l’empêcher réellement de venir. Je me suis disputé avec lui un soir et je me suis demandé si je devais prévenir le gang et je ne l’ai pas fait, j’aurais du parce que visiblement lui m’a reconnu.

Je suis rentré dans mon bureau, j’ai vu la l’enveloppe et la lettre L. Je n’ai pas eu besoin de comprendre plus, j’ai ouvert, il y avait un masque, un mot qui me demandait de venir à un rendez-vous, qu’il me laissait une chance de m’expliquer toutes ces années de mensonges. Je n’ai évidement pas été au rendez-vous, je n’ai pas voulu prendre ça au sérieux. Je me suis dis que ce n’était pas possible, qu’il ne pouvait pas m’avoir retrouvé. Je me trompais. Quand je suis arrivé le lendemain soir au bar, je devais partir plutôt retrouver Criss, on s’est rapproché depuis l’autre fois et ça me fait vraiment plaisir, mais je ne lui ai pas parlé de ça. Je ne voulais pas l’inquiéter, j’ai senti que quelque chose n’allait pas. Y avait ces types à l’entrée, je l’ai reconnu, pas Luis, mais l’homme avec qui je m’étais disputé, il n’avait pas l’air d’être là pour plaisanter. Je revenais au bar pour fermer et faire quelques tris dans des papiers, mon deuxième bar ayant ouvert je passe un peu moins ici. Puis ils m’ont emmené dans mon bureau, ça m’a fait tout drôle de recevoir des ordres, du moins de sentir que je n’avais pas le choix. Je me suis demandé ce qu’ils allaient faire. J’ai eu rapidement la réponse.

Ils n’avaient pas l’intention de me laisser vivant, ils ont du recevoir des ordres de plus haut et ils m’ont tabassé, j’étais à terre quand ils sont partis, sonné, à moitié évanoui, je les ai à peine vu mettre le feu, j’ai senti simplement l’odeur de l’essence, j’ai vu l’étincelle et tout s’est embrassé rapidement, les alarmes avaient été désactivées avant, ne me laissant aucune chance.

J’ai bien cru que j’allais mourir, je ne sais pas quand je me suis évanoui réellement, je sais juste que quand j’ai réouvert les yeux j’étais à l’hôpital encore et qu’on m’a posé beaucoup trop de questions, qu’il y avait la police, que j’avais le bras brûlé et de bandages un peu partout. Ils m’ont laissé me remettre quelques jours, mais la police à réattaquer. Ils voulaient savoir ce qui c’était passé et j’ai fini par passer aux aveux.

J’ai tout balancé, ce que j’ai vécu pendant sept ans, ce que Luis à fait et ils ont cherché dans leur dossier, ils ont trouvé beaucoup de chef d’accusation contre lui, alors je suis devenu un témoin clé, témoin à protéger, j’ai eu droit à un avocat et à une protection spéciale. Mais je voulais surtout qu’ils laissent Criss venir et Gaetano aussi. J’ai un peu de mal à tout mettre en place, je suis d’ailleurs encore dans la salle d’interrogatoire quand Criss arrive. Ça a été compliqué de reparler de ça et mon père va le savoir aussi … est-ce qu’il va venir, est-ce qu’ils vont me demander de revenir ? Je ne sais pas s’ils pourront, j’ai droit apparemment à l’asile politique et à de vrais papiers. J’ai tellement de questions à poser à Criss, je n’ai pas trop pu le voir ces derniers jours avec les soins intensif c’était un peu compliqué et je ne sais pas du tout ce qu’il s’est passé pour lui alors quand il arrive je me lève et le sert dans mes bras.

« Je suis désolé, ils veulent des témoignages en plus contre Luis, ils ont dit que j’aurais droit de rester ici, j’ai tout balancé, je ne pouvais plus garder ça pour moi. Il n’a pas eu que moi … il a continué avec d’autre … Je … peut-être que si je l’avais dit avant … »

Je sais que ce n’est pas de ma faute, mais je me dis qu’on aurait pu éviter tout ce bordel.

