Aujourd’hui était une journée un peu différente des autres. Son boss avait décidé de s’occuper des arbres dans la cour arrière. Afin de pouvoir accueillir les clients à l’extérieur pendant l’été. Il avait fait appel à un nom qu’il trouvait étrange : Love Rask. Il était curieux de savoir si c’était un pseudonyme pour le travail ou le nom de son entreprise. Il avait mandaté Joshua pour ses capacités éclectiques de touche-à-tout. Même si on lui avait chaudement recommandé, il restait toujours méfiant. Joshua avait soupiré un « oui », même s’il s’en fichait un peu. Même s’il était doué pour beaucoup de choses et se débrouillait un peu en jardinerie, il était loin d’avoir les compétences d’élagueur. Il avait bien tenté de l’expliquer au boss, mais cela n’avait eu aucun effet. Parfois, il se demandait s’il n’avait pas tapé dans l’œil du patron pour que celui-ci lui fasse autant confiance. Il lui donnait bien trop de crédit, bien plus qu’il n’en avait, lui, l’homme instable.
 
Il voulait en profiter pour faire l’extérieur, nettoyer la terrasse puisque son patron voulait ouvrir l’extérieur. Il avait commencé à préparer le matériel et son nécessaire en attendant que l’autre personne fasse son arrivée. Il savait qu’il était à l’avance, encore, mais il ne voulait pas faire attendre l’autre travailleur. Et puis, même s’il ne se tracassait pas outre mesure de son travail, il aimait le faire correctement.
 
Il avait laissé la porte légèrement ouverte le temps de faire ses aller-retour entre la réserve de matériel de nettoyage et la porte de l’arrière. Il préférait que l’homme ne soit pas entendu lors de son arrivée. Au moins, il pourrait rentrer et crier après une personne. Il était en train de traîner la nettoyeuse quand il entendit du bruit à l’entrée. Il s’y dirigea, tout sourire, prêt à bien accueillir la personne. Quand il le vit, il se mordit la lèvre inférieure à droite, bon sang que cet homme était attirant, pour ne pas dire autre chose de plus vulgaire. Il se reprit rapidement pour ne pas paraître grossier.
 
- Bonjour, je suis Joshua Parker, le boss m’a mandaté pour t’accueillir et répondre à tes questions. Je suis officiellement barman, mais je sers parfois d’homme à tout faire.
 
Il lui tira son sourire le plus séduisant, s’imaginant bien s’occuper de son arbre derrière le bar. C’étaient surtout ses yeux qui faisaient craquer le brun. Il avait rarement vu des yeux aussi prenants.

Le jeune homme qui se présentait à lui avait des yeux vraiment attrayants et il avait du mal à s’en défaire. Il avait également remarqué sa coupe qui lui donnait un air de surfeur. Il devait avouer qu’il était parfaitement magnifique. Et son accent ne le rendait que plus charmant. Love semblait être son vrai prénom. Original, même s’il en doutait. Peut-être était-ce parce que cela venait d’un autre pays ? Très certainement, il en avait visité avec sa maman.

– Enchanté, je ne prétends pas avoir un prénom aussi exotique que le tien. Un prénom du pur jus américain. J’aurais tendance à te dire européen, dis-moi si je me trompe. Je t’avoue avoir beaucoup voyagé, dans énormément de pays.

Il sourit, bon, il se vantait un peu en même temps. Avoir une mère archéologue qui s’amusait à voyager partout, les traînants avec elle pour faire ses recherches lui rendait encore service. Pour un barman, il avait voyagé bien plus qu’une moyenne de la population. Il lui arrivait de jouer de son savoir, de sa connaissance ou même de ses voyages. Cela lui avait parfois même permis de draguer quelques fois. Il en avait profité, jouant sur ses connaissances des pays ou sur ce qu’il avait pu voir dans ceux-ci.

– Je suis désolé de ne pas avoir été là pour t’accueillir comme il se doit. J’aime arriver un peu à l’avance, au cas où. Comme j’y étais un peu trop tôt, j’en ai profité pour sortir le matériel. Comme le patron veut remettre l’extérieur en route avec l’été. Je n’aime pas rester sans rien faire. J’ai justement laissé la porte ouverte pour que tu puisses entrer. Il ne faut donc pas que tu te sentes mal à l’aise. Tu n’hésiteras pas à me demander si tu veux boire quelque chose… Je peux faire tellement de boissons rafraîchissantes et non alcoolisées.

Il montra le bar de la main comme pour appuyer ses dires. Même si c’était inutile comme il s’était présenté comme barman. S’il pouvait l’impressionner un tant soit peu et tenter de l’attirer un peu plus vers lui, il ne serait pas contraire. Il l’écouta demander à voir les arbres, il hocha la tête en pinçant les lèvres. Il aurait bien envie de lui proposer de faire une autre sorte de taille, mais il allait d’abord attendre pour voir ce que ça donnait. Il eut un sourire confiant quand il demanda s’il voulait de l’aide pour transporter la machine.

