Comment pourrais-tu imaginer qu'il puisse forcer qui que ce soit ? Après ce que tu as vu... Après ce que tu sais... Non, ça tu ne peux clairement pas l'envisager. Pourtant, parfois, il arrive que les traumatismes soient reproduits. Ce ne serait pas une première. Non. Non, non et non, sors ça de ton esprit. Et chasse aussi ces images. Concentre toi sur sa voix. Sur ce nouvel entrain que tu entends et qui, sans que tu comprennes réellement pourquoi, parvient à faire valdinguer la gêne qui venait de s'installer en toi. Tu viens vraiment de lui dire que... Que tu as imaginé tout un tas de choses en l'espace de quelques secondes ? Et merde. Sa voix, concentre-toi sur sa voix ! Brooklyn ? Je pourrais même venir à pieds Tu rigoles de cette coïncidence. Du coup, tu m'emmènes découvrir quel coin pour cette première fois ?

C'est vrai ? Wow la coincidence de dingue quand même ! Il habite dans le même quartier que toi. C'est un signe non ? Tu souris alors que tu sors un pot de glace. J'ai pensé à Catskill. C'est à 2h40 de Brooklyn et ça reste dans l'état de New York. Il y a de magnifiques montagnes, une rivière, c'est trop beau. Tu prends une bouchée de ta glace et ajoutes Chu peux boire Tu avales ce que t'avais dans la bouche et tu te mets à rire ; c'est une mauvaise idée de vouloir parler et manger en même temps. Pardon, j'voulais dire tu peux voir les photos sur googée. Tu reprends place sur ton lit, le pot de glace à côté. C'est étrange mais ... t'as aucune envie de raccrocher. Sinon, t'as des allergies ? Pour que je sache ce que je ramène à manger. Mais Tu pousses un petit rire T'attends pas à un truc super luxueux, c'est pas là-bas qu'on mangera du caviar.

Ouaip, je suis sur Williamsburg pour être plus précis. Brooklyn, c'est assez vaste, si ça se trouve, il te faudra beaucoup marcher pour aller le retrouver. Ou alors, il est à deux pas. Et alors, effectivement, ce serait assez fou comme coïncidence... Il te parle de là où il compte t'emmener. Ton téléphone est encore sur haut parleur et tu pianotes rapidement Catskill sur ton moteur de recherches. Tu manges quoi ? Tu lâches à nouveau un rire en ne comprenant absolument pas ce qu'il te dit. Un rire sincère. Depuis combien de temps tu n'as pas réellement ri autant ? Sans te forcer ? Tu ne saurais le dire, et cette constatation te flanque le sourire. Un sourire aussi vrai que ton rire. Oui je vois, ça a vraiment l'air d'être magnifique. Et... paumé. On ne t'arrête plus Noé, un nouvel éclat d'amusement s'extirpe d'entre tes lips avant que tu n'y faufiles une cigarette. Flûte alors, moi qui pensait qu'on allait s'empiffrer de boeuf de Kobe et de truffes ! Tu fais une petite grimace faussement déçue comme s'il pouvait la voir à travers le combiné, Plaisanteries à part, tu peux prendre ce qui te fait plaisir. Je ne suis pas très compliqué niveau bouffe et je n'ai pas d'allergie. Tu as eu l'habitude de manger simplement, alors tu ajoutes, Pas que je sache en tout cas. Evite les feuilles d'or, je n'ai jamais essayé alors évitons de prendre des risques !

Tu as un grand sourire Williamsburg aussi. Tout prés du Starbucks du coin. Et toi ? Alors oui, c'est belle et bien une coincidence de dingue comme tu t'es dit. Son rire te fait du bien. Ton cœur s'emballe et tu imagine son visage qui se détend. Son sourire. Son magnifique sourire. Un pot de glace, saveur cookies et pêche. Il n'y avait plus à la framboise, ma préférée. Et toi, c'est quoi tes parfums favoris ? C'est fou comme tu as envie de tout savoir sur lui. Tout. Le moindre petit détail, même le plus futile. Mais pour le moment, tu lui parles de l'endroit que tu as choisis pour votre camping. Le mot paumé te fait hocher la tête non sans rire légèrement. C'est vrai, ça va te dépayser monsieur le citadin. Et tu découvres une autre facette de lui ; quelqu'un avec beaucoup d'humour. Ah merde j'ai prévu les feuilles d'or pourtant. Ta voix est amusée et tu continues sur le même ton. Le bœuf de Kobe et les truffes on peut les manger ailleurs ... un de ces jours. Une petite invitation que tu lances, ni vu ni connu. J'ai ramené des tortillas et ... bah des boites de conserves. C'est pas très glamour j'sais. Et tu as bien prononcé le mot en espagnol après tout, ta mère biologique était mexicaine et elle ne t'a jamais parlé en anglais. Tu prends une bouchée de ta glace. Tu bosses tôt demain ? Et oh Tu réfléchis pas, une impulsion ? Tu ... vas ramener ton appareil photo ?

