Je n'étais pas rentrée très tôt cette nuit-là. Les soirées étudiantes qui finissent à pas d'heure. Moi qui arrive dans un état plus que lamentable chez moi. Le lendemain matin difficile et le mal de crâne en prime : c'était mon quotidien depuis cette rentrée de septembre. J'adorais faire la fête et je voulais pleinement profiter de ma jeunesse, avant qu'il ne soit trop tard. Je n'aimerais pas me réveiller un jour et me rendre compte que j'ai des regrets. Autant vivre tout ce que j'avais à vivre aujourd'hui, après tout. Je m'étais réveillée sur le coup des neuf heures. Le temps de prendre mon petit déjeuner et d'émerger que je reçus un message de ma cousine Sperenza. Elle voulait que l'on mange ensemble avec sa petite. Je répondis presque du tac au tac que j'étais disponible. Pas vraiment en étant de sortir le bout de mon nez dehors, mais qu'importe. Il fallait bien assumer les lendemains de soirée. Et c'est ce que j'avais l'intention de faire. Une fois que j'eus fini mon café, je pris le temps de passé sur mes réseaux sociaux, pour voir les demandes de photos ou de vidéos que j'avais eu. Je n'acceptais pas forcément tout. Seuls les projets qui pouvaient rapporter m'intéressait. Bien évidemment, il ne fallait pas que ce soit une demande trop bizarre. Depuis que j'avais commencé ces plateformes, je me rendais compte que certains hommes pouvaient vraiment avoir des envies et des fantasmes étranges. Est-ce que je les jugeais ? Clairement pas. Mais ça pouvait réellement faire peur. Et heureusement qu'il y avait un écran interposé. Je passais quelques minutes sur Instagram également, avant de finalement me lever du canapé pour aller prendre une douche. Ça allait me faire du bien et ça m'aiderait peut-être à avoir l'air plus fraîche. La douche terminée, je mis plusieurs longues minutes à choisir une tenue. J'optais pour une robe de grande marque que je n'avais pas mise depuis un moment. Il me resterait plus qu'à trouver la paire de chaussure et les accessoires adéquats. Je pouvais passer plusieurs heures à m'habiller et me préparer. Pas que j'allais à un défilé de mode, mais je voulais toujours être impeccable. Tenue prête, coiffée et maquillée à la perfection, touche de parfum adoptée, j'étais fin prête à rejoindre ma cousine. Pour une fois, j'étais dans les temps. Je pris l'ascenseur, sac Chanel sur le bras, derniere Iphone dans les mains et lunette de soleil sur le nez. Si on ne me connaissait pas, on pourrait presque croire que j'allais à la fashion week. Une fois dehors, je repérai rapidement la voiture de ma cousine et me dirigea vers cette dernière. « B’jour tata Léo ! » Me lança Célestina alors que je venais, à peine, de monter dans le véhicule. Je fermais la portière et me retourna vers la petite : «Salut, la plus belle ! »  Je lui souris, avant de m'installer correctement sur le siège passager. Je mis ma ceinture. « Je ne t’ai pas trop prévu à la dernière minute, j'espère ? C’est la petite qui voulait qu’on passe l’après-midi ensemble. » Il fallait forcément un coupable, dans tous les cas. Mais ça ne me gênait pas d'être prévenue en dernière minute : c'est ce qui donne un peu de piment à la vie, finalement. « Vous êtes prête pour l’après-midi ? » Qui disait après-midi, disait certainement shopping. J'allais faire chauffer ma carte bleue. Et je ferai certainement quelques cadeaux à Celestina. « Non t'inquiètes, tu ne m'as pas prévenue à la dernière minute. Et si je n'avais pas été disponible, je te l'aurais dis. » Je souris à ma cousine, tout en regardant la route. J'ajoutais : « Et oui, on est prête, hein Celestina ? » Je me retournais et la vis acquiescer. Je reportais mon regard sur la route, tout en demandant : « On commence par quoi ? Manger un bout quelque part ? » Parce qu'on n'allait pas se le cacher : je commençais à avoir faim, moi.

