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Je m’étais promis, que ça n’arriverait plus. Lorsque nous nous étions quittés dans les jardins la dernière fois, je m’étais fait cette promesse, de ne plus l’approcher. De faire comme si son existence m’indifférait. De cacher mes émotions, d’enfuir mes sentiments le plus loin possible. J’avais tenu pendant des jours. J’avais d’ailleurs eu le temps de parler à Lana, de tout cela. Je lui avais avoué la vérité. Celle que je cachais à tout le monde, celle qui m’avait toujours empêché d’être heureux et d’avancer tel que je le voulais. Je lui avais tout raconté. Ma liaison avec Nick, lorsque nous étions plus jeune, l’horrible chantage de ma belle-mère, notre rupture, absolument tout. Je lui devais bien ça. Et puis, j’avais fini par lui dire que mes sentiments étaient toujours là, même si cela n’avait plus d’importance. Même si je ne pourrais jamais être avec lui. Je lui avais dit qu’il m’avait rejeté. Parler du fait que je me devais de marier une femme telle qu’elle pouvait être. J’avais en revanche omit de lui dire que je l’avais choisie pour me rapprocher de Nicholas. Parce que je ne voulais pas la blesser d’avantage. Elle avait bien mieux réagit que ce que je l’aurais pensé au premier abord. Elle avait en revanche besoin de réfléchir à tout ça. Savoir si oui ou non, cela lui convenait. Alors depuis, je n’avais plus de nouvelles d’elle. Je lui laissais tout l’espace et le temps dont elle avait besoin.

Et avec tout ça, je me retrouvais quand même au volant de ma voiture pour le rejoindre, lui. Je savais que c’était une mauvaise idée. Je savais que je brisais le sermon que je m’étais fait de ne plus le revoir, de rejeter tout ça en bloc. Mais impossible. Pas alors qu’il semblait dans un état second. Il avait besoin de moi. Je ne pouvais pas le laisser comme ça. Je n’en avais pas la force.

Je n’avais pas vraiment pris le temps de me changer. J’avais sauté dans ma voiture sans réfléchir et maintenant, j’étais au pied de son immeuble, à appuyer sur sa sonnette après avoir vérifié que personne ne m’avait suivi ou personne n’était susceptible de savoir que j’étais là. Le cœur battant, cela m’avait paru être une éternité, avant qu’il ne daigne enfin m’ouvrir. Je m’étais engouffré dans l’ascenseur, totalement chamboulé par tout ce qu’il m’avait avoué. J’étais toujours blessé. Il avait facilement rouvert cette plaie qu’il avait lui même provoqué dans les jardins. Je ne savais pas ce que j’allais lui dire. Je ne savais pas ce que j’allais faire mais je m’en fichais. Tout ce qui m’importais, c’était d’être avec lui. Maintenant plus que jamais.

Je sortais de l’ascenseur pour me ruer sur sa porte. J’essayais de calmer mon souffle, de respirer profondément, de me faire une raison. De calmer mon cœur aussi, agité comme un fou dans ma poitrine. Je ne devais pas faire de connerie. La porte s’ouvrit sur lui. Son visage était ravagé de larmes. Cette vision fit voler en éclats toute ma raison. Et puis merde.

Je me ruais sur lui. Mes mains entourèrent son visage alors que mes lèvres se pressèrent avec fureur contre les siennes. Je le fis reculer, pour pénétrer dans son appartement et refermer la porte derrière moi avec mon pied. Qu’il me repousse. Qu’il me frappe. Qu’il me traite de tous les noms. Qu’il fasse éclater toute sa haine sur moi, je refusais de le lâcher. Pas cette fois.

