@Lelio Messina & Silho Keegan

“Dieu est un étrange berger, qui attend de ses agneaux qu'ils soient dévots.” - Claude Frisoni

(c) princessecapricieuse

Do this for me

Seattle, Mai 2019

Il aime cette vie, même si elle n’est pas parfaite, mais il l’aime. Il aime trop la liberté. Ce qui est un peu paradoxal, car il n’est pas libre. Mais il est loin de sa famille, loin de l’argent du paternel. Il n’aime pas dépendre de son argent. Il veut travailler pour lui tout seul. Pourtant, les responsabilités, ce n’est pas trop pour lui. Mais il a compris une chose : boulot = pognon et pognon = dépense. Et il aime les dépenses. Lelio dépense pas mal. Trop. Beaucoup trop. Entre la bouffe, la cam’, les clopes, la vie tout simplement. Il est souvent ric-rac la fin du mois. Et ce mois n’échappe pas à la règle. MacDo ne l’a pas encore payé ce mois-ci et il est raide. Mais son dealer, lui, il veut son flouze. Lelio a beau lui dire qu’il a besoin de quelques jours, le temps d’avoir son chèque, mais le type ne veut pas en entendre parler. Il le veut maintenant. Il veut ses pièces sonnantes et trébuchantes, il veut le doux froufrou des billets. Il veut du Benjamin Franklin. Mais Lelio n’a pas tout ça.

Le type le pousse violemment et Lelio s’emmêle les pinceaux dans son propre skate. Il tombe à la renverse et se réceptionne sur le coude. La douleur est brutale et si prenante qu’il ne pense qu’à cela pour quelques secondes, ce qu’il fait qu’il ne voit pas le poing s’abattre contre sa tempe. Il n’en faut pas plus pour le foutre complètement par terre. Il va y passer, c’est certain. Ce qui est débile parce que le dealer va encore moins recevoir son pognon s’il tue Lelio. Ce dernier tente de se protéger, comme il le peut, pourtant, il n’y a pas d’autre coup qui pleuve. Un type parle. Pas le type qui semble dans son milieu. On est chez les drogués et chez les dealers, il n’a pas le look. Un type bien sapé, qui sent le professionnel, du genre chef de famille avec des mioches à nourrir. Beau gosse. Un charisme de tueur. Lelio ne se prive pas pour le regarder. Il a toujours préféré les hommes aux femmes, pourquoi il se priverait de scruter l’homme ? Après tout, il est bien plus qu’agréable à reluquer.

Lelio ne comprend pas ce qui arrive. L’homme vient de donner des billets à son dealer. Mais il ne prend aucune cam’. Par contre, le type se barre. Sans demander quoi que ce soit à Lelio. Il n’a le droit qu’à un regard mauvais, un de ceux qui veulent dire « j’te retrouverai », « ne pense pas que tu sois tiré d’affaires » ou un truc du genre. L’homme l’aide à se redresser en lui tendant la main, chose que Lelio saisit aussitôt, ainsi que son skate juste à côté. A la question de son prénom, il n’a pas hésité à le lui donner, même s’il en a horreur. Lelio. C’est comme ça qu’il s’appelle. Il va pour demander en retour le prénom de l’homme. Ce dernier lui tend une carte de visite. « Silho Keegan » Bah comme ça, ils sont deux à avoir des prénoms pourris, pense Lelio. Il ne faut pas longtemps pour que Lelio décide de suivre l’homme. Il a fait les comptes rapidement. Entre le fait qu’il n’a pas payé la cam, le gite et le couvert, il y gagne. Alors il veut bien le suivre. Naïf, Lelio ? Peut-être un peu. Mais il ne va pas cracher sur ce qu’on lui offre. Il n’a pas envie d’être à la rue, alors il le suit.


