Véritablement, j'aimais mon travail même si ce n'était pas celui que j'avais tout d'abord planifié, j'étais heureux de le faire. Ecrire était une façon pour moi d'exprimer tout ce que je pouvais ressentir, bien plus aisément qu'à l'oral. Le journalisme m'avait donné une liberté dont j'avais été privé une bonne partie de ma vie. Cette liberté m'offrait par exemple de choisir les sujets que je voulais traiter, de pouvoir travailler en pleine nuit si ça me chantait ou bien encore de pouvoir travailler de chez moi. Et en ce moment c'est ça qui me plaisait le plus. C'était un avantage indiscutable, surtout depuis que je cumulais mon travail de journaliste et celui de famille d'accueil. Travailler chez moi me permettait d'être beaucoup plus disponible pour la petite Lyra, qui avait besoin de beaucoup d'attention. Force était de constater qu'on ne lui en avait pas donné assez pendant les premières années de sa vie. Elle me faisait penser au petit Isaac, qui avait besoin d'attention mais qui en même temps avait peur de la demander. Dans les yeux de Lyra, je voyait des choses que je connaissais que trop bien. Dans ses réactions, je me reconnaissais. J'essayais de l'apprivoiser, mais ce n'était pas simple. Le fait que je sois un maximum présent avec elle semblait aider, au moins elle ne tremblait plus quand je me trouvait dans la même pièce qu'elle. Nous avancions tout doucement. Mais il fallait tout de même que je la laisse de temps en temps. Elle devait aller à l'école, elle y allait sans broncher mais selon la maitresse, les choses étaient compliqué, Lyra ne parlait pas, n'interagissait pas avec les autres, elle attendait seulement que le temps passe. Et quand je venais la récupérer le midi, il n'était pas rare que je la retrouve exactement au même endroit que je l'avait laissé le matin. J'avais renoncé à la ramener l'après midi, elle n'arrivait pas à dormir et paniquait dans la salle de sieste plongée dans le noir. Alors je la gardais avec moi l'après midi, parfois elle sombrait sur le canapé, parfois elle jouait simplement près de moi. Heureusement que mon patron était compréhensif, il était rare que j'ai des impératif au journal. Mais quand ça arrivait, je confiais Lyra e une personne de confiance, ma voisine. Aujourd'hui, c'était ce que j'avais fait. J'avais rendez vous avec une photographe. Je lui avais proposé un café, j'aurais pu lui proposer de venir chez moi, mais ça aurait pu paraitre un peu étrange, faire penser a un piège. Alors j'avais laissé Lyra et prit le chemin d'un café sympa dont j'avais envoyé l'adresse à Kaelyn, la photographe que j'avais repéré sur instagram. Je commandais un grand café, j'avais passé une nuit compliqué et j'avais besoin d'énergie. J'étais en avance sur l'heure fixé en amont. Alors j'ouvrais mon ordinateur portable et j'en profitais pour travailler un peu l'un de mes textes. Concentré sur mon article, je ne vit pas le temps passer. Et c'est en levant les yeux que j'aperçu une petite brune qui semblait chercher quelqu'un. Une chose me frappa soudain, elle était belle, magnifique même. Un grand sourire s'affiche sur mon visage alors que je me lève et lui fait un signe de la main « Kaelyn ? » Espérons que ce soit elle, sinon je passerait pour un bel idiot.

