Je ne sais plus où j’en suis, entre les cours à Columbia qui me prennent la tête, les cours à Julliard que j’adore, mes entraînements de natations, de danse aérienne en dehors des cours et l’équitation que je continue à faire régulièrement, j’ai peut-être vu un peu trop haut. Je suis épuisé, la preuve c’est que je me suis endormi à mon cours de droit, en même temps quel idée de mettre un cours à sept heures et demi sur le droit public, qu’est-ce que je m’en fou. Je crois que j’ai même ronflé parce qu’un copain m’a donné un coup de coude, le prof m’a visiblement posée une question et je n’ai rien entendu du tout. Il est quelle heure-là ? J’ai cours à Julliard à neuve heure, je ne sais pas si je serais à l’heure. Il reste une bonne demi-heure de cours et je soupire, mais qu’est-ce que je fou là ? Je me lève, me foutant pas mal qu’on me lance des regards étonnés, ni que le professeur me jette un regard noir.
Je marche un peu dans les couloirs à la recherche d’un café et j’essaie d’éviter le secrétariat mais dame me voit et m’interpelle. Je soupire et merde, je sens que je vais encore avoir des ennuis. Je vais donc dans son bureau ou elle me dit qu’ils ont noté mes absences régulières depuis le début de l’année, que beaucoup de professeurs se plaignent de mon manque de réactivité, surtout le prof avec qui je viens d’avoir cours. Un de mes titulaires. Je lève les yeux au ciel. Je ne sais pas trop quoi dire alors je lui fais un beau sourire. Je lui dis que je ferais des efforts, qu’elle n’a pas à s’inquiéter. Je ne vois pas pourquoi je demande plus d’attention qu’un autre, mais bon visiblement ça les inquiètes qui je sois absent et ils veulent prévenir mes parents la prochaine fois. Et merde. Je soupire avant de lui demander de ne pas le faire, que c’est parce que j’ai une bonne raison, que je m’entraîne beaucoup au sport, mais que je vais me reprendre, mensonge, mensonge. Je lui fais encore un beau sourire et je sors regardant l’heure. Je vais vraiment être en retard à mon cours de danse. Fais chier.
Je sors de son bureau et je crois d’anciens amis à moi qui ont changé d’avis à mon sujet quand ils ont appris que j’étais bisexuel. Ils me regardent d’un air plutôt mesquin et me lance :

« Tu l’a sucé aussi celle-là ? Ah non c’est vrai tu préfères les mecs plus âgés, c’était bon au moins ? »

Je laisse tomber mon sac de mes épaules et je me jette sur lui, lui mettant mon poing dans la figure, l’insultant de tous les noms. Il se débat en plus, pour un qui parle beaucoup il ne cogne pas assez. Je suis hors de moi. Je le frappe, sans vraiment me rendre compte que j’avais autant de colère en moi, sans me douter un seul instant que je pouvais avoir toute cette violence. Une petite foule s’amasse évidement autour de nous, mais personne n’ose vraiment s’interposer.

J’ai adoré le cours que j’ai donné ce matin. Habituellement, lorsque je parle de littérature classique anglaise si tôt de bon matin, mes étudiants ne sont pas super réactifs. Même que je soupçonne fortement que plusieurs n’ont pas fini le roman, voire ne l’ont pas lu du tout. J’avoue que le vieux anglais du roman La dame aux camélias ne rejoint pas tout le monde, mais c’est important de voir le chemin qu’à parcouru la littérature du début de son histoire jusqu’à aujourd’hui. Alors j’étais vraiment heureux de voir que tous mes étudiants l’avaient lu et de voir leur enthousiasme lorsqu’il était temps de partager leur ressenti sur leur lecture et de faire l’analyse du roman. J’ai l’impression de flotter sur un nuage tellement cette séance de cours m’a rendu heureux. J’adore mes étudiants cette année. C’est pour ce genre de groupe que j’ai voulu devenir prof. Pour parler avec d’autres passionnés de littérature. Pour former de futurs professionnels de littérature, peu importe le domaine dans lequel ils vont se diriger ensuite. Alors vraiment, je sens déjà que je serais triste lorsque l’année scolaire sera terminée et que je devrais leur dire au revoir. À moins que certains me veulent comme prof titulaire pendant leur master et leur doctorat. Ça me fera plaisir de leur dire oui, bien sûr !

