Samedi. Le jour était enfin arrivé. C’était aujourd’hui qu’il allait revoir Nymphéa. Depuis son intrusion dans son appartement et cette rencontre aussi inattendue que perturbante, ils s’étaient revu lors du vernissage organisé par la jeune femme dans la galerie d'art où elle travaillait. La revoir, dans des circonstances diamétralement opposées et dans son élément, lui avait permis de constater que l’heure tardive de leur première rencontre, la fatigue ou le réveil brutal qu’il avait vécu cette nuit là n’étaient pour rien dans ce qu’il avait ressentie en la voyant la première fois. Cette fois encore il avait eu cette sensation étrange, inexplicable qu’elle avait toujours été là et que tout était simple. Même dans un pièce remplie de personnes, il n’avait vu qu’elle, naturelle et rayonnante. Il ne comprenais pas ce sentiment mais, il avait décidé de ne pas trop s’en préoccuper pour le moment ou du moins d’essayer. Après le vernissage ils avaient convenus de se revoir la semaine suivante pour qu’elle puisse lui montrer ses qualités à la course pendant qu’il était encore en phase de reprise d’activité. Défi insensé et pas vraiment sérieux au départ mais une bien trop belle occasion de se revoir, juste tous les deux cette fois.

Habituellement il allait courir le matin, aux aurores pour se remettre de ses nuits toujours agitées. Aujourd’hui il avait légèrement modifié son planning. Il avait passé son après midi au club de basket du quartier où il prêtait main forte au coach officiel pour les entrainements des enfants. Il était bénévole depuis longtemps dans ce club, dès qu’il revenait à New-York, s’il avait un peu de temps il allait aider. Il connaissait la plupart des enfants et les enfants le connaissaient maintenant tout aussi bien. C’était une activité qui lui permettait de se rendre utile tout en s’occupant l’esprit avec quelque chose qui le passionnait. L’après midi s’était terminée avec le dernier entrainement réservé aux adolescents de 14 ans avec un niveau déjà expérimenté qui envisageaient d’intégrer l’équipe de basket du lycée l’année prochaine. C’était le créneau que Matt préférait. Souvent il restait un peu après la séance pour discuter avec les uns ou avec les autres, donner quelques conseils supplémentaires ou simplement prendre des nouvelles plus personnelles mais pas ce soir. Une fois ses obligations remplies au club, il avait repris le chemin de son immeuble. Arrivé en bas du bâtiment il avait jeté un oeil à sa montre pour constater qu’il n’était pas en retard. Il était remonté à son appartement pour déposer ses affaires avant de redescendre juste avant l’heure du rendez-vous. Nymphéa n’était pas encore là alors il s’était appuyé sur le muret, profitant de quelques instants de solitude pour consulter son téléphone et les dernières actualités d’instagram.

Vernissage passé, et tout était retombé à la galerie. La pression, les aller et venus des fournisseurs, artisans qui travaillaient pour rendre ce moment parfait et il l’avait été. Ma chef m’avait félicité, et … Ma famille, mes amis... Matt étaient tous venus. L’artiste avait pu vendre plusieurs toiles et prendre contact avec certaines personnes qui étaient là pour admirer son talent. Mon corps avait eu une réaction étrange, si le noeud dans mon estomac aurait du partir dès le départ de cette soirée, ce n’est que lorsqu’il est arrivé avec son amie, que je me suis sentie tout de suite plus à l’aise. Pourtant c’était mon monde, mais… Cette étrange sensation de fourmillements au creux de mon estomac était encore là… Comme la nuit où j’étais entrée dans son appartement. Ce n’était pas la fatigue alors? Ou alors la pression du vernissage m’imposait encore un épuisement trop présent pour avoir des réactions logiques… En tout cas nous verrons bien aujourd’hui.

Une semaine après cette soirée, nous avions rendez vous , Matt et moi… Pour un jogging. Enfin c’était ce que ma tenue et mon téléphone m’indiquait… Mais ma motivation… Ok elle était là, petite mais là, par contre mon impatience de retrouver Matt, elle m’avait poussé dans la douche rapidement après mon retour du travail. J’étais pleine de peinture, je ne pouvais pas y aller comme ça. Un legging, une brassière de sport que j’utilisais pour le yoga, et j’avais lacé mes baskets en étant à l’heure, ce qui était incroyable. Portable dans la poche du pantalon, au cas où ça pouvait être utile. « J’y vais à ce soir. » J’avais dis à la volée en quittant la coloc, ne sachant même pas si les filles étaient là où non. Ma veste ouverte, je descendis les escaliers. Un petit échauffement? Ou l’envie de le croiser… Surtout la seconde solution, mais j’étais pile à l’heure en bas…

Et Matt était là lui aussi. Adossé au muret juste au pied de notre immeuble, un sourire se dessina tout de suite sur mes lèvres. L’effet Matt. Je m’approche de lui en fermant ma veste, la course n’avait pas commencer, et pour le moment il faisait encore un peu froid. « Je ne vois pas la baguette avec le marshmallow au bout de la ficelle… Mince je risque de ne pas pouvoir avancer. » dis-je amusée , comme les ânes quand ils étaient trop têtu.

