Lundi 21 octobre 2024, 18 :45 pm.

La journée à l'université avait été rude. Les étudiants manquaient de discipline, les consignes pour les ateliers n'avaient pas été respectés, je m'étais pris la tête avec l'un d'entre eux qui c'était donné pour mission de me faire sortir de mes gonds. J'étais définitivement de mauvais poil et j'avais pris la décision de revenir chez moi directement après les cours et d'annuler le rendez-vous que j'avais en soirée. Encore une étudiante qui souhaitait un cours de rattrappage particulier. Ce devenait de plus en plus insoutenable, les demandes affluaient, mais le coeur n'y était plus vraiment. Je m'étais voilé la face après l'accident, j'avais tenté de rependre le cours de ma vie, mais rien n'était plus pareil. Je ne faisais que craindre le retour de Gemma dans ma vie. Et depuis qu'elle avait refait surface, mon moral en avait pris un coup. J'étais constamment sur le qui-vive, nerveux, stressé. J'étais forcé d'agir contre ma volonté, contre mes valeurs, tout ça pour m'éviter la prison, voir pire. À vrai dire, je ne savais plus ce qui était le pire entre me faire prendre par la police pour le crime que j'avais commis (ou ceux que je commettais actuellement à cause de mon arrangement avec Gemma), ou que Gemma décide simplement de me régler mon compte. Car je connaissais moi aussi des choses sur elle. Je représentais aussi une certaine menace. Et si cette menace devenait plus importante que ce que je pouvais lui rapporter, elle n'hésiterait pas un seul instant à se débarasser de moi. J'en étais convincu. Je faisais donc preuve d'une extrême vigilance. Peut-être que si je réglais cette dette au plus vite, je pourrais enfin mettre tout ça derrière moi... Il ne fallait pas être naïf non plus. Sauf que j'avais les mains liées, pris au piège. Si seulement je pouvais tomber sur quelqu'un qui accepterait de m'écouter pour vrai, de m'aider pour vrai... Parce que je n'avais rien choisi de ce qui m'arrivait présentement et ce que j'avais fais, ce n'était après tout qu'un accident. Est-ce que quelqu'un arriverait à me croire si je décidais de tout avouer? Rien n'était plus risqué.

En arrivant à l'appartement j'avais immédiatement sauté dans la douche. Un besoin de laver mon âme autant que mon corps. J'avais presque terminé quand on cogna à la porte. J'avais cru entendre quelque chose, j'avais coupé l'eau. Gabriel Dixon ouvrez la porte !  C’est la police de New York ! La panique s'empare de moi. J'attrape en vitesse ma serviette que je noue autour de ma taille, cherchant en vain ma robe de chambre des yeux. Tant pis, ce n'était pas l'idéal, mais il fallait bien que je réponde si je ne voulais pas qu'ils défoncent ma porte. Je criais à travers la porte alors que je m'approchais d'un pas rapide.

Oui, j'arrive, un instant.

J'ouvre la porte, tentant de rester un peu derrière la porte pour cacher ma nudité partielle. Mes yeux croisent le visage de la policière et instantanément, je sens mes jambes faiblir. Non. C'est pas possible. Pas encore elle! Mais qu'est-ce qu'elle me voulait encore cette fois?

Vous? Encore? Je vous ai déjà dit tout ce que je savais sur cette étudiante, je n'ai aucune idée de ce qu'il y a pu lui arriver...

J'attendais dans l'embrasure, espérant qu'elle n'insiste pas pour entrer. Je regrettais amèrement de ne pas avoir cherché avec plus d'attention ma robe de chambre, mes cheveux dégoulinaient sur mon torse me faisant frissonner. Je voyais bien dans son regard qu'elle en avait rien à faire de ce que je pouvais penser et qu'elle avait un travail à faire.

Écoutez, je sors de la douche, je n'ai même pas pris le temps de m'habiller... Est-ce que ce sera long? Si oui, j'aimerais pouvoir le faire s'il vous plait.

