Dis moi que tout est comme avant

J’allais revoir Leo, après tous ce qu’il s’est passé depuis la dernière fois, je me sens quelque peu stressé. Je sais que nous sommes juste amis, nous n’irons pas plus loin tous les deux mais nous avions dérapé si vite que je me pose des questions. Nous étions malheureux certes, c’est un concours de circonstance mais tout est possible. En sommes, je m’en moque, je suis sur le point de divorcé et je n’ai pas attendu Leo pour me remettre en selle niveau sexe. J’ai vite succombé aux courbes de la belle Gemma qui est d’ailleurs la seule femme à me faire autant d’effet. Enfin bref, Leo est mon meilleur ami et je ne veux pas le perdre, il est un pilier de ma vie, la personne vers qui je me tourne dès que ça ne va pas et son absence de ces derniers mois m’a beaucoup miné. Je ne veux pas que notre relation change, je ne sais pas ce que je ferais sans lui, il est mon protecteur, dès que j’ai un problème, je me tourne vers lui, il est comme un compagnon mais sans la relation amoureuse, je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire …. Enfin nous verrons bien ce que nos retrouvailles donnent.

D’ailleurs j’arrive à notre point de rendez-vous, un bar musical du nom de Paddy Reilly, il se trouve dans le quartier de Midtown. Je ne connais pas du tout cet établissement, c’est la première fois que je m’y rends mais j’ai hâte de le découvrir, rien que de l’extérieur, il donne envie de plonger en plein dans cet univers. Je passe la porte et je suis tout de suite dans l’ambiance. Il s’agit d’un vrai bar à l’ancienne, tout est en bois, des guirlandes colorées donne une touche très festive à l’endroit. Je tombe tout de suite amoureuse des lieux, une ambiance familiale en découle, c’est très agréable. Un groupe de blues est entrain de jouer, quelque chose de doux mais aussi rythmé, une musique qui se marie à merveille avec les lieux. Je scrute la salle des yeux à la recherche de mon ami. Il me faut quelque instant pour le repérer assis à une table. Un sourire vient éclairer mon visage dès que je l’aperçois, il m’a tellement manqué mon Leo. Je me dirige vers lui, il ne me faut que quelques secondes pour arriver à sa hauteur.

« Salut beau gosse. » Lui fis-je un sourire aux lèvres pour signaler ma présence. Il se retourne et dépose un regard sur moi. « J’ai le droit à mon câlin habituel pour te saluer ou tu préfères éviter ? » Je suis directe, cela fait partie de mon tempérament et Leo le sait. Je ne voudrais pas le mettre mal à l’aise, cette histoire entre nous l’a beaucoup perturbé et je ne voudrais pas en rajouter.

Dis moi que tout est comme avant

Cela avait duré plusieurs semaines. Au moins. Il ne s'en rappelle plus exactement. Il a préféré oublier. Il... Non pas qu'il veut oublier Ambre, non, non, elle reste son amie, sa meilleure amie probablement, mais il préfère oublier ce qu'il s'est passé entre eux et tout comme lorsqu'il était militaire, il compartimente encore quelques souvenirs. C'est vital pour un militaire, de chasser les visions d'horreur que la guerre peut créer et ne garder que les bons côtés. C'est comme cela qu'on survit dans un milieu hostile. Alors même si ce n'était pas une "horreur", c'était une "erreur". Il n'aurait jamais dû avoir la faiblesse de tomber dans les bras de son amie. Surtout qu'elle était mariée. Et qu'elle était mariée à un ami. Et que cet ami était un camarade d'arme. Et ça, jamais il ne se le pardonnera. Tout comme Carsten ne lui pardonnera jamais. D'ailleurs, depuis cet aveu, il n'a plus eu de nouvelle. Il n'en a que par d'autres anciens camarades. Il faut dire que la dernière fois qu'il a revu Carsten, il a reçu un poing dans la figure. Il le méritait après tout. Mais là...

Enfin bon, il était temps de "renouer" avec Ambre. Elle ne méritait pas d'être chassée complètement de sa vie. Mais il préférait la retrouver dans un endroit public, c'était plus... sûr. Parce qu'il avait des choses à dire. Pas à propos de ce qui s'était passé entre eux, ça, il a dit qu'il l'effaçait de sa tête. Mais il doit lui demander autre chose. Alors... le Paddy, ça sera très bien. Il a l'habitude d'y aller quand cela ne va vraiment pas. Il y a toujours de la bonne musique. Le soir et les fins de semaine, c'est un véritable bar irlandais avec le violon, l'accordéon, les chanteurs, c'est toujours rempli à raz-bord, mais en journée, c'est un bar traditionnel qui ne paie pas de mine d'extérieur et qui passe un peu toutes les musiques. Aujourd'hui, c'est du blues. Il arrive un peu en avance, ayant réussi à sortir du stand de tir. Alors il s'installe à une table et se perd dans les pensées, alors qu'il se demande comment demander cela à Ambre. Devant lui, un demi de Smithwicks. Il prend la route après, pas question d'être bourré.