Même si ces derniers temps ça n'était pas toujours une sinécure, il avait toujours adoré aller courir. Pour éloigner les cauchemars, les mauvaises pensées, prendre l'air, voir du paysage, des couchers et des levers de soleil et aussi parce que le sport était certainement la chose pour laquelle il avait toujours été le plus doué. Courir, bouger, reprendre petit à petit sa condition physique bien amoindrie par les semaines d'hospitalisation, était une forme de thérapie pour lui qui refusait toutes les autres. Mais aujourd'hui son esprit était ailleurs. D'ailleurs, depuis qu'il avait rencontré Nymphéa, ou plutôt qu'elle s'était introduite chez lui, en pleine nuit, venant interrompre une nuit plus agitée que la normale, son esprit divaguait régulièrement. Il ne pouvait pas l'expliquer, c'était une sensation qu'il n'avait encore jamais connue. Peut être qu'il était fatigué par les innombrables nuits agitées qu'il vivait, peut être qu'après ce qu'il avait vécu, après être passé si près de la fin, son esprit n'était plus aussi rationnel qu'il ne l'avait été. Il n'en savait rien. La seule chose qu'il savait pour le moment c'était que lorsque ses pensées le ramenaient vers elle, c'était toujours une sensation agréable qui l'envahissait ce qui le changeait considérablement des images difficiles qui lui revenaient toujours en tête sans prévenir. Ce soir il allait la revoir et peut être qu'il arriverait à y voir plus clair, ou peut être pas, peut être que tout ça le rendrait encore plus confus mais qu'importe. Il ne s'agissait pas d'un rendez vous galant ou quoi que ce soit de ce genre, de quoi s'agissait il vraiment d'ailleurs ? Il n'en avait pas la moindre idée et il avait arrêté de se poser la question parce que la seule chose qui lui importait c'était qu'elle serait là. Mais est ce que ce n'était pas un peu bizarre, pour faire connaissance avec quelqu'un, de l'emmener courir dans le quartier ? Peut être mais après tout vu la façon dont ils s'étaient rencontrés...

Les yeux rivés sur son écran de téléphone, il ne l'avait pas entendu arriver. Ça n'était que quand sa voix s'était élevée dans les airs qu'il avait remarqué sa présence et, aussitôt, il avait rangé son portable pour poser les yeux sur elle. Ce sourire amusé sur ses lèvres, comme cette nuit où elle était entrée chez lui, avait le don de chasser instantanément les questions et les doutes qui pouvaient le hanter. En robe simple en rentrant du travail, dans une tenue très classe pour le vernissage ou en tenue de sport, elle dégageait toujours cette même lumière. Il s'était redressé pour prendre la parole sourire aux lèvres.« Et bien je me suis dit que j'allais essayer sans... mais j'ai peut être fait une grave erreur... tant pis j'en assumerais les conséquence et je te pousserais s'il le faut. » Il avait rit tout en constatant avec satisfaction que tout était toujours aussi facile avec elle. Dès qu'elle était en face de lui, cette sensation de la connaitre depuis des années revenaient, c'était troublant mais loin d'être désagréable, il devait bien le reconnaitre.« Ca va ? Ta journée n'a pas été trop dure ? » Puis il l'avait observé des pieds à la tête, comme s'il se souvenait soudain pourquoi ils étaient là, en tenue de sport, tous les deux. « Tu es sûre que tu veux toujours faire ça ? » Elle avait reconnu ne pas être sportive pour un sou et, cette histoire de course, de jogging ensemble, partait d'un défi d'abord lancé l'autre nuit, puis d'un échange de bon procédé : une course en échange d'une grasse matinée. Mais si Nymphéa n'avait pas envie d'aller courir, il ne comptait pas la forcer.

Non ce n’était ni une habitude, ni une logique pour moi de devoir enfiler cette tenue de sport. Parfois pour le yoga, parfois quand on allait à la Nouvelle Orleans, pour courir avec mon neveu ou mon frère, mais jamais plus… Mais là, c’était avec le sourire que je l’avais enfiler. Pas heureuse à l’idée de courir, non, cette action n’était pas la raison de ma joie,et de ce sourire sur mes lèvres lorsque je l’ai aperçu, adossé au muret. Matt. Il était celui qui troublait mes pensées dernièrement.
Entrée comme un ouragan dans son appartement, pensant sauver la veuve et l’orphelin, j’avais plutôt pensé l’avoir arraché à ses songes hantés de terribles pensées. Mais surtout … Je n’avais pas voulu sortir de là. Trop bien installé en face de lui à parler de tout et rien, comme si c’était ... Ma place. C’était une étrange sensation, qui m’avait envahie, et quand il était arrivé avec son amie… Un pincement… Jalousie? Non… Je ne pense pas, pas possible , nous n’étions qu’ami. Mais en tout cas, là, j’avais envie de le revoir, de profiter de moment avec lui, de sa compagnie, de le découvrir…

