Je suis un peu fatigué mais je tiens encore debout, je tiens toujours debout. Je ne sais pas si un jour j'arriverai à me relâcher. Je vois cet homme se rapprocher de moi et je lui souris en le reconnaissant.
« Autant que vous, je vous ai vu courir partout, sans vous il y aurait eu bien des morts aujourd'hui »
Je ne savais pas combien de victime il y avait eu, pas plus que je ne savais le nombre de personnes que nous avions effectivement sauvés. J'avais agi et c'était tout... J'avais avancé, je n'avais pas compté, je n'avais pas demandé. C'était parfois juste plus facile de ne pas savoir.
« Je ne pourrais pas passer à côté et me regarder en face. Comme vous vous n'avez pas pu poursuivre votre route »
J'avais bien remarqué qu'il avait placé un brassard sur son bras et qu'il n'avait pas été en tenue. J'avais l'impression qu'il était passé par hasard, et resté par devoir ou par conscience professionnelle.
« J'ai bien cru qu'il n'y aurai pas assez d'ambulance, à mon avis il y a eu avoir plusieurs interventions en même temps. Nous avons eu beaucoup de chance que vous soyez là »
Je vois dans son regard quelque chose de sombre mais je ne sais pas si c'est son regard naturel, la fatigue ou l'inquiétude. Je ne le connais pas bien, notre rencontre est le fruit du hasard.
« L’incendie ne devrait pas reprendre, les braises sont entrain de s'éteindre et nous avons mis une bonne couche de matière pour éviter qu'elles ne se ravivent. Vous allez pouvoir rentrer chez vous »