°° Shitty day to Catskill °°

Gordon était parti tôt ce matin-là au volant de son Jeep Wrangler, véhicule qu’il conduisait que très rarement en ville. C’est qu’il s'était mis dans la tête qu'une randonnée en solo lui ferait le plus grand bien. Cela lui permettrait notamment de faire le point sur sa houleuse vie personnelle et réfléchir à ses nouveaux projets professionnels, et tout ça, le plus loin possible des vices et tentations de la Big Apple. Ces derniers avaient tendance à lui embrouiller l’esprit, d’autant plus qu’il avait tant de difficulté à dire non à tout ce qui était pêché. En vérité, il avait eu quelques frictions dernièrement avec ses associées. La dernière en date concernait certains de leurs employés du Red Cellar et il en avait plus qu'assez de se prendre la tête avec tout ça, les RH, c’était pas son rayon après tout. Toutes les deux, elles aimaient bien jouer avec lui (ou se jouer de lui, surtout  @Gemma Santantonio , quoique @Zenia Adams ne laissait pas sa place elle non plus), mais il n'était pas dupe. Il ne fallait quand même pas le prendre pour un imbécile. En affaires, chacune de ses actions ou inactions étaient finement calculées, chacune de ses décisions, murement réfléchies. Pouvaient-elles en dire autant? Soit, il n’était pas près d’oublier cette amère trahison qu’elles avaient fomentée ensemble.

Ce jour-là, il était donc convenablement vêtu en fonction de la météo annoncée, avec des vêtements de plein air imperméable et chaud à la fois. Il avait également emporté avec lui un petit sac à dos avec de quoi se sustenter pour la journée ainsi que deux bouteilles d'eau. Aussi, il avait bien appris de ses expériences de jeunesse, il ne partait jamais en randonnée sans l'équipement sécuritaire de base : couverture de survie métallisée, allumettes, canif, une boussole et un sifflet. D’ailleurs, il se souvenait encore de son périple dans les Adirondacks au tout début des années 90, où il était parti camper avec des copains en forêt. Aucun n’avait pensé à emporter les allumettes et ils avaient eu froid toute la nuit, sans couverture de survie, incapable d’allumer un feu. Par contre, ils avaient pu se réchauffer le cœur avec l’alcool qui coulait à flot, parce que ça, il n'y avait aucune chance qu’ils oublient d’en apporter.

Gordon roulait depuis un peu moins de deux heures quand une lumière rouge s'alluma sur son tableau de bord. Il n'y prêta pas réellement attention, les yeux obnubilés par les majestueux paysages qui défilaient devant ses yeux, un cigarillo à la commissure de ses lèvres. Ce qui ne manqua pas d'attirer son attention, toutefois, fut la fumée noire qui commençait à s'échapper du capot. Gordon commença alors à ralentir en se dirigeant vers l'accotement lorsque le Jeep se mit à faire quelques soubresauts. Et comme si ce n'était pas assez, le tuyau d'échappement se mit à toussoter bruyamment puis le moteur s'éteignit complètement sans que Gordon n'y soit pour quelque chose.

* Et merde...* pensa-t-il, tout en frappant violemment sur le volant avec ses poings, faisant retentir le klaxon, question d'évacuer un peu la frustration qui était en train de le submerger. Il se retrouvait donc seul, au beau milieu de nulle part, sur une route secondaire en direction de Catskill Park. Le réseau cellulaire n'était pas totalement fiable et qui plus est, il n'avait avisé personne de son escapade. Pour quelqu’un qui avait appris de ses expériences de jeunesse…

Toujours assis sur le siège conducteur, il prit son téléphone pour vérifier s’il captait le réseau et malheureusement, la malchance le pourchassait encore. Malgré son amour des belles voitures - Bugatti, Porsche, BMW -, il n'y connaissait absolument rien en mécanique. Ça ne servait donc à rien d'aller voir sous le capot. Il alluma ainsi tous ses phares, afin d’être le plus visible possible si jamais, par la plus incroyable des chances, quelqu’un venait à passer par là. Puis, il se rappela qu’il ne s’était tout de même pas aventuré aussi loin de chez lui pour rester vautré dans ce véhicule à attendre comme un idiot qu’un bon samaritain daigne passer : il allait se mettre en marche.