« J’imagine qu’ils n’ont pas pu sauver grand-chose du bar … »

Je m’inquiète pour ça oui, je ne sais pas du tout dans quel état il est, je m’inquiéterais de ça plus tard.

@Cristiano Vakos

Depuis la nuit de la Saint-Valentin, entre Lee et moi, ça a beaucoup évolué. Non pas qu’il s’est passé quelque chose entre nous deux. C’est plus tôt… Qu’on s’est rapproché. On a passé beaucoup de temps ensemble. À mon plus grand plaisir. Ce n’était pas toujours facile de concorder notre horaire puisqu’il travaille beaucoup de soir avec ses deux bars et, moi, mes contrats se passent bien plus dans la journée. Je n’ai jamais mis autant les pieds dans un bar que depuis cette soirée-là. Je voulais tellement le voir souvent que je pouvais passer des heures au comptoir à siroter un verre – rarement avec de l’alcool – simplement pour le regarder travailler. Ça n’a fait que confirmer à quel point j’étais toujours fou amoureux de lui. J’avais tellement de fantasmes qui me traversaient l’esprit que ça me donnait assez de matériel pour de longues nuits en solitaire. Même si j’étais honteux le lendemain de la Saint-Valentin lorsque je me suis réveillé dans un lit dans sa loveroom alors qu’il était à côté, je n’ai pas pu rester loin de lui trop longtemps. Mes souvenirs de cette nuit-là était flou, mais je sais qu’il a tout fait pour que je reste en sécurité. Alors, même s’il ne s’est pas réellement excusé de la façon dont il a agi lorsque j’ai été le voir à l’improviste, j’ai tourné la page. Bien sûr que je me sens encore blessé. Je voulais tellement partager la bonne nouvelle de mes deux premiers contrats sérieux avec lui que j’ai réellement senti mon cœur se fendre lorsque j’ai eu l’impression que je le dérangeais. Parce qu’il était avec un autre. Parce que ça ne sera jamais moi « cet autre ». Parce que je ne suis que le voisin d’à côté, le gamin qui lui collait au basket. C’est bien pour ça que je prends ce qu’il me donne. Je prendre les moments qu’il me donne, même si ça resterait qu’en ami pour toujours. Les quelques années où qu’il était mort étaient horribles alors je ne veux pas vivre en sachant qu’il est vivant mais hors de ma vie. Je le veux à mes côtés avec le peu qu’il me donne. Je vais m’en contenter. C’est mieux que rien après tout.

Puis, il a eu ce soir-là, où un très fort mauvais présentiment m’a englouti alors que Lee avait du retard. Ce n’était pas normal. Après quelques minutes à tourner en rond dans mon appartement, le téléphone en main, j’ai fini par appeler la police pour les envoyer au bar de Lee. Ce n’était pas normal qu’il ne réponde pas à mes textos ni à mes appels et qu’il ne me prévienne pas de son retard. Ça devait être parce qu’il lui était arrivé quelque chose de grave. Avec son passif, je ne pouvais pas m’empêcher de croire au pire. J’étais peut-être paranoïaque selon certains, mais ça s’est avéré que mon présentiment était le bon. Il aurait pu brûler vif et mourir pour vrai cette fois-ci !

J’ai à peine pu le voir pendant qu’il était à l’hôpital. Il s’est réveillé après un court moment et la police voulait que lui parler. Alors je pouvais rarement rester avec lui. À mon plus grand malheur. Mais j’avais aussi des contrats à respecter alors c’était toujours à contre cœur que je me rendais à ces obligations. Je n’avais pas le choix si je voulais me faire un nom dans ce milieu et continué à avancer. Puis, ça été de longues périodes d’interrogatoire que Lee a eut droit depuis peu, mais ils me laissent enfin le voir. Je ne me fais pas prier et je fonce dans la salle d’interrogatoire où il se trouve. Sans prendre une seconde pour réfléchir, je me réfugie dans ses bras où je pleure silencieusement. J’ai eu si peur de le perdre ! Je l’écoute parler, soulagé d’apprendre qu’il a tout révélé et qu’il peut rester ! J’aurais quitté New-York pour le suivre en Espagne s’il n’avait pas pu rester. Je le serre fort contre moi jusqu’à ce qu’il sous-entende que c’était de sa faute si Luis a eu d’autres victimes. Je me recule donc un peu pour le regarder dans les yeux d’un regard sévère.