Alors oui peut-être que j’avais mon coeur qui battait plus fort quand sa voix réponds à la mienne, et mon rire qui s’envole alors que ses premiers mots m’arrivent. Les sms qu’on a échangés deviennent réels, il comptait me pousser. Et je reste un instant bloqué sur son rire, mélodie qui m’avait étrangement manqué. « T’en fais pas, je vais courir. » Je mime une fausse grimace. « Mais après, il me faudra un remontant ! »

Je m’étire juste un peu la cuisse, j’ai une vieille douleur parfois à cette endroit, alors je sais que je le dois la ménager. Secouant la tête, je lui réponds. « Non, ça a été, tout était calme, et puis je suis en week end maintenant. » L’artiste qui était venu au vernissage était reparti la veille, ses tableaux resteraient encore un peu, et sa déception elle je l’espère repartirais vite… Habituellement nous avions une relation, intime parfois quand il venait mais là… Je n’avais pas la tête à ça, pas envie… Juste hâte le soir de rentrer chez moi et de possiblement croiser mon voisin… Ce voisin qui devant moi me questionne sur ma motivation. « J’ai pas nouée ses baskets pour rien… Mais dis moi, aurais-tu peur que je tienne le coup et sois une adversaire de taille au final? » Je le taquine en m’approchant. « Je vais te montrer ce que je vaux. » Je lève les yeux au ciel. « Enfin que je tiens paroles, et demain … tu es à moi. » Dans ma tête ça sonnait pas comme je venais de le dire, c’était plus ... de l’humour alors que là...  Mon ton avait pris une intonation presque charmeuse, sensuelle.. « Pour notre grasse matinée évidemment… enfin si ça te tente… » Je me rattrape rapidement de peur de le gêner avec mes mots.  

Une semaine était passée depuis le vernissage et il n’avait pas eu l’occasion de croiser Nymphéa dans les couloirs de l’immeuble. Il fallait bien dire que, jusqu’à cette fameuse nuit, ils ne s’étaient jamais vu, leurs emplois du temps ne devaient pas coïncider. Tant pis, ils avaient provoqué le destin puisqu’ils avaient sûrement autant envie de se revoir l’un que l’autre et ils avaient rendez vous ce soir. Un rendez vous atypique, oui, mais cela leur correspondaient apparement plutôt bien parce qu’il n’y avait rien de commun dans leur relation, ni dans les sentiments inexplicables et incompréhensibles qui envahissaient le brun à chaque fois qu’il voyait Nymphéa ou même quand il voyait son nom s’afficher sur son écran de téléphone. Il était toujours heureux de revoir ses frères et soeurs ou Harper mais ce sentiment là était bien différent. Pourtant ils n’étaient que des voisins qui se connaissaient un peu, des amis peut être ? La voir, dans son élément, la semaine passée n’avait pas éclairé sa lanterne, la seule chose que cela avait confirmé c’était qu’il avait envie de la revoir, juste eux cette fois, personne d’autre autour et c’était ainsi qu’ils se retrouvaient là maintenant.

A peine les premiers mots échangés et déjà cette complicité sortie de nul part revenait. Ils ne se connaissaient que depuis quelques jours, elle ne l’avait pas connu avant que tout ne semble lui échapper mais c’était comme si elle avait toujours été là et, en même temps elle n’avait pas cette inquiétude qu’avaient ses proches, ceux qui le connaissait depuis des années, lorsqu’ils le regardaient depuis qu’il était revenu. Lorsqu’il était avec elle, et même s’il savait que ça n’était qu’une douce illusion, il avait l’impression qu’il était à nouveau en un seul morceau, que les traumatismes s’estompaient. Et, même si les choses ne pouvaient pas être aussi simples que ça, c’était agréable de le croire au moins quelques instants. « Aller tu vas voir, c’est pas si terrible, je serais indulgent avec toi, promis ! » Il avait sourit, posant son regard dans celui de la jeune femme comme s’il était aimanté par celui là. « Ça marche, je t’offrirais ce que tu veux si tu arrives au bout sur tes deux jambes. » Il avait détourné le yeux en riant avant que cet échange de regards ne deviennent plus intenses qu’il ne devait l’être mais il avait dû se faire violence tellement le regard pétillant de Nymphéa le captivait.

