Je n’ai pas été très présente pendant le mois d’octobre puisque j’avais pleins d’obligation à respecter en tant que psychiatre. Je ne passais que quelques jours ici et là à l’appartement avant de repartir pour quelques jours, voire plus d’une semaine. D’un côté, ça m’a fait énormément de bien de n’être que Clara d’Egerton, une psychiatre, qui partageait son savoir et sa passion pour la psychiatrie avec autrui. Et non pas la petite sœur en deuil de son grand frère qui tente de retenir son autre grand frère de s’écrouler sous le poids de la culpabilité et tout ce que ça engendrait chez lui. C’était presque comme des vacances. Des vacances loin d’être reposante, mais très ressourçantes. Puis, pour me remettre de ce mois intense, j’ai pris une semaine de vacances. J’ai bien profité le soir d’halloween à faire la fête jusqu’aux petites heures du matin et, le lendemain, j’étais bonne à rien. Pour le reste de la semaine, j’ai juste profité d’être en congé pour passer plusieurs heures dans le local de danse de mon école de danse ou, encore, à travailler sur mes chansons. Je me suis même enregistrer entrain de chanter l’une de mes chansons. Une très belle semaine de vacances ça !
Mais tout à une fin et hier ce fut le retour à la réalité. Je suis retournée à Lennox Hill Hospital et j’ai repris ma place derrière mon bureau. Pas de rendez-vous en ce lundi matin puisque je dois me mettre à jour dans mes messages et mes patients. Et c’est un dur retour à la réalité sachant que je viens de vivre tellement d’expérience excitante. Alors me retrouver derrière mon bureau, puis, plus tard, à enchainer les consultations. J’adore mon boulot, ne vous méprenez pas. C’est juste que c’est limite rendu de la routine.
Mardi matin, j’arrive dans la salle des employés pour me faire un thé, comme à tous les matins. Je pourrais le faire dans mon bureau, après tout j’ai tout le nécessaire, mais j’aime bien prendre quelques minutes pour discuter avec les collègues. Et, ce matin, j’ai eu la joie de voir Axel déjà en train de se faire un café alors bien sûr on discute un peu. C’est là que j’apprend que Cole, mon – malheureusement – grand frère, est à l’hôpital aujourd’hui. Clay m’a raconté leur « retrouvailles » et je n’ai pas aimé savoir que c’était Cole qui s’était occupé de sa sortie. Oui, j’avais même occulté le fait que Clay avait été admis à l’hôpital parce qu’il avait trop bu… encore. Tout ce que je voyais était que Cole était en ville et qu’il s’était occupé des papiers de sortie de mon frère. Et tout ce que j’en comprenais était qu’il était en ville pour nous surveiller. Pour garder un œil sur nous à la demande de nos parents. Et ça, je ne le supporterais pas. Clay n’a pas besoin de cette pression en plus de tout le reste. Il a déjà assez de mal à faire face au quotidien, il n’a pas besoin de ce stress en plus. C’est bien pour ça que je laisse limite en plan Axel pour foncer vers le bureau qu’occupe mon plus vieux frère en ville. J’attendais le moment où on allait être en même temps à l’hôpital pour lui dire deux mots. C’est aujourd’hui que ça va se passer faut croire. Quelques minutes plus tard, assez pour alimenter ma colère, j’arrive devant la porte du bureau de Cole. Je ne prends même pas la peine de cogner que je rentre pour me planter devant se bureau les bras croisés.

- Alors, c’est vrai, tu es à New-York. Tu sais que ça ne fait plus partie de l’Angleterre ce pays depuis vachement longtemps ? Tu dois être vraiment perdu pour te retrouver ici. Les parents t’ont promis quoi en échange de ton obéissance à venir nous surveiller ?

Aucune politesse, rien. J’en ai que faire des politesses à l’instant. Tout ce que je veux, c’est qu’il reparte à Londres et qu’il nous laisse vivre en paix ici. Comme les États-Unis plusieurs dizaines d’années avant nous, Clay, Cléo et moi avons gagné notre indépendance en venant s’installer ici. J’ai tellement longtemps ravalé mes révoltes pour garder la fortune de la famille dans le seul but d’en faire profiter à nouveau Charles et Clay que maintenant, je ne me tairais plus. Je ne suis plus cette ado qui avait peur des répercussions si je disais mon opinion haut et fort. Maintenant, je suis une adulte accomplie. Et si pour ça, je perds accès à la fortune familiale et bien… tant pis. On se trouvera un autre appartement si on arrive plus à payer celui qu’on occupe tant et aussi longtemps que Clay ne sera pas capable de se retrouver derrière un volant. On trouvera une solution, mais cette solution ne sera jamais de se tourner vers les parents.