- Tu n’es aucunement responsable des agissements de Luis, d’accord ? Que tu aies parlé avant ou pas, Luis est une grosse merde qui aurait fait du mal à d’autres personnes quand même. Tu as fait ce qui était le mieux pour toi. Et s’ils veulent plus de témoignages, je suis prêt à témoigner contre lui. Je ne suis peut-être pas sa victime, mais j’ai vu ce qu’il t’a fait. Je suis certain que tu as dû tout faire pour qu’il ne s’en prenne pas à moi, surtout lorsque je vous ai surpris au lit.

Je serais réellement prêt à tout pour que Luis ne soit plus jamais une menace pour Lili. Tout comme son père. Je repose ma tête contre son torse pour me réfugier une nouvelle fois entre ses bras lorsqu’il parle de son bar qui a cramé.

- C’est surtout la partie arrière qui est bonne pour une grosse rénovation. La section bar et les tables sont pas si pire, juste un bon nettoyage. Les pompiers sont arrivés assez vite.

Je tente de le rassurer sur cet endroit qui lui tient tant à cœur sans bouger de ses bras. Je pourrais y rester des heures tellement je m’y sens bien.

@Leeroy Montez

Je suis fatigué, ça fait plusieurs heures et plusieurs jours que tout ça dure, j’ai l’impression que c’est moi qu’on accuse alors que non, ils veulent juste que je raconte tout et ça prend du temps parce que c’est loin d’être évident, ils ne peuvent pas faire ça en une fois, parce que j’ai des soins à avoir. Je me suis brûlé la main et une partie du bras pendant l’incendie, je ne me rappelle plus vraiment comment. Je crois que mon cerveau préfère oublier. Je ne me sens pas très bien quand il évoque la fois où il nous a surpris. Je crois les bras et je fais les cents pas. Ce n’était pas une chouette période et je ne veux pas y repenser. Je ne sais pas tellement quoi lui dire, ce qui est sûr c’est qu’il n’a pas tort et que j’ai en effet tout fait pour qu’il ne lui fasse rien. Je préférais qu’il s’en prenne à moi. Je m’en suis puis des raclées … pendant sept ans. A y réfléchir je ne sais même pas comment je faisais pour tenir le coup, enfin si c’est là que j’ai commencé à me droguer.

« Ça peut être utile je crois … »

Je ne veux pas trop remuer le passé, mais c’est déjà bien trop tard pour ça au fond. Ça me fait bizarre de le sentir encore contre moi quand il me serre dans ses bras. Je ne pensais pas que ça me ferait autant de bien. Je passe une main derrière sa tête, je ne sais pas pourquoi je fais ça, je crois que j’ai besoin de réconfort. Je lui demande pour le bar, je n’ai pas vu encore les dégâts.

« J’irais voir quand je pourrais sortir. Ils ont dit que je pouvais rentrer chez moi. »

Il y aura juste une infirmière qui passera tous les jours pour refaire les pansements, mais au moins je serais à la maison et j’aurais du quoi faire, je ne compte pas m’enfermer, ce n’est pas mon genre. Je fini par le regarder et lui dire :

« Il m’avait laissé une lettre y a quelques jours … il voulait qu’on se voie. Je ne suis pas allé le voir … ils veulent l’accuser de tentative de meurtre entre autres choses … J’ai un peu de mal à croire que tout ça sera vraiment fini. Ça semble si … je serais libre. »

Je fais un petit sourire, je serais libre, je n’aurais plus à avoir peur, je n’aurais plus à me demander sans arrêt ce que je suis sensé faire si jamais on me retrouve, parce que je serais libre. C’est une sensation que j’avais oublié.

@Cristiano Vakos

Mon cœur se serre lorsque je le sens, puis le vois s’éloigner de moi, les bras croiser. Comme s’il voulait se protéger du monde extérieur grâce à ses bras. À moins que ce soit pour se protéger des souvenirs qu’il a avec Luis ? Après tout, j’ai évoqué un moment assez intense. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé après que je les ai surpris, mais connaissant Luis, ça ne devait pas être agréable. Je m’en sens encore tellement coupable. Je voudrais savoir ce qu’il s’est passé, mais en même temps j’en suis tellement effrayée.