Vous êtes presque voisins, est-ce un signe ? Un signe de quoi au juste Noé ? Je suis à deux pas de la bibliothèque municipale. Cette ville m'étonnera toujours, j'ai l'impression d'être dans un village de 150 habitants avec ce genre de coïncidence. Faudrait que tu arrêtes de rire à chacun de tes phrases. Ou à chacun des siennes. Tu vas finir par passer pour un crétin. Mais c'est plus fort que toi, cette conversation, aussi simple soit-elle, te fait du bien. Cookie et pêche, ça se marie bien ? Tu n'as jamais gouté, Je fais dans le classique ; chocolat. Sinon, j'adore le sorbet à la poire. Vous reprenez le sujet initial de votre appel : le week-end camping que vous venez de prévoir pour... le week-end qui arrive. Pour être dépaysé tu vas être dépaysé ! Tu vas me voir tourner la tête dans tous les sens comme un gamin qui découvre son premier parc d'attraction ! Ou alors, tu seras totalement en panique. Il faudra attendre d'être sur place pour savoir qu'elle sera ta réaction face à l'inconnu. Vous plaisantez sur le repas que vous dégusterez en pleine nature, et puis tu sens ton cœur tambouriner plus rapidement dans ta poitrine. De façon détournée, il... Il vient de te proposer un rencard ? Déstresse Noé, vous allez passer un week-end entier ensemble, alors aller manger au restaurant, ce n'est rien du tout. Oui, on... On pourra se prévoir ça. Tu es hésitant, pas parce que tu n'en as pas envie, mais plus parce que ça t'inquiète en réalité. Mais rien ne devrait se passer comme lors de votre dernière tentative, n'est-ce pas ? Et puis, c'est aussi que, le boeuf de Kobe et les truffes, tu n'en as pas les moyens. Ce serait avec plaisir ! Tu flanques tes doutes à la poubelle. On s'en fiche de ce qu'il s'est passé ou du fait que vous n'ayez pas les mêmes revenus. Là vous parlez, et vous parlez très bien. C'est tout ce qui compte. N'en dit pas plus. Au mot tortillas, tu m'as définitivement perdu et donné envie d'en manger une illico. D'ailleurs, ça te fait penser que tu n'as rien avalé depuis ce matin, alors tu écrases ton mégot et va balancer des pates dans une casserole en déposant ton téléphone - toujours en haut parleur - sur le recoin du plan de travail. Tu t'apprêtes à lui répondre quant à tes horaires du lendemain, mais il enchaîne rapidement. Ton myocarde s'accélère à nouveau, mais cette fois, c'est un peu moins agréable. Ton appareil photo. L'appareil de la discorde. T'en ferais pas un peu trop là ? Non, je pensais le laisser chez moi. Comme ça, je pourrais vivre l'expérience à fond. Bouuuuh, le menteur. Si ça ne tenait qu'à toi, bien sûr que tu le prendrais, mais tu ne veux pas le mettre mal à l'aise. A présent, tu comprends la réaction qu'il a eu dans le bar face à ta passion, et tu préfères ne pas le replonger dans de vieux souvenirs désagréables. Tu ne veux pas que, toi, tu sois la personne qui puisse le faire replonger dans ses souvenirs désagréables. Et puis... Merde, te voilà à nouveau hésitant et bafouillant, On sera tous les deux... Je... Je veux juste profiter de ça. Pour mieux te connaitre. T'aurais dû ajouter la précision, mais tu t'embrouilles tandis que tes joues chauffes et que tu remarques que l'eau bouillonnante dans la casserole s'est mise à déborder.

