Un mouvement me fit sortir de ma concentration. À quelques centimètres de mon écran, un vase de cristal venait de trouver sa place. Une décoration qui n’avait pas lieu d’être. Observant discrètement tout en laissant mes doigts tapoter contre mon clavier. La couleur d’un pétale rosé vient captiver toute mon attention. Mes doigts cessèrent de danser sous les touches. Qu’est-ce ? Se dressant contre le vase, un bouquet de douze roses se tenant fièrement contre de longues feuilles vertes et quelques marguerites minuscules. L’odeur vient narguer mes narines et je tends la main vers la carte. Kronos devait avoir reçu des fleurs pour le remercier d’un nouveau contrat. Je ne vois pas autrement. Pourtant, entre mon index et mon pouce, l’encre noire venait contredire mes croyances. L’idée première que je m’étais faite sur ce vulgaire cadeau. Alors que ma main glissa sous mon bureau pour jeter la carte, la porte de son bureau s’ouvrit. « Merci Kronos, j’apporte les papiers à ton père avant qu’il ne prenne encore plus la tête… OH ! Miss Beauchamp ! » Ma tête pivota vers lui rapidement sous la prononciation de mon prénom. « Joli bouquet ! Votre amoureux vous a fait parvenir des fleurs ? C’est mignon… je devrais faire pareil à ma femme. À plus Kronos, madame Beauchamp. » Ses semelles claquent contre le marbre du plancher. Ne quittant pas son large dos du regard, je lâche un long soupire entre mes lèvres alors qu’il disparait de mon champ de vision. Un copain et quoi encore ? Un chum imaginaire plutôt… La seule chose ressemblant à un homme qui m’a touchée son dans un sac dans le tiroir de ma table de nuit. Je pose de nouveau les yeux sur mon écran pour lire le dernier courriel qui vient de rentrer.

L’instant d’un moment, j’oubliais cette agréable surprise venant décorer cette espace minimaliste. Un doux sourire s’étant glissé un peu plus tôt contre mes lippes ne m’avait pas quittée. Affichant ce sourire un peu idiot. Celui venant affirmer qu’un sentiment de gaité avait pris place en moi. Mes yeux ne quittèrent pas l’écran. Répondant aux messages tout en vérifiant l’horaire de Kronos. Prise dans ma bulle professionnelle, je n’entends pas la semelle de ses souliers italiens approcher de mon bureau. Le claquement de mes doigts contre le clavier me parut absent. Une ombre se dessina sur mon bureau et une brisa le silence me ramenant à la réalité. Prenant de nouvelle conscience de ma présence dans l’office de la compagnie. Mon corps sursauta, ma main vient prendre place en haut de ma poitrine gauche alors que l’air rentra et sort de ma bouche. « Tabarnak!! » La vulgarité salit mes lèvres teintées. « Monsieur K ! Merci… » Il était là dans toute sa splendeur tenant entre les bouts de ses doigts un pétale. Je l’observais. M’interrogeant de sa présence. Lui ne sortait peu de son bureau. Le rouge colora mon visage sans comprendre le pourquoi du comment. Une simple gêne causée par la grossièreté ayant été prononcée.

L’insulte n’est pas retenue derrière mes lèvres. Prise d’un élan de spontanéité m’échappant. La honte monte graduellement en moi. Une chaleur s’accapare de mon corps et le rouge colora mon visage tout entier. Mes dents viennent mordiller ma lèvre du bas alors que mon regard ne le quitte pas. Depuis quelque temps, je me sentais prise d’un envoutement lorsqu’il se présentait devant moi. Mon ventre se serra et une drôle d’émotion me perturba. Il changea de position. Prenant un peu son aide à mon goût. Je tentais de l’ignorer en tapant de nouveau sur mon clavier. Concentre-toi Océane ! Il ne va passer son criss de journée là… Fuck, je n’espère pas. La pensée me fit relever mon regard qui venait de le fuir. Il s’accoudait contre mon meuble. Ce regard qui me fit frissonner. C’est quoi mon caliss de problème ! Merde ! Je tentais de me replacer sur ma chaise. « Heu… Kro…Monsieur K. Non d’un ami. Il voulait me remercier… »

Une mèche rebelle frôla ma joue vient se faire replacer derrière mon oreille alors que mes iris ne le quittent plus. Hypnotisé par ce grand Casanova de pacotille. Depuis quand il est curieux sur ma personne ? Un rire étouffé monte le long de ma gorge. La nervosité grimpa sans pour autant se laisser entrevoir. « Pardon ? Un ami. Un garçon gentil… » Je pousse du bout du pied ma poubelle pour pas qu’il tente de la prendre. Mon coude vient s’appuyer sur le bureau, la paume de ma main vient accueillir ma joue. « Il s’appelle Noé. » Prenant un petit sourire  conquet aux courbes provocateur. Mes longs cils descendirent et remontèrent. Balayant l’air. « C’est un joli bouquet. Je n’ai pas l’habitude de recevoir des fleurs. » [/b]

C’était ma tasse de thé de dire des bobards. En fait, je préfère dire la vérité. Les mensonges n’apportent rien de bon, mais surtout je n’ai pas envie de faire face aux conséquences. Pourtant, je suis bien après mettre des gants blancs pour contredire mes principes. Je ne sais pas pourquoi ! Je l’ignore. Je ne voulais pas lui avouer que son frère m’avait envoyé un cadeau par amitié. Après tout, je venais d’avoir ma citoyenneté américaine. Ma manie, cette action causée par la nervosité. Ma lèvre du bas se fait encore mordiller alors qu’il s’étire pour regarder dans la corbeille. Remarquant le nom écrit en caractère gras d’un feutre. Sacrament que j’suis conne en osti. J’m’e fais chier ! Fuck ! Les idées, les excuses, tout montent rapidement dans ma conscience. Ma petite voix intérieure me disait d’arrêter de rester vague. Sauf que j’en étais incapable. « Oui… C’est une gentille manière de me félicité… » J’attrape mon téléphone du bout des doigts pour envoyer un pardon à Éon. « Deux mois… Moins que vous Kronos. » Son nom m’échappa. La sensation de son nom contre ma langue, contre mes lèvres, propulsa en moi un sentiment électrice. Mes iris plongèrent dans les siens.