@Cole d'Egerton

Même après temps d’année, les non-réactions de Cole ne faisait qu’empirer mon état de colère. Je sais que les émotions que je vis face à Cole et cette partie de notre famille qui vit toujours à Londres n’est pas dû à mon trouble bordeline. Je sais que c’est légitime et que j’ai le droit de le vivre. Comme les « rébellions » que mes parents m’ont si souvent reproché n’était pas dû à une crise de mon trouble, mais bien dû à des injustices que nos parents faisaient. Alors voir Cole ne même pas daigner avoir une micro-réaction face à mon arrivé et à mes paroles ne m’aident aucunement à me calmer. Encore et toujours cette attitude qu’il se fout de tout alors qu’il est notre grand frère et qu’il aurait dû nous protéger de nos parents. Mais non. Il était toujours là à prendre parti des parents nous laissant croire qu’on était tout simplement minable. Il a dix ans de plus que moi. Je l’admirais petite. Je voulais faire comme lui. Du moins, jusqu’à ce que je commence à être assez grande pour comprendre que la dynamique de la famille n’était pas normale. Jusqu’à ce que je remarque et réalise la façon dont les parents traitaient différemment leurs enfants. J’ai toujours détesté qu’on mette de côté les gens qui n’étaient pas comme nous. C’était bien pour ça que je tentais d’être amis avec tous les enfants que je croisais, peu importe ce qu’ils aimaient et d’où ils venaient. Alors bien sûr que je me suis rapidement rangé du côté de mes frères Charles et Clay. Je voulais les protéger et les défendre comme j’aurais voulu que nos frères plus vieux nous protègent et nous défendent. Je retiens un gros soupire d’exaspération à ses premières paroles. Toutefois, je croise mes bras contre ma poitrine.

- Ne t’en fais pas pour ça. Seulement, je garde la politesse seulement pour ceux qui la mérite. Puis, nous sommes seuls alors arrêtons de faire semblant.

Nos parents étaient contents si on faisait bien paraître la famille en public. Le reste… ce n’est pas qu’ils en avaient rien à faire. C’est plutôt que, comme ça ne pouvait pas nuire à l’image parfaite de la famille, c’était disons un peu moins important. Même s’il fallait toujours être poli avec eux. Limite comme dans les familles royales du Moyen-Âge et ça avait le don de m’agacer à un tel point !

- Tu seras que la seule raison pour laquelle les parents m’ont laissé m’installer à New-York était la promesse que j’allais garder un œil sur Charles et Clay pour faire en sorte qu’ils ne s’attirent pas plus d’ennuis, donc qu’ils ne nuisent pas plus à l’image de la famille. Car, même renié, ils portent toujours leur nom de famille. Alors, c’est parfait si tu n’es pas ici pour nous. On n’a pas besoin de toi. Donc, tu pourras quitter la ville puisque tu as toujours détesté les États-Unis.

C'était bel et bien la raison que j'avais donné aux parents pour qu'ils me laissent finir mes études aux États-Unis et m'y installé. Je savais que si c'était moi qui partais à New-York pour "surveiller" mes frères, ils pourront continuer à vivre leur vie et que les parents seront contents qu'il y ait quelqu'un qui gardait un oeil sur eux. Oui, ils étaient renié, mais ils faisaient tout de même parti de la famille alors ce qu'ils feraient outre-mer pourra se répercuter à Londres si les médias faisaient le rapprochement. Puis, pour être sûr qu'ils me laissent partir sans me renié moi aussi, j'ai rajouté que ça ne pourra que faire bien paraître d'avoir une de leurs enfants qui fait bouger les choses de la bonne façon aux États-Unis. Que leur influence s'étende même de l'autre côté de l'océan. C'est peut-être cette raison qui les a vraiment fait accepter de me laisser partir avec un accès aux comptes familiaux.

- Je m’en fous de tes raisons. Tu peux bien être sur le point de trouver un remède miracle pour je ne sais quelle maladie mentale, mais va le trouver ailleurs. Clay n’a pas besoin d’un stress de plus dans sa vie. Il n’a pas besoin de se voir éclater aux visages encore et encore que la famille l’a renié. Il galère déjà assez comme ça. Puis, pourquoi avoir choisi New-York alors si ce n’est que pour quelques mois ? Tu savais très bien qu’on habite ici alors tu ne pouvais pas trouver une autre ville pour faire je ne sais quoi ? Des psy, il en cherche partout.

Je soupire en me passant une main dans les cheveux avant de froncer les sourcils pour le regarder à nouveau. Il est sérieux là ? Puis, après, c’est moi qui a perdu ma politesse!

- Tu peux bien parler de politesse, Cole. Tu n’es pas mieux que moi. Si tu avais fait le moindrement gaffe à ce qui t’entoure, tu seras que je suis psychiatre dans cet hôpital depuis juin. À temps plein. J’ai fini mes études et j’ai eu directement un poste ici. Eh oui, j’ai suivi ce que la petite Clara voulait faire une fois grande en te voyant rentrer des cours, puis du boulot. Alors tu peux bien te garder ta condescendance. Nous avons tous du boulot à faire ici. Cependant, je ne suis vraiment pas sûr de pouvoir travailler en équipe avec toi, ici.

J’avais qu’une seule envie en le voyant reporter son attention sur ses dossiers, comme le sale con qu’il était : lui donner la pire baffe qu’il ne connaîtra jamais. Autant pour ce qui se passe présentement, mais pour toute la rancœur que j’ai refoulé depuis tant d’années.

@Cole d'Egerton