– C’est bien gentil, mais elle n’est pas si lourde. Un peu encombrante vu la machine. En plus, la porte est juste derrière moi. C’est d’ailleurs là où se trouvent les arbres. Bien sûr, je suppose que cela va te permettre de préparer ton matériel en fonction. Malheureusement, il n’y a pas de porte arrière, tu seras donc obligé de passer par cette pièce si ça ne te dérange pas. Ne t’inquiète pas pour d’éventuelles saletés, le nettoyage n’a pas encore été effectué…

Il savait que la pièce pourrait être salie avec le travail d’extérieur, il avait décidé qu’il accomplirait ce travail une fois l’homme venu.

Joshua sourit lorsque le jeune homme confirma qu’il ne se trompait pas en ajoutant qu’il venait de Suède. Un pays qu’il n’avait visité que quelques jours, le passage de sa mère y avait été court. Il ne pourrait pas échanger grand-chose avec le jeune homme. Dommage, il aurait bien aimé tenter. D’autant que ce dernier refusait de boire quelque chose. Il devrait trouver une autre occasion pour se rapprocher de l’homme. Heureusement qu’il travaillerait dehors avec lui. Cela pourrait être positif pour lui. Au moins, il pourrait observer l’homme de tout son saoul.

Le barman l’avait suivi jusqu’à la sortie de l’extérieur. Il le laissait accomplir son travail en évaluant distraitement le sien. Il aurait pour un moment à nettoyer les chaises et les tables. Il y en avait pas mal entassées dans un coin de la terrasse. Un bon coup de nettoyage serait bien utile également pour le sol. Il en avait bien pour quelques heures avec tout ça. Et sentait que ce serait quelque chose de très physique. Il aimait ça d’une certaine manière, cela lui permettait de se défouler et de faire un peu d’exercices. Et ce n’était pas négligeable, il devait l’avouer.

Il vit que le jeune homme se rapprochait de lui. Il s'éloigna légèrement du cadre de porte contre lequel il s'était appuyé pour réfléchir. Il lui indiquait le temps de travail et lui demanda s’il était sûr. Il s’en fichait, il ne faisait pas ça bénévolement, peut-être à moitié prix, mais il se faisait payer. Cet argent lui permettait de vivre correctement et son boss le savait : s’il avait mieux ailleurs, il s’en allait. Il savait qu’il était doué dans son domaine et que son côté touche-à-tout faisait de lui un véritable atout. C’est l’avantage d’être sûr de soi.

– Oh, tu pourrais même rester toute la journée et encore demain, ça ne me dérangerait pas. J’ai du travail de mon côté. Avant même de préparer le reste de la terrasse, j’ai pas mal de mobilier à vérifier et à nettoyer. Et puis, je ne sais pas pour toi, mais je suis payé à l’heure. Nous avons les boissons offertes tant qu’on ne consomme pas trop de bière ou d’alcool fort ! Un verre frais nous fera peut-être du bien entre deux moments de travail. Et sans vouloir me vanter, je suis un très bon barman. Tu auras même le droit à un Show privé si tu veux.

Vu comme ça, ce discours faisait un peu fille de bar à striptease. Même si, sur l’instant, il n’avait pensé à rien de bien sexuel. C’est après avoir prononcé sa phrase que l’idée le traversa.

Joshua hocha la tête quand il indiqua qu’il prendrait bien une boisson sans alcool tout à l’heure. Il voulait travailler avant. Le brun respectait l’idée, même s’il avait fait comme si cela ne lui importait pas. Quand il était en train de travailler, il le faisait sérieusement et sans vraiment traînasser. Il allait se mettre à travailler quand Love ajouta qu’il appréciait un show privé. Un sourire canaille s’installa sur les lèvres de Joshua. Ce genre d’accord n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Il leva son pouce en signe d’accord.

Lorsque l’homme partit chercher son matériel, le barman commença par brancher la machine à l’eau et à l’électricité. Il regarda l’élagueur revenir avec son matériel pendant qu’il était en train de séparer les chaises qui étaient empilées les unes sur les autres. Il l’observa enfiler le baudrier, il avait toujours apprécié ce genre de matériel. Il fallait avouer que cela mettait en avant des éléments appréciables d’une silhouette. Il pinça les lèvres en le voyant monter rapidement aux arbres. Ce n’est pas pour autant qu’il ait cessé de travailler.

