« C'est hors de question ! » M'exclamais-je auprès de mon agent, qui venait de m'annoncer que j'allais avoir un garde du corps, à partir de maintenant. J'étais une star, certes, mais je n'avais pas besoin que l'on me suive à la trace. Je n'avais plus cinq ans et on aurait beau essayer de m'expliquer les raisons, de long en large et en travers, je n'avais rien envie d'entendre. « Aryel...» Je lui lançais un regard noir qui en disait long sur ce que je pensais. « Je n'ai pas envie d'avoir un garde du corps, c'est bon ou pas ? » Même si je voulais jouer les divas, mon agent avait eu gain de cause. Il avait pris un rendez-vous avec un certain Lancelot Walsh. Un lieutenant de police. Certainement une personne qui allait m'agacer dès les premières minutes. Je n'avais pas envie de faire d'effort. Et je n'allais certainement pas en faire. Je crois même que mon agent sous-estimait vraiment ma capacité à énerver le monde. Parce que c'était sûr : ce fameux Lancelot allait très vite lâcher l'affaire. Et s'il fallait que je sois exécrable avec ce dernier, je le serais. Juste pour prouver à mon agent qu'il avait tort. Sorti de son bureau, j'avais noté l'heure et la date du rendez-vous. J'allais devoir m'y pointer si je ne voulais pas être boycotté des prochaines émissions de téléréalité. Mais rien que le concept de me rendre à ce rendez-vous m'agaçait au plus haut point. Tant pis, j'allais sûrement le faire attendre. Et alors qu'on devait se rejoindre pour la fin d'après-midi, j'optais pour une petite cession de shopping. Rien de mieux pour calmer ses nerfs que de dépenser de l'argent dans des vêtements et des accessoires hors de prix. Passant d'une boutique à une autre, je ne faisais pas attention à l'heure qui tournait. C'est lorsque la nuit commençait à tomber doucement sur New-York, que je me rendis compte qu'il était déjà presque 17h30. Tant pis pour le rendez-vous qui devait commencer à 17h. Je hélais un taxi afin que ce dernier m'emmène à Manhattan. Direction le Platinium Passion, bar dans lequel j'avais rendez-vous. Heureusement que mon agent me connaissait bien et qu'il avait choisi l'un des endroits que je préférais dans la ville. Il était hors de question que je me pavane dans les bas fonds de la ville. Arrivée à l'intérieur avec mes sacs, je me dirigeais vers le bar, reconnaissant l'homme que m'avait montré mon agent, en photo. Je pris place sur un tabouret à côté. « Un cosmopolitan.» Commandais-je au serveur, tout en reposant mon regard sur l'homme à côté de moi. Je le scrutais quelques minutes, en silence, avant de lui dire : « C'est toi mon garde du corps ? » On passera outre le ton hautain et le tutoiement. Néanmoins, j'allais le tester dès ce soir. Quitte à avoir un garde du corps, autant s'amuser...