Il avait pris de ses nouvelles, il avait constaté que la préparation du vernissage avait accaparé Nymphéa ces dernières semaines et il avait sourit, satisfait d’entendre que tout était plus calme maintenant que l’évènement était passé. Pourquoi en était il satisfait ? Peut être parce qu’ils auraient plus d’occasion de se voir. Ou peut être juste parce qu’il était ce genre de personne à toujours se satisfaire de tout pour les autres. La question qu’elle lui avait ensuite posé alors qu’il lui laissait encore une chance d’échapper à ce footing en sa compagnie l’avait fait rire à nouveau puis, très sérieux, il l’avait observé de la tête aux pieds, à nouveau, avant de répondre. « Tout à fait… Maintenant que je vois que tu as des baskets pour courir alors que tu as prétendue ne jamais courir, je me dit que tu m’as peut être mentit et j’ai peur de ne pas être à la hauteur. » Alors qu’elle lui avait assuré qu’elle lui montrerait ce qu’elle valait il avait sourit en coin en l’observant. Puis ces derniers mots lui avaient arraché un bien étrange frisson.  Etre à elle, dans tous les sens du termes n’était pas une idée qui lui déplaisait réellement… mais il ne pouvait pas penser ça. C’était une voisine, une amie en devenir et il n’y avait pas lieu à laisser de l’ambiguïté s’installer entre eux, il était évident qu’elle avait dit cela en tout bien tout honneur, comme les sms qu’ils avaient pu échanger. De toute façon les filles comme elles allaient avec des artistes et le concernant, il avait certaines barrières, des principes sur lesquels il campait depuis des années. Et pourquoi pensait il à cela ? « Je n’ai qu’une parole… si tu cours, je respecterais tes conditions pour demain sans broncher. » Il n’était pas foncièrement doué pour les grasses matinées, lui qui avait besoin de bouger, mais si c’était une façon de la revoir dès le lendemain, il était prêt à ce sacrifice. « On y va ? » Il savait déjà où il allait l’emmener et, le moins que l’on puisse dire était que le tour n’était pas long du tout parce qu’il avait plus envie de discuter avec elle que de courir et, si lui était capable de parler en même temps qu’il faisait son footing, ça n’était peut être pas son cas et il voulait lui éviter un point de côté douloureux.

Une rencontre, une nuit alors que la lune en était la seule témoin, et depuis cette étrange sensation que notre complicité était … habituelle et tout son contraire, ancrée dans notre quotidien depuis des années… Les sms échangées étaient agréables, et plus encore, je me surprenais parfois à me demander si j’avais un message sur mon téléphone, de lui… Pas d’une autre personne ni de ma famille. C’était de lui. Et quand j’étais en train de peindre… Souvent c’était son visage qui apparaissait. Il était devenu… Un ami? Je n’avais pas envie de mettre d’étiquette mais ami ne semblait pas assez. Surtout il était presque tous les jours, la première personne à laquelle je pensais en me levant et la dernière avant de me coucher.  

Alors mon sourire n’était pas vraiment étonnant quand ce soir là, après avoir fermé la galerie, être rentré et avoir enfilé des basket, j’étais descendu en bas de l’immeuble et que je l’avais croisé. Evidemment certains sms me restaient en tête, comment les oublier ? Ceux qui parlait de cette attirance inexplicable entre nous, timidement, mais bien présente. Comme ceux de son futur départ, et de ces réticences à mon attente. Ce serait une torture pour lui de savoir qu’une personne l’attend, coupe sa vie pendant qu’il est là bas, en s’inquiétant, mais.. C’était encore pire de se savoir « seul » non ? Et je ne pourrais pas l'oublier, jamais, ça c'était impossible. On avait le temps de parler de ça, on n’était pas encore en train de rayer les premières lignes de notre liste alors… Pas encore, n’en parlons pas. 

Une moue un peu perplexe sur les lèvres, bonne comédienne, … Pas du tout crédible plutôt, je finis par rire.« Voilà, tu sais parler aux femmes. Je sais déjà ce que je veux ! » Et la réponse serait pas si surprenante. 
Les échanges étaient toujours aussi simples, la nuit n’avait donc pas été la raison de ses regards intenses et ses discussions innées… Il y avait autre chose, car mon regard était toujours attiré par ce bleu.. Ses azurs… J’éclate de rire. « Sache que je suis une piètre menteuse et que… J’ai surtout cette tenue pour le yoga habituellement, ce qui demande un peu moins de … cardio il me semble. » 

La force de mon regard dans le sien changea, alors que c’était une phrase anodine, son intensité me frappa de plein fouet. Être à moi.. Pour la matinée, … Plus ? … Aucune idée de mes envies, mais je ne voulais pas que ce moment entre nous s’arrête, ça c’était certain, en aucun cas… Je tente de me détourner un peu pour ne pas le gêner en étirant ma cuisse. « C’est pas une torture tu verras, ça va être sympa. Et on regarde un.. Marvel? Le premier dans l’ordre ? » Je regarde mes lacets, et hoche la tête. « À vos ordres chef. » Plus qu’à le suivre, en petite foulée, le rythme surement plus lent que ce qu’il devait avoir l’habitude, mais au moins, à ses côtés, le jogging paraissait moins barbant… La vue était bien plus agréable. 