Il fouilla donc dans la voiture et y trouva une vieille tasse à café en carton et un stylo rangé dans la boîte à gants. Il déchira la tasse en deux afin d’en faire un petit écriteau et inscrit dessus la direction qu’il prenait, son nom et son numéro de téléphone. Il déposa le tout sur le dessus du tableau de bord, ramassa son sac, ses bouteilles d'eau et sorti du véhicule, en n'oublia pas de chausser également ses bottes de randonnée. Mais il n’était pas fou non plus, il marcherait le long de la route, en direction de la jonction avec la route principale. Il y avait plus de chance que quelqu’un arrive de cet endroit.

Au moins, il ne pleuvait pas encore!

°° Shitty day to Catskill °°

Gordon marchait d’un bon pas. Sur les trois ou quatre kilomètres qui le séparaient déjà de sa voiture, il n’avait croisé âme qui vive. Il appréciait le silence et la solitude, certes, mais cette randonnée avait néanmoins pris une tournure qu’il n’avait pas planifiée, c’était le moins qu’on puisse dire. Lui dont l’existence était réglée comme une horloge, il se surprit néanmoins à apprécier ce sentiment de lâcher prise qui se révéla être particulièrement libérateur. Il venait de réaliser que son désir de tout contrôler lui pesait bien plus qu’il ne le croyait. Cette pression d’exceller dans chacune des sphères de sa vie, il l’avait hérité de son père qui avait toujours su que son fils reprendrait les rennes de l’entreprise familiale. C’est parce qu’il savait pertinemment que Gordon avait ce qu’il fallait. Le sens de la répartie, la débrouillardise, l’intelligence, la ténacité, le tout arrosé d’une bonne dose d’opportunisme, indispensable lorsqu’on souhaite faire sa place dans le milieu des affaires.

Si son père pouvait voir où Gordon a mené sa barque jusqu’à ce jour, il serait sans doute un peu amer et perplexe. Pourquoi prendre de tels risques en fricotant avec le crime organisé alors que sa carrière juridique a le vent dans les voiles et que son entreprise est florissante?

L’opportunisme.

L’opportunisme et cette soif insatiable de pouvoir, évidemment. Ainsi, à la question qu’est-ce que peut bien vouloir un homme qui a déjà tout nous répondrons simplement plus.

Il ne le savait pas encore, mais Gordon allait frapper son mur bien assez vite, au moment où il s’en attendrait le moins. Son passé lui réservait des surprises et son avenir s'annonçait, pour le moins, explosif. De la décadence à la déchéance.

Alors que la pluie commençait à se faire de plus en plus présente, Gordon tira le capuchon de sa veste sur sa tête pour tenter de se protéger un peu. Parce que même s’il marchait tout près de la forêt, le fossé qui séparait la route de celle-ci ne lui permettait pas d’aller s’abriter sous les arbres sans risquer de s’y mouiller les pieds.

C’est alors qu’il entendit le son d’un moteur au loin. Eureka! Il tourna la tête et aperçut un alors vieux pick-up qui faisait peur à voir et qui s’approchait dans sa direction. Il n’a même pas eu besoin de lui faire signe que déjà le conducteur ralentissait pour venir à sa hauteur. Il avait de la difficulté à croire que ce tacot pouvait rouler tandis que son Jeep, lui, l’avait laissé tomber.

C’est vous gordon? Qu’est-ce qui vous est arrivé ? Le conducteur connaissait déjà son nom.

Effectivement, mon gars, en plein dans le mille. dit-il en penchant la tête pour essayer de voir son interlocuteur, partiellement caché par le chien assis sur la banquette, côté passager. Et si tu connais mon nom, c’est que tu as dû trouver le message que j’ai laissé dans ma voiture. Quand je suis parti, elle boucanait encore la pauvre. Bref, sans doute un problème mécanique, ce qui fait que je suis un peu coincé ici et que j’aurais bien besoin d’un coup de main.