Une main sur ma serviette pour la retenir et mon autre bras croisé sur mon torse pour tenter de me réchauffer un peu, j'attendais sa réponse. Je ne voulais pas non plus qu'elle m'accuse de vouloir prendre la fuite ou je ne sais quoi. Je n'avais pas envie de lui donner des munitions pour qu'elle soit encore davantage sur mon dos qu'elle ne l'était déjà. Décidément, c'est journée de merde n'était pas encore terminée.

Lundi 21 octobre 2024, 18 :45 pm.

Caleb. Je me suis littérallement étouffé avec ma salive en entendant ce nom. Son... corps.... avaient finalement été... retrouvé? Cette garce de Gemma n'avait pas été foutu de s'en débarasser... convenablement? Pourtant, je lui étais d'une plus grande utilité libre qu'en dedans... Comment j'allais bien pouvoir me sortir de ce merdier? Est-ce qu'ils avaient aussi retrouvé l'arme? Est-ce qu'ils avaient des preuves de mon... implication? Il fallait rester calme, ne pas s'emporter, ne pas avoir l'air coupable...

Je reculai d'un pas lorsque la policière poussa sur la porte pour entrer. Je la regardais déambuler dans mon appartement, encore tétanisé par la raison de sa venue. Elle me parle, mais je ne retiens que quelques mots, corps, porte, arme, fenêtre. Ça ne surprendra personne si je dis que j'ai pensé m'enfuir en courant. Un réflexe de survis. Mais je ne l'ai pas fait, car ça n'aurait servit à rien. Nu comme un vers, je n'aurais pas pu aller bien loin, surtout que ses collègues l'attendait à la sortie de l'immeuble et cela aurait de toute façon ajouté à ma culpabilité présumée.

" Je... je vous entends, oui..."

Je reculais encore de quelques pas vers ma chambre, sans détacher mon regard de Dove qui était en train de s'installer, retirant son veston de cuir. Même dans un instant comme celui-là, j'était capable de reconnaître qu'elle était très jolie. Une très jolie garce. Elle aimait me provoquer, comme la première fois que nous nous étions rencontré. Pour elle, j'étais coupable, jusqu'à preuve du contraire. Elle me détestait et c'était réciproque. J'essaie malgré tout de garder mon calme et d'être obéisant.

" Oui, d'accord... je vais allez m'habiller. Je.. je laisse la porte ouverte. Je reviens tout de suite. "

Une fois dans ma chambre, on dirait que j'arrive à entendre mon coeur battre dans mes oreilles. Je tourne sur moi-même en cherchant où j'ai bien pu mettre cette paire de jeans. Je finis par mettre la main dessus, déposé sur le dossier d'une chaise. J'enfile également le premier T-shirt que je trouve, blanc, simple, propre. Je ne réfléchis pas trop à mon apparence, j'essaie seulement de faire vite. Je ne sais pas si Dove parvient à m'observer de là où elle se trouve, donc je préfère ne pas trop m'éterniser. J'éponge sommairement mes cheveux dans ma serviette et retourne la rejoindre au salon.

" Alors, vous vouliez me parler de... Caleb? Je ne pensais pas que son dossier intéressait finalement quelqu'un... ça fait des mois qu'il est disparu, vous saviez? Mais tout à l'heure, vous avez utilisé le terme corps, non? Donc vous l'avez retrouvé si je comprends bien..? Les nouvelles ne sont donc pas bonne je présume... "

Il était facile d'avoir l'air touché, attristé, troublé par cette nouvelle. Repenser à cette nuit-là, à la mort de mon meilleur ami... c'était très difficile, éprouvant même, sans même prendre en compte le fait que je suis de toute évidence un suspect dans cette affaire. Malgré tout, une part de moi pense à ses parents et cela m'apaise qu'ils connaissent enfin la véritié et cesse de chercher leur fils.

Ce soir, je ne m'attend à aucun dénouement heureux, cette femme a une dent contre moi et je crains de ne rien pouvoir faire pour changer cela...

Lundi 21 octobre 2024, 18 :45 pm.

