outfit Samedi le 21 septembre 2024,
Comme à son habitude. Le bar avait atteint le maximum de clients. Sous les lumières qui viennent éclairer, le corps des femmes danse sur le comptoir. Ce lieu n’a rien d’un divertissement érotique. Ici, le plaisir est de mise et les malotrus voulant toucher, le corps des barmaids se font arroser, insulter. Les règlements sont affichés partout sur les mots dont la plus incroyable : Interdit de toucher aux employé(e)s. ma main sur mon chapeau, mon pied cognant contre le bois et le dernier mouvement se fit. Descendant de ce meuble pour reprendre mon emploi. La musique changea pour laisser les premières notes de The Wolf, The spencer lee band. Derrière le comptoir, je recommençais à servir les verres. La musique stridente et le brouhaha infernal des clients me rendent la tâche compliquée. La voix des clients me semble faible voir lointaine. Presque qu'un murmure compliqué à entendre. Je criais de faire gaffe en glissant trois verres à la direction de trois beaux hommes. Un blond, un brun et un roux. Toujours pas de latino, ce soir. Comparée aux autres filles, j’étais la seule qui avait le pseudonyme Mexico pour le Nouveau-Mexique. Je ne suis pas déçue ! J’apprécie ! Mon sourire heurte les clients généreux. Le pot de pourboire se remplit rapidement. On cria mon surnom. Je l’aperçus près de la porte à bascule. Mon sourire s’élargit. Autour de moi, la musique s’arrêta. Je dépose en boulle mon chiffon sur la plaque de métal de la glacière. En m’approchant de lui, je dépose ma main sur son épaule. « On prend le bureau boss ! » Je le contourne et me place derrière lui. Le guidant de force vers le local de gestion. J’ouvre la porte et le fit rentré avant moi. Je ferme la porte. « Tu viens me voir au travail sans prendre un verre ? Il se passe quelque chose ben ?Ça fait deux ou trois semaines que tu n’es pas venu prendre une bière… » Je vais m’assoir sur le bureau, je n’ai pas envie de poser mes fesses sur une chaise confortable. Je n’aurais plus aucune envie de me lever.

Elle bougea vers l’arrière pour retrouver sa place initiale. Une simple poussée de main apportant une certaine paix. En se refermant derrière nous. Tout s’arrêta. Le bruit qui avait apporté une tempête sonore savait stopper. Il n’y avait plus de voix qui se hausse pour devenir un cri strident. Une tonalité vocale grimpa pour se faire entendre. Plus de musique brusque qui agresse mes oreilles. Plus de clients mécontents de ne pas avoir leurs consommations ou de ne pas pouvoir toucher les filles. En fait, le calme absolu qui était revenu. Le bienêtre. Seigneur que cela faisait du bien de ne plus attendre le brouhaha de l’autre côté. Il ne faut pas ce douté. J’apprécie mon emploi, je pourrais même dire que je l’adore de tout mon cœur. Après tout, j’avais découvert le film lors de mon adolescence et ce film culte était devenu une source d’inspiration pour moi. Mon rêve est devenu une réalité. Mon but outre que celui de mes études avait été atteint. Mais, le bruit venait souvent me perturber. Des coups venant s’installer dans ma tête. Toc, toc qui devient une pression douloureuse. Une douleur s’installant entre mes sourcils. Juste un peu plus haut. En plein milieu de mon front. Les maux de tête sont devenus des compagnons. Les cachets de Tylenol, acétaminophène, sont mes meilleurs amis. Surtout après une journée d’université et au bar. Je m’étais assise sur le bureau, mes deux paumes de mains contre le meuble, mes jointures se pliant pour serrer le rebord. Un gloussement sort d’entre mes lèvres. Elle vibre et je détourne la tête pour le regarder de nouveau. « La jalousie est naturelle. Le désire et la passion vient s’installer dans l’imaginaire pour créer un fantasme. Ils peuvent bien croire une irréalité ou t’envier. » Ben n’est pas un homme déplaisant à regarder. Il faut quelques secondes pour bien détailler le moindre détail de cet ourson poilu. Il est grand, musclé, de larges épaules carrées, un torse bien musclé. Oh ! Pour des tablettes de chocolat, je pouvais apercevoir chaque pli qui se moulait parfaitement à son chandail. J’avais l’impression de voir une seconde peau. Comme si ce chandail était trop petit pour lui. Ma langue passe sur ma lèvre du bas. En imaginant ce spectacle sous ce tissu. Je secoue la tête en chassant cette idée farfelue. « Qu’est-ce qui se passe ? » Oh ! Je le savais. Je savais qu’il allait laisser échapper ce qui le perturbait. « Dios mío! Ben ! Je suis désolée ! Mes sympathies. » Est-ce que je connais la tristesse de perdre un membre de ma famille, oui. Je n’avais pas connu la tristesse de voir ma mère mourir, mais son absence m’avait marquée. Je me redresse sur le bureau, mes bras se croisent sous ma poitrine, la soulevant un peu. Je mords ma lèvre en écoutant. « Ce que tu crois. Je pense que tu as simplement peur de l’échec. Peur de ne pas y arriver, car ton guide n’est plus présent. » Cet homme l’avait soutenu et aidé tout le long. Je sursaute en le voyant frapper dans le mur. Glissant mes fesses du bureau, je m’approche de lui pour mettre ma main sur son épaule. « Ben… Tu es perdue et cela est normal. Tu as un lourd poids sur tes épaules. Tu n’as pas le temps de faire ton deuil correctement, car tu veux tout gérer, mais tu ne peux pas chasser la réalité. Il faut l’affronter… »  La mort n’est pas une chose facile. Il faut affronter et ne pas fuir.