Juillet 2020

Lelio reçoit un message. C’est Silho qui lui dit de le rejoindre rapidement. Il regarde l’heure, il est encore au travail et en a pour deux heures. Silho serait déçu s’il arrivait seulement dans deux heures. Lelio réfléchit quelques instants, et puis n’y tenant plus il décide de partir, de racourcir son temps de travail, tant pis. Silho l’aide tellement, il lui paie tellement de trucs que deux heures de boulot, au final, ce n’est pas grand-chose, il peut faire ça pour Silho. Il attrape donc son skate et pose le tablier. Il prévient tout de même le boss qu’il doit y aller, une affaire urgente. Il voit que ce dernier n’est pas très d’accord, et qu’il bougonne que ça sera la seule et unique fois, sinon… Menace ou pas, Lelio ne sait pas trop, mais il prend la poudre d’escampette. Il est heureux de retrouver Silho. Ca fait plus d’un an qu’ils se connaissent et Lelio l’apprécie beaucoup. Il est bien plus âgé que lui, mais cela ne lui a jamais posé de problème. Il se doute qu’il aime les femmes, parce qu’il ne lui a jamais fait de proposition indécente ou quoi, mais Lelio, lui, il s’est imaginé des choses. Faut dire que sous les vêtements de Silho, il est persuadé qu’il y a tout ce qu’il faut, là où il le faut.

Il arrive au bar. Ce n’est pas le meilleur bar de la ville et sincèrement, Lelio pensait que le rendez-vous se ferait dans quelque chose de plus… chic. Silho a le don pour trouver des trucs chics. Lelio ne demande pas des trucs de luxe, mais il voit à l’allure de l’homme plus âgé que ce dernier ne semble pas être dans le monde du commun des mortels. Ce qu’il ne sait pas Lelio, c’est que depuis le début, Silho l’a embobiné dans un piège fatal. Dans une toile d’araignée et la mouche qu’il est vient de se faire prendre. Il ne comprendra son erreur que lorsqu’il sera ficelé et prêt à être dévoré tout cru. Mais pour l’instant, skate à la main, Lelio fait son entrée dans le bar. Il n’y a que peu de clients, mais son regard n’a d’yeux (pardonnez l’expression) que pour Silho. Et quand il le voit, c’est un grand sourire qui se perche sur ses lèvres. Il s’installe juste à ses côtés, car il n’y a pas de chaise en face. Drôle de configuration d’ailleurs, mais ce n’est pas important. Et devant lui, un large milkshake au chocolat. En été, c’est toujours ce qu’il prend. Et en ce moment, il fait bien chaud, donc oui, un milkshake c’est parfait. Il sent la main de Silho sur sa cuisse. Ca doit bien être une des premières fois, si ce n’est la première que l’homme agit ainsi avec Lelio. Mais encore une fois, ce dernier est aveuglé par le milkshake en face de lui.

- Ca va ça va. Y’a pas grand monde, à cause du confinement, ça me fait un peu chier, parce qu’on glande bien au boulot, mais bon, la paie tombe quand même. Il a toujours dans l’idée de rembourser Silho, il ne se permettrait pas de prendre sans rien rendre. Et toi alors ? Personne au cabinet ? Tu avais l’air pressé dans ton message, j’t’ai manqué, avoue. Lelio se délecte du milkshake. J’ai un peu mis de côté ce mois-ci, c’est pas grand-chose, mais je vais pouvoir te rembourser... un peu...

@Lelio Messina & Silho Keegan

“Dieu est un étrange berger, qui attend de ses agneaux qu'ils soient dévots.” - Claude Frisoni

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Do this for me

Seattle, Mai 2019

C'est vrai qu'il pourrait voler deux ou trois trucs pour se faire un petit pécule. L'homme a du gout dans son appartement, il a que des trucs de luxe et classe. Faut dire avec le boulot inscrit sur la carte de visite, il doit vraiment avoir du flouze. Mais Lelio, même s'il a toujours été le rebelle de la famille, a bien été élevé. Il a appris à dire merci. Et ce que l'homme vient de faire mérite un merci. Surtout qu'en plus, il l'a invité à passer la nuit ici. C'est mieux que dans son 25m² qui n'est pas chauffé. Le propriétaire, vu qu'il ne paie pas ses traites lui a coupé le chauffage. Lelio se drogue, il sait que ce n'est pas bien, mais il est en manque. Et il a besoin de cam'. L'homme lui montre la pharmacie, la salle de bain et la chambre a l'air vachement confortable. Bien entendu qu'il ne va pas se gêner pour utiliser tout ça. Quand il parle de cuisine, l'estomac de Lelio grogne, montrant son envie d'autre chose que les burgers trop cuits et froids de chez MacDo.

