New-York, j’ai encore du mal à croire que j’y suis vraiment. Qui l’aurait cru ? Après Los Angeles et mon retour au Pays de Galles, je ne pensais pas mettre les pieds ici un jour. Pourtant je suis là et je suis bien décidé à le voir. J’ai été idiot finalement d’écouter ce que ma famille voulait, je pensais bien faire. Je suis surement banni pour quelques temps, mais je sais qu’ils ne me banniront pas définitivement. J’ai enfilé un costume trois pièces comme à mon habitude, je garde certaines manières et j’ai été habitué, c’est comme une seconde peau, même si je sais ne pas en mettre, c’est rare, mais c’est surtout parce qu’aujourd’hui est mon premier jour dans le label de musique, mon premier jour en tant que Manager et j’ai un peu le trac, beaucoup même. Ils m’ont laissé un peu de temps pour m’installer, ils avaient des choses à régler avec l’ancien Manager et ils m’ont transmis ses conseils et ses dossiers, alors j’ai pris la relève ce matin et je suis là depuis à peine une demi-heure à vrai dire et j’ai mon bureau, si grand, je me sens tout petit et la vue sur la ville est assez dingue. Je me demande encore ce que je fais là. J’ai même un assistant qui m’a demandé si je voulais un café, alors forcément j’ai dit un thé plutôt qu’un café, mon côté britannique qui ressort. Il n’a rien dit et il est parti me chercher du thé. Je me sens un peu comme un étranger ici, c’est encore ce que je suis. Mais tout devrait bien se passer non ? La porte s’ouvre je m’attendais à voir l’assistant mais c’est Jonathan que je vois et je reste là à le regarder et à finir par dire :

« Salut, je … Je ne savais pas qu’on avait … rendez-vous. »

J’ai regardé mon agenda, je ne crois pas qu’il était prévu au programme, mais ce n’est pas plus mal au fond, parce que je voulais le voir. Je m’avance vers lui et je lui dis :

« Je suis venu à ton concert l’autre jour … mais je suis arrivé trop tard … »

Je ne sais pas pourquoi je lui dis ça. Je ne sais pas s’il a envie d’entendre quoi que se soit venant de moi, vu la façon dont je l’ai quitté à Los Angeles, ce n’était pas très classe. Je le regrette encore aujourd’hui, mais qu’est ce que je pouvais faire d’autre ?

@Jonathan Horan

Il est de retour sur le sol américain. Il est même ici à New-York. Comment je peux le savoir alors que j’ai fait en sorte qu’on ait plus aucun contact ? Parce que le milieu de la musique est un petit milieu et les agents se parlent entre eux. C’est du bouche à oreilles que j’ai finalement appris qu’il était ici. Dans la même ville que moi. Est-ce qu’il l’a fait exprès ? Qu’est-ce qu’il veut ? Qu’est-ce qu’il en fait de ses responsabilités familiales maintenant ? Le grand Lord a pu se libérer de ses responsabilités de Lord et de son épouse pour se prendre des vacances ici et faire tomber amoureux de lui encore un pauvre Américain ? Ça fait quelques jours que j’ai su la nouvelle et, même après de nombreuses conversations avec Maddy, je ne sais toujours pas quoi faire face à cette dernière. Je le déteste tellement de m’avoir brisé le cœur comme ça. J’ai tellement eu l’impression qu’il avait joué avec moi. Avec mon cœur et mes sentiments. Je ne voulais pas aller le voir pour qu’il croit que je suis là pour le supplier de me reprendre. De ne pas m’abandonner à nouveau. Parce que c’est loin d’être la vérité. Je le déteste. Mais, il y a quand même ce traite de cœur qui a bondi dans ma poitrine en apprenant qu’il était de retour. Ça m’a pris tout mon selfcontrol pour me retenir d’aller chercher son nom sur Google dans le simple but de trouver la raison de son retour.

C’est bien sur un coup de tête, ce matin, que je me suis levé avec la ferme intention d’aller le confronter. J’ai à peine pris le temps de me préparer puisque j’ai seulement enfilé un jeans et un t-shirt avec des baskets. Mes fans sont habitués de me voir plus souvent qu’autrement habiller simplement. Je n’aime pas les vestons cravates. Je trouve ça inconfortable. Sans prendre plus le temps de réfléchir, j’embarque dans ma voiture et file vers les nouveaux bureaux que James occupent. Quelques temps plus tard, j’arrive devant la porte de son bureau et, après une grande respiration, j’entre sans même cogner. Je me plante à quelques pas de son bureau, les bras croisés.