« Ben, il ne faut pas voir cela ainsi. La mort ne signifie pas la disparition totale d’une personne. Malgré la disparition d’une personne. Ce n’est pas sa personne qui vient à nous manquer, mais bien sa présence. Ton père, Que descanse en paz*, a tout fait pour que ses enfants puissent vivre correctement. Ce n’est pas une charge qu’il voulait vous offrir, mais un coussin. L’âme d’un défunt reste plusieurs jours auprès de nous. Tu as le droit d’ouvrir la porte à tes faiblesses. Ce n’est pas devant un déni ou une porte fermée que tu pourras avancer. Il faut l’ouvrir et accueillir la tristesse, le mal, la difficulté et la réalité. Sinon, tu ne pourras jamais avancer et chaque pas de reculons t’apportera dans tes propres noirceurs et douleurs. » Prise d’un sursaut alors que son poing vient percuter le mur. Au-dessus de lui, le cadre bougea sans pour autant tomber. Roulant des yeux en vue de son comportement, j’avançai vers lui. Une main réconfortante sur son épaule. Sa main se pose sur la mienne. Sous un sourire rempli de réconfort, je la retirai en reculant d’un pas. Je m’accroupis pour le joindre alors que son dos glissa le long du mur. Je m’assois en tentant de tout bien cacher. « Ben, tu as une sœur qui est capable aussi d’avancer. Ton fils comprend ton mal et se demande pourquoi tu ne vas pas bien. » Je m’approche de lui. L’index appuyé derrière le pouce. J’approche ma main de son front. Un léger coup de doigt. « Tu arrêtes un peu ! Je suis ton amie, non ? Tu es peut-être beaucoup plus vieux que moi, je ne veux pas savoir si tu es à la fin de ta trentaine ou au début. Ce que je veux dire est que tu dois arrêter de te sentir désolé. » Mes jambes s’allongent devant moi, mes bras me retiennent par l’arrière. «  Ce que je veux dire,  tu ne me déranges pas. Je prends une pause ainsi. Le nouveau proprio est sympa alors ne t’inquiètes pas. » Ma tête bascule vers l’arrière pour rouler vers mon épaule. Un sourire amusé sur mes lèvres en regardant le grand ours. «  Allez, je suis encore une psy qui ne charge pas. En échange, tu restes jusqu’à la fermeture et je monte sur ta moto ? ok ? » Mes jambes remontent vers moi pour se croiser. Assise en indien, mon coude se place sur mon genou, la paume contre ma joue et je le regarde. « Pourquoi penses-tu perdre le garage ? »

« Ce qui est normal Ben. Il est dans la nature de l’être humain de vouloir s’éloigner pour se masquer aux yeux des autres afin de pouvoir vivre ses émotions ou tout simplement ne pas vouloir affronter la réalité qui se retrouve devant nous. » Les mots sortent sans vraiment réfléchir. Ils sont coordonnées et concrets. Après tout, il n’est pas facile de passer au travers d’une perte d’un membre de la famille. Ce n’est pas une étape facile ni même quelque chose qu’on désire un jour avoir. « Tu l’ignores. Un père ou une mère ne vient pas nous mettre au monde dans le but qu’on prend soin d’eux. Ce n’est qu’un résultat d’un accident émis par un déclenchement la libération de spermatozoïde ayant pu féconder un vulgaire œuf. Alors, nous sommes le résultat d’une surprise dont les parents vont tenter de guider pour un bel avenir. » Assise, près de lui, sa main vient prendre la mienne. Ses doigts glissés entre les miens pour venir serrer contre ma paume. « Il y a un dicton qui disait que les vrais amis se comptent sur les doigts des mains. » Je comprends ce qu’il ressent en vue d’une perte. Car, je n’ai jamais pu connaitre celle m’ayant porté. Je n’ai pas vraiment d’amis. Les uniques sont venues combler le manque que je ressentais vis-à-vis la famille. « Ne t’inquiète pas ! Bien sûr. » Un petit sourire au coin de la lèvre. Je rajoutais sans retenue. « Si, cela te fait plaisir, je ne pourrais pas te dire non. » Je parle encore sans retenue. Étudiant parfaitement le moindre détail de Ben. « Tu sais Ben. Ton père était surement d’une ancienne époque. Il faut être active sur les réseaux sociaux. Commence par te créer quelques connexions sur le web. » L’ancienne patronne du bar est active. Elle a toujours suivi la vague de la popularité.