« Salut beau gosse. » Hmm ? Il redresse la tête, allant repousser la personne qui lui adresse la parole, mais quand il voit Ambre, un sourire illumine son visage. « J’ai le droit à mon câlin habituel pour te saluer ou tu préfères éviter ? » Le sourire s'agrandit alors qu'il se redresse presque d'un bond et écarte les bras.

- Viens-là, ma Belle. Et il la serre dans les bras, peut-être même un peu plus fortement qu'autrefois. Tu m'as manqué. Il serre encore un peu avant de la relacher et de l'inviter à s'assoir sur la banquette, à côté de là où il était assis. Tu veux quoi ? Une fois la boisson sélectionnée, il va la régler (et surtout la commander) au bar, puis revient avec et la pose devant Ambre avant de retrouver sa place. Commençons avec les banalités, hein ? Comment tu vas ? Tu as... des nouvelles ? de Carsten... Moi, il ne m'en donne plus.

Dis moi que tout est comme avant

Avant cette soirée, j’étais quelque peu stressé à l’idée de retrouver mon meilleur ami. Il faut dire que de coucher ensemble n’étais pas la meilleur idée que nous avions eu mais c’est arrivé sans que l’on y ait réfléchis. C’était un concours de circonstance, rien de plus, enfin désormais je connais mon beau Leo sous toutes ses coutures ! Bon ça va c’est pour rire, je ne recommencerais plus cet écart, Leo est trop important pour le perdre à cause d’une histoire de fesse.

Je ne vais pas vous mentir, les premiers pas en direction de mon meilleur ami se font dans la crainte. Je suis terrifié, j’ai peur qu’il y ait un froid entre nous, que nous n’arrivons pas à surmonter ce stupide dérapage. Je décide alors d’utiliser l’humour pour briser la glace et retrouver notre complicité. Je ne suis pas déçu car mon Leo, se lève immédiatement et me prends dans ses bras. Le poids qui serre mon cœur se lève instantanément, je suis rassurée, je me blottis volontiers auprès de mon meilleur ami.

Un sourire ne quitte pas mon visage, traduisant la joie, de le retrouver. « Toi aussi tu m’as manqué. » Nous profitons encore quelques secondes de cette embrassade avant de se relâcher. Je prends place sur la banquette, très confortable, je dois l’avouer.

Leo me demande ce que je désire consommer. « Une bière blonde s’il te plait. » J’ai beau être française, j’avoue avoir un pêcher mignon pour la bière. Je ne déteste pas le vin mais je préfère en consommer lors de grande occasion, pour Noël, un anniversaire par exemple mais pour des consommations au bar, je me délecte plus facilement d’une bonne bière. Leo par au comptoir pour nous chercher nos consommations. J’en profite pour observer le bar, il est très convivial, il correspond tout à fait au caractère de Leo, je comprends qu’il affectionne autant cet endroit.

Mon ami revient au bout de quelques minutes, je le remercie pour le verre tandis qu’il reprend place sur la banquette. Il ne tarde pas à me demander comment je vais mais aussi à me parler de Carsten. Je prends quelques secondes avant de répondre. « Je vais bien merci, je ne vais pas te mentir, je suis rassurée de te revoir, j’ai besoin de toi dans ma vie alors te perdre, je ne l’aurais pas supporté surtout en ce moment… » Oui mon mariage touchait à sa fin, avec Carsten nous avions décidé de divorcer. « Avec Carsten… nous avions décidé de divorcer, la dernière fois que je l’ai vu, il est venu récupérer ses affaires avant de repartir en mission. Nous sommes censés nous revoir pour le prononcement du divorce mais sinon nous n’avons plus de nouvelles l’un de l’autre. Je pense que c’est mieux comme ça. »

Je sais pertinemment que Leo va s’en vouloir mais il n’y est pour rien, il a juste été l’élément déclencheur, celui qui m’a ouvert les yeux sur ce que je voulais vraiment. « Je vais essayer de plaider ta cause auprès de Carsten, il faut dire que désormais, je suis plus fautive que toi dans cette histoire. J’ai à nouveau fauté après toi… » Je ne suis pas fière de mes actes de tromperies mais j’ai pensé à moi et à ce que je voulais et grâce à ça, j’ai compris que nous devions divorcer.« Mais toi alors comment tu vas ? »

