La musique était à fond dans la pièce, créant une ambiance vibrante qui accompagnait chacun de mes mouvements sur la barre de pole dance. Ça faisait juste quelques mois que j'avais repris la danse, mais chaque séance me rappelait à quel point ça m'avait manqué. J'adorais danser et j'avais toujours rêvé d'en faire ma carrière si ça avait été possible, mais avec les enfants et mon mari... enfin, mon ex-mari, c'était clairement impossible.

Quoi qu'il en soit, je ne me souciais pas du tout de ce que les gens pensaient de cette danse ; pour moi, c'était toute la beauté et la sensualité de l'art.

Je me déplaçais sur la barre dans le rythme des morceaux qui me guidait dans chacun de mes gestes. Chaque pirouette et chaque montée s'accordaient parfaitement aux notes entraînantes qui résonnaient dans la pièce. Chaque mouvement était un vrai plaisir, et la barre semblait se fondre avec moi dans une sorte de ballet.

À un moment donné, alors que je réalisais une figure plutôt complexe, j'ai entendu la porte s'ouvrir. Je jetai un coup d'œil et vis Louisa entrer avec un grand sourire. Elle se posa sur le banc près du mur en observant attentivement ma performance. Je sentais son regard admiratif sur moi, ce qui m'encourageait encore plus à donner le meilleur de moi-même malgré quelques ratés.

Quand je terminai une série de figures avec une belle fluidité, je remarquai que Louisa était toujours là, captivée par ma danse. Souvent, elle et moi nous retrouvions pour nous soutenir mutuellement dans cette pratique. Bon, je ne vais pas mentir non plus : Louisa était bien plus acrobatique que moi et beaucoup plus douée ; mais bon, j'avais 45 ans passés donc oui, c'était déjà un bel exploit ce que je faisais là.

Bref, petit pause s'impose. Je prenais un moment pour attraper ma bouteille d'eau et tout en l'ouvrant, je m'approchai de Louisa.

"Tu es en retard, ma grande !" disais-je en souriant en m'asseyant à ses côtés. "Dure matinée ?" Je lui avais donné une petite tape sur l'épaule avec ma bouteille d'eau, en sachant pertinemment qu'elle avait dû veiller tard et faire des folies. À son âge, c’est exactement ce que je ferais, même si, dans la réalité, à son âge, j'étais déjà maman et mariée.

En retard ! Me voilà en retard pour mon cours de pôle dance et je déteste arriver alors que le cours a déjà commencé, étant moi-même prof, je sais combien c’est dérangeant quand les gens ne sont pas à l’heure. Mais ce qui me gêne le plus c’est d’être en retard à cause d’une brune enceinte et vorace de sexe qui n’a pas su me laisser partir m’entraîner car elle était toute émoustiller à l’idée que je me trémousse contre une barre en fer. Je ne vais pas mentir, elle a su développer de très bons arguments pour me faire rester, mais quand même, je me sens un peu fautive. Enfin, je suis en train de littéralement courir dans la rue pour rattraper mon retard, heureusement que j’ai un bon cardio sinon je serais déjà crevé avant d’attaquer le cours.

J’ai repris la pôle dance que depuis cet été, j’ai réalisé un stage de remise à niveau avant de reprendre les cours officiel ce mois-ci. Cela faisait bien 4 ans que je n’en avais pas fait et on perd très vite le coup fin surtout les muscles profonds qui nous servent à tenir sur la barre. On dirait que c’est facile comme discipline, mais pas du tout, elle demande une musculature afin de pouvoir enchaîné les mouvements avec grâce et surtout donner cette illusion de flottement qu'on aime tant admirer. J’envisage de donner moi-même des cours de pôle à l’avenir alors ces cours sont plus que nécessaire.

