Joshua avait appris que le cabaret avait été privatisé pour aujourd’hui. Il craignait toujours un peu ce genre de soirée parce qu’il était plus difficile de sortir les clients trop insistants. En plus, apparemment par un gang. Même s’il n’était pas du genre peureux, il voulait éviter les complications inutiles. Il s’était résigné, il serait payé de la même manière de toute façon. Et d’un autre côté, certains se montraient généreux dans ce genre de soirée. Par contre, pour draguer, cela s’avérait toujours un peu plus compliqué. Bien que dans une précédente ville, il ne s’était pas gêné pour draguer la future mariée. À sa décharge, il n’avait compris qu’une fois, un peu trop tard, qui elle était. Quoique, s’il avait bien regardé les indices comme l’écharpe ou la couronne, il aurait pu le comprendre. Distrait ? Sans doute, pas réfléchi ? Certainement ! Idiot ? Non, assurément pas. Il n’avait pas cherché plus loin après deux sourires et une caresse. Le mariage, avait-il été annulé ? Non. Y avait-il eu des conséquences ? Il n’en savait rien. Est-ce que les accompagnants de la demoiselle avaient remarqué sa disparition ? Il ne s’en était pas tracassé. Ce qu’il savait, c’est que même si elle avait bu un ou deux verres de trop, elle n’avait pas non plus bu à ne pas pouvoir émettre un consentement ou un désaccord. C’était bien la seule constante : la personne devait toujours être en état d’exprimer ses désirs.
 
Pour ce soir, Joshua avait constaté qu’il semblait s’agir d’un groupe essentiellement constitué d’hommes. Ils paraissaient tous être de pur hétéro, dommage, il n’aurait pas été contre de croquer quelque chose. Il préféra donc rester dans son coin, faire ses cocktails en assurant un show visuel, entre les bouteilles qui volent et sa tenue (pantalon de cuir plutôt moulant sur le haut de ses jambes et ses fesses et un T-shirt près du corps). Il jetait cependant un œil pour s’assurer que rien ne pourrait ennuyer son patron. En réalité, il aimait bien ce travail, même son supérieur. C’était probablement la place agréable qu’il avait occupée et il n’avait pas envie de partir de sitôt. Il vit la porte s’ouvrir sur un homme particulièrement séduisant, brun, habillé différemment des autres hommes. À en croire les hommes qui se tenaient derrière lui, comme prêts à sauter à la gorge de tout inconnu, il devait être des gardes du corps ou quelque chose du genre. C’était plus fort que lui, faisant mine de nettoyer très consciencieusement le verre qu’il tenait en main, il détaillait un peu plus les courbes du nouvel arrivant.
 
Il le regarda s’installer dans un fauteuil, rapidement une demoiselle sembla s’occuper de lui. Mais contrairement aux autres hommes, il ne semblait pas en profiter pleinement. Il savait reconnaître les signes, l’homme n’en avait rien à faire. Il remarqua qu’il paraissait regarder dans sa direction. Il s’interrogea sur ce qui pouvait attiser la curiosité de l’homme sur lui. Ne soyons pas hypocrites, il adorait le regard qui lui était dirigé, mais il n’imaginait pas qu’un homme comme lui, accepte, dans ce genre de soirée, de passer dans la réserve avec lui. Surtout avec les hommes derrière lui. Il donnait l’impression de jouer plus macho qu’il ne l’était en réalité.
 
Il ne put s’empêcher de sourire en coin quand il vit le sublime brun délaisser la belle demoiselle sans honte pour se diriger vers son bar. Bon, la pauvre ne méritait pas ça, mais il avait conscience qu’un autre jeu allait se mettre en place. Ce genre de distraction qui l’intéressait particulièrement. Quelque chose lui dirait que l’homme tenterait un jeu digne du chat et qu’il se régalerait du rôle de la souris. Mieux encore, cela devrait probablement se jouer avec des sous-entendus et des demi-mots. Il adorait ce genre de séduction, elles étaient bien plus stimulantes que jouer le barman et leur proposer de visiter la réserve ou de faire un tour sur sa belle moto.
 