Le conducteur l'invita à entrer. Il n'hésita pas une seconde.

Je veux bien me mettre à l’abri, mais faudra que t’arrête de me vouvoyer. De toute évidence j’ai l’âge d’être ton père, mais c’est pas une bonne raison pour autant!

Loki lui tenda alors la main et se présenta, lui et son chien. Tout en lui serrant la main, Gordon enchaîna : Enchanté Loki et… bonjour Sol!

Gordon avait bien eu un chien étant enfant, il avait toujours apprécié la compagnie de ces animaux fidèles et loyaux. Par contre, avec le train de vie qu’il menait, il n’avait pas le temps de s’occuper d’une bête qui dépendrait de lui. Avec précaution, il tendit la main en direction de Sol pour la laisser le sentir. Il lui aurait bien gratté le cou ou le derrière des oreilles, mais il savait qu’il ne fallait pas brusquer les choses. Avec la bonne étoile qui veillait sur lui ce jour-là, il pouvait bien se faire mordre, pour ce qu’il en sait.

°° Shitty day to Catskill °°

Gordon était quand même soulagé qu’un pur inconnu ait été assez gentil et généreux pour l’aider à se sortir de sa fâcheuse situation. Par contre, il était forcé d’admettre que la chienne ne semblait pas trop l’apprécier. Elle ne mordra pas. Mais vaut mieux éviter de l’approcher. Gordon ne voulait surtout pas créer de malaise donc il tâcha de rester bien sagement de son côté de la banquette, sans tenter d’autre tentative pour apprivoiser l’animal.  

Je suis mécano, on va retourner à votre voiture, j’ai des outils derrière. Ca v-te va ? Quelles étaient les chances pour que son sauveur soit justement un mécanicien? Il ne pouvait espérer préférable dénouement. Tout n’était pas gagné néanmoins, car de son point de vue, le Jeep était en piteuse état. Ça me va parfaitement. Bon, il avait l’air jeune quand même ce Loki, peut-ètre n’avait-il pas énormément d’expérience, peut-être qu’il ne trouverait pas la solution à son problème. Au point où il était rendu, il pouvait bien tenter quelque chose si ça lui permettait de rentrer en ville au volant de son Jeep et non pas assis sur le siège passager d’une dépanneuse. Loki s’était déjà mis en route et très vite ils furent de retour à la case départ.

Gordon s’approcha du siège conducteur de la Wrangler et débarra la portière afin d’éteindre les phares et clignotants, désormais inutiles. Il se retourna vers Loki qui le questionnait davantage sur les circonstances du trouble mécanique qui était survenu. Elle faisait quel genre de bruit quand elle s’est arrêté ? Elle a l'air neuve, t'as fait des choses avec? T'es allé sur l'autoroute, t'as tiré sur le moteur?

Gordon haussa les sourcils en se frottant la barbe. Il se demandait comment il pouvait bien décrire les bruits que le Jeep avait fait sans être parfaitement imprécis et ridicule. Et surtout, il ne comprenait pas ce qui avait bien pu arriver, lui qui prenait grand soin de ses voitures.

Bon. Premièrement, non, elle n’est pas si neuve que ça. C’est juste que je ne la sors pas très souvent celle-là. Elle doit même avoir au moins 6-7 ans si je me souviens bien. Je l’ai acheté directement du concessionnaire, pas d’autres propriétaires avant ça.

Soudain, son regard s’éclaire et son expression change. Mais tu me fais penser, ce n’est pas moi le dernier qui l’a utilisé. Je l’avais prêté à une amie et dieu seul sait ce qu’elle lui a fait faire… La connaissant, tout est possible. De mon côté, j’ai rien fait de spécial qui aurait pu causer ça. Il soupire, un peu découragé.