Lelio aurait dû se méfier. Personne n'est aussi gentil que cela. Personne n'ouvre sa maison à un parfait inconnu, camé qui plus était. Personne ne balance des billets pour acheter de la drogue et encore en plus pour quelqu'un d'autre que soi. Personne ne prête une chambre, une salle de bain, cuisine pour un gamin en manque de repère. Et ce gamin, c'est Lelio. Et ce Personne, c'est Silho. Silho qui tend un piège perfide. Qui bien plus tard fera des ravages dans la petite tête d'écervelé de Lelio. Mais ce soir, Lelio ne voit rien, il a trop faim, il a trop froid, il a trop sommeil. Le bon côté de Lelio lui rappelle qu'il va devoir lui rendre la monnaie de sa pièce. Il sait que rien est gratuit. Peut-être qu'une fois dans le lit, l'homme viendra et... Il écoute les bruits de la nuit, une fois lavé, soigné et restauré. Mais rien, rien que la torpeur d'après-minuit. Et bientôt, c'est dans les limbes d'un sommeil réparateur qu'il s'endort, un remerciement sincère en dernière pensée pour Silho.


Juillet 2020

A force de trainer avec Silho, Lelio se dit qu'il est bizarre comme psy. Il a parlé à son frère il n'y a pas si longtemps. Les psy sont des réducteurs de tête. Il en sourit encore. A parler avec son frangin, il a tout de même pris conscience que sa dette devait s'élever un peu trop. Il était temps de rembourser Silho. Mais en même temps, il n'est pas certain que Silho veuille être remboursé. Il entend par là qu'il n'en a jamais ouvertement parlé. On dit toujours "je te rembourserais", "je te revaudrais ça", mais c'est plus par politesse. Mais là, ça fait plusieurs mois que Silho lui paie presque tout ce qu'il veut. Il demande et il obtient. Il a l'impression d'être un gamin bien trop gâté. Cela ne peut plus durer, il faut qu'il rembourse Silho. Alors il a commencé à faire quelques économies. Le confinement a bien aidé. Il dépense moins, il se drogue moins, ayant la volonté d'arrêter. Même les clopes, il en fume moins. Déjà parce que Silho n'aime pas trop ça, Lelio ne sait pas pourquoi et parce que ça coute une blinde. Il n'a pas chauffé au printemps, l'appartement, donc il consomme moins aussi. Donc il a quelques centaines de dollars qu'il peut déjà lui rendre. Et dire qu'il pense que ça payera une bonne partie...

C'est pourquoi il n'a pas hésité longtemps quand Silho lui a demandé de venir. Pour lui montrer que Lelio tient à Silho. Ca fait des mois qu'ils se "fréquentent" et... et bien Lelio n'est pas insensible aux charmes de Silho. D'un autre côté, il sait que Silho ne s'intéresse qu'aux femmes, mais ce n'est pas grave, Lelio en profite dans le silence de sa tête. Lelio s'installe donc aux côtés de Silho. Tellement proche que rapidement la main de l'homme se pose sur sa cuisse. Lelio est aborbé par le double milkshake qu'il ne réagit même pas. Lelio répond naturellement à la question et commence à siroter la divine boisson. Puis il retourne la question. Comment vont les patients au Cabinet. A force de discuter, il sait ce que Silho fait. Oh. Lelio semble désolé, car la réponse est plutôt négative. Remarquez que au MacDo également, c'est plutôt calme. Le restaurant est fermé, mais les commandes à emporter vont bon train et du coup, il y a souvent des pourboires, parce que le MacDo est ouvert 24/7. Quand Lelio lance une petite boutade sur le fait qu'il lui a manqué pour qu'il l'appelle aussi urgemment, un large sourire s'étale sur son visage. Silho vient de confirmer que c'était le cas. Lelio est tellement heureux.