Il se mordit légèrement la lèvre avec l’une de ses canines quand l’homme fut interrompu dans sa « course ». Il en profita pour faire mine de préparer ses fruits et légumes pour les cocktails. Il pourrait paraître tellement innocent quand il le voulait. Il avait particulièrement envie de jouer ce jeu. Quelque chose lui disait que cela lui serait bénéfique. Un sourire en coin se fit sur ses lèvres quand enfin le séduisant jeune homme attira son attention par une main levée. En deux grandes enjambées, il avait parcouru la distance qu’il les séparait, s’essuyant les mains.
 
- Bonjour, je suis Joshua, que puis-je faire pour vous plaire ?
 
Et une première jolie phrase placée. Il pouvait totalement s’inquiéter de la boisson qu’il pourrait servir à celui qui était visiblement l’organisateur de cette soirée.

Wolf, un nom avec une grande signification. Bizarrement, il n’était pas étonné qu’il soit ce qui semble être le chef de cette bande de joyeux drilles qui pratique la débauche de manière éhontée. Oh, bien sûr, il ne fait de reproche à personne, il appréciait également une bonne boisson et de la bonne chair. Il n’allait pas jouer les hypocrites. Il fallait avouer qu’il apprécierait de passer du bon temps lui aussi. S’il y avait une personne qui voulait bien de lui, il profiterait bien pour s’éclipser. De toute façon, il avait l’impression que le monde n’avait pas vraiment besoin de lui. Il lui suffirait de déposer quelques bouteilles sur le bar et personne ne remarquerait son absence. Il avait douté de trouver quelqu’un qui le souhaitait dans ce monde un peu trop macho. Il suffisait de les voir avec les femmes, la manière dont ils agissaient avec elles, c’était très parlant. Ce n’était pas nécessairement mal, mais… ce n’était pas sa manière de faire.

L’homme en face de lui semblait franc et plutôt enchanté de passer du temps avec lui. Il ne s’en plaindrait pas. Il avait une certaine classe et un air particulier avec des yeux bleus pénétrants. Chacun de ses potentiels partenaires avait une seule chose en commun : l’intelligence. Concernant les caractéristiques physiques qu’il trouvait sexy chez l’une ou l’autre personne, elles n’avaient parfois rien de ressemblant. Il n’avait été réellement et profondément amoureux qu’une seule fois et cela durait encore. Il ne voulait pas devenir curé en conséquence. Entre ses principes et son côté rebelle, il avait décidé de vivre sa vie à fond. Après tout, il le savait, on ne vit cette vie qu’une fois.
 
– Enchanté, je dois avouer que je m’en doutais. Tout dans ton attitude montre que tu es celui qui les domine… Je pourrais demander si j’ai le choix de partager ta compagnie… Même si cela ne me plairai pas, je suis derrière le bar et toi devant… Bien que… Si je ne suis pas considéré comme un lot… l’idée n’est pas nécessairement déplaisante. Pour les autres, je pourrais laisser les bouteilles sur le comptoir, il ne verrait pas ma disparition. Enfin, c’est une théorie que j’aimerais vérifier. Il est vrai que les demoiselles sont charmantes, même si elles sont toutes payées pour l’être. Même si la belle demoiselle semble contrariée de devoir trouver un autre partenaire. Je le serais probablement à sa place. Mais j’ai la chance de ne pas l’être.

Il avait choisi ses mots avec précision. Il voulait voir ce que cela donnerait de souffler le chaud et le froid en même temps à l’homme. En tout cas, il est certain qu’il pouvait avoir toutes les femmes qu’il désirait. Et sûrement autant d’hommes à son tableau. Il faut le rappeler, Ethan est joueur avec ce genre de personne. À l’idée du cocktail, il sourit, il savait parfaitement ce qu’il allait servir : Un sex on the beach. Le nom était approprié pour l’idée qu’il voulait se faire de la soirée. Avec un regard malicieux et séducteur, il prit la bouteille de vodka sans même regarder dans sa direction et la lança pour la rattraper avec son autre main et verser précisément quelques centilitres dans le verre, d’un air presque distrait. Il prit le schnaps, recette allemande, et joua de la même manière avec sa bouteille. Il glissa les glaçons d’un mouvement souple du poignet, ajoutant par séduction un mouvement du bassin. Il prit ensuite deux bouteilles de jus et jongla un peu avant, avec ses mains et ses coudes. Cela semblait si simple en le voyant faire. Et outre le show, cela permettait de mélanger les jus avant de les verser dans le verre. Il paraissait pouvoir faire cela les yeux fermés. Il ajouta ensuite une fraise et une rondelle de citron vert et poussa le verre vers l’homme en face de lui, il semblait parfaitement satisfait de son show.