Et pour répondre à ta question, les bruits ça ressemblait un peu à un des claquement légers puis finalement le moteur s’est emballé et faisait un énormément de bruit, comme son ronronnement habituel, mais en beaucoup trop fort. Sans parler de la fumée… Ah et le tuyau d’échappement toussotait bizarrement aussi. Il ajouta : Mes souvenirs ne sont peut-être pas parfaitement exacts non plus, ça s’est passé super vite et j’y connais vraiment rien en mécanique… Ça ne doit pas beaucoup t’aider. Gordon se tenait là, pas trop loin, attendant que Loki lui dise ce qu'il pouvait faire pour se rendre utile. Hésite pas si je peux t'aider avec quoique ce soit.

°° Shitty day to Catskill °°

Au contraire, ça m’aide vachement. Gordon était soulagé de ne pas être qu’une nuisance pour Loki et surtout de ne pas avoir fait un fou de lui en tentant d'expliquer les soucis mécaniques de sa voiture. Il était quand même plutôt mal à l’aise de s’y connaître si peu en mécanique alors qu’il appréciait tant les belles voitures. Le plus important pour lui, c'était qu’elles devaient être agréables à conduire, car Gordon aimait la conduite sportive. Il n’adoptait pas pour autant une conduite dangereuse, même s’il lui était arrivé quelques fois de dépasser les limites de vitesse… Mais qui pouvait prétendre ne jamais l’avoir fait!

Loki lui donna des instructions claires qu’il s’empressa d’exécuter, mais la Wrangler ne semblait pas particulièrement apprécier qu’on tente de la démarrer. Le capot ouvert, Gordon passa la tête dehors en quête de nouvelles instructions de la part de Loki. C’est bon, tu peux arrêter. J’sais où il est, le problème. Gordon éteignit donc le moteur avant de sortir et de refermer la portière derrière lui.

Il voulait rejoindre Loki, mais celui-ci s’était déjà faufilé dessous la voiture. On ne pouvait voir que ses jambes qui dépassaient. Sol était couché à ses côtés, méfiante. En fait, depuis le début, Gordon sentait bien que Loki et elle étaient sur leur garde avec lui. Il ne comprenait d’ailleurs pas trop pourquoi. Sa tête faisait si peur que ça? Il croisa les bras et s’appuya contre le pick-up en attendant de savoir si Loki avait trouvé le problème. Il avait l’air de plutôt bien se débrouiller et Gordon n’avait surtout pas très envie de s’approcher trop près de Sol.

Pendant qu’il était là à attendre, son regard fut attiré vers la forêt où il crut déceler du mouvement. Ce n’était peut-être que le vent, à moins qu’il ne s’agissait d’un cerf? Il en avait d’ailleurs croisé un peu plus tôt dans la journée quand la Wrangler roulait encore. L’animal avait sans doute été frappé, car il gisait sur le bas-côté de la route, inerte. Cela arrivait malheureusement fréquemment, car ces braves bêtes s’aventuraient souvent trop près de la route.

Un fossé où s’écoulait un petit ruisseau séparait les véhicules de la lisière de la forêt. Gordon se redressa et s’approcha prudemment en scrutant le dernier endroit où il avait vu les feuilles des arbres bouger. Soudain, entre deux troncs d’arbre, il vit apparaître la tête d’un énorme ours. Il n'en avait jamais observé avant, même s’il savait qu’il y en avait dans la région. C’est qu’habituellement, les ours ne s’approchait que rarement des humains. L’ours semblait les observer, s’étant interrompu. Gordon recula calmement et doucement en ne quittant pas la bête des yeux. Revenu aux côtés de Loki, il donna un coup de talon sur la jambe de Loki pour qu’il sorte en vitesse de sous la voiture. Il chuchota pour ne pas trop attirer l’attention de l’ours qui les observait toujours. Loki, sort de là et vite, on a des problèmes beaucoup plus sérieux ici. Il est gros, brun et ne fera qu’une bouchée de nous si on ne déguerpit pas très vite d’ici.