Lelio déguste une nouvelle gorgée du milkshake avant de parler de l'argent. C'est toujours un sujet sensible, l'argent... Il n'a jamais aimé prendre celui de son paternel, de ses frères ou de son oncle, parce que... c'est quelque chose... qu'il ne veut pas voler. Et même s'il le fait -prendre l'argent de Silho-, il faut dire qu'il ne l'a jamais demandé. C'est Silho qui a commencé le premier, à lui payer des trucs. Donc... d'un certain côté, il n'a pas pris cet argent. En tout cas, il compte bien le rembourser, c'est important pour lui. Cela semble le perturber, mais rapidement sa réponse conforte Lelio qu'il a bien fait. Il veut continuer. A prendre mieux soin de lui-même, à ralentir la coke, voir l'arrêter, pareil que la clope. Il ne va pas habiter dans la rue, mais il peut vivre un peu mieux en payant moins de rente. Peut-être que s'il habitait chez un autre ami qui voudrait bien l'héberger à titre gratuit... Il ne sait pas, il faudrait demander... Il n'a pas beaucoup d'ami qui pourrait le dépanner ainsi. Mais qui ne tente rien n'a rien, n'est-ce pas? Ce n'est que lorsque Silho retire sa main que Lelio se rend compte où elle se trouvait. Il n'est pas certain, mais a-t'il bien senti ses doigts à l'intérieur de sa cuisse?

- Heu... oui, il est bon...

Avant même qu'il parle, Lelio se doute de quelque chose. Alors il se redresse un peu, la conversation va devenir un peu plus sérieuse à son humble avis. Il hoche la tête une première fois quand il entend son nom, puis une deuxième fois pour répondre à la question. Bien entendu qu'il peut poser sa question "intime". Il nie ensuite du chef pour signifier que ça ne le mettra pas à mal à l'aise. Après tout, Silho peut poser une question et Lelio n'est pas obligé de répondre, surtout si c'est trop "intime". Silho hésite un peu. Lui, l'homme si sûr de lui, si confiant, pourquoi hésite-t'il ainsi? Qu'est-ce qui pourait le rendre autant nerveux? « Avec un homme c’est… C’est comment ? » Lelio ouvre grand les yeux. Alors là! S'il s'attendait à ce genre de question! Il n'y a rien de direct ou d'imagé dans la question, mais Lelio se doute bien de quoi il en retourne. Avec un homme... au lit... Il se pince les lèvres pour réfléchir. Comment répondre à ce genre de question. Et surtout, pourquoi Silho pose ce genre de question. Il ne sort qu'avec des femmes. Il se recule contre le dossier de la banquette. Comment expliquer cela. Surtout que lui, il n'a pas beaucoup de base de comparaison, du moins, pas avec les deux sexes.

- Tu veux dire... par rapport avec une femme? Je réfléchis quelques instants. Bah je sais pas trop, pour dire la vérité... parce que j'ai jamais couché avec une fille. Mais Lelio n'a pas encore répondu à la question. Mais avec un homme, c'est... Il hausse les épaules. Fort? Euh... Ca peut être doux comme brutal. Ca dépend avec qui tu couches, je suppose comme avec une fille. Elle peut faire l'étoile de mer ou rejouer la chevauchée fantastique... Avec un homme c'est plus... Il ne sait pas trop en quoi c'est plus au final. Lelio n'a connu que des hommes, les courbes féminines, il ne sait pas trop pourquoi, il ne les apprécie pas. Enfin, il pense que la femme est jolie, mais de là à vouloir la mettre dans son lit... Non, ça, il n'en a jamais eu envie. Mais ce qui l'interpelle plus c'est que Silho vient de lui poser cette question. Il ne comprend pas pourquoi. Sil'... Est-ce que ça va? Lelio pose sa main sur le bras de Silho, inquiet pour l'homme qui fait une tête... bizarre. Il ne sait pas s'il doit oser prononcer la question, mais en même temps, ça semble logique, alors au final, il demande : T'as des vues sur un homme?