Je ne suis plus qu’à quelques rues du studio, mon marathon est bientôt terminé. Quelques minutes, plus tard, je monte quatre à quatre les marches pour enfin arriver dans la salle. J’avais envoyé un message à ma professeur pour la prévenir de mon retard, mais je lui fais un signe d’excuse quand je pénètre dans les lieux. Elle me sourit grandement et me dit de rentrer. Sans perdre une minute, je vais vite poser mes affaires dans le coin où j’ai mes habitudes.

C’est alors que Sara vient à ma rencontre. Nous nous sommes connus durant le stage cet été et nous avons rapidement sympathisé. C’est une femme âgée de 45 ans qui n’a rien a envié aux petites jeunettes de 20 ans sur une barre de pôle si vous voulez mon avis.

« Oui, j’ai eu un petit contretemps. » Je rougis légèrement avant de lâcher un petit rire espiègle. « Enfin bref, tu fais des progrès. » Dis-je en montrant la barre de la main. « Le peu que j’ai vu de ton enchaînement, c’était super, t’es vraiment doué. » Sara avait vraiment de grosses qualités en pôle, cette danse est faite pour elle.

Je lui faisais un petit sourire en la voyant arriver à toute vitesse. Louisa, avec son énergie débordante, c’était impossible de ne pas la remarquer. En ce moment, elle donnait vraiment l’impression d’avoir une vie bien remplie, et pour elle, une journée de 24 heures ne semblait jamais suffisante. Je ne la connaissais pas encore très bien, surtout en ce qui concernait sa vie privée. On discutait de tout et de rien ici, mais sur nos vies personnelles, on restait toujours assez discrètes.

Elle venait de me faire un compliment, et je baissais légèrement la tête, un peu gênée.

"Merci, Louisa, c’est super sympa... Ça me touche vraiment" répondais-je en remettant une mèche de cheveux derrière mon oreille. "Franchement, ça fait du bien de retrouver le rythme. Je pensais avoir tout oublié après tant d’années sans pratiquer, mais finalement, ça revient plus vite que je ne l’aurais cru. C'est fou, j'adore ça, et on dirait que je retrouve un peu ma jeunesse, c'est incroyable, non ?"

C’était vrai que la danse demandait une bonne condition physique et de l’endurance, mais la pole dance, c’était encore plus intense. Honnêtement, j’étais fière du niveau où j’en étais, surtout à mon âge. En réalité, j’étais même bien meilleure que certaines des petites jeunes de 25 ans dans la salle d’à côté !

Je la regardais avec amusement. "Et toi, tu cours toujours après le temps, visiblement" plaisantais-je en la taquinant. "Un réveil difficile ? Tu as trop fait la fête hier soir ?"

À son âge, j’étais déjà maman depuis longtemps. Donc non, je n’avais pas vraiment profité pleinement de ma jeunesse. Les sorties et les fêtes, ce n’était pas trop mon truc à l’époque. J’avais été une femme très tranquille, mais maintenant, j’avais l’impression de rattraper un peu le temps perdu. Je me découvrais petit à petit.

Sur le papier Sara et moi sommes carrément des opposés, elle est une mère de famille respectable qui mène sa vie de mère célibataire d’une main de fer quant à moi, je suis l’ancienne travailleuse du sexe, l’ancienne toxico qui n’a pas de vie des plus stables, étant tombée amoureuse d’une trafiquante de drogue/ proxénète enceinte de son ancien petit ami avec qui au passage, j’ai couché. Non, ma vie n’est en rien simple et au antipode de celle de la belle brune devant moi, mais étonnamment non avons réussit à sympathiser avec elle et moi. Malgré ce côté sérieux, Sara déborde de vie et nous rigolons beaucoup durant nos séances et puis nous sommes passionnés par le pôle dance donc ça aide.