Je marche dans le couloir avec une collègue qui donne le cours de littérature des classiques français. On adore débattre sur les différents classiques des deux grandes puissances et nous proposer de nouvelles lectures. On s’en est fait découvrir beaucoup de romans excellents depuis qu’on travaille ensemble. Et bien sûr il y a eu des ratés aussi quelques fois puisque ce n’était pas totalement dans les goûts de l’autre, mais ça ouvre tout de même nos horizons et j’adore ça. J’adore lire des romans que je n’aurais pas lu de base.

Notre conversation s’est interrompue lorsqu’on a entendu des bruits de bagarre. Puis, elle s’est totalement arrêtée lorsqu’on a vu l’attroupement dans un couloir. J’ai tenté de me frayer un chemin entre les personnes en tentant d’arrêter la bagarre avec des paroles, mais ce fut pas mal inefficace. Je me fige un instant lorsque je retrouve Brad battre un autre gars. Je ne réfléchi plus et je finis par entourer Brad de mes bras pour le reculer et les séparer.

- Ça suffit monsieur Sanderson !

J’espère que cette voix autoritaire aura le même effet sur Brad qu’elle avait lorsqu’on était encore ensemble.

- Madame Lavergne, pourriez-vous amener cet étudiant à l’infirmerie, je m’occupe de monsieur Sanderson. Et tous les étudiants qui ont assisté à la bagarre, je vous conseille de retourner immédiatement à vos occupations si vous ne voulez pas que je vous coller un conseil de discipline sur le dos.

Je ne sais pas quand exactement que j’ai relâche ma prise sur Brad, mais je me rends compte que je me retrouve devant lui, comme pour le protéger du reste du monde.

Je reconnais que j’ai un peu poussé le bouchon et que je me suis énervé un peu trop, mais franchement pourquoi est-ce qu’il m’a dit ça lui aussi ? On était pourtant ami avant … Je déteste ce genre de personne, qui changent d’avis comme de chemise, si je m’étais méfié aussi, si j’avais été plus … oh puis je ne sais pas, merde. Quel enfoiré. Je le frappe, je continue parce que je sors toute la colère que je retiens depuis un certain temps et ce n’est pas beau à voir. Je me fou pas mal des conséquences que ça aura. Je m’en fiche. Il le mérite. J’ai été calme jusque-là, mais à trop me chercher on me trouve. Si personne ne m’arrête je crois bien que je pourrais le tuer.

C’est finalement un prof qui me retient et qui me fait reculer, je n’ai pas vu tout de suite que c’était MON prof, c’est seulement lorsque je reconnais le son de sa voix, que je vois ses bras entoure de moi que je comprends que c’est lui. Je me débats, voulant l’écarter lui aussi, c’est à cause de lui tout ça. Enfin pas seulement, mais ma colère se transforme en rage. Son petit ton autoritaire ne me surprend pas beaucoup, mais ça réveil clairement quelque chose en moi. Comment est-ce qu’il peut encore me faire cet effet-là ? Je le déteste. C’est évidement tout le contraire, mais peu importe, je préfère croire que je le déteste c’est plus facile de l’oublier comme ça alors qu’il soit là et qu’il est ses bras autour de moi ne m’aide pas du tout et je suis encore trop en colère pour parler pourtant je siffle entre mes dents :

« Va te faire voir ! Je n’ai pas besoin de ton aide ! C’était sa faute ! »

Je m’en fiche bien de lui crier dessus ou qu’il soit prof, je n’ai pas avec lui techniquement, même si il pourrait m’emmerder encore et qu'il pourrait aussi me coller un conseil de discipline. Je lui lance tout aussi en colère :

« Tu es content de toi j'imagine?! »

Je ne suis plus ici de toute manière, que j’ai un conseil de discipline m’est complètement égale. Je me dégage entièrement de lui alors qu’on est seul dans ce couloir et je fais évidement exprès de le bousculer pour l’énerver. On me cherche on me trouve.