Il se rappela qu’il avait un canif dans son sac. Ce n’était pas génial, mais ça pourrait dépanner. Il le sorti doucement et l’ouvrit alors que l’ours s’était remis en marche et s’apprêtait à descendre prudemment dans le fossé, dans leur direction. Gordon ne voulait pas aller se mettre à l’abri tant que Loki n’était pas sorti de là. Ils ne se connaissaient pas vraiment, mais Loki avait été si généreux en acceptant de l’aider, pas question de l’abandonner. Il se pencha pour agripper Loki à la taille pour l’aider à sortir plus vite. Il s’en vient!

°° Shitty day to Catskill °°

L’ours n’était qu’à quelques mètres d’eux, sept ou huit, tout au plus. Suivant les instructions de son maître, Sol passa en coup de vent devant Gordon pour se positionner un peu plus loin sur la route. Aussi terrifiante fut-elle avec ses crocs bien visibles, elle ne ferait pas le poids contre un ours s’il lui venait à l’idée de se mesurer à lui. Gordon non plus d’ailleurs, ce que Loki ne manqua pas de lui faire remarquer en questionnant son choix de s’armer d’un simple canif.

- Tu crois vraiment que ça va faire la différence ? Au vu des circonstances, Gordon n’apprécia pas particulièrement le ton de Loki.

- Honnêtement, j’sais pas, mais ça reste mieux que mes poings, tu crois pas?  

Il ne s’agissait que d’une question rhétorique; ce n’était vraiment pas le moment de discuter ou d’argumenter davantage. Sous les directives de Loki, qui avait l’air en parfait contrôle de la situation, Gordon s’exécuta et se dirigea rapidement vers la benne du pick-up en traînant son sac avec lui. Il se déplaça de reculons afin d’avoir l’ours dans son champ de vision en tout temps. Il se hissa dans la benne sans trop de mal, car malgré son âge, Gordon se gardait en forme en faisait un peu de musculation. Une fois à l’intérieur, Gordon, Loki et Sol n’étaient pas en sécurité pour autant. Quelques outils appartenant à Loki s’y trouvaient, mais aucune arme digne de ce nom. L’ours semblait curieux et se dirigeait dans leur direction, le nez dans les airs. Il s’intéressait peut-être à Sol, à moins que ce ne soit plutôt la nourriture que Gordon traînait dans son sac qu’il flairait. Face à la menace que représentait cet ours, Gordon était nerveux, mais aussi sur l’adrénaline. Même s’il n’avait pas l'habitude de se faire dire quoi faire et que cela le confrontait un peu, il ferait ce que suggérerait le gamin, car ce dernier avait surprenamment l’air de s’y connaître. Sans quitter l’ours des yeux, Gordon s’adressa à Loki :

- On dirait que ce n’est pas la première fois que tu croises un ours, toi.

Au même moment, l’ours se redressa sur ses pattes arrière. Il était gigantesque. En prenant cette position, l’ursidé avait une meilleure vision, ce qui lui permit de facilement retrouver leur trace. L’ours retomba lourdement sur ses quatre pattes avant de se diriger vers le pick-up. Il se redressa à nouveau pour poser ses deux pattes avant directement sur le capot. L’ours donna quelques poussées, comme s’il cherchait à les faire sortir de leur refuge pour le moins précaire. La voiture tanguait un peu et il fallait se tenir fermement pour ne pas tomber.

Gordon agrippa alors le premier outil à sa portée et se mit à frapper contre les parois de la benne. Le bruit généré était particulièrement désagréable et résonnait fortement dans ses oreilles. Ça ne semblait pas suffisant pour effrayer l'ours. C'est alors que Gordon se rappela avoir déjà lu un article dans une revue de plein air qui mentionnait qu’il fallait avoir l’air le plus gros et menaçant possible pour faire fuir un ours. Il agrippa donc un deuxième outil dans son autre main et se leva, les bras bien haut dans les airs, formant un Y. Il s’écria :

- Ahhhhh, mais tu vas te barrer putin de merde!!!

Reprenant son souffle, Gordon espérait simplement ne pas infirmer le dicton qui dit le ridicule ne tue pas. Avec un peu de chance, l'une de leurs tactiques finirait bien par fonctionner avant qu'ils ne soient tous dévorés vivants...