Il faut dire que Sara a tout d’une artiste même si elle a fait une longue pause tout lui revient rapidement, c’est un délice de la voir s’exercer et reprendre confiance en elle. La brune se libère petit à petit de ses complexes et assume de faire des figures à la barre chose qu’elle se retenait de faire lors des premiers cours. « Je ne te dis pas ça pour te faire mousser, tu me connais à force. » Je lui fais un petit clin d’œil. « Ça se voit que tu t’amuses et honnêtement, tu n’avais pas tant perdu de ta technique, il fallait juste que les gestes reviennent. »

La jeunesse était une question qui troublait toutes les femmes passaient quarante ans, j’ai l’impression, tout comme ma petite amie, Sara semble aussi contrarié par l’idée de vieillir alors qu’elle est toujours aussi canon. « Ne t’inquiète pas de ton âge ma belle, tu es canon et puis il n’y a pas d’âge pour réaliser ses passions, tout se passe dans notre tête. »

Je pars du principe que quand on aime, on peut tous faire, les douleurs, on les oublie quand on veut, on peut, il suffit de se battre pour réaliser nos objectifs. Cela a toujours été un mantra de vie, j’ai survécu dans ce monde, j’ai fait face aux obstacles de la vie parce que je l’avais décidé, bon, je n’ai pas toujours pris les bons chemins, mais j’ai avancé. Aujourd’hui, je fais partie d’une campagne publicitaire internationale, la preuve en est, il faut croire en ses rêves.

« Je ne serais pas Louisa si ma vie n’était pas une course enfin ! C’est mon identité. » Je lâche un petit rire. « Alors je ne dirais pas que le réveil était difficile, il était plutôt délicieux au contraire. » Dis-je en me mordillant le doigt pour lui faire comprendre que je n’avais pas fait que des choses catholiques cette nuit. J’avais retrouvé Gemma après une semaine passée en Europe et il faut dire que les retrouvailles ont été des plus excitantes.

En l'écoutant, je réalisais à quel point elle avait raison. Même si j'avais pris une longue pause, une très longue pause, j'avais étonnamment retrouvé mes repères très rapidement. Faut dire que la danse, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas ! D'ailleurs, plus je passais mes journées ici, plus je pouvais sentir ma confiance grandir à chaque cours, et ça, je le devais à elle. Elle m'avait donné sa confiance et cette motivation. « Tu sais, c'est à toi que je dois tout ça, à cette performance ! Si tu ne m'avais pas encouragée autant, je serais encore chez moi à me morfondre devant un paquet de chips graisseux, » disais-je avec un sourire. Je me sentais vivante, et c’était agréable de le partager avec elle.

Je savais que la jeunesse préoccupait de nombreuses femmes, y compris moi. « Mais je ne te cache pas que, parfois, je me sens tiraillée entre l’idée de vieillir et celle d'être une nonne. » confessais-je. Mais Louisa avait ce talent pour me rassurer. « Mais tu as parfaitement raison, il n’y a pas d’âge pour poursuivre ses passions. Alors merci pour tout, bella ! »

Louisa me faisait rire avec ses histoires. « Une course, hein ? Toujours en mouvement toi ! » plaisantais-je. J’étais intriguée par sa nuit, mais je ne voulais pas être trop indiscrète. « Alors, qu’est-ce qui s’est passé de si délicieux ? » demandais-je en souriant. Je prenais de nouveau ma bouteille d'eau pour y boire une gorgée avant de poursuivre la conversation « Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que tu vas me dire que tu as retrouvé ton prince charmant ? »  C'était une petite maladresse de ma part. Faut dire, qu'on ne parlait pas souvent de nos vies amoureuses lors des séances de danse. Bien sûr, des rumeurs circulaient sur son orientation sexuelle mais j'y prêtais peu attention. « Ou peut-être une femme ? J'ai cru entendre que tu étais en couple avec une femme ? Enfin, c'est ce qui se murmure dans les couloirs. »