Ça me fait tout drôle de sentir le corps de Brad contre le mien. D’avoir mes bras autour de son corps. De ne sentir que son odeur qui m’a tant manqué. Pendant une fraction de seconde, je ne sens que sa douce odeur et j’oublie tout de l’instant présent. Je me retrouve plutôt dans mon lit, avec un Brad endormi et nu entre mes bras, alors que j’ai le nez enfouie dans ses cheveux. Cette fois-là, il y avait l’odeur de sexe qui venait se mêler à l’odeur qui le caractérise. Le souvenir m’échappe et je me retrouve à nouveau dans les couloirs de l’université avec, oui, toujours Brad entre mes bras. Mais, aujourd’hui, il n’est plus le même Brad que j’avais dans mes bras ce jour-là. Non, aujourd’hui, il est rempli de colère. À cause de moi. Parce que j’ai voulu le protéger du moins que je pouvais. J’ai joué les connards pour le tenir éloigné de moi alors que ça me brisait le cœur. Je voulais le meilleur pour lui et ce n’était pas possible si je le gardais égoïstement pour moi. Le voir se battre avec autant de haine me dit que j’ai commis une erreur. Je n’aurais pas dû agir de cette façon. Mais, il est trop tard. Puis, j’ai Spencer dans ma vie maintenant. Ce n’est pas parce qu’il est souvent parti et qu’il veut y aller lentement entre nous qu’il ne fait pas parti de ma vie pour autant. Pourtant, je m’en veux. Et ses paroles n’aident aucunement. J’ai juste envie de le punir le temps qu’il se calme, comme je le faisais lorsqu’il était toujours à moi. Avant que ses parents ne s’en mêlent et que j’ai préféré le protéger lui en l’éloignant de moi. Mais je n’ai plus ce pouvoir. Ce droit même. Alors je me contente d’encaisser et de continuer à le retenir. J’ai trop peur qu’il se sauve ou qu’il retombe sur son ancien ami. Alors je le retiens tant et aussi longtemps que le couloir ne se soit pas vidé.

Une fois le couloir déserté de tous les curieux, je relâche ma prise sur mon ancien amant ou plutôt il me fait lâcher ma prise tout en me bousculant. Je me tourne donc vers Brad et je vois qu’il n’est pas juste en colère, mais bien qu’il a la rage. C’est mon touché qui l’a mis dans cet état ? Ou ma simplement présence ? J’ai bien peur que ce soit ma simplement présence et ça me brise le cœur. Mais, je ne devrais pas. Ça ne devrait pas m’affecter autant. J’ai Spencer. Je suis en train de construire quelque chose avec Spencer. Pourtant, je ne peux pas m’empêcher de me sentir piquer au vif par ses paroles. Il croit que je suis content ? Content de quoi ? De le voir avec autant de colère en lui ? De l’avoir vu se battre ? Je fronce les sourcils et croise les bras contre mon torse.

- Je crois que tu as besoin de vider ton sac. Je ne te ficherai pas la paix tant que tu ne l’auras pas. Cependant, je ne te laisserais pas vider ton sac ici alors on va dans mon bureau. Maintenant.

Que je rajoute de cette même voix autoritaire que j’utilisais sur lui lorsque je savais qu’il allait faire son capricieux, mais que je ne voulais pas qu’il réplique. Vers la fin, ça fonctionnait. Alors, est-ce que ça va fonctionner maintenant ? Je l’espère. Je n’ai pas envie qu’on expose notre dispute à ceux qui veulent bien y assister. Je commence alors à marcher vers mon bureau ne voulant pas lui laisser trop de temps pour réfléchir.

Est-ce qu’il s’attendait à me voir avec autant de haine ? Je ne suis pas sûr. Je n’ai jamais dit que j’étais quelqu’un de bien, pas totalement du moins. Il le savait je crois, au fond. J’ai toujours été comme ça finalement, c’est seulement que c’était bien enfoui et j’ai la sensation que j’ai le droit maintenant de laisser aller ma colère, quel qu’en soit le prix. Ça n’a plus aucune importance de toute manière.

