Les talons claquent contre le sol du studio. Une voix se hausse en interpelant par des supplications désespérées la jeune héritière de la famille. Prise d’une rancune naissante, la petite fée marchait en laissant ses escarpins joindre les jérémiades du photographe. La pression la torturait de l’intérieur. Ses tempes se serrent sous la douleur s’installant dans son crâne. Depuis combien de temps n’avait-elle pas osé ouvrir la bouche pour y insérer un simple bout de pain ?  Depuis combien de temps se tenait-elle debout sous un visage sans émotion ? Hestia ne pouvait plus supporter l’envie de disparaitre loin de ce chantier. En s’éloignant de la salle. Les gens se séparent en deux rangées. N’osant pas prononcer son prénom. Elle qui était la petite seconde. La sœur du redoutable Kronos. L’enfant parfaite qui se tiendra toujours droitement au côtier de son paternel. Voilà,  une imagine qui ne se détourne pas de cet enfant. S’arrêtant à mi-chemin. Ses bras se tiennent le long de son corps. Sa tête se berce vers l’arrière en perdant dans le vide un long soupire. Son cœur se resserre sous le poids qui ne la quitte pas depuis quelque temps. La déesse grecque avait envie de fuir la réalité. Pouvoir disparaitre pour transgresser dans un autre univers. Ses paupières se ferment doucement alors que son prénom est de nouveau prononcé. Pourquoi sacrifiait-elle tout pour eux ? Eux qui veulent faire qu’à leur tête. Ils peuvent fuir, mais il préfère créer un chaos. Ils sont des titans destructeurs tendis qu’elle est la petite flamme dansante sous l’obscurité. Pourquoi ne pouvait-elle pas ressentir ce battement irrégulier dans sa poitrine ? Le bonheur, la joie, la passion n’est rien. Rien ne lui appartient. Tout appartient à son père. Hestia serait prête à se sacrifier sous la lame tranchante d’une guillotine pour sauver sa famille. Sa tête se berce vers le côté pour revenir droite. Elle se retourne et regarde le photographe courir vers elle. « Madame Hestia… S’il vous plait… » S’il vous plait ? La nymphe était présente dans les locaux artistiques de la compagnie depuis cinq heures trente du matin. Il voulait encore prendre une photo. Une autre série. Son ventre se serre et un gargouillement se fait entendre. « Non… » Reprenant le pas. Elle s’avança vers sa loge. Sa main se posa sur sa poignée. Parfois, elle se demandait comme c’était de voler comme un oiseau. Prendre son envole pour s’éloigner de toute cette guerre putride qui se déroulent devant ses yeux. La royauté et sa démocratie des temps modernes. La dernière fois que son cœur battu sous l’instant d’un bonheur se trouvait être lorsqu’elle était en compagnie de cet ami du passé. Soupirant de nouveau, elle secoue la tête en affichant ce faux sourire parfait sur ses lèvres. Celui dont personne ne peut différencier entre le faux et le vrai. Ouvrant la porte, elle aperçut sa princesse. En rentrant, elle referma derrière sa personne rapidement. Accotant son dos contre le bois. Sa main glissa vers la poignée pour la verrouiller. « Bonjour mon lapin ! Tu ne m’as pas trop attendu ? » Questionna-t-elle sa jeune sœur.  Aujourd’hui, elle pourra respirer un peu… jusqu’au moment que l’innocence ne soit plus partie de Héra.

Cette chaleur étouffante, cette lumière qui revient sans cesse sous le brouhaha d’ordres plus directs l’une que l’autre. Cette déesse du foyer ne pouvait plus supporter cette funeste matinée qui la ronge de l’intérieur. Depuis peu, sa vie avait pris un tournant des plus inentendus. Sa beauté, sa joie et son sourire avaient pris un certain décollage. Son nom ne cesserait de frôler les lèvres des plus curieux. Il suffit de regarder ses réseaux sociaux. Le nombre d’abonnés augmente en dépensant les admirateurs de Selena Gomez ou de cette Kardashian de pacotille. Pourtant, cette routine et cette gloire qui peuvent faire envier plusieurs n’étaient qu’une simple déchéance. Elle marchait la tête autre vers son propre cortège mortuaire. Ce n’était pas elle ! Ce glamour ne lui appartenait pas. Cette image reflétée par une vie de richesse n’a jamais été celle qu’elle aurait voulue. Cette pousse voulait vivre autrement. Pouvoir tendre la main aux adolescents de milieu difficile pour aider à gravir les marches de la réussite sociale. Pourtant, elle se retrouvait là. Marchant d’un pas colérique vers sa loge. Ses talons qui claquèrent contre la solidité de marbre du bâtiment. Seigneur que cette route lui semblait longue. Derrière elle, une voix se hausse. Le timbre de voix venait pénétrer son cœur battant jouant sur sa sensibilité. Car, dans cette frustration de fatigue, la douce avait ce petit problème de gentillesse. Ou plutôt de crainte. Ce trouble de performance qui ne l’a jamais quitté depuis sa tendre enfance. Voulant toujours réussir et être la meilleure. Après tout, le seul défaut qu’elle avait était son sexe. Si seulement, elle avait été un homme de chair et d’os. Elle aurait détrôné son frère à la mort de son père pour diriger comme Zeus l’univers de l’Olympe. L’espoir d’un jour de repos l’avait quitté. Pourtant, Tia’ savait qu’il y avait dans cette pièce qui l’attend sa sœur. Son petit papillon qui pourra, contrairement à elle, voler librement. Son but semble être atteint. Une main sur la poignée métallique, un petit bruit et un claquement. Voilà ce qu’il lui fallait ! Adieu cette vie déchainer. Adieu l’enfant parfait qui doit sourire pour une fausse image. Sa sœur se trouvait devant elle. Une position si calme, si paisible que l’Italienne avait l’impression de voir une statue grecque qui posait. Ses longues jambes, son visage et ce petit nez bien tracé. Le souffle chaud caresse la courbe de sa babine. Son cœur battant et son sourire qui s’élargit lorsque sa sœur s’approche furent le comble. La quiétude est enfin là. Elle revenait peu à peu à elle. Sentant la joie de revenir prendre place dans son esprit. « Mon petit sucre d’orge ! » Laissa-t-elle échapper en serrant plus fortement le bébé de la famille dans ses bras. La douce étant plus grande que cette pauvre enfant. Tia déposa sa tête contre la poitrine de Héra. La laissant l’embrasser sur la joue. Brisant cette accolade. Hestia se mit sur la pointe des pieds pour tapoter le sommet de la tête de la géante. « D’accord ! Je suis soulagé. Moi, fuir…. Non… J’ai juste envie de manger ! J’ai vraiment faim ! Laisse la personne parler derrière la porte. » Un petit sourire au coin de lèvres, son visage illuminer par cette idée malicieuse. « C’est un crétin ! » Alors que la voix le supplie encore. Hors de question pour le mannequin de reprendre la pose aujourd’hui ! Le temps est écoulé depuis que la visite est arrivée.