- On a pas rendez-vous. T’es plus mon agent, tu te rappelles ?

Je lui lance ces paroles avec froideur. Il m’a brisé le cœur et fait sentir comme un moins que rien. Ce n’est pas vrai que je vais être doux avec lui. Un rire sarcastique m’échappe lorsqu’il me parle de concert.

- Fais moi pas croire que tu as réellement fait des efforts pour arriver avant la fin du concert, mais surtout avant qu’on ne quitte la salle et nos loges. Je ne vais pas te croire.

Je secoue la tête. Je passe une main dans mes cheveux en levant les yeux au ciel, puis les repose sur lui.

- Qu’est-ce que le grand Lord fait à New-York loin de ses responsabilités familiales et de sa femme ? Ça ne doit pas plaire à ta famille ça.

Autant aller directement au sujet qui fâche au lieu de faire semblant d’être civiliser. Je suis ici que pour savoir ça. J’en peux plus de me torturer l’esprit avec ces questions. Je veux savoir. Je veux comprendre. Je veux qu’il parte pour arrêter de souffrir et l’oublier à nouveau. Ou du moins tenter de l’oublier.

J’ai du mal à croire qu’il soit là devant moi, après tout le mal que je me suis donné pour finir devant une salle vide, d’avoir traversé tout le pays et d’être arrivé trop tard, c’était il y a quelques semaines, finalement je le vois enfin et je me retrouve à être comme un con sans savoir quoi lui répondre. J’ai l’air fin. Nicholas m’avait dit que je devrais faire profil bas, lui expliquer, lui présenter des excuses, est-ce que je saurais vraiment le faire ? Est-ce que j’arriverais à tout lui dire ? A lui dire que j’ai merdé ? Je n’en sais absolument rien. Je me sens juste idiot quand il me dit que je ne suis pas son manager, que je ne le suis plus. Je me mords la lèvre, gêné. Ils ne lui ont vraiment pas dit ? Merde, ça ce n’était pas prévu. C’est encore moi qui vais passer pour l’affreux. Je ferme les yeux, me passe une main dans les cheveux, sort une cigarette, me fichant pas mal que je ne suis pas sensé faire ça ici et je lui dis :

« Eh bien, si en réalité … j’ai accepté le poste il y a quelques jours. C’est pour ça que je suis là. »

Je ne suis pas très à l’aise, je voudrais qu’il comprenne, qu’il entende toute ce que j’ai à dire, mais nous sommes partis sur de très mauvaises bases, surtout qu’il ne me croit pas une seconde que je sois arrivé à la fin, quand tout était fini alors je lui dis :

« Pourtant c’est vrai. Mon avion à eu du retard, je me suis tiré … je ne me suis pas marié. Je n’ai pas encore affronté ma famille … Ils savent juste que je suis à New-York, mais ils ne savent pas pourquoi. Ils doivent me haïr de toute manière, mais je ne pouvais pas faire ça … j’ai regretté à la minute ou je suis parti. Je n’ai pas pu y aller. Je n’ai rien ne dit à personne. Je m’en voulais tellement d’être parti comme ça. Je n’ai jamais voulu de tout ça. Je n’y suis pas allé, mais le temps que j’arrive à l’aéroport, j’ai dû attendre l’avion suivant et il a eu du retard. Je voulais venir te voir, il n’y avait plus personne et je me suis senti idiot d’être là, je ne savais pas comment te dire que j’étais désolé. »

C’est un peu nul comme excuses, c’est même la pire excuse que j’ai pu donner, une excuse qui n’en est pas vraiment une finalement. Il va vraiment me détester. Sans compter que maintenant on va devoir se supporter souvent, puisque je serais là temps plein alors j’ajoute :

« J’ai hésité quand ils m’ont appelé en disant qu’ils cherchaient quelqu’un pour gérer quelques groupes à New-York, j’ai tellement hésité que j’ai failli refuser, mais c’était la meilleure solution, je ne peux plus retourner chez moi, je n’ai même pas encore de chez moi ici … je reste chez mon meilleur ami un peu pour le moment, le temps de trouver un appartement … Je ne voulais pas que tu l’apprennes comme ça Jon … »

Oh non, je ne voulais pas. Je tire sur ma cigarette, bon sang que ça fait du bien du fumer et de finalement tout lâcher ce que j’avais envie de dire, même si je sais qu’il va mal réagir et je le comprends. Je le regarde et je le trouve encore plus beau quand il est fâché. Ce n’est pas net, mais je n’ai jamais dit que je l’étais.