Les jours étaient passés depuis cette fameuse nuit où elle avait frappé, inquiète, à sa porte. Et depuis, cette sensation inexplicable ne l'avait pas quitté. Comment pouvait on se sentir si proche, presque lié, à une personne dont on était encore en train de faire connaissance ? Il l'ignorait, il n'aurait même jamais pensé que ce soit possible. Et pourtant, elle était là et, depuis les premières secondes, passé l'incrédulité de la voir entrer chez lui sans invitation préalable, tout était d'une simplicité déconcertante. Il avait l'impression qu'il la connaissait depuis une éternité alors qu'il avait encore tant à apprendre d'elle. Qu'ils avaient tant à apprendre l'un de l'autre. Au départ il avait cru, naïvement peut être, que, lorsqu'elle était sortie de chez lui tout s'évanouirait, que tout redeviendrais comme si cette parenthèse hors du temps n'avait jamais existé mais ça n'était pas le cas. Ils s'étaient revu au vernissage qu'elle avait organisé dans cette galerie où elle travaillait à Manhattan mais ça n'avait pas été suffisant. Il éprouvait cette envie inexplicable de la revoir encore, d'être à nouveau seul avec elle, quel que soit le contexte parce qu'il avait la conviction profonde qu'avec elle, tout pouvait prendre de nouvelles couleurs.

Dès qu'il l'avait levé les yeux, constatant qu'elle se trouvait là, devant lui, un sourire s'était dessiné naturellement sur son visage. Comme la première fois, il n'avait pas à se forcer, tout était naturel autant les mots que les sourires et tout le reste. Elle lui plaisait, beaucoup même, elle le savait puisqu'il le lui avait dit sans trop de détours au travers de leurs échanges de sms et la réciproque était vraie. Habituellement ce genre de révélations faites par téléphone interposés aurait pu le gêner ou rendre les choses plus artificielles, moins naturelles, mais ça n'était pas le cas. Peut être parce que cette attirance qui lui donnait toujours envie de lui parler, de la voir, n'était pas physique. Oui, elle était jolie, très jolie même mais il n'y avait pas que ça. Cette attraction particulière qu'il sentait entre eux allait bien au delà des considérations physiques, c'était quelque chose de beaucoup plus puissant mais de beaucoup plus insaisissable aussi, à tel point qu'il avait presque peur de le briser par un geste ou un mot maladroit.

Et puis elle avait rit, et comme à chaque fois qu'elle riait, cela lui donnait l'impression que rien de mal n'existait dans le monde et que toutes les couleurs autour d'eux devenaient plus vibrantes. Il était toujours épuisé par l'enchainement des nuits difficiles avec peu d'heures de sommeil au compteur mais, il avait de plus en plus l'impression que la fatigue n'avait pas grand chose à voir la dedans ce qui était encore plus perturbant. « Je crois que j'ai une vague idée de ce que ça peut être... mais on en reparlera quand tu auras accomplie cette épreuve qui t'attends. » Même si elle avait finalement refusé de courir, il lui aurait donné ce qu'elle voulait si c'était une façon de pouvoir partager quelques heures ou même quelques minutes avec elle. « En effet, ce n'est pas tout à faiy la même chose... mais je peux te faire une confession... Je manque gravement de souplesse pour la pratique du yoga. » Il avait rit à son tour. Cette faculté de tout rendre plus léger était certainement innée chez elle, elle ne s'en rendait certainement même pas compte mais c'était une véritable bénédiction pour les esprits torturés comme le sien.

Il n'aurait sûrement pas du prendre les mots de Nymphéa comme il les avaient pris, d'autant que ça n'était pas son genre d'interpréter les propos de ses interlocuteurs mais... c'était plus fort que lui peut être parce qu'au fond, être à elle et uniquement à elle, quelle qu'en soit la raison était une perspective qui ne lui déplaisait pas, bien au contraire. Il avait détourné le regard même si il avait bien du mal à détacher ses yeux d'elle mais il devait chasser ces pensées de son esprit parce que ça n'était pas quelque chose qu'il s'autorisait et ça ne devait pas changer. « Pour quelqu'un comme moi qui a déjà du mal à rester au lit jusqu'au lever du soleil, ça s'apparente à une vision de l'enfer mais je te fais confiance... Alors ça sera Captain América : First Avenger, puisqu'il faut bien commencer quelque part ! » En réalité, avec Nymphéa rien ne ressemblait vraiment à l'enfer, pas même cette grasse matinée qu'il lui avait promis en échange de la course d'aujourd'hui. Il avait d'ailleurs déjà prévenu les membres du foyer Parks qu'il ne serait pas présent pour le brunch du lendemain. Il avait sourit à sa petite référence militaire, sans surprise c'était bien plus mignon lorsque ces mots sortaient de sa bouche à elle. Ils avaient donc commencé à courir, il lui avait fallu quelques foulées pour se caler sur son rythme. « Surtout si il y à quoi que ce soit, n'hésites pas à le dire. » Quand il l'avait rencontré pour la première fois, il n'aurait imaginé que leur deuxième tête à tête serait réellement un footing à travers les rues du Queens et pourtant ils étaient là et il l'entraînait dans les rues qu'il connaissaient bien en direction du parc le plus proche.