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Juillet 2020, Seatle

Silho est comme un ange descendu du ciel. Ca fait bien un an qu’il a aidé Lelio. Comme un adolescent, ce dernier s’était laissé faire. Nourriture, loyer, came, le tout avait été payé par Silho. Le jeune homme n’avait fait aucunement attention à l’argent dépensé. Il a vécu ainsi quelques mois avant de se rendre compte que cela représentait beaucoup et que Silho faisait presque partie intégrante à sa vie tranquille à Seatle. Il s’était repris, Lelio. Il avait voulu travailler, ou plutôt continuer de travailler pour économiser. Mais le travail était pauvrement payé et avec les cours qu’il suivait en parallèle, il n’avait que peu d’intéraction avec la tranquillité. Seule la cam’ le gardait debout. Et encore, il avait freiné sa consommation. Il s’était rendu compte que cela le détruisait. Il avait voulu arrêté, mais Silho avait su trouver les mots, surtout pour lui faire comprendre qu’une désintox était couteuse, était douloureuse. Il n’avait peut-être pas tourné ça comme ça, mais c’était ainsi que Lelio avait compris. Ok, un peu de coke alors. Juste ce qu’il fallait pour se détendre, quelques fois. A chaque fois en présence de Silho pour qu’il ne fasse pas de connerie, c’était mieux.

Alors oui, Silho était comme un ange. La bonté revêt différentes formes. Et pour Lelio, elle se réincarnait dans les traits de Silho. Le jeune homme est prêt à beaucoup de choses pour Silho. Vendre son âme au Diable serait surement l’une de ces choses. Alors quand Silho lui demande de venir assez urgemment, il n’a pas hésité longtemps avant de quitter son travail. Pour lui. Pour Silho. Et voilà qu’il le retrouve dans un bar atypique à répondre à des questions encore plus atypiques. C’est étonnant de la part de Silho. Ce genre de questions, il ne les pose jamais. Car Lelio est persuadé que Silho ne s’intéresse qu’aux courbes féminines. Pourquoi demande-t’il ce que ça fait de coucher avec un homme ? Aurait-il envie d’essayer ? Aurait-il des vues sur un homme ? Les questions semblent logiques, mais Lelio ne sait pas trop s’il doit les poser. Et puis, il ne sait pas la différence entre coucher avec un homme ou une femme. Il n’a jamais testé la gente féminine, il n’a jamais été attiré par elles. Les courbes sont trop… douces, molles ? Il ne sait pas le décrire, mais il n’aime pas les femmes, c’est aussi simple que cela. Voilà que Silho surenchérit. Est-ce que ça fait mal ?

- Bah… les premières fois, c’est pas forcément agréable, c’est vrai. C’est après qu’on prend son pied… Et puis, y’a ceux qui sont des brutes, y’a les mous, y’a les SM… Y’a tout, ça dépend sur qui tu tombes… Je suppose, comme avec une femme.

Il n’a pas dû avoir que des super coups. Vu le nombre de conquêtes qu’il a, il y a forcément au moins une dans le lot qui n’était pas génial au lit, non ? Lelio fronce les sourcils. Il se pose vraiment la question du pourquoi Silho lui demande tout cela. Il semble tellement gêné, tellement… inconfortable, cela ne lui ressemble pas. Lui qui est un roc, un monolithe, le voilà tout frileux quant à une relation avec un homme. Voilà pourquoi Lelio demande si cela va. Parce que cela n’a pas l’air d’aller. Réponse : ça va. Non. Ce n’est pas vrai. Cela se voit. Cela se voit sur son visage que cela ne va pas. Alors Lelio ose la question. Est-ce qu’il a des vues sur un homme ? Et en demandant, il se dit que peut-être c’est un homme qui a des vues sur lui et qu’il lui aurait fait des avances. Non, cela ne ressemble pas à Silho. C’est Silho qui fait le premier pas, c’est toujours Silho qui fait le premier pas.

- Tu ne m’ennuies pas, tu sais. Sinon je ne serai pas venu, si tu m’ennuyais vraiment. Dis-moi tout. Je ne suis pas expert en amour, mais je peux peut-être te renseigner. Si un homme te plait, faut pas hésiter à le lui dire. La manière la plus simple de vouloir coucher avec quelqu’un, c’est de lui demander. Quelques fois tu te prends une baffe, mais au moins, tu connais la réponse. Dis-toi que c’est pas plus compliqué qu’avec une femme, c’est même encore plus simple !

Lelio essaie de faire un trait d’humour, parce que Silho a l’air vraiment stressé ou inquiet, ou apeuré ou peut-être même terrifié, il ne sait pas trop. Lelio machouille la paille entre les dents avant de boire quelques gorgées du milkshake. Le jeune homme laisse quelques instants de réflexion avant de tourner de nouveau la tête vers Silho, une idée lui traversant tout à coup la tête.