Je le repousse parce que c’est beaucoup trop difficile de l’avoir près de moi et sentir ses bras autour de moi. Comment est-ce qu’il peut faire ça ? Jouer avec mes sentiments ? Je le déteste, on sait tous que c’est faux bien sûr, mais j’essaie de m’en convaincre. Je lève les yeux au ciel agacé parce qu’il veut que je vide mon sac, ce n’est pas ce que je viens de faire là ? Je n’ai pas envie de lui parler, ou peut-être que si mais dans l’état actuel ou je suis-je risquais de lui crier dessus et de lui dire des choses que je n’ai pas envie qu’il sache alors j’essaie de me calmer un peu, les poings toujours serrés. On est seul maintenant, mais j’imagine bien qu’encore une fois ça fera jaser. Dans son bureau ? Maintenant ? Ce petit ton là, je le reconnais et malgré moi ça me fait sourire, un sourire en coin, sourire d’arrogant. Je me mords la lèvre. Je ne sais pas si j’ai envie d’aller dans son bureau. Il y a beaucoup trop de souvenirs là-bas. Pourtant je le suis, remettant mon sac l’épaule. Je n’avais pas oublié qu’il avait des belles fesses, il est devant moi. Je suis encore tellement énervé. Pourquoi est-ce qu’il faut que ça me tombe dessus ? Je ne peux pas avoir une vie tranquille pour une fois ? Visiblement non.

On se retrouve tous les deux dans son bureau. Il a ouvert la porte et je ne sais plus ce que je suis sensé dire, ni ce que je dois faire. Je me souviens très bien de ce qu’on a fait ici la dernière fois, j’étais venu et je l’avais embrassé, je lui avais dis que j’avais très envie de lui et c’est là qu’il m’a lâché sa petite bombe, que je n’étais qu’un gamin, la suite on la connait. J’étais furieux aussi ce jour-là. Pourquoi est-ce qu’il a voulu que je vienne ici ? Une fois que la porte est fermée je lui lance :

« Je ne sais pas ce que tu attends, mais si tu crois que je vais te dire quoi que se soit, tu te trompes. Tu ne me connais pas. Tu n’as visiblement pas envie de me connaître alors vas-y colle moi un conseil de discipline si tu veux, je n’en ai rien à foutre. Ce n’était pas de ma faute si ce crétin m’a cherché. Il a eu ce qu’il méritait. »

J’en suis convaincu et je fais exprès de ne pas le regarder quand je parle, parce que je sais très bien ce qui pourrait arriver, je ne veux pas regarder ses yeux. Je pourrais facilement retomber dans ses bras, malgré toute la haine que je ressens en ce moment même, tant de haine et d’amour en même temps c’est assez contradictoire.

Je ne sais pas ce que je fais. Et c’est bien la première fois que je choisis mes actions au fur et à mesure, sans réellement réfléchir. C’est le bordel entre ma tête et mon cœur alors je ne peux pas compter sur eux pour m’aider à trouver ce que je fais. Mais, du coup, sur qui je peux compter pour m’aider ? Mon instinct ? Il est complètement perdu face à Brad. Je sais que je devrais rester loin de lui. Surtout à Columbia. Mais, c’est tellement dur de faire comme si je ne le connaissais pas depuis plus d’un an. Je sais que d’aller dans mon bureau n’est très certainement pas la meilleure idée que j’ai eue, mais où je pourrais aller avec lui pour être loin des regards curieux ? J’en ai aucune idée. Je sais, aussi, que Brad peut être un vrai petit con, surtout lorsqu’il vit beaucoup trop d’émotions en même temps, ce qui est clairement le cas maintenant. Alors, je ne suis aucunement surpris de voir son sourire arrogant sur ses lèvres lorsque j’utilise le fameux ton du Dom qui veut se faire écouter. Il était comme ça aussi au début. Et merde que j’ai éprouvé du plaisir à le punir pour lui effacer ce sourire arrogant.