Je n'avais jamais eu de mal à faire confiance à l'humanité, même si je la savais cruelle parfois et souvent pleine de vices. Sauf qu'une fois ma confiance trahie, rare sont ceux qui ont réussi à l'avoir de nouveau. Même aucun à vrai dire. Alors quand j'avais vu son regard... Ces deux azurs, encore endormies qui me fixaient, j'avais légèrement chassé l'inquiétude des premiers instants, pour cette confiance qu'il m'avait aspiré. Et Matt était totalement digne de ma confiance. Plus encore même si je ne voulais pas encore laissé parler cette sensation au creux de mes reins qui me chatouillait quand son sourire s'étirait sur ses lèvres. Et ce sourire était à damner !

Nos conversations qui s'étendait sur les journées parfois même dans la nuit avait rythmés mon quotidien et j'avoue que j'aurais du mal à m'en passer maintenant qu'elles étaient si prenantes. Il arrivait à teinter la couleur de mes joues à travers un écran, à me tirer un rire, qui me faisait systématiquement vérifier autour de moi que personne n'était là et me prendrait pour une folle. Mais le voir en vrai, en basket près à barrer une ligne de notre liste, c'était encore mieux qu'à travers cet écran... Mon coeur semblait déjà à bout, alors que le son de sa voix s'élevait. Ça promettait pour la course. Même si je voulais y croire. "Une épreuve c'est certain, mais je pense que le pire sera pour toi ! M'entendre me plaindre.. Tu n'as pas idée du calvaire qui t'attends." Je plaisantais évidemment, je n'étais pas de ce genre là, pour déconner oui mais pas plus, par contre je ne cacherais pas que je n'aime pas vraiment la course à pied, ok, pas du tout, mais courir avec Matt... Je pourrais largement m'y faire.

Nos rires se mêlent et cette mélodie me fait frissonner, je crois que c'est tellement doux et léger que je pourrais sentir mon coeur s'envoler, très imagé, mais j'ai envie là, de prendre un pinceau et poser sur une toile cette sensation, son rire, son visage à cet instant... "Ne t'en fais pas, je ne te forcerais pas à en faire. Sauf si tu veux tenter évidemment." C'était surement bien trop lent et calme comme pratique pour un homme comme lui. Quoi que moi c'était justement ce qui me canalisait par moment.

Le deal était une course contre une grasse matinée. Et j'avais hâte de me glisser dans mes draps avec lui, pour un film évidement ! Rien de plus. Même si j'étais une femme, et que je ne dirais pas non à cet homme. Matt était beau, je ne pouvais pas le nier, mais surtout il avait de l'esprit, des valeurs fortes et une loyauté, de l'humour aussi. Tout ce qui faisait que j'étais sûre de passer un agréable moment, juste à regarder un dvd ou ... plus, même si ce n'était que mon voisin... Non? Vu les papillons dans mon ventre. C'était déjà plus que je veuille me l'avouer ou non. "Je ne laisserais personne cramer tes ailes mon ange, tout ira bien, les flammes ne viendront pas nous déranger, c'est promis." Un clin d'oeil amusé, et nous commençons notre course.

Les foulées s'enchaînent, je suis son mouvement, qu'il adapte je pense au mien, car au final c'est lui le pro de la course, et moi la novice ! Débutante ras les pâquerettes ! "Pas de soucis, coach." Evitant de trop parler, un point de côté pouvait vite arriver quand on ne savait pas respirer en courant. Un parc apparu devant nous, il connaissait bien le coin. Et moi je lui suivais sans réfléchir. Confiance aveugle, regard qui se glisse vers lui de temps à autre avec un sourire... Ce n'était pas si compliqué... Même très agréable ce footing au final...




 

Avec la vie qu’il avait eu depuis son plus jeune âge, il n’avait évidement jamais cru au destin. Pour lui c’était un luxe auquel seuls ceux qui avaient été un minimum gâté par la vie pouvaient croire. Mais cette rencontre avec Nymphéa, dans ces circonstances si particulières était-elle seulement dû à un heureux concours de circonstances ? Si c’était le cas comment expliquer cette connexion quasi instantanée qu’il avait ressentit en posant les yeux sur elle. Il avait plutôt pour habitude de rester sur ses gardes avec les inconnus, il n'était pas nécessairement facile de lui inspirer confiance. Le court de son existence l’avait rendu méfiant, mais avec elle… il ne sentait pas une once de soupçon en lui la concernant.  Quand il la regardait il ressentait une sensation étrange l'envahir, un peu comme une sensation soudaine de paix intérieure dans la tempête de son esprit. Devoir ralentir le rythme de sa vie le rendait sûrement un peu trop philosophe, c’était la seule explication qu’il pouvait trouver pour le moment.

