Encore une longue nuit de travail, trop de café et pas assez de nicotine à mon goût. Je devais admettre que depuis que mon horloge biologique avait choisi un rythme nocturne ma consommation de cigarettes avaient dramatiquement augmenté. Mon seul moyen de me freiner un tant soit peu, c'était de m'imposer la règle de ne pas fumer dans mon appartement. La solution, l'escalier de secours qui se trouvait au bout du couloir. Pas forcément très réglementaire, mais personne ne m'avait jamais rien dit jusqu'à maintenant. Passant une main sur le visage, je me décidais à me bouger pour une dernière pause, indulgent mon vice avant de prendre le chemin du lit. Heureusement, au vu de l'heure, il y avait peu de chances que je croise du monde. Pas besoin de m'habiller comme pour une grande sortie. Le vieux tee-shirt à l'effigie d'un groupe de musique, et le bas de pyjama ferait l'affaire pour ma tenue du moment.

Je sortais de l'appartement, en tentant de faire le moins de bruit possible, histoire de ne pas réveiller mon petit frère. Quand on vivait avec une autre personne, on ne pouvait pas vraiment se laisser aller aux mêmes habitudes que lorsqu'un vivait seul. Une chance pour moi que Lenny sorte suffisamment. J'avais pas mal de petites habitudes, prise après mon divorce. Je me laissais enfin aller à mes envies, et Rose n'avait jamais vraiment aimé se faire réveiller au son de mon piano. Même si elle n'avait jamais vraiment protesté, les traits fatigués et son visage renfermé, le matin après, avait été suffisant pour me faire culpabiliser. Sans un bruit, je me glissais jusqu'à la fenêtre donnant accès à l'escalier de secours. Me glissant sur ce dernier, et sortant une cigarette de mon paquet. Admirant la vue new-yorkaise, cette ville portait vraiment bien son nom de ville qui ne dormait jamais. J'avais à peine le temps d'allumer ma cigarette, que j'entendais du bruit derrière moi. Une silhouette se glissant par la fenêtre, et je reconnais rapidement une de mes voisines. Nina. On ne se connaissait pas vraiment, mais ce n'était pas la première fois qu'on partageait une pause cigarette, en plein milieu de la nuit. Elle pouvait avoir des horaires aussi insensés que les miennes. Je lui offrais un sourire, et un léger geste de la main pour la saluer. - Comme on se retrouve. Je plaisantais doucement, n'élevant pas vraiment la voix. Je me décalais pour lui laisser suffisamment de place pour s'asseoir également. - ça va ?

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J’avais enchaîné 48 heures de travail non-stop, ce n’est pas très légal, mais face au manque de personnel et aux nombres d’interventions prévu, il fallait bien que certaines infirmières se dévouent pour faire des heures supplémentaires. He oui, encore une fois je me suis proposé d’assurer les permanences, à vrai dire Murphy était occupé de son côté donc je n’avais rien d’autre à faire que travailler et puis je me voyais mal laissé ses patients attendre encore une journée de plus à souffrir par manque de personnel. C’est ça aussi être infirmier, on fait passer nos patients avant nous-même. J’étais pour le coup assez épuisé de toutes ces heures de travail, à vrai dire, je n’avais pas la moindre idée de l’heure qu’il pouvait être. Je me suis juste focalisé sur le « C’est bon Nina, tu peux rentrer chez toi te reposer, on prend le relais. » Vous ne pouvez pas imaginer le soulagement que l’on ressent à ce moment-là. Tout notre corps se relâche, l’adrénaline redescend en flèche, alors oui, vous êtes libre, mais votre corps lui vous fait comprendre combien vous l’avez fait souffrir. J’ai le dos en compote, les pieds en feu, la tête qui va exploser.  J’aime mon métier plus que tout au monde, mais parfois, c’est une vraie plaie, parfois, j’aurais envie de rendre mon tablier et de dire stop, laisser moi, je n’en peux plus, mais au final, je sais que ça me manquerais beaucoup trop.