Ça faisait un moment que je n'avais pas passé du temps avec ma cousine. En même temps, on n'avait pas le même âge et elle avait des responsabilités que je n'avais pas. Pas encore, du moins. Mais pour avoir un enfant, il fallait trouver un homme qui puisse me convenir. Et ce n'était pas une chose facile à trouver : j'étais plutôt jolie, je plaisais à la gent masculine. Néanmoins, je savais aussi que les trois quarts des hommes cherchaient autre chose qu'une relation sérieuse. Et je n'étais pas le genre à me laisse tripoter par n'importe qui. Sans parler du fait que je n'étais même pas sûre de vouloir qu'un jour, un homme pose ses mains sur moi. Même si je n'en parlais jamais, ce que j'avais vécu étant petite m'affectait encore, à l'heure actuelle. Pourtant, ça ne gênait pas de faire fantasmer les hommes au travers de mon téléphone. Ils ne touchaient pas. Ils ne toucheraient jamais. Et chacun y trouvait son compte, finalement. « Tata, maman a dit qu’on allait manger des frites et des nuggets ! Tu aimes les nuggets, n’est-ce pas tata Léo ? » Il faudrait être difficile pour ne pas apprécier les nuggets et les frites. Je souris, sans répondre puisque Sperenza repris la parole. « Top, j’avoue que je fonctionne au jour le jour avec mon emploi du temps, je n’ai pas forcément le temps de prévoir en avance mes journées en famille et vu que c’est les vacances scolaire, je voulais qu’elle profite afin de lui trouver deux ou trois tenues, en plus. » Je n'étais pas le genre à prévoir des choses. Vivre au jour le jour, je savais le faire. Et si je n'avais pas été disponible, je lui en aurais parlé. Mais j'aurais aussi fait en sorte de lui proposer une date qui pourrait lui convenir. Après tout, la famille restait quelque chose d'important pour moi et il était hors de question que les emplois du temps nous éloigne les uns des autres. « Je suis prête et maman aussi ! » Je souris en entendant Celestina parler. Elle était vraiment mignonne et elle serait à deux doigts de me donner envie d'avoir un enfant. Mais ce n'était pas quelque chose qui était dans mes projets, bien au contraire. Peut-être plus tard. Mais pour le moment, avoir un enfant risquait d'être un fardeau plus qu'autre chose. Je gardais le regard posé sur la route. Sperenza était beaucoup plus prudente que moi sur la route. Mais on mettrait ça sur l'âge sûrement : à dix-neuf ans, presque vingt, j'étais encore de ce truc de vouloir dépasser les limites et surpasser les lois. « C’était ce qu’il était prévu… J’avoue avoir un peu faim tout d’un coup. » Moi aussi, je commençais à avoir un peu faim. En même temps, Celestina avait parlé de nuggets et de frites. Mine de rien, j'étais encore une enfant au niveau de la nourriture : les burgers, les nuggets, le jambon-purée faisaient clairement partie de mon alimentation. Et je ne prenais pas un gramme, ce qui était plutôt une bonne chose. « J’avais pensé à un fast-food ou un restaurant asiatique ? Qu’en penses-tu, Léo ? » Bonne question : dans les deux cas, c'était gras. Je fis mine de réfléchir quelques secondes avant de répondre : « La proposition de Celestina de manger des nuggets et des frites, ça me va ! Enfin, je prendrais sûrement un burger, en plus des nuggets, si on va au mcdo... Par contre, on pourra faire asiatique la prochaine fois qu'on se voit. » Je lui souris, tandis qu'on arrivait sur le parking du centre-commercial. Une fois garée, je descendis de la voiture. « Je suis grande maintenant, maman. Je peux marcher. » Pourquoi, je sentais que ce caprice allait être de courte durée ? Je connaissais assez Celestina pour savoir qu'elle allait vouloir être portée dans le courant de la journée. « Je te préviens, tata Leo ne te portera pas en cas de crise. » La petite me jeta un coup d'œil et je fis non de la tête. Pas que je n'avais pas envie de la porter, mais il fallait aussi qu'elle apprenne à ce que l'on ne cède pas à tous ses caprices. Et c'est moi qui osais penser ça alors que j'avais toujours été la petite dernière. Celle que l'on traite comme une princesse. Je me mis à genoux, à la hauteur de Celestina et lui dis : « Par contre, on peut faire un deal : si tu râles pas en marchant, je t'offre un cadeau à la fin de la journée ! » Je ne savais pas trop dans quoi je m'embarquais avec cette proposition, mais qu'importe. J'avais envie de lui faire plaisir. Je me relevais après qu'elle ait acquiescé. « Je te laisse choisir le restaurant et c’est moi qui offre le repas. » Je reportais mon regard sur Sperenza, puis commençais à me diriger vers le centre-commercial : « Je crois que je vais rester sur le McDo, si ça va à tout le monde ? Comme ça, il y aura des nuggets/frites pour ceux qui veulent et d'autres choses pour les autres. » En plus, c'était de la restauration rapide : on ne perdrait pas de temps au moment du repas, au moins. « Mais c'est gentil d'offrir le repas en tout cas. J'offrirais le goûter dans ce cas. » Brève pause, alors que l'on entrait dans le McDo. Je me dirigeais vers une borne, pour passer la commande. « Tu sais ce que tu vas prendre ou pas ? » Parce que moi, pour le coup, j'avais envie de prendre quelque chose de différent, pour une fois.