Ils apprenaient à se connaître doucement. Les messages qu’ils échangeaient à longueur de temps lui semblaient faire passer les journées un peu plus vite et il ne croyait pas avoir déjà répondu si rapidement à des sms avant. Plus il en apprenait sur elle et plus il avait envie de la connaitre, de la voir, de passer du temps avec elle pour découvrir son univers. Il ne savait pas où cela allait le mener et, malgré les barrières et les réticences qui étaient les siennes il ne se posait pas trop de questions. Du moins il s’efforçait de les chasser de son esprit, l’attirance qu’il ressentait pour elle prenant le pas sur sa raison qui, jusqu’à maintenant, avait toujours été bien plus forte que tout le reste. Et puis comme elle l’avait dit, ils avaient encore du temps et il ne servait à rien de penser à la suite maintenant. Il avait toujours été conscient de la fragilité des choses, de la vie elle-même et il n’avait jamais été du genre à se projeter dans quoi que ce soit. C’était encore plus le cas maintenant. Mais avec elle, alors même qu’il était bien incapable de définir le lien qui était en train de se construire entre eux, il avait déjà du mal à s’imaginer repartir à des milliers de kilomètres même si, pour le moment, il était encore loin d'en être question. Elle n’avait certainement aucune conscience de la confusion qu’elle faisait régner en lui et c’était très bien comme ça pour le moment.

Quand elle s’était dessinée sous ses yeux et il avait sourit instinctivement. C’était un rendez-vous peu classique surtout vu l’aversion qu’elle lui avait confié avoir pour la course à pieds mais à priori les choses classiques n’étaient pas pour eux. Elle était désormais face à lui, prête à prendre part à une activité qui n’était pas dans ses habitudes et les questions s’étaient effacées de l’esprit de Matt presque instantanément comme si finalement tout ça n'était qu'une évidence. Elles reviendraient en temps voulu mais pour le moment, il voulait simplement profiter de ce que ce moment avec elle avait à lui offrir. Sa réflexion l’avait fait rire et il avait rebondit immédiatement sur un ton enjoué.« N’oublie pas que je coach des gamins de quatorze ans… Ils ont beau aimer le basket, ce sont des ados et ils passent leur temps à râler pour tout et pour rien. Je suis immunisé contre les plaintes et les grognements. » De toute façon, il n’avait pas prévu de lui faire courir un marathon, loin de là. En réalité, ce footing improvisé avait été une bonne excuse pour la revoir dans un cadre beaucoup moins conventionnel que s’il l’avait invité à boire un verre ou n’importe où mais il avait bien plus envie de lui parler de tout et de rien que de courir. Ce qui était loin d’être dans ses habitudes.

Finalement, quand il était face à elle, la vie paraissait si simple. Elle riait et tout s’effaçait, il se sentait tout de suite plus léger, bien loin de la gravité des problèmes qui lui embrouillait souvent l’esprit ces derniers temps. « Si ça peut me permettre de passer du temps avec toi, je le ferais sans problème. » Le yoga était loin d’être son genre d’activité, c’était trop calme et tout ce qui était calme donnait trop de temps à son esprit pour s’éloigner dans des contrées sombres. Il avait besoin de mouvement, il avait d’ailleurs toujours été ainsi, d’aussi loin qu’il pouvait s’en souvenir. Mais il s’était bien rendu dans une galerie d’art remplie de personnes avec qui il n'avait sans doute pas grand chose en commun, juste pour la voir, une séance de yoga avec elle ne devait pas être si terrible que ça même avec sa souplesse toute relative.

C’était sûrement difficile à comprendre pour la grande majorité des gens mais il appréhendait quelque peu cette fameuse grasse matinée. Parce qu’il se connaissait, il savait ce qui avait trop souvent tendance à se produire lorsqu’il restait à ne rien faire. Mais il lui avait promis alors il tiendrais parole. Et puis, lorsqu’il y pensait il y avait aussi cette idée qui lui venait parfois que, la voir dans un endroit plus privé, allait peut être mettre un peu trop ses barrières à l’épreuve. Il ne s’agissait que d’un film et, à sa place, bon nombre d’hommes auraient pensé à autre chose directement et aurait vu ce moment comme une opportunité rêvée. Pas lui. Malgré tout, il ne pouvait pas nier cette attirance qu’il ressentait pour elle et si, sans aller jusqu’à franchir la ligne de l’intimité, il se passait plus que simplement regarder un film ? Que ferait il après ? Il avait toujours eu cette tendance naturelle à saboter toute ses relations mais elle n’était pas comme les autres filles qu’il avait connu jusqu’à maintenant parce que les sentiments qui se bousculaient en lui n’avait rien de commun avec ce qu’il avait déjà ressentit. Au point qu’il en était incapable de savoir ce qu’il éprouvait vraiment. Une fois de plus il se posait trop de questions et la voix de Nymphéa l’avait ramené à la réalité et au moment présent. Il n’avait pu empêcher ses muscles de se raidir à l’évocation des flammes. Le traumatisme était tenace mais ça n’était pas le moment de penser à ce qu’il avait vécu. Et c'était, une fois de plus, le sourire qu’elle lui avait offert qui avait ramené ses pensées vers des horizons plus clairs. « Alors me voilà pleinement rassuré, je compte sur toi pour ne pas me laisser tomber. » Il avait rit et puis ils s’étaient mis en mouvement.