Enfin, j’arrive tant bien que mal à rentrer chez moi. J’ai l’impression que ça fait une éternité que j’avais passée le pas de ma porte. Ma maison est en bazar, étant persuadé d’avoir le temps de faire le ménage avant qu’on me demande de faire des heures supplémentaires. Moi qui pensais juste aller me coucher, je ne peux pas résister à l’envie de mettre tout en ordre. Je commence par me faire couler un café puis m’attaque au linge qui était en train de sécher, je le range rapidement, en 5 minutes, je crois que j’ai terminé. Je prends une gorgée de café avant de m’attaquer à la vaisselle qui traîne. Une fois cette dernière terminée, je me dis que cela suffit pour le moment que je terminerais le reste après avoir dormi. Je décide toutefois de m’octroyer un moment cigarette avant d’aller me coucher. J’attrape la fameuse dans mon sac et ma tasse de café à la main, je me dirige vers l’extérieur. J’ouvre la fenêtre et sors par celle-ci, j’allume ma précieuse et me retourne sur ma gauche quand j’aperçois mon voisin Ezekiel qui me salue. Je lui souris instantanément, cela fait peu de temps que le jeune homme habite ici et nous avons pris l’habitude de nous tenir compagnie lors de nos séances d’oxygénothérapies comme on aime les appeler. « Salut cher voisin ! » Je vins m’installer à ses côtés. « Je suis épuisée, j’ai eu une garde horrible, je ne te raconte pas, ça fait 48 heures que je n’étais pas rentré chez moi et toi quoi de beau ? » Oui, au fil du temps, nous avions commencé à nous confier sur nos journées respectives.  

@Ezekiel Cobbs-Ellis

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Le sourire amusé sur les lèvres, je laisse mon regard glisser sur son visage à ses premiers mots. Je devais admettre que son boulot était très intense, et même à mes pires moments dans mon ancienne profession, je ne passais pas autant de temps en continu. Mon expression se transformait en une expression de sympathie à son encontre. - Je t'admires vraiment, et si ça peut te consoler, tu es quand même resplendissante malgré le manque de repos. Je porte ma cigarette à mes lèvres, et tire une longue bouffée dessus avant de poursuivre. - Oh, tu sais ... Un mal de chien à trouver la suite de mon intrigue. Un petit mouvement d'épaule nonchalant, et mon regard se reportant sur la ville devant nous. Être un artiste avait été une libération, une renaissance, mais je ne pouvais pas nier que l'inspiration pouvait se montrer par moments un peu capricieuse de temps en temps. Surtout quand il s'agissait de continuer une histoire qui avait déjà eu bien des péripéties. La question de terminer la série se posait de temps en temps à mon esprit. Trouver des nouveaux protagonistes, de nouvelles dynamiques d'histoire. Je m'empêchais néanmoins de tomber dans une sphère de créativité qui avait tendance à me faire oublier le monde autour de moi. Je ne voulais pas me montrer de mauvaise compagnie, en me plongeant dans mes pensées.

- Peut-être que je devrais créer une héroïne infirmière, je suis sûr que tu dois voir des drôles de trucs dans ton boulot. De nouveau, mes yeux se posaient sur ma voisine, le bout de ma cigarette s'accrochant à ma lèvre du bas. Je ne pouvais pas imaginer ce qui devait se passer dans un boulot comme le sien. Mais on avait tous entendu des histoires d'horreur de ce qui pouvait se voir dans les hôpitaux. Je n'étais pas spécialement impressionnable, mais avoir le nez dans le sang et les viscères à longueur de temps devait laisser sa marque sur l'esprit. Ou peut-être qu'on devenait insensible avec le temps. Un peu comme dans mon ancienne profession, où nos clients n'étaient pas toujours innocents. Il fallait se créer une carapace afin de donner le meilleur de soi dans le boulot pour lequel nous étions payés.  

