Tout s’est passé très vite. Je n’ai pas eu tellement le temps de voir quoi que se soit arrivé, ni de comprendre, que j’étais déjà à terre, dans ses bras, tout est un peu flou, je l’entends un peu mais je ne capte pas tout ce qu’il me dit. Le fait de sentir ses mains sur mon visage me rassure un peu, au moins je suis avec lui. Je sais que je peux lui faire confiance, même si je ne sais pas exactement tout ce que tout ça veut dire. Je n’ai pas tout compris de ce qui est arrivé. C’est très … loin pour le moment, ça vient juste d’arriver. Je n’ai pas encore tous les éléments et ça se bouscule dans ma tête. J’en ai le tournis, bien que je sois finalement déjà à terre. Je sens que quelque chose ne va pas et je fini par perdre connaissance après lui avoir dit je t’aime, simplement au cas où, je veux qu’il l’entende, qu’il ne l’oublie pas. J’aurais pu choisir un autre moment, mais c’est venu tout seul, presque naturellement. J’avais besoin de lui dire maintenant. On ne sait jamais, je vais peut-être mourir non ? On dirait en tout cas. Je me sens tout drôle.
Je ne me souviens pas de ce qui s’est passé après. J’étais … ailleurs, je n’ai pas rêvé, je n’ai pas vu quoi que se soit, c’est juste comme un trou noir. Les souvenirs reviennent peu à peu, au fur et à mesure que je reviens à moi, je dors toujours, mais je rêve ce coup-ci et c’est comme si tout se mettait en place petit à petit, mais des images parasites viennent en plus, des brides de cauchemars. J’ai chaud, je ne me sens pas vraiment bien, c’est sans doute ça qui me réveil, ça et les images d’un corps qui tombe derrière moi. Je me réveil en sursaut, j’ai chaud, trop chaud, je transpire beaucoup, comme si j’avais la fièvre, c’est peut-être ça que j’ai finalement ? Je vois Zad tout près de moi et j’esquisse un sourire. Il a l’air triste et j’essaie de dire quelque chose, mais je me rends compte que parler est plutôt douloureux alors je me contente d’un :

« Hey … qu’est-ce qu’il s’est passé ? »

Je sais bien ce qui s’est passé, mais j’ai besoin que ça soit clair dans ma tête, j’ai besoin de comprendre pourquoi il a l’air si abattu, je me rappelle bien qu’ils m’ont tabassé, j’ai mal partout, je me redresse un peu, mais je me rends compte aussi que c’est tout autant douloureux. Je grimace, je me rappelle, le couteau … pourquoi est-ce qu’ils s’en sont pris à moi. Là est la grande question et puis qu’est-ce que ça a voir avec Zad ? Je me pose tellement de questions que je ne peux pas m’empêcher de ne pas lui demander :
« C’était quoi tout ça ? Pourquoi ils … croyaient que j’étais ton fils ? Pourquoi ils voulaient te faire du mal ? Ce n’était pas à … ce n’était pas à moi qu’ils en voulaient … »

Je ne me sens vraiment pas bien, chaque mot est dur à prononcer, j’ai sans doute besoin de me reposer mais j’ai aussi besoin qu’on me donne des réponses. J’ai besoin qu’il me donne des réponses. Je ne veux pas qu’il me mente. Je n’aime pas tellement les mensonges. Je me souviens de son épaule, il était blessé aussi, alors je demande encore :
« Et ton épaule ça va ? Y avait … du sang partout … je … je ne suis pas certain de tout ce que j’ai pu voir … Je … Je ne comprends rien du tout. »

Je préfère autant lui dire que je suis paumé, que j’ai l’impression que c’est dans ma tête, que j’ai pété un plomb, peut-être qu’il me dira que oui, que je dois me faire interner ou je ne sais quoi, parce que vraiment ça ressemble à une grosse mascarade. Je ne sais pas ce que je suis sensé croire, de tout ce que j’ai vu, je ne sais plus où j’en suis. Il m’a sauvé, ça je le sais, mais pourquoi est-ce qu’il a eu besoin de le faire ? Ça c’est une autre histoire. Je ne le connais peut-être pas bien finalement, non c’est évident on se connait depuis peu de temps finalement, c’est logique que je ne sache pas tout, mais un truc aussi gros … c’est quand même fort. Je préférerais que ça soit dans ma tête, qu’il me dise que je sois fou, ça serait plus rationnel, que de savoir que des types sont capables de faire ça, même si au fond je le savais déjà, mais que ça m’arrive … vraiment ça c’est une autre histoire.