- Dis comme ça, ça va te paraitre bizarre, mais… Tu veux qu’on couche ensemble avant?

Avant il ne savait pas quoi, mais si Silho avait l’intention de coucher avec quelqu’un, il pouvait bien lui montrer avant, non ? C’est une idée totalement idiote, mais voilà, Lelio le lui a dit. Il boit encore quelques gorgées de sa boisson préférée. Il se demande bien si Silho ne l’a appelé que pour ça. Ils auraient peut-être pu en discuter au téléphone. Mais s’il veut essayer avant, ça serait logique alors. Bah, il aurait pu attendre quand même ce soir. Il sait que Lelio travaille normalement à cette heure-ci de la journée. Donc il y a peut-être autre chose. Le fait qu’un autre homme demande à Silho de coucher avec lui revient en mémoire. Non, non, c’est trop… c’est pas assez… comment dire… Cela ne ressemble pas au caractère de Silho, vraiment. Il l’aurait renvoyé illico presto. Donc ça ne peut pas être ça.

- Tu commences à m’inquiéter, Sil’… Vas-y, balance, c’est comme un pansement, arrache-le d’un coup sec et dis-moi ce qui ne va pas!

@Lelio Messina & Silho Keegan

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Juillet 2020, Seatle

La conversation, malgré l’heure et l’endroit peu recommandée pour ce genre de discussion tourne rapidement vers les parties de jambes en l’air. Lelio n’est peut-être pas le plus à même pour répondre aux doutes de Silho, mais pour son ami, il est prêt à devenir conseiller conjugal ou quelque chose dans le genre. Mais Silho semble tourner autour du pot et Lelio appréciant être en sa présence, ne le pousse en rien à aller droit au but. Il continue de siroter l’immense milk-shake. En vérité, les pensées de Silho trainent vers son boulot, au fast-food. Vu la tête du chef d’équipe quand il est parti, il devra trouver une vraie excuse pour son absence. Il n’a vraiment pas envie de perdre son emploi à cause d…

« Sauf qu’avec les femmes, c’est moi qui mène la danse généralement et là... »

Lelio sourit. C’est bien vrai. Silho, depuis qu’il le connait a toujours eu un rôle de… commandement. Non, pas vraiment de commandement, comment dire… C’est lui qui sait toujours comment mener sa barque, c’est lui qui sait comment se dépatouiller de situation inextricables. C’est pour ça que Lelio l’apprécie bien, même rebelle dans l’âme, Silho a un magnétisme fou. On a envie de l’écouter, de le suivre. La preuve, il a quitté son boulot plus tôt pour venir le retrouver. Il n’a pas eu besoin de dire quoi que ce soit, c’est ce qui fait que Silho mène toujours la danse. Et en y repensant, si en effet, il n’a jamais tenté avec un homme, il ne sait pas trop comment gérer ce genre de situation. Lelio sourit, tapotant pensivement l’avant-bras de Silho.

C’est à ce moment que Lelio propose de coucher avec Silho. Ils se connaissent depuis plusieurs mois, Silho est loin d’être repoussant, bien au contraire même. Le jeune homme ne peut qu’imaginer ce qu’il y a sous les vêtements du plus âgé. En plus, il a toujours préféré les hommes plus mûrs, on le lui a souvent reproché. Mais si Silho veut découvrir ce genre de partie de plaisir, alors peut-être qu’ils peuvent le faire ensemble et ainsi Silho saura comment se comporter avec un autre homme et il pourra mener la danse, c’est aussi simple que ça en tout cas dans l’esprit de Lelio. Aux paroles de Silho, le jeune homme hoche la tête. Oui, ça sera plus doux, il pourra ainsi découvrir la chose. Silho continue d’imaginer le scénario et puis brusquement, il fait machine arrière. Lelio fronce un peu les sourcils.