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Ezekiel est toujours des plus charmant, c’est ce qui fait aussi que j’aime passer ses petits moments cigarettes en sa compagnie. Je lui confie que je rentre d’une longue nuit de garde et il ne manque pas de me complimenter malgré mon manque de sommeil. Je lui souris pour le remercier de ces tendres mots. « Tu es vraiment un amour, c’est gentil de ta part, mais le manque significatif de lumière fausse ton jugement. » Je montre mon visage en faisait des tours devant ce dernier. « Ce que tu sembles voir est un visage qui encaisse la fatigue alors que pas du tout. » Je lâche un petit rire. Je tire sur ma cigarette tout en l’écoutant me racontant qu’il peine à écrire la suite de son intrigue. Cela doit être compliqué quand votre inspiration vous fait défaut et surtout quand vous voulez rendre quelque chose de bonne qualité. « Et moi, j’admire cette capacité que tu as a compter les histoires, je suis sûre que tu vas trouver quelque chose. » Écrire est une chose, mais garder la même âme et la même intensité au fil des ouvrages, s’en est une autre. Il faut garder, le lecteur en haleine, lui donner envie de lire les chapitres suivant et surtout de le pousser à acheter la suite, ne pas le lasser ou le frustrer, lui donner ce qu’il veut. Non, je suis littéralement mieux dans mon bloc opératoire.

Ez me lance alors l’idée, de créer une héroïne infirmière, oui nous avons un métier assez fou qui parfois nous mets dans des situations très drôles ou très périlleuses, il est rare qu’on s’ennuie. « Tu sais quoi, je trouve que c’est une merveilleuse idée, on parle beaucoup des médecins, des pompiers, mais les infirmiers pas tellement au final ! Oui, j’en ai vu des choses drôles comme très tristes, surtout dans mon service, ce n'est pas toujours très gai. » Les patients ont souvent peur de venir se faire opérer et je les comprends tout à fait, à leur place, je serais aussi terrorisé, ce n’est pas rien de confier sa vie à des inconnus surtout quand on perd totalement le contrôle de notre corps. C’est pour ça qu’il est important de tenter de rassurer les patients et leur montrer que nous savons ce que nous faisons.

@Ezekiel Cobbs-Ellis

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Un rire m'échappe à sa remarque sur son physique, j'ai toujours apprécié quelqu'un sachant faire preuve d'un peu d'auto-dérision. Et après avoir tiré une bouffée sur ma cigarette, je balais d'un coup de main, ses propos d'un air vaguement faussement réprobateur. - Pfff ... Avec la pire lumière du monde, tu resterais d'une beauté incroyable. Sourire en coin, avant de laisser mon regard glissait sur la vue s'offrant à nous, sans vraiment y prêter attention. Il y a quelque chose de vaguement magnétique dans la vaste étendue new-yorkaise. J'ai beau être de la côte Est, j'ai vécu ma vie d'adulte sur la côte Ouest. La cigarette pendant légèrement au coin de mes lèvres, un coup d'épaule désinvolte. - J'espère, mais ce n'est pas vraiment un exploit. Mon imagination, je l'avais développé dès mon plus jeune âge, la seule façon pour moi de m'échapper d'une certaine manière de la vie oppressante de l'élève sérieux, toujours enfermé entre quatre murs. Et le dessin avait servi d'exutoire à cette imagination précoce. Conquérir des mondes inconnus était parfois bien plus simple aux derniers tests de maths à réviser. Mon quotidien est aussi une grande source d'inspiration, et c'est la raison pour laquelle mon attention se repose sur ma voisine, le sourire sur les lèvres.