Nous voilà dans mon bureau et plusieurs souvenirs se mélangent dans ma tête. Des souvenirs de Brad allongé sur mon bureau pendant que je le prends sauvagement. Des souvenirs de notre dernière conversation où je lui ai menti comme je n’avais jamais menti. Des souvenirs de nous deux heureux après une bonne baise. Des souvenirs de moi qui regarde Brad partir furieux alors que mon cœur se brise au fond de ma poitrine avant que je ne fonde en larme dans le plus grand secret de mon bureau. Ça me fait tellement étrange de me retrouver ici avec Brad après plus d’un an à tout faire pour l’ignorer. Ça me prend bien un instant avant de pouvoir me concentrer pleinement sur ce qu’il me dit sans jamais me regarder. Je respecte son choix. Ça va peut-être me faciliter le tout. S’il ne me regarde pas, je ne pourrai pas plonger dans son regard, donc je pourrais garder une attitude de froideur.

- Je n’avais aucunement l’intention de coller un conseil de discipline à qui que ce soit, encore moi à toi Brad. Je ne sais pas ce qui s’est passé avant que j’arrive, mais je te crois. Oui, tu peux être un sale petit con, mais tu n’es pas du genre à frapper pour rien. Je te propose même quelque chose. Tu veux te battre ? Tu ressens beaucoup trop de colère en toi ? Pas vrai ? Alors vas-y frappe moi. On peut même aller dans le gymnase, dans la section des sports de combat si tu penses que ça peut t’aider puisque tu n’as rien à me dire.

Et je suis totalement sérieux dans mes paroles. S’il veut me frapper parce que je suis la cause de tout cette colère alors je vais le laisser faire. Je m’en veux tellement de le faire souffrir comme ça alors que je ne veux que le protéger que je suis prêt à tout pour l’aider. Sauf de revenir avec lui, même si mon corps cri l’inverse. Je ne peux pas faire ça. Et ce n’est pas à cause de mon boulot, mais bien pour lui que je ne peux pas. Et je tente de laisser transparaître le fait que toute cette histoire ne m’affecte pas plus que ça en venant appuyer mes fesses contre le devant de mon bureau alors que mes bras sont croisés sur mon torse.

Pourquoi est-ce qu’il m’emmène dans son bureau ? Il sait pourtant ce qu’on y a fait, qu’est-ce qu’il espère ? Que ça ne me fasse plus rien ? Ou que ça me mette encore plus en colère que je ne le suis ? Parce que oui, je suis en colère, vraiment, je ne sais même plus contre qui. Est-ce que c’est juste contre lui ? Ou contre moi ? Je ne sais plus vraiment, mais le fait qu’il m’amène ici me tape encore plus sur les nerfs. Je n’ose pas le regarder. Je pourrais tellement craquer facilement et lui sauter dessus. Ca ne serait pas l’idéal, parce que je sais qu’il me repoussera. Je me pince la lèvre évitant de sourire quand il me dit que je peux être un petit con, ah ça oui, tout le monde le sait et ça m’amuse assez en réalité qu’on me considère comme ça, c’est simplement une image que je me donne, mais je trouve ça plutôt marrant qu’il me le dise. Je ne ris pourtant pas, parce qu’il y a encore trop de colère en moi, mais au moins ça m’aurait arraché un « sourire » en coin. Je lève les yeux au ciel, en voilà une idée, moi le frapper ? Il n’est pas sérieux ? Ah mais si apparemment il l’est. Je fini donc par lever les yeux vers lui et je le vois assis sur son bureau et il croise les bras. Ce n’est pas du jeu ça. Il n’a pas le droit de me faire ça. Je savais très bien que si je le regardais … Je me mords la lèvre et fini par soupirer avant de lâcher mon sac qui se retrouve à terre pour la deuxième fois de la journée et de lui dire :

« Tu n’as vraiment rien compris hein ? »

Je l’aime encore c’est évidemment ça qu’il y a à comprendre et si j’ai frappé mon ancien ami c’est bien parce qu’il se moquait de nous, de moi, de ce qu’on a pu ressentir et je ne supporte pas qu’on me dise que je n’ai pas de sentiments, que je me sers juste des gens, c’est pourtant l’image que je donne, mais je voudrais tellement qu’ils arrêtent de croire que c’était pour qu’on parle de moi, non, je n’avais pas prévu de tomber amoureux, surtout pas d’un professeur. Je fini par m’avancer avant d’attraper le col de sa chemise et de l’embrasser un peu fougueusement, comma la dernière fois ou j’étais venu dans son bureau, j’imagine qu’il me repoussera mais tant pis, j’en avais beaucoup trop envie et il n’avait pas à me ramener ici.