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Cela faisait plus d’une semaine et demie qu’il avait quitté le Gala dans un état de rage qui avait manqué de lui faire perdre la tête. Ses émotions avaient été sans dessus-dessous à un extrême qu’il n’avait jamais autant expérimenté. A ce moment, il ne savait plus ce qu’il ressentait exactement : il y avait tant de colère diriger vers tant de personnes différentes, mais c’était William qui s’était pris la vague scélérate en pleine face sans qu’il puisse l’en préserver. Ce soir-là, il était rentré chez lui, avait vidé une bouteille de whisky et avait fini par sombrer dans un coma presque idyllique. Le lendemain, il avait été suffisamment malade pour regretter son action, mais la colère était encore là, grondante, mais mélangée à autre chose : de la tristesse due à la culpabilité. Une culpabilité qui avait gagné du terrain, jour après jour au point qu’il avait fini par envoyer un SMS à William pour s’excuser. Sa froideur avait été un écho douloureux à la sienne sans doute. Il avait accepté, mais la blessure était évidente. Nicholas s’en était contenté. C’était sans doute ce qu’il y avait de mieux à faire. Avancer chacun de leur côté. Après tout, c’était ce qu’il avait voulu, ce qu’il s’était efforcé de lui faire entendre. C’est ce qu’il s’est efforcé de faire de son côté. Il a repris le cours de sa vie, il a enchainé le travail au Palace et au Desire, a tenté de se sortir cette conversation de la tête autant que possible, mais dès lors qu’il fermait ses paupières, elle tournait en boucle, son attention focalisée sur ce regard qui semblait brisé. Cela le rendait malade à chacun de ses réveils. Cela ne l’avait pas empêché de se lever et continuer à vivre comme d’habitude, mais aujourd’hui, il n’était pas parvenu. Il s’était éveillé avec une nausée et une fébrilité profonde. Il avait régurgité tout ce qu’il y avait dans son estomac et il était dans une telle torpeur qu’il avait végété dans son lit sans pouvoir rien y faire. Des larmes muettes avaient envahi ses joues sans qu’il puisse les contenir. C’était une sensation désarmante. Il n’avait pas ressenti cela depuis des années. C’était comme s’il avait fini par plier sous le poids de ses émotions qu’il ne parvenait jamais à gérer. Il n’aimait pas être dans cet état. Il détestait ses questions sans réponses qui tournaient en boucle dans sa tête et qui lui torturaient l’esprit. Il n’en pouvait plus. Il avait le sentiment de devenir fou. Alors il a plongé naturellement ses lèvres dans l’alcool fort au milieu d’après-midi. Buvant jusqu’à s’en rendre malade, jusqu’à qu’il est le sentiment que la réalité n’était qu’un mirage duquel il pouvait s’enfuir.

Il ne se rend même pas compte de ce qu’il fait. Il a juste besoin de lui faire comprendre qu’il lui en veut, mais qu’il est désolé de l’avoir blessé, qu’il entende que cette fureur était un cri de son cœur malade, malade de ce qu’il lui oblige à ressentir de nouveau. Il s’était juré de ne plus se sentir aussi désarmé, vulnérable face à quelqu’un. Pourtant, il ne peut pas s’en empêcher. A cet instant, il donnerait tout ce qu’il pouvait lui donner pour annihiler cette lueur brisée qu’il a vu dans ses prunelles azurs qui ont toujours tant de pouvoirs sur lui. Il ne veut plus ressentir cette culpabilité qui le dévore tellement violemment que ça le met à terre. Il ne veut plus ressentir cette tristesse qui lui arrache ces sanglots dont il ne parvient pas à se défaire. Il veut juste que ça s’arrête. Il ne sait pas vivre avec des émotions aussi violentes. Cela fait quinze ans qu’il les fuit, mais aujourd’hui, il est incapable de s’en dérober. Il sait que c’est une mauvaise idée qu’il le rejoigne. Il ne sait même pas comment il va réagir à sa présence, à sa proximité alors qu’il se sent plus vulnérable que jamais. Lorsqu’il l’entend sonner à la porte de son appartement, il est dans un état second. Il met un temps conséquent pour rejoindre l’entrée de son penthouse dans une démarche hésitante, nauséeuse et fortement alcoolisée, il en est certain. Il finit par lui ouvrir, attend l’instant où il va accéder à son appartement en collant son front contre le bois de la porte. Il portait encore ses lunettes qui se retrouvaient embrumées par la vapeur de ses larmes. Il n’avait même pas la force de les retirer pour les essuyer.

