Outfit


Les faibles rayons du coucher du soleil filtrent à travers les rideaux translucides et viennent caresser le visage de Kronos. Cet être faisant partie des vingt plus beaux hommes d’affaires de New York, classé 2e , avait devant son bureau, son nom et prénom marquer sur une plaque en or de 34 carats. Dire qu’il était un laideron ou loin d’être magnifique serait un mensonge. Il faut être aveugle pour ne pas voir la beauté de cette famille. Des enfants adoptés dont toutes pourraient être mannequins. Je n’imagine pas les scandales des cœurs brisés ayant été victime de leurs beautés. Est-ce qu’il est plus beau que tous les autres hommes que j’ai côtoyés ? Il serait dur de comparer. J’ai l’habitude d’être entourée d’homme musclé, grands et même avec une gueule de tueur.  À vrai dire, depuis mon arrivée sur cette île, je n’ai pas rencontré de nouveau des personnes ayant une apparence de vieux loup de mer. Je quittais du regard l’homme de l’autre côté du mur de vitre pour écrire de nouveau sur mon clavier. Laissant le clic clic de mon clavier briser le silence de l’office. En bas à la droite, l’heure venait de changé en pensant de 19 :59 à 20 :00 pm. Il était encore là. Travaillant comme toujours alors je restais en attendant d’avoir l’accord pour quitter. Pourquoi restais-je assise ? Pour terminer sa planification, répondre aux messages des autres départements, envoyer les courriels qu’il me demande en allant même préparer les dossiers qu’il souhaite. Le crépuscule pointe à peine le bout de son nez. Cette lueur devient apaisante. La fin de semaine allait commencer dès que je quitterais le bureau et mon lit douillet sera prêt à m’accueillir dans ses draps. Mes doigts arrêtèrent leurs mouvements dansants. Ma tête se tourna sur le côté pour regard par-dessus mon épaule. Observant mon patron qui ne détournait pas le regard de son écran. Soupirant lors d’un instant, mes mains se posèrent sur le meuble pour m’aider à glisser ma chaise vers l’arrière. En me levant, mes talons claquèrent contre le parquet de marbre. À l’heure qu’il est. Est-ce que je devrais lui préparer un verre de rhum ou un café. La question ne se pose pas. L’alcool ne sera pas un bon allier après tout. Quelques minutes plus tard, mon poing toque contre la porte avant que je me faufile dans l’ouverture. « Monsieur Zaimis, il se fait tard. Prenez un café. » Dis-je en le déposant sur son bureau. « Puis-je faire quelque chose d’autre ? » Mon dos est droit, mon regard plonger dans ses iris. Le soutenant ainsi. Certains le prendraient comme un défi d’autres de la provocation tendis que les autres employées me trouveraient folle. Pour moi, c’est seulement un respect.

En logeant le couloir menant à son bureau, la sensation que celle-ci se rapetissait pour devenir étroite vient s’installer doucement en moi. Ce silence imposant de briser par le claquement redondant de mes talons aiguilles vient d’un doute. Mon esprit se laisse envahir par l’imaginaire. Il vient parodier des scènes tirées des films d’horreur ou de ‘’ thriller’’. Si seulement, je ne connais pas par cœur ce lieu. Cette foutue tour qui est l’une des plus hautes de la ville. Elle est magnifique et la richesse de ce lieu vient éloigner la pauvreté des esprits. Il suffisait de regarder la décoration pour sentir la jalousie de ce Trump qui ne pourrait égaler ce bâtiment. Pouvait-il même se payer la peinture faisant pâle figure à ma décoration minimaliste de mon bureau  ?  L’idée de voir un esprit ou un tueur apparaitre disparu alors que le grincement de la porte transparente s’ouvrit sous mon geste. Au loin, à quelques mètres de moi, se trouvait assis le fils du dirigeant. Celui qui prendra la relève après la mort du gros patron. Ce qui me parait étrange encore est les quelques lignes ayant figuré sur mon contrat lors de mon embauche. Je venais pour un poste de secrétaire- assistante , mais à la demande secrète du CEO, je devais devenir un chaperon de cet homme. Je ne pouvais partir que lorsqu’il partait. Je devais être présentée avant son arrivée et bien sûr, confirmer son réveille. Je ne comprends toujours pas les craintes du dirigeant. Son fils n’était pas celui ayant la prestance de pouvoir prendre sa place un jour ? Déposant sa tasse à café, mon sourire bien placé pour ce moquer poliment de sa réaction vient étirer mes lippes colorer d’un petit rose à la légère teinte corail. « Je ne veux pas vous manquer de respect. » En me redressant, mes mains viennent se placer dans la courbe de mes reins. Les doigts s’entrelaçant. « Je ne pourrais en public. C’est un manque de respect. » L’appeler K. entre ce qu’il désire et les volontés du grand dieu tout puissant, il fallait que je jongle entre leur désires. Et croyez-moi, ça me faisait chier en criss. « En privé, seulement si vous le désirez je vous appellerais K. » Le petit sourire professionnalise reprend sa place bien que l’amusement ne quitte pas celui-ci.  Parfait, j’ai l’impression d’apercevoir un adolescent ne voulant pas être comparé à son père. Un gamin dans un corps d’adulte. Son index glissa contre la bordure de la tasse, contournant celle-ci pour suivre la rondeur. Je tentais bien que mal de cacher mon questionnement, mais alors que ses lèvres s’entrouvrirent, sa question vient me surprendre. Mes sourcils se froissèrent, mon regard glisse vers la gauche puis vient monter vers le haut pour réaliser vers lui. Est-ce que j’ai des plans ce soir ?  « Non, je n’ai aucun plan. Je vais quitter seulement lorsque vous auriez terminé. » Je ne le quitte pas des yeux. Observant chacun de ses gestes pour tenter de comprendre sa question. À vrai, dire j’espère que le café sera à son goût. « Vous avez des plans K ? » Ce surnom me brûle les lèvres. M’offrant l’impression d’être impoli avec le patron. Il faut un commencement à tout. En privé, en tête à tête, mais devant les autres… JAMAIS !