Je sais que je devrais rester loin de Brad. Ce n’est bon pour aucun de nous. Mais je n’y arrive pas. Il occupe mes pensées presque continuellement. Après avoir rencontré Spencer, je pensais que Brad allait en sortir et… ça marche. Du moins, surtout lorsque je suis avec Spencer. Mais un rien me fait penser à Brad. J’essaye de toutes mes forces de le sortir de ma tête. Par respect pour Spencer premièrement. On s’entend bien et je crois bien que ça pourrait nous mener loin notre relation. Deuxièmement, parce que c’est mieux pour Brad et moi. Ça apporte plus de problèmes d’être ensemble que de ne pas l’être. Alors, oui, je devrais vraiment garder mes distances. Arrêter de regarder son Instagram pour voir ce qu’il fait et si tout va bien pour lui. Je devrais arrêter de tendre l’oreille lorsque j’entends des profs parler de lui ou de ses amis espérant en connaître un peu plus sur sa vie. Mais, je n’y arrive pas. Je suis un toxico et il est ma drogue. Et comme le pauvre droguer que je suis, je suis toujours à la recherche de ma dose, aussi minime soit-elle. Le nombre de fois que je me promène sur le campus de Columbia dans l’espoir de le percevoir « par hasard », j’en ai perdu le compte depuis bien longtemps. Pourtant, aujourd’hui, ce n’est pas pur hasard que nos chemins se sont croisés. J’ai arrêté une bagarre entre son ami et lui. Et maintenant, on se retrouve dans mon bureau. C’est bien une fois les pieds dedans que des images de nous deux dans ces lieux me frappent. C’était vraiment une mauvaise idée de l’amener ici. J’aurais dû le laisser retourner à ses occupations.

Je prends une grande respiration pour reprendre le dessus sur mes émotions dans le simple but de ne pas le laisser entrevoir quoique ce soit. Selon mes mensonges que je lui ai dis un an plus tôt, je ne ressens rien pour lui puisque ce n’était que du sexe. Je ne devrais pas être aussi perturber par le fait de me retrouver seul dans mon bureau avec lui si je veux que mon mensonge tienne encore.

Même si ce n’est que son sourire en coin de sale con que je perçois sur ses lèvres, je ne peux empêcher cette boule de chaleur d’éclater dans mon cœur. Je reprends le contrôle de moi-même en lui disant qu’il peut me frapper. Qu’on peut aller à la salle pour faire un combat de boxe s’il a besoin de frapper quelqu’un pour évacuer sa colère. Appuyé contre mon bureau, les bras croisés, je ne m’attendais aucunement à la réaction de Brad. Le froncement de mes sourcils exprime très bien ma non-compréhension de cette réaction ainsi que de ses paroles. Je ne comprends pas quoi au juste ? C’est bien ce que je voudrais dire, mais ses lèvres coupent tout élan jusqu’à mon propre souffle. Ça faisait si longtemps que je n’avais pas goûté ses lèvres. Pourtant, j’ai un goût amer dans la bouche à ce baiser puisqu’il me rappelle beaucoup trop notre dernier. Celui qu’il m’a offert avant que je ne brise son cœur à coup de mensonges pour le protéger du monde extérieur. Trop d’émotions prennent possessions de mon corps, m’empêchant ainsi de répondre réellement à son baiser. Comme j’allais enfin réussir à lui rendre, il quitte mes lèvres pour mon oreille où il murmure ces paroles qui me font perdre tout selfcontrol. Je tente vraiment de résister. Je ne devrais pas craquer aussi facilement devant Brad. Oh non! Je ne devrais pas. Et pourtant… il sait où frapper pour faire de moi ce qu’il veut.