Tout en commençant à courir, calant ses foulées sur celle de la brune dans un rythme bien plus lent que celui qui était habituellement le sien, il continuait à lui parler lui expliquant le circuit qu’il avait prévu spécialement pour elle, faisant les questions et les réponses pour ne pas qu’elle ai besoin de parler et qu'elle puisse se concentrer exclusivement sur sa respiration. De temps à autre il tournait la tête vers elle et, presque à chaque fois, leurs regards se croisaient et ce qui lui donnait un sourire surement idiot mais qu'il était bien incapable de réprimer. Arrivé dans le parc, il avait tourné à nouveau la tête vers elle. « Tu as besoin de faire une pause ? On peut marcher un peu si tu veux. » Lui aurait pu encore courir de longues minutes sans avoir besoin de ralentir la cadence mais il prenait soin de son invitée du jour même si elle semblait bien mieux supporter l’épreuve qu’elle n’avait prétendu pouvoir le faire. D’autant qu’elle n’était pas là pour suivre un entrainement intensif pour aller courir le prochain marathon de New-York alors il pouvait lui accorder une pause.« C’est bientôt le coucher du soleil. » Avait il ajouté après avoir jeté un oeil à sa montre et à l’horizon un peu plus dégagé que dans les rues qu’ils avaient traversés.

Une légère grimace, il avait raison, si des gamins adolescents totalement raleurs et pleins d’hormones et d’ennui étaient ses victimes lors des entrainements, je ne pourrais surement pas être si dérangeante en râlant. J’étais seule, et pas toute une équipe, et puis … J’avais surtout du mal à retirer mon sourire quand je détournais mon regard vers lui.
Brun en face de moi, qui me sourit lui aussi, qui me regarde avec ses azurs si puissantes, j’en ai des frissons et je commence à m’habituer à les sentir remonter le long de mon échine, comme une douce chaleur qui allume cette flamme, celle qui attire les papillons au creux de mon ventre. « Alors tu es en train de dire que ça ne sera qu’une épreuve de rien du tout pour toi? » Je lève un sourcil, avant de rire. « Je ne pourrais pas râler avec toi de toute façon. » Parce que j’avais juste envie de rire, de sentir l’apaisement en moi, cette sensation douce et chaleureuse qui se glisse partout en moi, juste… La joie de le voir. D’être près de lui. Avec lui… Alors pas de tête de cochon, de bouguonnage, rien… Juste le sourire, communicatif visiblement.

« Tu sais on peut passer autant de temps ensemble que tu veux. » J’annonce honnêtement, évidemment hors les temps au travail, et ceux qu’on devait passer avec nos familles pour ne pas les inquièter, mais… Je n’étais pas du tout contre être plus souvent encore auprès de lui… Au contraire cette idée était en train de se faire sa place… Manger avec lui, regarder des films, peindre alors qu’il est occupé en cuisine, ou le regarder avec son ballon… Oui, je crois que j’aime ses idées qui traversent mon esprit un peu trop facilement. Même si je tente de les éloigner, nous n’étions qu’amis… Rien de plus non?

Lorsque mes mots m’échappent, mon ange… c’était venu naturellement, dans la plaisanterie ? Non… pas tellement, mais peut être le penserait-il , en tout cas il semblait loin, un peu perdu non? Mais son sourire revient rapidement. « Jamais. » Je crois qu’une personne extérieur aurait pu être sûre que c’était une boutade qui continuait, une « façon de parler ». Mais mon regard, dans le sien… Cette sincérité, ce « jamais », il sortait du plus profond de moi, et Matt pouvait me faire confiance. Il était bel et bien réel, pas une blague, mais plus que sincère, je ne comptais pas le laisser tomber, plus maintenant, pas maintenant. Jamais. Son sourire trouva un de mes sourires en réponse et la course commença.

Quelques regards, et nous nous retrouvons rapidement dans un parc. Je pourrais tenir encore un moment, je pense,… En tout cas mon corps ne m’annonce pas une fin trop proche, mais si je veux lui parler, discuter avec lui je dois arrêter de courir, sinon là c’était le point de côté assuré. « Alors allons admirer ça, vu d'ici ça doit être sublime… » Je ralenti et souffle enfin… « Tu m’as ménagé avoue le… » Je lui demande en souriant.