Il est impossible de manquer de respect à l’homme se tenant devant moi. Malgré que celui-ci vient d’afficher ce large sourire, affirmé. Est-ce que ma réponse venait de l’amuser ? Après tout, je ne suis pas intéressée de l’appeler par un surnom ni même de briser ce lien patron et employée. L’amitié n’existe pas au travail. Il serait inconscient d’ouvrir la porte à une quelconque relation amicale outre que celle du professionnalise. Cette posture qui venait de me rappela vaguement quelque chose. Les mains près de son menton, les doigts qui se croisent. Pourquoi cette image colle parfaitement à un personnage des Simpson ?  Ah ! Monsieur Burns. « Vous dites cela pour me forcer la main ? Votre père n’aimerait guère que je vous interpelle par un surnom quelconque. » Comment dire autrement. Ce n’est pas lui que je crains, mais son père. « Merci de respecter ce compris. » Je souriais en penchant un peu la tête vers le bas pour un signe de remerciement.

« Pardon ? » Mes mains quittèrent mon dos et l’une d’entre elles vient caresser le derrière de ma nuque. Il blague ? Dites-moi qui blague !  « Mons… K qu’est-ce que vous avez fait ? » La nervosité grimpe en moi alors que ses prunelles me fixent sans me quitter lors d’un instant. Je le regarde avancer vers la porte en restant debout sans réagir. Laissant mon cerveau prendre une pause. Il charge lentement pour assimiler les informations. Je cligne des yeux avant de lui suivre d’un pas maladroit. Marchant d’un pas rapidement vers la sortie. « Vous avez une réunion, vous ne pouvez pas… » Oh ! Fais chier ! Je sens que je vais avoir un email d’excuse bidon à faire à son père. Comment m’excuser encore envers la secrétaire du CEO en rajoutant en CC le gros patron. « K… attendez ! » Je tente de le rattraper en m’arrêtant rapidement à mon bureau pour prendre ma veste et mon sac à main.

Hien ! Il se fout de ma gueule, ce cave ? Mon visage devait parler sans que les mots cherchent à franchir mes lippes. Cette bêtise si facilement prononcée par ce coréen vient me perturber un instant. L’installation d’une mise à jour à mon cerveau veut débuter sauf que rien ne se passe. Il est bien l’un de ses congénères. Une cervelle infectée par des années de stupidités qui ne comptent pas la réalité et le concret. Ce n’est pas l’envie de me coller la main au visage sous un air désespéré qui me manque. Bien qu’il soit présentement dans une position hiérarchique très  impressionnante, telle qu’un vice-président auprès du président. Il n’est en reste pas du moindre que le dernier mot sur mon statut au sein de l’entreprise appartient à ce faux géniteur. Retrouvant mon esprit, je me tourne vers lui en voulant suivre sa cadence. « Vous avez tout un prénom particulier dans votre fratrie K. » Les mots sortent sans réfléchir. Cet abruti prenait-il conscience de ce son mouvement de hâtif. Un souffle chaud frôle mes lèvres alors qu’il s’éloigne. Prenant deux secondes pour fermer mon ordinateur. J’attrape rapidement ma veste et mon sac avant de le rejoindre. Les insultes ne cessent de s’accumuler. Elles roulent contre ma langue n’osant pas franchir ses babines rosées pour laisser mon timbre de voix briser ce silence. Mon raisonnement ne servait à rien ! Mes conseils non plus. Je connais un moyen de me venger. Tout en lui offrant plus de travail, bien sûr… Ce n’est pas si vilain. Il s’agit d’un stratagème bien placé. C’est donnant, donnant ! Je vais être punie de devoir rester peut-être plus longtemps, mais à la fin de semaine le montant sur ma paie sera plus intéressant. Vive le bonus des heures supplémentaires. En marchant d’un pas rassurer et confiant, je m’approche de lui. L’incantation d’une malédiction est prononcée dans mon subconscient. Ne perdant pas le directeur de mon champ de vision, je croyais sincèrement que lorsqu’il s’éloigna du mur pour rentrer dans l’ascenseur, il me laisserait là. Seule dans l’immeuble pourtant, sa main retiens l’une de porte. L’empêchant de se refermer. Rentrant rapidement aux pas de course dans la cage de fer. Je respire, une main sur le thorax. J’avais couru avec ses armes de torture à mes pieds. Mon regard se pose sur lui en le jugeant et le questionnant du regard. « 25 ans. Pourquoi ? » Pourquoi voulait-il connaitre mon âge ? Ne devait-il pas connaitre un peu ses employés. Bon, non ! Il est tellement détaché chaque fois. J’avais bien envie de lui dire en plaisanterie qu’il devait avoir quarante ans sauf que je connais son âge véritable. L’ascenseur descendit et la musique dérangeante apparue. Cette mélodie qui pourrait rendre fou même un cinglé.