- Alors dis à ton avocat que je suis prêt à témoigne contre Luis. Je veux faire ça pour toi après tout ce que tu as fait pour moi.

Je ne peux pas le laisser faire les cent pas de la sorte en ne faisant que le regarder alors je me réfugie à nouveau contre lui. En espérant que ça l’apaise autant que je le voudrais. Si j’étais un chat, je pourrais ronronner de bonheur lorsque je sens sa main contre ma tête. À la place, je laisse échapper un doux soupire de bien-être. Pour la discrétion, je repasserai, mais j’ai trop être dans ses bras pour me retenir plus.

- Je peux venir avec toi si tu veux. Oh c’est une bonne nouvelle ça !

À cette nouvelle, je le serre un peu plus fort dans mes bras. Il va être dans l’appartement d’à côté, enfin. C’est tout ce que je demandais. Je me recule un peu, juste assez pour pouvoir le regarder. Mon regard passe de la peur lorsqu’il me parle de la lettre au soulagement lorsqu’il m’annonce qu’il sera accusé de tentative de meurtre et plus. Que tout est enfin réellement terminé.

- Tu pourras reprendre ton prénom sans craindre de te faire retrouver… Tu pourras reprendre une vie normale sans toujours regarder par-dessus ton épaule pour t’assurer qu’il n’est pas derrière toi. C’est génial.

C’est rare, mais je suis plutôt calme malgré les grandes émotions qui m’habitent. Je lui rends son sourire. Une nouvelle vie l’attend et j’espère de tout cœur d’en faire partie, même si ce n’est qu’en ami.

Je me doutais qu’il accepterait de témoigner mais ce n’est pas tellement pour ça que je voulais qu’il soit là, en réalité je voulais surtout qu’il sache que j’allais bien, enfin bien, c’est un grand mot, mais au moins que j’étais bien là et que je pourrais bientôt reprendre le cours de ma vie, même si mon bar est parti en fumé. Je ne pensais pas qu’on me retrouvait, finalement ce n’est pas plus mal. Je serais vraiment enfin libre. Je fini par acquiescer et par lui dire :

« Ok, je vais lui dire, ça fera un de plus contre lui, ça peut jouer pour beaucoup dans sa condamnation. »

Je n’avais plus envie de penser à ça, pourtant c’est toujours là, il est toujours là et je ne pourrais jamais oublier, son initiale gravée sur ma peau, il m’a brisé, de toutes les façons que l’on peut briser. Il savait très bien ce qu’il voulait et je dois avancer maintenant, mais je veux qu’il paie, légalement …

J’acquiesce quand il me dit qu’il pourra venir avec moi voir le bar. Je ne veux pas être seul dans cette nouvelle épreuve, je ne veux pas constater les dégâts par moi-même, je ne pourrais pas supporter d’avoir tout perdu, pourtant je sais que c’est le cas, mais je sais aussi que ça va me faire mal et il savait, il touche toujours là ou ça fait mal, ça aurait pu être Criss … heureusement qu’il ne sait pas que je l’aime, ça au moins c’est quelque chose que j’ai bien gardé secret. Je voulais l’éloigner pour ça, pour ne pas qu’il lui arrive quoi que se soit à cause de moi. Il à l’air emballé à l’idée que je retrouve ma vie et je le suis aussi, même si ça m’effraie un peu. Je pense que je vais garder mon prénom actuel, Lilian est … derrière moi.

« Oui, mais je crois que je vais garder mon prénom actuel, j’aime bien Leeroy … puis ici on me connait sous ce prénom-là, si je change, on va encore me demander pourquoi, je n’ai pas envie de tout réexpliquer. »

Je lui fais un sourire, ça ne veut pas dire que j’oublie toute ma vie derrière, oh non, je ne pourrais jamais de toute façon, ça sera toujours là, ce n’est qu’un prénom, même si il y a quelques temps je me plaignais encore que ça me faisait bizarre de ne plus être Lilian.