Dis moi que tout est comme avant

Oui, c’était extrêmement déroutant de retrouver Ambre. C’était une amie si chère. Plus que cela elle était l’épouse d’un camarade de l’armée, d’un frère d’arme. Et ils avaient fauté. Et ça avait tout foutu par terre. Il ne savait plus comment gérer ce problème. Entre le coup de poing du fameux frère d’arme qui lui en voulait à mort, chose qui était parfaitement compréhensible et son attachement pour cette jeune femme qu’il adorait tout simplement. Il ne savait plus sur quel pied danser. Devait-il la revoir ? Et s’il la revoyait, est-ce qu’ils allaient de nouveau vouloir sauter le pas ? Non, non, ils ne devaient pas. Il…

Et elle était là, arrivée, devant lui comme dans un nuage de poussière. Magie. Il avait été tout d’abord étonné. Puis la surprise passée, il s’aperçoit tout de même qu’il n’a pas « envie » de lui sauter dessus, de la prendre contre un mur ou il ne savait pas quelle autre cochonnerie. Non, c’était son amie. Sa meilleure amie juste là. Alors oui. Va pour un gros calin. Il en avait bien besoin. Cela faisait trop longtemps. Après la surprise et le calin, il part vers le bar pour commander leurs boissons. Il avait prévu cela dans la tête, ainsi, si jamais il était toujours attiré par Ambre, il aurait pu faire descendre la pression en s’éloignant. Mais non, il n’avait pas besoin de s’éloigner. Il venait de retrouver son amie et elle restait son amie. Il revient avec la commande et donne le verre à Ambre.

Elle lui avait dit par texto qu’elle divorçait. Il en est vraiment désolé. Mais elle semble avoir tout de même repris du poil de la bête. Ils parlent tout d’abord de Carsten, comme pour passer sur le sujet le plus rapidement possible. En tout cas, elle non plus n’a plus de nouvelle de son… mari. Leo nie du chef quand elle propose de plaider sa cause.

- Non, c’est pas grave, Ambre. Il… Il reprendra contact s’il en a envie. Je suis vraiment désolé pour vous deux… Si… si j’avais su, je… Attends… Q-quoi ? T’as… T’as recommencé ? J’veux dire, t’as… avec… Il ne sait même plus quoi penser. Avec… un autre… de l’armée ? Il se reprend rapidement. Pardon, ça ne me regarde pas.

Et puis, la question qui tue… « Comment ça va ? »… Il ne sait pas trop comment y répondre à cette question. Parce que ça ne va pas. Ca ne va pas depuis un bon moment en réalité. Il essaie bien d’y faire face, de passer outre, de faire semblant que tout va bien. Et puis, alors qu’il commençait à trouver une parade, il a appris quelque chose. Quelque chose qui… Bah, il faut qu’il en parle à Ambre. Elle peut l’aider. Il ne sait pas comment il va lui dire, ni si elle va comprendre. Parce que tout ça, c’est… c’est un peu morbide d’après lui. Mais tant pis, de toutes manières, ce qui est fait, est fait. Il nie doucement du chef, jouant avec la mousse dans le verre.

- Ca va… pas vraiment… Il soupire. Allez, il faut arracher le pansement, comme ça, ça sera fait. C’est pas vraiment sur un plan personnel, hein. Question santé, ça va. Mes résultats sont revenus mieux que… avant. Donc ça va, de ce côté-là… Mais j’ai un cas de conscience… Et… je crois que tu peux m’aider… Il boit une bonne gorgée, comme pour se donner du courage. Y’a… plusieurs… choses qui se sont passées, qui s’imbriquent et je… je ne sais plus trop quoi penser de tout ça… Bon, ça doit être brouillon pour Ambre. Tu sais que… l’année dernière, j’ai perdu mon meilleur ami. Il… Enfin, je veux dire, on a toujours été ensemble. On est né le même jour, on habitait la même rue, on a toujours tout partagé, que ça soit l’amour de la musique, nos vacances… tout. Et il est parti… beaucoup trop rapidement, l’année dernière. J’ai dû t’en parler un peu, je pense… Il lui laisse un petit temps pour réfléchir. J’étais sur son testament. Visiblement, il avait eu le temps d’en faire un. Il m’a demandé de faire quelque chose pour lui. Et évidemment, j’ai accepté.