Je sais que je ne fais pas forcément les choses dans l'ordre, en fait je ne fais pas du tout les choses comme il faut. Normalement, ce n'est même pas à moi de choisir qui vas prendre les photos illustrant mes articles. Mais pour moi, c'est une partie très importante du travail. Je veux que les photos illustrant mon article, qui est important pour moi, soit parfaites. Et j'ai adoré les photos que j'ai vu de cette fille, alors c'est elle que je veux et personne d'autres. J'espère juste qu'elle le voudra elle aussi. Car après tout, ce n'est qu'une photographe amateur. Enfin, déjà elle a accepté de me rencontrer, c'est un premier pas assez rassurant. Je suis en avance, voulant lui assurer que je suis sérieux dans ma proposition. Mais comme je suis très en avance, je décide de travailler un peu, histoire de peaufiner un peu plus mon article avant de lui présenter. Tout en sirotant du café, je tapotais sur mon ordinateur en attendant qu'elle arrive. Plongé dans mon article, je ne me rendis pas de suite compte qu'elle était là. En levant la tête enfin, je l'aperçus. Un petit signe de la main pour lui indiquer que j'étais là et je me redressais pour lui serrer la main alors qu'elle confirmait qu'elle était bien celle que j'attendais. Je hoche la tête alors qu'elle me demande si c'est bien Isaac « Oui c'est ça, Isaac, Isaac Jennings, enchanté de vous rencontrer mademoiselle » Et c'était plus que vrai, elle était éblouissante et je ne regrettais aucunement de l'avoir contacté. Je l'invitais à s'asseoir alors qu'elle me parlait du café, argumentant qu'on lui avait dit qu'il était très bon « En effet, il est délicieux, je viens souvent écrire ici, enfin moins ces derniers temps ... mais je le prend souvent à emporter » Depuis que j'avais Lyra avec moi, je privilégiais le travail à la maison, ainsi quand elle était là, j'étais plus disponible pour elle. Je ne voulais pas qu'elle se sente délaissée, je sais qu'elle n'as pas eu un début de vie facile, je veux l'aider au mieux pendant le temps qu'elle partage avec moi. Mais aujourd'hui, je ne suis pas à la maison, je suis au café avec la jolie Kaelyn. Et comme elle parle de café, je fait signe au serveur pour lui en commander un . Je souris avant de déclarer « Vous me direz ce que vous en pensez » En attendant, je fermais mon ordinateur pour la regarder avant de lui demander « Alors ? Vous faites de la photo depuis longtemps ? Et vous faites autre chose à côté ? » Pas que je doute qu'elle puisse vivre uniquement de la photo, mais je sais qu'elle m'a indiqué que ce n'était pas son travail principal. Je suis curieux, je veux en savoir plus sur elle, car je dois bien l'avouer, elle me plait. Alors autant en savoir le plus possible sur elle et pourquoi pas si elle est célibataire, mais ça je ne vais pas lui demander frontalement. Même si ce n'est pas l'envie qui me manque.  

Regarder la jeune femme qui me fait face est une chose que je pourrais faire pendant des heures sans me lasser. Mais il me faut passer pour une personne tout à fait normale alors je détourne mon regard d'elle pour me concentrer une dernière fois sur mon ordinateur. Puis nous parlons de ce café, qu'elle ne connait pas encore et auquel je suis moi déjà accroc. Elle me dit qu'elle vas voir et je lui souris « Vous me donnerez votre avis » Et puis je fermais mon ordinateur pour me concentrer un peu sur notre conversation, je la questionnais sur son intérêt pour la photo. Sa réponse me fit un peu regretté ma question, j'étais doué pour mettre les pieds dans le plat. Alors je déclarais « Oh je suis désolé pour votre père » Car même si je n'avais pas la chance d'avoir noué avec mon père une vraie relation et que sa mort ne m'avait pas attristé bien au contraire, je pouvais imaginer ce qu'on ressentait en perdant une personne qu'on aimait vraiment. Elle avait de la chance au fond, d'avoir connu un amour paternel mais j'imagine que la perte était vraiment douloureuse. La simple évocation d'un père pour moi suffisait à faire remonter un tas de mauvais souvenir et ravivait une vive douleur dans mes doigts, cette même douleur qui avait mit fin à tout espoir pour moi de faire de ma passion une carrière. Je chassais mes mauvais souvenir et l'écoutait parler de son autre travail et je ne pu m'empêcher de lui répondre « Et bien vu comme vous êtes talentueuse, je ne doute pas qu'un jour vous fassiez carrière dans la photographie. Même si être vendeuse n'as rien de honteux. » Après tout il fallait de tout pour faire tourner le monde. Et puis moi même j'avais en quelques sortes deux travail, même si pour l'accueil de la petite Lyra je n'avais pas tant l'impression que c'était un travail. Le serveur arriva déposant nos cafés. Le second pour moi. Je lui tendait le sien avant de prendre une gorgée dans le mien. Voulant en savoir plus sur elle je demandais « Vous avez grandit à New-York ? »