Il est vrai que j’avais dû pousser ma partenaire de danse à se libérer et oser remonter sur cette barre. Je me souviens le premier jour du stage, elle semblait toute gênée, elle n’osait pas se lancer. Elle tournait autour des groupes pour regarder les gestes des autres filles, je sentais dans ses yeux cette envie de pratiquer, cette lueur que possèdent les passionnées. Toutefois, elle restait sur la retenue, malgré cette folle envie de grimper sur la barre, elle restait sur le côté. Je l’avais alors prise par la main et inciter à se lancer. Il ne me fallut que quelques minutes pour que le petit oisillon peu sûr de lui prenne son envol et retrouve sa confiance d’autrefois. « Et bien moi, je suis sûre que tu aurais fini par franchir le pas, certes dans plusieurs mois, mais tu l’aurais fait. » Je lui souris. « Je t’ai observé le premier jour, oui désolé, je scanne chaque personne qui m’entoure. » Je levai les épaules à moitié désolé par mes propos. « Ton corps disait non mais tes yeux n’avaient qu’une seule envie montée sur cette foutue barre. Je n’aurais pas senti cela en toi, je t’aurais laissé tranquille, mais je sentais bouillir en toi ce que beaucoup de danseurs ressentent face à la passion. » Sara et comme moi, la danse, elle nous anime, elle nous permet d’exprimer tant de choses, nos joies, nos peines, notre colère. C’est un exutoire et en même temps, on a besoin de ça, on a besoin de se laisser aller au rythme de la musique, c’est plus fort que nous. Il suffit qu’une mélodie retentisse pour qu’on soit attiré par elle.

« Toi nonne !? Mais tu rigoles, j’espère ! Je suis sûre que d’ici quelques mois, tu viendras m’avouer qu’un beau mâle a partagé ton lit. » Je lui fais un petit regard coquin. Il n’y avait aucun doute sur la beauté de Sara, c’est une magnifique femme que j’aurais pu totalement tenter de séduire si je n’avais pas connu l’amour. « Ne me remercie pas, profite, on a qu’une vie, je l’ai appris que trop bien récemment alors vivons pour nous. »

Nous en vîmes à parler de la raison de mon retard, mon amie est, en effet, très curieuse, mais je ne lui en veux pas. Il faut dire que c’est moi qui lui aie lancé la perche. Ses doutes sont bien fondés, je me doute que mon petit regard espiègle y est pour quelque chose. « Tes potins sont très bien renseignés, j’aurais pu être avec un bel étalon, le corps d’un homme m’est aussi très appréciable, mais il s’agit bien d’une belle brune qui a partagé mon lit. » Je me rapproche d’elle pour ne pas que tout le monde entende. « En effet, je me suis remise avec mon ex, Gemma. »

Je souris en écoutant Louisa, me remémorant ce premier jour de stage comme si c’était hier. Elle n’avait pas tort. J’étais hésitante, presque terrifiée à l’idée de monter sur cette barre, malgré l’envie brûlante qui me consumait. C’était comme si tout mon corps criait pour que je me lance, mais quelque chose me retenait. Louisa avait été cette petite impulsion dont j'avais eu besoin, celle qui m’avait aidée à retrouver la confiance en moi que j’avais perdue.

"Peut-être bien, mais sans toi, je serais probablement encore là, à tourner en rond autour de cette foutue barre, à regarder les autres sans oser me lancer. Alors oui, tu m'as bien aidée, Louisa, et je t'en remercie." Mais son côté observateur me fit rire. "Ça, c’est sûr, mes yeux ne savent pas mentir." répondis-je en haussant les épaules. "Je suis une piètre actrice quand il s’agit de cacher mes passions, et la danse… tu le sais, c’est quelque chose qui nous anime toutes les deux. C’est plus fort que nous, on ne peut pas s’en empêcher. Dès qu’une mélodie retentit, tout notre corps réagit."

Je la regardai, reconnaissante. "Et tu as bien fait de me pousser. Danser à nouveau, c’est une véritable libération pour moi. J'avais besoin de ça, surtout en ce moment."

Quand elle plaisanta sur un "beau mâle" partageant mon lit, je laissai échapper un rire sincère, bien que je secouai la tête, amusée par son petit regard coquin.