Je n’ai pas quitté le chevet de Lesli depuis un temps indéterminé. Depuis qu’il a perdu connaissance, les secondes s’allongent à un tel point que j’ai perdu la notion du temps. La main sur le torse de Lesli pour le sentir respirer et sentir son cœur battre malgré les machines qui remplissent la pièce de sons, je suis sur le point de m’endormir. Je suis épuisé, mais je refuse de me laisser aller parce que j’ai trop peur qu’il arrive quelque chose à Lesli à nouveau. Mais, cette fois, j’ai réellement de la misère à rouvrir les yeux. Je me dis qu’un petit 5 minutes de sommeil ne devraient pas faire de tord après tout. Du moins, c’était jusqu’au moment où je sens Lesli se réveiller en sursaut. Aussitôt, j’ouvre les yeux en posant ma tête contre ma main pour me redresser un peu. Je lui rends au moins son sourire malgré la tempête d’émotions qui fait rage en moi. Je me sens tellement coupable pour tout ce qui lui arrive. Et tellement triste d’avoir passé si proche de le perdre à tout jamais. J’aurais dû garder mes distances dès le début. Je savais que c’était une mauvaise idée de me lier avec lui. Mon univers sombre ne fera que du mal. Rationnellement, je sais que je devrais mettre un terme à nous pour son propre bien, mais mon cœur refuse de le quitter. Et c’est bien l’une des principales raisons qui me rend si triste.

- Tu… Tu as perdu connaissance et… Eh ! Eh ! Restes allongé. Le médecin m’a dit de te garder le plus immobile possible pour ne pas que tu ouvres tes points.

Tout en parlant, je le retiens de se lever pour qu’il reste allongé à mes côtés. Un soupire répond, dans un premier temps, aux nouvelles questions de Lesli. Ça été tellement dur de tout lui dire la première fois, mais je comprends maintenant qu’avec la drogue qu’il avait dans le sang, il ne doit plus se souvenir de notre conversation. Je me rallonge sur le dos et frotte mon visage avec mes mains essayant de trouver le courage pour tout lui dire. Mais, s’il me repousse et fuit lui de moi, ça ne sera pas ce que je voulais faire sans réussir à le faire ?

- Je… Je fais partie de la Bratva. Mon père est le parrain de la mafia russe à New-York. Je suis son bras droit. On a… On a kidnappé le fils d’un chef de gang rival après qu’il nous ait volé énormément d’armes sans savoir c’était qui. Alors il a voulu venger son fils en voulant s’en prendre au fils du parrain, mais mon frère et moi, on est pas si facile à capturer alors il s’en ait pris à toi. Je sais pas pourquoi il a pensé que tu étais mon fils. Je crois que ses hommes n’étaient pas compétents parce qu’ils nous ont pas bien espionné. J’embrasse que l’homme que j’aime comme je t’embrasse. J’embrasserai jamais mon fils comme ça. C’est comme ça que ça fonctionne dans mon monde : œil pour œil. S’il y a représailles à faire, on frappe là où ça fait mal et de la même façon. Je suis désolée Lesli qu’il s’en soit pris à toi… Parce que je suis fou amoureux de toi, tu vas devenir une cible pour nos ennemis… C’est l’une des raisons qui me poussaient à te garder loin de moi au début… Je ne voulais pas que mon monde ne vienne t’assombrir…

Je finis par lâcher le plafond du regard pour le regarder lui à mes derniers phrases. Je me retourne vers lui et je lève mon bras gauche, celui blessé, vers son visage pour caresser sa joue tendrement. Je ne me le serais jamais pardonné s’il était mort par ma faute. Je l’aime tellement. Lorsqu’il me parle de mon épaule, je lui fais un petit sourire figé.

- Oui, ça va. Y’a juste eu une balle qui m’a frôlé. Pomalov m’a soigné. C’est notre médecin. Le temps que ça guérisse, je vais avoir peu de mobilité, mais ça m’empêchera pas de te toucher.

Pendant un instant, un sourire un peu coquin réussi à se faire un chemin jusqu’à mes lèvres malgré la grande tristesse et culpabilité qui tirent mes traits. Mais rapidement, il est effacé lorsque je me rappelle que Lesli n’a pas juste parlé de mon épaule.

- C’est normal Lesli. Tu… Tu as été drogué. Un de nos meilleurs hommes est en train de faire des analyses pour trouver ce qu’il y avait dans la drogue qu’ils t’ont injecté. De quoi tu te souviens ? Je pourrais t’aider à y voir plus clair.

Je caresse sa joue puis son cou avant de reposer ma main au niveau de son cœur. Je suis tellement soulagé qu’il batte encore. Avec mon pouce, je lui prodigue des caresses espérant le voir redevenir serein. Je m’en veux tellement de lui avoir enlever son innocence à cause de ce kidnapping. Et je m’en veux d’avoir tuer le responsable si rapidement. J’aurais voulu le torturer pendant des jours pour le faire payer de s’en être pris à Lesli.