- Scandaleux si tu veux mon avis, on sait tous que les médecins ne seraient rien sans les infirmières. Clin d'œil à son attention, avant de réfléchir à ses derniers mots. C'est vrai que ce métier ne doit pas être évident, côtoyer la tristesse, la douleur voir même la mort au quotidien, ça demande un sacré courage. Une sympathie pour elle est certaine, je laisse mon épaule se logeait brièvement contre la sienne, avant de reprendre ma place initiale. - Je dois dire que je ne t'envie pas de passer tes journées à observer des viscères. J'avais déjà du mal avec les expériences où on devait disséquer une grenouille à l'école. Une petite grimace s'installant sur mon visage. Je ne suis pas spécialement une âme sensible, mais j'ai des limites à ce que je peux tolérer sur la durée. - Mais heureusement que des gens comme toi sont capables de le faire pour nous.

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Un nouveau compliment que j’acceptai cette fois-ci d’un simple sourire à la limite du rougissement. On avait beau me faire des compliments sur ma beauté, je n’en avais pas toujours conscience. Je ne suis pas une femme qui cherche à se montrer ou à plaire forcément, avant d’être avec Murphy, oui j’enchainais des aventures sans lendemain, sans vraiment les cherchais soi-disant passant. Je me laissais vaguer aux occasions qui se portaient à moi après mon divorce, j’avais besoin de lâcher prise, de profiter de la vie et puis Murphy est arrivé, me charmant au premier instant.

Nous regardâmes tous les deux la beauté de la ville de New york, c’était ça aussi, nos rendez-vous fumettes, discuter tout en savourant cette immensité. Avant mon retour ici, je ne m’étais jamais rendu compte à quel point cette ville m’avait manqué, c’est ma maison, là où j’ai grandi mais surtout l’endroit où je me sens le plus moi, c’est drôle mais je le ressens comme ça. Si j’avais su, je serais revenue beaucoup plus tôt afin de profiter de mes proches et surtout de mon père avant que la mort ne l’emporte… Ezekiel me confiait qu’il était en panne d’inspiration, je ne me faisais pas de soucis pour lui, je suis certaine qu’il trouvera vite une idée qui le mènera jusqu’à la fin de son roman, il me fait le coup à chaque fois. « C’est quand même pas mal, peu de personnes ont la capacité de rédiger des histoires, de faire rêver leur lecteur à travers un roman, cela me fascine personnellement. Chaque profession a son petit truc de reconnaissance bien à lui. » Je suis une personne qui adore la créativité, la musique, la lecture, l’art, j’ai toujours eu un attrait pour cela même si je n’ai aucun talent particulier, je préfère me délecter du talent des autres et éviter mes piètres compétences aux autres, me cantonnant à chanter sous ma douche ou dans ma voiture à l’abri d’oreilles sensibles.

« Oui tout le monde le sait mais tout le monde continue à vouer un mythe au chirurgien et docteur. » Je fis une petite moue en exagérant avant de poursuivre. « Ils le méritent, ils ont bossé dur pour en arriver là, c’est certain mais bon il n’y a pas qu’eux qui font le job. Enfin on ne refera pas le monde. » Dis-je en haussant les épaules. Oui certaines idées resteront ancrées pour toujours dans la société, j’en ai bien peur et j’ai pris mon parti de ne plus ne faire cas. Je me donne à fond pour mes patients pour ma conscience propre c’est déjà pas mal. « Comme tu dis on n'est pas tous fait pour faire ce métier comme on n'est pas tous fait pour écrire, il en faut pour tous les métiers. » Je ris face à sa grimace de dégoût mais je le comprenais, moi-même je n’aurais pas pu faire sage-femme ou puéricultrice, je sais que je me serais fait déborder par mes émotions si je devais travailler avec cette population-là. Au bloc cela m’arrive mais beaucoup moins souvent et puis nous sommes toujours plusieurs, ce ne sont pas les mêmes conditions. « En tout cas, j’ai hâte de lire ton prochain ouvrage, si tu veux un avis ça sera avec plaisir, j’ai fini mon bouquin et je n’ai plus rien à lire. » Oui j’avais terriblement aimé son premier livre, je lui avais même demandé de me le dédicacer. Il m’avait laissé un mot très sympathique, se rapportant à nos rencontres improvisées sur nos balcons.

@Ezekiel Cobbs-Ellis

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