"Oh non, crois-moi, je suis bien trop compliquée pour ça !" dis-je en riant doucement avant de reprendre mon sérieux. "Ouais, peut-être qu'un beau mal débarquera dans ma vie, mais je t’avoue qu’en ce moment, ce n’est pas ce que je cherche ! J’ai pris le pli d'être indépendante, et être de nouveau en couple, je ne sais pas ! C’est compliqué..."

Louisa avait ce don de faire ressortir mon côté plus léger, plus insouciant. Elle était une véritable bouffée d’air frais dans cette période compliquée de ma vie.

Lorsque Louisa m’avoua s’être remise avec son ex, Gemma, je fus légèrement surprise. Je connaissais vaguement une Gemma, principalement à travers Zenia, mais je savais aussi qu’elle n’était pas des plus... Comment dire... Enfin, c'est Gemma, quoi. Mon visage trahit peut-être un instant ma surprise, mais je me repris rapidement.

"Gemma ?" dis-je en levant un sourcil. "Gemma... j'en connais une. Et elle porte bien son nom. Santantonio, Satan... tu vois ce que je veux dire."

Je ne voulais pas trop en dire, mais je savais que je devais être honnête avec Louisa. Je lui adressai un sourire, espérant que mes paroles ne la mettraient pas mal à l'aise, mais plutôt la prépareraient à ce que je savais de Gemma sans pour autant entrer dans des détails inutiles.

Sara était reconnaissante que je l’ai poussé à se lancer et j’avoue que je suis très contente de l’avoir fait sinon je serais passé à côté d’une amitié et cela aurait été dommage. Oui, Sara est vraiment une femme que j’apprécie beaucoup, une de ces nouvelles connaissances avec qui le courant passe super vite et qui vous donne toujours envie de passer plus de temps avec. Et puis les cours de danse sont tellement plus sympathique quand elle est dans le coin, on se comprend elle et moi, on pousse l’autre à s’améliorer, on repère les petits défauts de l’autre toujours dans un esprit bienveillant et j’adore ça. Il n’y a que des remarques constructives et de la bonne humeur, c’est comme ça que se comporte de vraies danseuses, le but n’est pas de rabaisser l’autre bien au contraire.

« Aller arrête de me mousser sinon je vais me sentir vraiment indispensable à ta vie et je ne vais jamais redescendre de mon piédestal. Il se peut que suite à ça, je devienne insupportable et tu regretteras ton choix d’être mon amie et je t’apprécie beaucoup donc ça serait terriblement dommage. »

Je lâche un gros rire suite à ma tirade comique. Tout le monde se retourne vers nous, un peu agacé par le boucan que je fais. Je lève les mains l’air en signe d’excuse. « Pardon, je me fais discrète maintenant. » Je ne serais pas arrivée en retard, j’aurais évidemment râlé, mais là, je préfère me faire petite. La prof a un caractère de cochon et sur un coup de colère, pourrait me virer du cours, mais moi, j’aime trop ce cours alors on se calme !

On en vient ensuite à discuter de la probabilité que mon amie trouve un beau mâle pour prendre soin d’elle. Elle rit à son tour, me confiant qu’elle n’est pas forcément prête pour revivre en couple pour le moment, préférant sa liberté.

« Rien ne t’empêche toutefois de te faire du bien ma belle. C’est pour ça que Dieu a inventé les coups d’un soir. » Je lui fais un clin d’œil. « Non sérieusement Sara, qui t’a dit qu’il fallait forcément qu’une femme soit en couple pour être heureuse. Profite, sors, couche, danse, vie pour toi, bon un peu pour tes gosses, mais pense à toi aussi. »

J’avais l’impression que Sara, c’était beaucoup oublié au fil des années, il était désormais temps qu’elle pense à elle et à ce qui la rend heureuse.
Nous nous attaquâmes ensuite à ma vie amoureuse, je venais de lui confier de m’être remise avec Gemma, mon ex petite amie. Elle me confia à son tour en connaître une pour qui son nom représentait exactement son caractère. Je ne fus aucunement étonné des frasques de ma petite amie, Gemma n’est pas réputée pour être tendre.