Joshua a déjà assisté à des élagueurs en action, c’est pourquoi il ne fut pas surpris d'entendre ses cris. Il apprécie même l’accent du jeune homme. Ce n’est pas pour autant qu’il ne travaille pas. Il a nettoyé une petite zone de terrasse. Dans cette partie, il mettra le mobilier d’extérieur qu’il avait lavé. Il vérifiait chaque recoin, il ne faut pas qu’une seule saleté traîne. Avec la chaleur, l’eau qui coulait et les saletés, il avait enlevé son T-shirt. Il se retourna quand il entendit l’autre travailleur lui adresser la parole. Il se retourna, sourire aux lèvres.

– Bien, tu es plus boisson sucrée ? Épicée ? Sûre ? Amère ? Des ingrédients que tu adores ou au contraire que tu ne veux ou ne peux boire ? Je vais te faire un cocktail frais de ma création. Tu auras besoin d’aide pour les chargés ?

Autant, il avait un brin de malice dans ses yeux lorsqu’il lui demanda ses préférences, autant lorsqu’il avait parlé d’aide, il ne semblait pas avoir une idée derrière la tête. Il proposait seulement par sympathie. Il imaginait bien que porter les bûches ne devait pas être la partie la plus agréable du lot. Il se dirigea vers le bar, espérant que Love le suivrait. Il n’avait pas remis son t-shirt, il faisait suffisamment bon. Quand il s’installa derrière le comptoir, il semblait dans un autre élément. Il paraissait soudainement évident que c’était vraiment ce qu’il aimait. Il faisait le reste avec application et savoir-faire.

Après avoir obtenu la réponse sur les préférences de son ami, il commença alors la préparation. Ce n’était pas une simple préparation. C’était celle qui faisait son talent, qui faisait qu’il avait facile à trouver un emploi. Il prit la première bouteille et la lança, ses yeux pétillaient, il aimait ça et ça se voyait. Il joua avec les bouteilles. À la voir, on aurait cru que c’était un art facile. Beaucoup avaient essayé et il y avait eu presque autant de bouteilles cassées. Lui, il avait commencé par des bouteilles en plastique, et même s’il avait toujours été habile, il s’était beaucoup entraîné.

Le Shoow du barman:

Joshua n’était pas celui qui allait lui jeter la pierre s’il prenait une pause, surtout avec le temps qu’il faisait dehors. Il n’allait pas laisser le pauvre homme se déshydrater. Et le soin à faire dans ces cas-là n’était pas un bouche-à-bouche. Il préférait donc s’assurer qu’il ne fasse pas de malaise. Il sourit alors que l’autre homme demandait de l’épicer et sucré. Il savait parfaitement ce qu’il pouvait faire pour ce genre de cocktail, sa recette phare. Il comprenait que l’autre homme ne prenait pas d’alcool. 

– Je ne te forcerai pas à en boire. Autant maintenant que si on se rencontre en soirée. C’est mon principe. Oh, ça ne se voit pas trop, je dois avouer que ton physique est plaisant à regarder. Et puis, je pense que ce travail est suffisamment physique pour que tu ne t’inquiètes pas trop des kilos que tu pourrais prendre. 

Joshua fut flatté des compliments que l’élagueur émettait sur son travail de barman. Il semblait impressionné et presque timide de boire dans ce cocktail. Il savait que ça marchait à tous les coups et c’était une arme de séduction. Il dut sourire avec les questions de Love. On lui avait souvent posé la question. 

– Hé bien, cela fait 24 ans que je suis barman. Donc, officiellement, à la sortie de mes études. Pendant ma scolarité, je me suis amusé à le faire dans les fêtes. Je ne lançais pas encore les bouteilles comme maintenant. Il s’est avéré que j’avais un certain talent pour mélanger les goûts. Et puis, à mes dix-neuf ans, j’ai découvert la technique artistique : alors, j’ai commencé à jongler avec des bouteilles en plastique. Au départ vide, ensuite remplie, et après des bouteilles de plus en plus dures. Quand je n’en ai plus fait tomber aucune, vers vingt et un, j’ai officiellement commencé à en faire dans les bars et c’est un sérieux atout. On peut même s’arranger pour être payé un peu plus grâce à cette compétence. Ça impressionne beaucoup autant les patrons que les clients. C’est même séducteur. Fais-toi plaisir et dis-moi ce que tu en penses. 

C’est certain que c’était un art à part entière et c’était également ce qui faisait sa « renommée », bien qu’il ne se vante pas d’être connu mondialement, mais il avait déjà gagné quelques concours dans différentes catégories. Il savait qu’il pouvait donner l’impression qu’il avait la grosse tête quand il faisait ça, mais ce n’était pas le cas. Il savait exactement ce qu’il valait dans son métier. Il était conscient de son physique plaisant et de son agilité. Il savait que son plus gros défaut était qu’il draguait peut-être un peu trop les clients. Du moins dans sa fonction. Et puis quand on est derrière un bar à servir des clients, il vaut mieux avoir l’air certain et confiant. Il faut être sûr de toi quand tu sers des clients qui veulent te déstabiliser ou bien semblent se jouer de toi.