Les lippes collées l’une contre l’autre, les mots roulent à l’intérieur de ma bouche. Cherchant une simple et discrète ouverture pour laisser y échapper des vulgarités dignes des pires injures des bas-fonds de la société québécoise. Un dialecte qui ne cesse de brûler la chair de mes lèvres par l’impureté de mes propos. La frustration qui me balaye tel un coup de chaleur me rend perplexe. Ce n’était pas dans mon contrat ! Ce mouvement de hanche rapide pour rejoindre celui dont ma carcasse lui appartient sur les heures de travail. Pourquoi alors suis-je après le suivre en tentant de le rejoindre. Les talons qui percutent le sol. Un pied dans la cage et le second qui bondit dans ce cubicule de fer. En rentrant, la douce musique énervante vient à mes oreilles. Une balade mélodieuse de certain concerto italien que le nom m’échappe. Il était près de moi. Se tenant droit. Je me regarde dans le miroir lui faisant dos. Il me dépassait d’une ou deux têtes, ses épaules carrées me font sentir fine. En me retournant pour me placer dans la même position et direction que lui. Mon regard glisse vers la gauche. Observant ses doigts s’approcher de sa chemise déboutonnant un troisième bouton. Sous la curiosité, mes iris l’observent. Ses longs doigts jouant de ce bout de plastique laissant les bords de tissu noir tombé à l’inverse. Exposant la naissance de sa chair colorée. Surprise en retenant un hoquet de surprise, les tatouages. Comment n’avais-je pas réalisé avant que son corps soit tatoué dont le dessus de sa main. J’avalai ma salive alors que la question d’où s’arrête la naissance et la fin de cette œuvre d’art d’encre. Mes mains se rejoindre devant le moins. Se liant une à l’autre. Retenant de nouveau la frustration qui bouille en moi. Le sourire délicat qui étire mes lèvres et son questionnement. N’avait-il pas parcouru mon dossier contenant mes informations ? Son père m’avait proposé de lui offerte dès mon premier jour. Ce crétin n’avait pas été curieux ? Les enfants de riches ne cesseront jamais de me surprendre. J’aurais pu être la pire des salopes ou une femme cherchant que des ébats avec son patron, mais il n’a même pas osé feindre l’innocence de connaitre mon âge. Kronos était sérieux. « Attendez ! On nous attend quelque part ? Mais, vous n’avez rien de tel dans votre horaire ! » Ma voix vibra par la surprise et le choc. Qu’est-ce qu’il avait prévu ? Les portes s’ouvrent sous l’annoncent de l’étage. Je reste debout sans bouger. Il va sortir avant moi, non ? Il ne bougea pas d’un poil. Un soupire m’échappe. J’avance devant lui roulant les yeux vers le haut. Marchant vers l’inconnu, les lumières apparaissent. Les portes s’ouvraient devant moi. Je m’arrête en me tournant pour le regarder. Mon regard parlait pour moi. « Vraiment ? » Je regarde sa voiture. Cet homme jouait à quoi. Il vient à me dépasser. Je n’avais même pas remarqué que je m’étais arrêtée. Je me mords la lèvre « Fait chier caliss… » Dis-je dans ma langue maternelle. J’avance vers lui pour prendre place dans la voiture. Mes mains passèrent sur mes fesses pour éviter que la jupe se relève, je rentrais mes pieds par la suite. Je ne savais pas comment me placer. J’ai l’habitude de m’assoir derrière des motos, mais jamais de poser mon popotin dans des voitures de luxe digne de l’agent 007. Il m’avait ordonnée et sans broncher j’avais monté pour prendre place. Sérieusement, j’ai peur de quoi ? Rien. Bien que l’envie de lui écraser mon clavier d’ordinateur sur la tête ne me manque pas.