« Oui, je reconnais bien mon amour en la personne de Satan. » Je ris de plus belle et d’autant plus face à la figure gênée de mon amie. « T’inquiètes pas, je sais que ma petite amie est un vrai diable, et je sais surtout que lorsque les gens la connaissent, c’est rarement pour ses bons côtés. »

Je souriais mais c’était un sourire un peu gêné. Je n’étais pas vraiment le genre de femme à accepter des coups d’un soir. C’était tellement… à l’opposé de ce que j’étais. C’est vrai, j’avais vécu beaucoup de choses, mais je restais assez réservée en matière de relations, même quand il s’agissait juste de profiter sans attaches. Je n’étais pas faite pour ça, et je n’étais pas prête à me laisser emporter dans cette dynamique, pas comme ça, pas sans sentiment. C’était sûrement là où Louisa et moi étions totalement différentes. Elle, elle fonçait dans l’inconnu, tandis que moi, j’étais la prudence incarnée, et un peu trop peut-être.

"Tu sais..." Je me perds un instant dans mes pensées avant de reprendre. "Je comprends ce que tu veux dire, Louisa, mais... ce n’est pas vraiment moi. Je n’ai jamais été à l’aise avec ce genre de choses. En vérité, je n'arrive pas à me laisser aller si facilement comme toi! Je ne sais pas mais je ne me vois tellement mal me réveiller dans le lit d'un parfait inconnu ou encore, faire l'amour avec un homme que je ne connais à peine, et qu'une fois, la chose faite, je ne fais comme si rien n'était! Non, non, je ne pourrais jamais!" Bien sûr, je ne jugeais jamais Louisa, et encore moins d'autres femmes qui avaient une vie sexuelle beaucoup plus active que moi! Chacun menait sa vie comme bon lui semblait, et moi, j’étais plutôt du côté sage de la chose. D’ailleurs, si je devais lui avouer le nombre d’hommes que j'avais connus dans ma vie, ou pire encore, encore plus affolant, le nombre de sexes masculins que j'avais pu voir nus en 45 ans d'exigence, je pensais qu'elle ne me croirait jamais. N'oublions pas que j'avais été mariée plus de 30 ans, et j'avais toujours été fidèle.

"Quant à ta petite copine..." Je soupirais, consciente que mes paroles allaient sans doute être perçues comme une mise en garde. J’avais un mauvais pressentiment à propos de Gemma, pas seulement à cause de sa réputation. Il y avait quelque chose chez elle qui me mettait mal à l’aise, quelque chose que je n’arrivais pas à définir, mais que je sentais au fond de moi. Elle était proche de Zenia, sa meilleure amie, et elles étaient aussi démoniaques l'une que l'autre. C'était comme des jumelles qui ne s’intéressaient qu’au chaos.

"Tu devrais faire attention, Louisa..." J’hésitais un instant, puis je continuais. "Je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais ta copine est effectivement loin d’être un ange, et je suis bien placée pour le savoir. J'ai.. disons que, je connais très bien sa meilleure amie, Zenia." Je marquais une pause, le regard un peu plus sombre. "Je sais que tu tiens à Gemma, mais ... Elle n’est pas comme elle semble être, et Zenia non plus. Il y a toujours des ombres là où elles passent, et je t’avertis juste. Je n'ai pas envie que tu te retrouves prise dans des histoires qui pourraient te faire du mal, tu mérites mieux que ça. Fait attention à toi!"

Je me redressais légèrement, l’angoisse grandissant en moi à mesure que je voyais Louisa prête à me contredire. C’était compliqué, je le savais. Mais je voulais juste qu’elle prenne un moment pour réfléchir. Parfois, les relations comme celles de Gemma et Zenia ne laissaient aucune place à la lumière. Et j’avais l’impression que Louisa risquait de se perdre là-dedans.