Que Mme Mackenzie se retrouve dans mon appartement n'augurait absolument rien de bon. En plus, elle semblait avoir un malain plaisir à abuser de son autorité et de ses pouvoirs en tant que représentante de l'ordre. J'étais presque certain que j'aurais pu lui refuser l'accès à mon appartement, mais la surprise de sa présence et sa tenacité ont eu raison de mon bon sens. Je ne sais pas pourquoi je me suis ainsi laissé amadouer et dicter mes moindres faits et gestes... peut-être parce que cette fois, je savais ce que j'avais fait et je ne voulais surtout pas faire de vague. Même si je n'avais qu'une envie, la remettre à sa place, elle et ses méthodes d'interrogatoire plus que douteuses. Je sentais bien la pression qu'elle exerçait sur moi, par son impatience et son ton directif. Tout cela ne faisait qu'accentuer ma frustration refoulée.

Pendant que je me suis habillé, je suis presque sur qu'elle s'est rincé l'oeil. Honnêtement, ça ne me fait pas grand chose, je suis à l'aise avec mon corps et ceux des autres, les portraits nus étant ma spécialité après tout. Peu d'entre eux figurent dans les pièces principales de mon chez moi, simplement parce que cela avait tendance à mettre mes invités mal à l'aise. L'essentiel de ma collection se trouve dans mon atelier, la pièce que je préfère chez moi, ou à la galerie.

Lorsque j'arrive au salon, je prends place sur le canapé alors que Mme Mackenzie vient se mettre bien en face de moi, directement assise sur la table basse. Même si je fais tout mon possible pour garder ma concentration et ma retenue, je ne peux retenir un regard furtif vers sa poitrine ainsi mise en évidence. Elle sait faire usage de ses atouts, cela va sans dire. Mais je ne me laisserai pas berner par si peu. Je vois bien qu'elle essait de me prendre en défaut. Je ne me laisserai pas avoir. Je n'aime pas particulièrement la manière dont elle me répond, prétextant que je n'ai pas l'air surpris. Je réagis à chaud :

" Je crois qu'il refusait de se l'avouer, mais il était probablement toxicomane... Donc, non, je ne suis pas surpris qu'après une absence de plusieurs mois, vous l'ayez retrouvé sans vie. Cette nouvelle m'attriste profondément, je pense seulement à ses parents... "

Elle n'écoute pas vraiment ce que je lui dit, car elle poursuit sur sa lancé. La suite de sa réponse prends une tournure que je n'aurais pas pu imaginé. Je ne comprends absolument rien de ce à quoi elle fait référence. Je fronce les sourcils, mes battements cardiaques s'accélèrent, j'ai soudainement très chaud et j'ai la nausée. Quoi? Mais Caleb n'était pas mon élève!? Et c'est quoi cette insinuation que j'aurais voulu avoir une relation sexuelle avec lui? De quelle drôle de position elle parle? Et cette histoire de plug anal? Avec MA carte de crédit? Qu'est-ce qui s'est passé, c'est une mauvaise blague ou quoi?

Elle en rajoute une couche alors qu'elle se lève pour venir derrière moi et me chuchotter à l'oreille que j'aime le sexe anal. Mes doigts enserre mes cuisses jusqu'à ressentir une certaine douleur, pour me ressaisir. Je me redresse pour lui faire face, bougeant les bras pour appuyer mes propos, mon incompréhension la plus total.

" Écoutez, je ne comprends pas ce qui se passe ou ce que vous essayer de faire. Je vous ai laissé entrer chez moi, car je croyais que vous aviez des informations sur mon ami, qui, soit dit en passant, n'a jamais été mon élève. Il ne s'est jamais rien passé de... sexuel entre nous. De toute façon, ma vie sexuelle ne vous regarde en rien. Je n'ai aucune idée de ce à quoi vous faites référence, cette histoire de plug... je ne comprends pas, je ne comprends rien... Je ne sais pas comment un tel objet... enfin, comme ça a pu se retrouver sur lui, je n'y suis pour rien! "

Gemma, cette salope de première, avait probablement utilisé un cadeau que je lui avais fait à l'époque où nous nous fréquentions. Clairement, elle avait fait cela pour m'humilier et me blesser en violant ainsi le cadavre de mon meilleur ami.

" Excusez moi, je dois... "

Une main devant ma bouche, je cours vers la salle de bain pour vomir dans la toilette. Comment a-t-elle pu me faire ça, ainsi mener les soupçons jusqu'à moi alors qu'elle a encore besoin de moi!