Il ne savait même pas comment il trouvait la force de rester debout. Une réalité qui s’intensifia à l’instant où il dû ouvrir la porte, affronter le regard de William. Son cœur bat tellement fortement dans ses tempes que ça lui donne mal au crâne. Son souffle se meurt sous l’initiative de William, sous la pression de ses lèvres qui viennent ravir les siennes et qui met un terme à toutes ses pensées, ses tourments. Il se perd dans ce baiser, laisse un soupir d’aise faire trembler ses cordes vocales alors qu’il y répond. Ils sont en train de commettre une erreur. Il le sait au plus profond de lui, mais ce soir, il ne parvient pas à réguler l’intensité des émotions qu’il ressent à son égard. Ce soir, il n’a plus la force de lutter contre ce pouvoir aliénant que William a sur lui. Il veut juste oublier, s’abandonner dans ses bras même s’il le regrettera plus tard. Ce qui est fort à parier, mais ce soir, il a besoin de lui. De lui et de personne d’autre.  

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C’est une erreur. Nous le savons tous les deux. Malgré tout, nous avons dépasser ce stade à présent. Nous ne sommes plus en état de nous battre contre l’évidence. Je n’y renoncerais pour rien au monde. Pas ce soir. Toutes mes bonnes résolutions s’envolent d’elles-même lorsqu’il me rend mon baiser. Peu importe ce qui nous attend demain, cela n’a pas d’importance. La seule chose qui compte à cet instant, c’est lui et moi. Comme cela l’a toujours été et le sera toujours. Le temps ne pourra pas effacer ça. Rien ne le pourra. Je fais fis du goût de l’alcool que je sens sur sa langue, de ses lunettes qui manquent de voler de son visage sous l’intensité de notre baiser. J’ai le souffle court, lorsque je relâche ses lèvres le temps d’une fraction de seconde pour l’embrasser à nouveau. J’ai envie de le retrouver. J’en ai besoin, autant que lui j’en suis certain. Je le repousse encore avec le poids de mon corps, jusqu’à ce que son dos bute contre le mur le plus proche. Je perd la tête, lâche enfin tout ce que je retiens depuis bien trop longtemps maintenant. Les regrets seront pour plus tard. Pour un autre temps. Lorsque j’arrive enfin à relâcher ses lippes, les miennes cavalent le long de sa mâchoire jusqu’à atteindre son cou. J’embrasse la peau tendre qui semble me réclamer, laissant mes mains dégringoler le long de son corps jusqu’à ses hanches, puis ses fesses. En un mouvement, je l’incite à s’accrocher à moi, à glisser ses jambes autour de ma taille pour le porter. Mon cœur bat trop fort, au point que j’ai l’impression qu’il finira par exploser dans ma poitrine, rien que pour lui. Je l’entraîne à travers son appartement en reprenant à nouveau sa bouche, avide, assoiffé de lui. Complètement envoûté par la déferlante d’émotions qu’il provoque en moi. Il n’y a que lui, qui ai ce pouvoir. Que lui qui arrivera jamais à me blesser autant qu’à me faire vriller. Je nous emmène à l’étage, puisant dans mes forces pour le mener jusqu’à sa chambre sans encombre sans cesser mes baisers. Le brasier qu’il allume en moi me plonge dans un état second. Son dos fini par épouser le matelas. Pour autant, je ne le relâche pas. Au contraire. La passion dévorante qu’il m’inspire me guide. Mes gestes sont saccadés, pressés de le retrouver, de redécouvrir chaque parcelle de son corps qui appelle le mien. Ma bouche dégringole à nouveau dans son cou. Mes doigts glissent sur son ventre, tirant sur le tissu qui le couvre pour enfin accéder à mes désirs. A sa peau chaude que je caresse dans mon élan. C’est grisant. Renversant. Totalement irréel.

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