Tu ris. De vive voix. Il a tellement raison, parfois tu as l'impression que Brooklyn est tellement petit alors que ce n'est pas du tout le cas. Et Elias ... tu ris pas un trop là ? C'est l'effet de sa voix, surtout. Je vois trop ce que t'veux dire.Et lui aussi, il rit. Ca te met du baume au cœur. Ce cœur qui s'emballe un peu trop. Ouais ça va. La pêche est un peu acide là donc ça contrebalance la sucrosité des cookies. Tu parles comme si tu es un connaisseur ... pas beaucoup. Tu te débrouilles quand même en cuisine. Tu acquiesce de la tête ; tu mémorises ses gouts. Chocolat et sorbet poire. C'est noté, dans un coin de ta tête. Et te voilà, reparti pour un coup ; tu ris une fois de plus à sa comparaison. J'ai hâte d'voir ça mais t'inquiète, tu pourras t'accrocher à moi. Comme l'avait fait ta sœur quand vous aviez fait les montagnes russes il y a dix jours à peu près. Tu ne fais que ça Elias, balancer des invitations, subtiles. C'est à lui de les ignorer ou de les honorer. Il semble pas contre l'idée d'un autre rendez-vous en tête à tête et ça te rassure un peu. Quand toi tu as fini de manger, Noé affirme avoir faim. Tu comprends au moins qu'il aime les tortillas. Aime-t-il la bouffe mexicaine ? Une question pour un autre jour. Tu essaies surtout de décortiquer les sons qu'il produit et tenter de savoir ce qu'il se prépare. Et puis ta curiosité se manifeste ; appareil photo ou pas d'appareil photo ? A ses réponses, tu gardes le silence. Noé est quelqu'un d'expressif. Tu arrives à détecter ses mensonges même sans voir son visage. Sa voix tremblote un peu. Il veut paraitre sûr de lui mais ... c'est un échec. Tu souris alors, reprenant d'une voix douce, calme aussi. C'est pas toi qui a dit que les appareils mémorisent les moments les plus agréables ? Tu n'attends pas sa réponse, il ne l'a pas dit de cette manière mais le sens reste le même. Noé, ça me dérange pas. Juste ... m'demande pas d'poser. Genre, ma famille par exemple ont pas mal de photo de moi mais ils prennent d'une manière spontanée, parfois j'm'en rends même pas compte. Tu ris mais cette fois, ça sonne un peu nerveux. 'Fin voilà, j'veux juste que tu saches que ça m'dérange pas. J'veux que tu gardes de bons souvenirs de cette sortie et j'sais que les photos ont une place importante pour toi. Tu parles comme si tu le connaissais. Ce n'est pas le cas. Tu te rappelles juste de la passion qui était visible sur son visage au simple sujet d'art. Sinon, tu vas manger quoi là ?" Toi, tu remets le pot de glace à sa place et tu coinces une cigarette entre tes lèvres. Tu t'habilles chaudement et tu poses les pieds dans la véranda. Le froid te lèche directement le visage. Putain, il fait un froid d'canard ! Tu as même du mal à allumer ta cigarette.

Oh je vois, j'ai à faire à un expert ! Mais arrête de ricaner comme un idiot ! Il ne fait que parler de sa glace, il n'y a rien d'hilarant là-dedans. Pourtant, oui, tu rigoles. Encore. Et tu rigoles toujours en t’imaginant comme un gamin découvrant quelque chose de nouveau pour la première fois. A sa réponse, tes lips se ferment, et ton cœur fait une vrille exactement comme lorsque tu montes sur un manège à sensation. C'est plus calmement que tu lui réponds, C'est si gentiment proposé qu'en cas d'inquiétude, je te préviens, je vais littéralement te sauter dessus ! Nan mais ça ne va pas ?! T'aurais mieux fait de continuer à te bidonner finalement. Voilà que tu rougies une nouvelle fois. La chaleur de tes joues ne faiblit pas en l'entendant te proposer un restaurant. Pour autant, tu ne tires pas en touche, Noé. Tu dis ce que tu penses, sans détour et tu acceptes sa proposition. Parler de bouffe t'a ouvert l’appétit, et tu percutes que, malgré l'heure un peu tardive, tu n'as toujours pas mangé. Tandis que tu lances le feu sous ta casserole remplie d'eau et de pâtes, tu l'entends mentionner ton appareil photo. Non, tu ne l'emmèneras pas. Pas après ce que tu as vu, ce que tu as appris. Tu... Tu ne veux pas qu'il se renferme. Tu apprécies beaucoup trop le Elias jovial et spontané que tu découvres depuis que tu as eu le courage de lui envoyer ce sms. Mais, Noé, tu es transparent. Lorsqu'il reprend la parole, tu comprends qu'il a lu en toi aussi facilement qu'il le ferait avec une formule de chimie, D'accord. Je... Peut-être que je le prendrais alors. C'est con, mais tu souris. Tu t'imagines troquer tes images de buildings en tout genre par des représentations d'arbres, de montagnes, de rivières. Tu trouves déjà ça magnifique. Et tu visualises également quelques clichés faits à la dérobée. Ainsi, tu pourrais peut-être réussir à capturer un peu de ce regard si énigmatique que tu as aperçu mais qu'il semble tant détester. Qui sait, si ça se trouve, un jour, tu arriveras à lui montrer ce que, toi, tu as vu dans ses si jolies prunelles. Tu deviens fleur bleue Noé... Sûrement un peu trop. Tellement trop que tu réalises que tes pâtes se font la malle et tentent de s'échapper de leur bain bouillonnant, Oh flute. Tu vas pour baisser le feu sous ta casserole, Si j'arrive à les faire cuire, alors ce sera des pâtes. Tu rigoles -encore - de ta propre rêverie capable de créer de véritables catastrophes. En voulant aller trop vite, tu te brûles, Et crotte... Merde. Attends deux secondes, je... Tu secoues le doigt dont s’émane une petite douleur lancinante, et pourtant, tu ne perds pas ton sourire en balançant ton eau dans l'évier, C'est un comble ça, tu te gèles alors qu'ici il fait un peu trop chaud. Tu es vraiment un boulet quand tu t'y mets. Du coup, je crois que ce sera pâtes trop cuites pour ce soir, tu soupires avant de reprendre avec entrain, Heureusement que tu as prévu des boites de conserves pour ce week-end, ça je pourrais te les préparer sans tout faire cramer. Normalement...