C’est que quelque chose ne va pas. Quelque chose que Silho ne lui a pas dit. Et il aimerait savoir quoi. Il veut aider son ami. C’est un problème d’argent. Oh. Lelio, sans s’en rendre compte se mord la lèvre inférieure. C’est peut-être de sa faute, à lui. Après tout, il a souvent pompé dans le cash de Silho, il n’aurait pas dû… Pas autant en tout cas. Maintenant, c’est malin, il s’en veut énormément. Il a fait un emprunt ? Waoh, Lelio n’aurait pas dépensé autant, si ? Il ne sait pas, il a fait la bétise de ne jamais compter, de dépenser et de réparer les pots cassés après. C’est le souci avec Lelio, il est un panier percé quand il s’agit d’argent et c’est souvent trop tard qu’il s’en aperçoit.

« C’est là que l’homme… C’est un moyen de rembourser sans débourser un centime. » Q-Quoi ? QUOI ? Le… créancier veut un rendu de monnaie en… NATURE ? Lelio se sent brusquement soulagé et stupéfait. Stupéfait parce que c’est étonnant cette manière de… demander un remboursement, mais si suffirait que l’homme soit un peu dérangé dans sa tête… après tout, tout le monde ne peut pas être intelligent comme Silho. Et puis, il est soulagé parce qu’au final, Silho n’aime pas un autre homme, c’est juste qu’il devait coucher avec un type pour payer une dette. Il sourit. Il aurait été jaloux de l’homme que Silho aurait aimé et avec qui il aurait couché. Autant, les femmes, lui, il ne les aime pas, alors il n’est pas jaloux, mais les hommes… La pilule aurait été difficile à passer.

- Tu sais que tu m’as fait peur ! Je pensais que t’aimais vraiment quelqu’un. Mais c’est juste une dette.

Etonnamment, Lelio se sent rassuré. Il hoche du chef quand Silho lui demande s’il comprend. Il va pour ouvrir la bouche, mais le plus âgé lui demande s’il veut toujours lui montrer comment on s’y prend. Lelio nie du chef, tout sourire.

- Si c’est que ça, demande à ton créancier si je peux te remplacer. S’il est pas regardant sur... le pourvoyeur de service. Après tout, il n’y a pas photo entre la carrure et la belle gueule de Silho et la stature et le fait que Lelio ne soit… personne d’important. Si t’as pas envie de coucher avec un homme, j’peux toujours te remplacer, ça ne me dérange pas. J’suis peut-être pas le meilleur au lit, mais j’ai plus d’expérience que toi dans ce genre de situations.

Le pire dans tout cela c’est que Lelio est fier de pouvoir aider l’homme. Et pire que tout, il ne voit pas le moins du monde que le piège se referme indéniablement sur lui et que cette « aide » n’est que la première d’une très longue série fort peu glorieuse.

- Tu me dis quand, où et... et le reste des détails quand tu te seras mis d'accord avec ton créancier. Sincèrement, ça ne me dérange pas, Sil'... Il regarde son téléphone. Pars contre, faudrais vraiment que je retourne au boulot, le patron va me virer si ça continue. Tu me tiens au courant?

Et le jeune homme se redresse, prêt à récupérer son skate et reprendre sa petite vie pépère.

@Lelio Messina & Silho Keegan

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Juillet 2020, Seatle

Ce n’est pas le tout, mais il doit y aller. Il a une vie, ce jeune homme. Même si ce n’est pas le meilleur boulot de la Terre, cela lui paie un peu son loyer. En fait, ça lui paie complètement le loyer, mais il n’a plus grand-chose derrière. Heureusement qu’il peut compter sur Silho pour s’offrir des choses. Il faudra bien le rembourser. Lelio n’aime pas devoir de l’argent. Il ne sait d’ailleurs pas combien il doit à Silho. Il n’a jamais compté. Il sait que ce n’est pas bien, qu’il ne devrait pas, qu’il n’aurait pas dû et qu’il ne devra pas continuer comme ça. Pourtant, Lelio est né avec une cuillère en or dans la bouche, mais il n’en a jamais voulu. Il ne crache pas sur l’argent, ok, mais il a appris à ne… Non, attends. Il n’a jamais vraiment vécu sans. Sans argent et c’est la mort assurée, n’est-ce pas. C’est marrant, parce qu’il ne veut pas de l’argent du paternel, mais en même temps il ne crache pas sur l’argent que Silho lui donne. Et puis, techniquement, ce n’est pas de l’argent que Silho lui donne, c’est plutôt des choses. Silho lui paie des choses… Oui, ça doit être ça… Ce n’est pas de l’argent impersonnel qu’il touche, ce sont des objets, des marchandises, des trucs que Silho lui offre, c’est totalement différent. Et il aime ça.