Je suis content qu’il accepte de me laisser témoigner. Je pourrais enfin lui rendre un peu de ce qu’il a fait pour moi. Je pourrais enfin réellement l’aider à sortir Luis de sa vie pour de bon. Je n’ose même pas imaginer ce qu’il a fait pour tenir Luis loin de moi puisque je commence à comprendre comment il fonctionne ce connard. Et à comprendre pourquoi Lili était si distant par moment. Je m’en veux tellement qu’il ait vécu tout ça pour me protéger. Je me retiens à deux mains de ne pas l’embrasser après ça pour lui montrer à quel point que tout ça me rend heureux. Mais, ça serait une erreur. Je ne suis que le voisin. Son ami. Et je suis trop jeune. Il ne ressent pas la même chose pour moi que moi pour lui. Alors je me contente de ses bras et c’est déjà énorme.

- Je pourrais même parler de son comportement dans le passé, pas juste de maintenant. Je peux demander à mes parents aussi pour être sûr que ton avocat ait tout ce dont il a besoin pour le laisser pourrir derrière les barreaux jusqu’à sa mort.

Je suis rarement aussi méchant dans mes paroles. Au contraire, je suis toujours celui à vouloir être ami avec tout le monde. À sourire tout le temps. À être toujours heureux. Mais, quand sa touche mon Lili, c’est une autre histoire ! Je sors les crocs.

J’étais même presque triste d’apprendre que le feu n’avait brûlé « que » son bras. J’aurais voulu que le feu fasse disparaître ce « L » que Lili a sur la peau de son bas ventre pour qu’il n’ait plus cette marque de ce con. À la place, je pense sérieusement à me tatouer un « L » à la même place. Pas pour Luis, mais bien pour Lilian. Comme ça il pensera à moi à chaque fois qu’il verra cette marque plutôt qu’à cet être ignoble.

Mon sourire s’agrandit quelque peu lorsqu’il accepte que je l’accompagne pour qu’il constate les dégâts de son bar. Je sais qu’il s’imagine le pire, mais je sais que ce n’est pas si pire. Je l’ai vu. Oui, il y aura beaucoup de réparations et rénovations à faire, mais il ne partira pas de zéro. Puis, je serais là pour l’aider que ce soit moralement ou financièrement. Je ne veux pas qu’il perde tout alors qu’il va enfin retrouver une vraie vie en étant totalement libéré de son passé. J’imagine déjà le voir reprendre son nom, mais il m’apprend qu’il pense garder Leeroy comme prénom.

- Oh…! dis-je en perdant un peu mon sourire, même si je comprends la logique derrière sa décision. Je pensais qu’il n’aimait pas ce nouveau prénom, je me suis visiblement trompé. Je comprends. Mais, tu sais que le procès va être partager par les médias ? Ça ne passera pas sous silence ?

Je me mordille un peu la lèvre, hésitant à continuer ce qui me chicotte. J’ai peur que s’il veut garder son prénom actuel est parce qu’il veut réellement faire une coupure avec sa vie passée. Et ma place, elle est dans le passé ou dans le présent ? Ou entre les deux, donc dans aucune ? Je m’en veux d’être inquiet pour ça alors qu’il sera enfin libre, surtout lorsque je le vois sourire de la sorte. Qu’est-ce qu’il est beau.

- Je… Est-ce que tu m’en voudras si je me trompe en t’appelant Lilian ? Ou Lili ? Ça me fait trop bizarre de me dire que tu es Leeroy maintenant…

Je finis par lui demander pareil, vraiment pas sur de moi, ce qui est assez rare pour être mentionné.

J’acquiesce, évidement ça ne sera pas facile et ça sera surement compliqué d’avoir tous ces témoins, de savoir qu’il a fait autant de mal. Je ne m’en remets pas. Si j’étais resté ? Est-ce qu’ils auraient souffert aussi ? Est-ce que c’est ma faute ? Je ne suis pas convaincu qu’il restera jusqu’à sa mort, il trouvera une parade pour s’en sortir, sauf s’il est condamné pour tout ce qu’il a fait.