Il sourit alors que l’homme lui indiqua qu’il était libre d’accepter sa compagnie. Ajoutant qu’il était plaisant à regarder. Ce compliment faisait plaisir au barman. Il n’avait pas envie de s’opposer à cette idée, car l’homme en face de lui était parfaitement séduisant. Il savait aussi qu’il se prendrait le droit de refuser ce qui ne lui plaît pas. Il n’avait pas peur d’en payer le prix. Même si son physique charmeur et sa tchatche l’avaient sorti de beaucoup de mauvaises situations. Il savait qu’un jour, il se brûlerait à force de jouer avec le feu. Il comptait cependant sur sa bonne étoile pour que ce soit le plus tard possible.

– Merci pour le compliment. Que je te retourne également. Tu sembles également être d’agréable compagnie. Je n’ai pas de raison de refuser.

Wolf paraissait continuer d’enchaîner les compliments. Il faut dire que cela flattait fortement l’ego du barman. Entre dire qu’on est ce qui est de plus intéressant dans une foule remplie de demoiselles aux charmes plantureux, avait de quoi vous faire sentir irrésistible. Il se savait séduisant, charmeur, ayant de la discussion et il en jouait parfois. Comme en cet instant. Il est vrai que l’entendre dire est plaisant. Qui n’aime pas entendre dire qu’on vous a choisi parmi une pièce pleine de personnes ? Certainement pas Joshua. Il semblait se nourrir de compliments de ce genre.

– Quel flatteur faites-vous ! Cependant, je dois reconnaître que je sais satisfaire des personnes sur plusieurs plans… Si l’envie m’en prend. Aujourd’hui, je suis plutôt joueur et pour être sincère, l’idée de profiter moi aussi de la soirée me plaît beaucoup. Du moins, d’une certaine manière. Aujourd’hui, les femmes n’ont pas mon intérêt.

Certes, son appétit était plutôt dirigé vers son interlocuteur. Celui-ci paraissait vouloir aller assez droit au but. Cela avait quelque chose de plaisant. Autre élément qui plaisait au barman : il ne semblait pas être homme à réclamer des relations amoureuses. Sa façon de draguer sonnait comme une demande d’histoire d’un soir.

Il sourit malicieusement quand son client reconnut le cocktail qu’il venait de lui servir. Il devenait de plus en plus difficile de se méprendre sur ses envies. Et sa question ne permit plus aucun doute. Un homme ne posait pas ce genre de question à un autre en toute amitié, pour une discussion des plus naturelles.

– J’aime à croire que mes mains sont utiles pour beaucoup de choses. J’aime également à croire que j’excelle également dans d’autres conditions.

Il ne parlait pas que du travail, son ton indiquait clairement. Sa voix était devenue bien plus suave. Il proposa de faire appel à ses talents. Une proposition intéressante. Rapidement, il tira une carte de sous le comptoir avec son numéro et son nom. Il était indiqué qu’il accomplissait des travaux en tout genre.

– Je peux te montrer la réserve. Si cela t’intéresse. Elle est à quelques pas d’ici. Lorsque la porte est fermée, on n’entend pas grand-chose quand on est dans cette salle.

Le mot d’ordre était donné. Il déposa quelques bouteilles d’alcool divers sur le comptoir, et après un coup d’essuie sur ses mains, il se dirigea vers l’extrémité de sortie du bar. Il attendit que l’homme le suive pour ouvrir une porte discrète qui amenait effectivement dans la réserve.