« Ne pars pas. » Hmm ? Lelio tourne le regard sur Silho, fronce un peu les sourcils. Si, il doit y aller. Son patron ne va jamais accepter d’autres retards, il tire déjà sur la corde et là, le temps qu’il retourne au boulot et tout ça, il… il va se faire appeler Marcel. Il faut qu’il aille bosser. Il n’a pas le choix. Mais s’il fronce les sourcils, c’est pour une autre raison. Silho ne semble vraiment pas bien. Et puis, il le retient, de sa main enroulée autour de son poignet. Il a de grandes mains, Silho. C’est horrible de penser ça, mais Lelio aime les mains de son ami sur lui. Il va pour parler, mais l’homme plus âgé reprend la parole à nouveau. « Tu n’as pas saisis l’urgence de ma demande. » L’urgence ? Quoi ? Le créancier ne veut pas tirer son coup tout de suite, tout de même… Il fronce encore plus les sourcils, ne comprenant pas. Ou peut-être ne voulant pas croire. « Ne t’en fait pas pour le fast-food, s’il y a un souci à cause de moi, je m’en occuperais. » Cela le rassure d’une certaine manière, laisser les « grands » s’occuper des choses chiantes. « Lelio… Viens avec moi. » De ? Hein ? Quoi ?

C’est un Lelio sur le c*l qui suit un Silho sur de lui. Un bras prisonnier par la main de son guide, l’autre tenant le skateboard, Lelio ne sait plus quoi penser. Il ne comprend pas ce que veut le plus âgé. Silho lui a demandé de venir pour l’aider à honorer une dette. Bon, l’argent n’est pas le nœud du problème, c’est juste un problème de c*l. Ca, Lelio peut l’aider, mais… Mais pourquoi… pourquoi l’entraine-t’il dans une des chambres de ce… bar ? C’est un bar ? Un hôtel ? Il pense pas qu’il va s’envoyer en l’air… MAINTENANT ? Si ? Non, non, ça… il ne peut pas… Le remplacer, à la limite pourquoi pas, mais de là à faire ça… maintenant, il exagère.

- Sil’, j…

Mais déjà la porte se referme sur eux. Ils se retrouvent dans une chambre aux allures d’hôtel de passe qu’on voit dans les films. Pas franchement pimpante, même si celle-là reste propre. Mais elle est super impersonnelle, super… comment dire… super neutre. Qui ne donne absolument pas envie de faire quoi que ce soit ici… encore moins s’envoyer en l’air, ou même tout simplement dormir. On dirait son appart en fait… Mais sans la touche personnelle qu’il a foutu aux murs. Silho l’interrompt à nouveau pour aller s’enfermer dans la salle de bain. Comment ça « se mettre à l’aise » ? Il est tellement pris de court qu’il erre dans la pièce, sans même penser à l’idée de poser le skate. « Par quoi est-ce que tu commences pour me détendre ? » Hein ? Lelio se tourne vers Sil’… Wooh… C’est pas le même Silho qu’il connait… Il fronce les sourcils. Pourtant, c’est le même corps, mais… il a quelque chose dans le regard qui… non, c’est pas vraiment le même Silho. Il est encore sous le coup de la surprise.

- Maintenant ? Lelio reste planté sur place, le skate dans une main, les yeux gros comme des soucoupes volantes et l’air totalement perdu. Je… Je… Je comprends pas, Sil’… Tu… Une main passe dans ses cheveux ébouriffés. Je comprends pas… Avec toi ou avec… ton créancier ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Tu… Il soupire. Tu veux faire ça… ICI ? Maintenant ? J’veux bien t’aider, mais c’est pas… instantané ces choses-là. Faut… faut un peu de temps, surtout si c’est avec toi, Silho. J’ai… Il rougit un peu. J’avoue avoir des sentiments pour toi, alors ce que tu demandes, c’est… surtout comme ça… à froid, c’est… c’est bizarre, non ?