« Merci Criss, je ne sais pas ce que je ferais sans toi. »

Pas grand-chose c’est certain, il m’a toujours aidé et il a toujours détesté Luis, je le voyais dans ses yeux, quand il nous regardait, je pensais même qu’il était amoureux de moi tellement il était sur la défensive le concernant et je ne sais plus ce que je dois croire. Je voudrais encore le croire, mais l’autre fois, il m’a repoussé et j’ai bien vu sa tête quand j’étais avec Aiden, il l’a mal prit, alors je ne suis pas sur qu’il ait envie de me pardonner, même si il a l’air de toujours vouloir m’aider.

Je n’avais pas pensé aux médias, c’est vrai que ça risque de faire parler et je grimace un peu. Je n’ai pas envie qu’on parle de moi comme ça, puis si je suis sous protection, ils ne diront pas mon prénom. Je croise les bras avant de lui dire :

« Non, ne t’en fais pas pour ça, tu m’appelle comme tu veux, tu es le seul pour qui j’accepte le surnom Lili tu sais, je ne veux pas que ça change, puis je ne m’inquiète pas trop pour la presse, ils savent que je suis désormais sous protection judiciaire, ils ne peuvent pas tout dire. C’est l’avantage. »

J’ai un petit sourire quand il me dit que ça lui fait bizarre de m’appeler Leeroy, je comprends, je ne m’y étais pas vraiment fait non plus alors je lui dis :

« Oui, je sais, je ne m’y étais pas fait non plus, mais maintenant que je dois m’en séparer, je ne sais pas … je changerais peut-être d’avis, tu me connais. »

Oui il me connait, sans doute mieux que personne.

@Cristiano Vakos

Je suis content que Lili me laisse l’aider. Qu’il accepte que je témoigne contre Luis. Depuis le temps que je tente de l’aider pour qu’il s’éloigne de ce connard, je pourrais enfin tout raconter pour l’envoyer derrière les barreaux où il ne pourra plus jamais faire de mal à mon Lili. Je ferais tout en mon pouvoir pour que Lili ne souffre plus à cause de lui. Et je suis certain que mes parents pourront témoigner contre lui aussi. Je sais qu’ils ont vu certaines choses, mais qu’ils n’avaient pas assez de preuves pour aller voir la police. Alors, oui, une grande chaleur s’empare de mon corps lorsqu’il me remercie en ajoutant qu’il ne sait pas ce qu’il ferait sans moi. J’ai tellement envie de lui dire que je l’aime, que je ferais tout pour lui ! Mais, ce n’est pas le moment ni l’endroit. Une salle d’interrogatoire n’est clairement pas l’endroit le plus romantique au monde. En plus, j’ai trop peur qu’il me repousse en me disant qu’il ne ressent pas la même chose pour moi. Après tout, je suis jeune. Bien plus que tous ceux avec qui je l’ai vu. Surtout, je ne veux pas prendre le risque de le perdre. Je préfère rester simplement son ami que de lui dire que je l’aime et le perdre.

- Tu pourras toujours compter sur moi, c’est fait pour ça des amis.

Quoi répondre d’autres de toute façon ? Je ne crois pas que c’est le moment pour lui dire « je ne vois pas ma vie sans toi. Ma vie était fade lorsque je pensais que tu étais mort alors je ne sais pas ce que je ferais sans toi non plus. Fais moi l’amour s’il vous plait ! ». Pourquoi ce n’est jamais le moment pour tout lui dire ?! J’avais une si bonne nouvelle à lui dire et je le retrouve avec un autre homme en ne sachant même pas qu’il a changé de prénom. Avant ça, alors que j’étais si heureux de le voir en vie, je le retrouve complètement torcher. Est-ce un signe de l’univers pour me dire que je dois tourner la page ? Qu’il restera à tout jamais mon premier amour secret ? Même maintenant que Luis n’est plus une menace ?

Je regrette de lui avoir fait penser aux médias si rapidement lorsque je le vois grimacer. Je ne veux pas gâcher son bonheur face à cette liberté qu’il a retrouvé. Puis, j’oublie tout rapidement alors que le rouge me monte aux joues lorsqu’il affirme que je suis le seul pour qui il accepte que je l’appelle Lili. Alors je suis au moins un peu spécial à ses yeux ? Faut qu’il arrête de sourire comme ça ! J’ai juste envie de l’embrasser !

- Alors je vais continuer à t’appeler Lili. Ça me rassure alors de savoir ça. Le temps que les autorités trouvent ton père aussi, tu seras en sécurité. Ta vie ici est sous le nom de Leeroy alors c’est normal si tu le gardes… Tu as le temps d’y réfléchir de toute façon. Je sais que tu vas prendre la meilleure décision pour toi.

Malgré l’ombre de Luis lorsqu’on habitait tous les deux l’Espagne, j’ai, en effet, appris à très bien connaitre Lili. Ses moindres mimiques, j’ai appris à les reconnaître et à les comprendre.

- Tu veux rentrer maintenant ? J’ai l’appartement pour moi, tu pourras t’y reposer tranquillement après toutes ces émotions et m’avoir pour combler tes moindres désirs.

Bien sûr, je dis tout ça sans arrière-pensée sexuelle, même s’il peut profiter de mon corps comme il l’entend. Depuis le temps que j’attend qu’il pose un regard différent sur moi. Un regard amoureux et rempli de désir. Et qu’il découvrir mon corps avec ses mains et sa bouche. Mais, là, je veux vraiment qu’il se repose après toutes ces émotions. Il a passé à deux doigts de mourir brûler vif pour vrai cette fois après tout ! Il mérite d’être chouchouter !

J’ai de la chance de l’avoir, je le sais. Je ne sais pas comment je ferais sans lui, je l’ai déjà dit et au fond je regrette vraiment de ne pas l’avoir mis dans la confidence de mon départ mais, ça aurait été trop risqué pour lui.

« Merci quand même, tu es le seul qui me reste et … bien sur j’ai de nouveau potes, mais ce n’est pas pareil, toi tu me connais vraiment … »

Je voudrais lui dire que je l’aime plus que je ne veuille le dire, mais je me tais, ce n’est pas vraiment le moment ni le lieu, je ne sais même pas s’il voudrait qu’il se passe quelque chose, bien que je le voie bien dans son comportement envers moi, dans ses yeux et puis l’autre jour quand il était drogué … Je sais très bien ce qu’il voudrait, mais j’ai tellement peur de le décevoir, qu’il se rendre compte que je ne suis pas celui qu’il attend, alors pour le moment je ne dis rien. Je me contente de le prendre encore dans mes bras, même si c’est encore un peu douloureux, à cause des brûlures.

Je ne pensais pas vraiment au procès et cette idée me fait un peu peur, mais je sais que ça sera nécessaire, pour que ça n’arrive plus, pour qu’il puisse y avoir quelqu’un qui paie, Luis bien sûr, puis mon père, mais j’ai tellement peur que s’il me retrouve, il me le fasse payer, bien que je sois sous protection judiciaire et ça me fait d’ailleurs penser que je vais avoir des nouveaux papiers et ça me fait sourire. Je ne suis pas sûr de lui avoir déjà dit ? mais ça m’y refait penser avec ce qu’il me dit :

« Je vais avoir de vrais papiers Criss, tu te rends compte ?! Je vais pouvoir garder mon bar et avoir un vrai compte ! Bien sur ils ont tiqué un peu, je me suis plus ou moins fait remonter les bretelles mais ils ont été compréhensifs. Ils vont faire des inspections pour les normes, mais je pourrais les garder tous les deux. Ça sera vraiment à moi. »

C’est déjà à moi bien sûr, mais j’ai toujours eu l’impression de frauder, de l’avoir fait pour de mauvaise raison, de ne pas avoir été dans la légalité et je ne l’étais pas, maintenant je n’aurais plus peur.

« Oui je voudrais rentrer, je suis un peu fatigué et j’avoue que ça fait un peu mal. »

C’est l’avantage d’être voisin, on peut aller l’un chez l’autre quand on veut, je pourrais rentrer tranquillement et me reposer.