Depuis quelques semaines, je communiquais avec un certain Darth Vigilante sur cette application de vidéo de charme. Dès que je le pouvais, je me connectais, masquée, cachant mon visage afin de garder mon anonymat. Darth était le seul à me voir, et pourtant, je ne savais rien de lui. Bien-sur, nous ne faisons pas faire des vidéos tous les soirs, mais, malgré tout, on  essayer de rester en contact le plus souvent possible par texto.

Au début, c’était simplement un "jeu", une manière de m’évader, de flirter derrière un écran, d'exciter les hommes. Mais au fur et à mesure de nos échanges, je me rendais compte que quelque chose de plus profond se développait, et cela me provoquait une sensation étrange, tellement étrange. Je ne m'attendais pas à m'attacher à lui aussi rapidement. Darth était différent des autres, totalement différent. Contrairement à ces hommes qui cherchaient à me séduire pour des raisons pervers, lui semblait réellement intéressé par moi, par ma personnalité.

Il avait cette manière de m’interroger, de me pousser à me dévoiler sans jamais me mettre mal à l’aise. Jamais il n’avait une parole de travers, et encore moins me forçait à faire des choses que je ne désirais pas. Je crois même qu'il était très patient avec moi. De nombreux hommes auraient mis fin à cette relation virtuelle puisque, depuis le début de nos échanges, je n'avais toujours pas accepté un véritable rendez-vous, en face à face, réel.

Pourtant, étrangement, je me sentais en confiance, comme si, derrière le masque, il était capable de voir au-delà de mes façades. Je partageais avec lui des pensées que je gardais d’ordinaire pour moi. Je me laissais emporter par nos discussions, dévoilant des facettes de moi-même que je n’avais pas explorées depuis longtemps, et ça me faisait un bien fou - psychologiquement.

Chaque conversation me faisait ressentir une connexion que je n’avais jamais connue. J’étais attirée par son esprit, sa sensibilité, sa douceur, sa gentillesse. Je ne savais pas à quoi il ressemblait, mais je commençais à ressentir une sorte d’admiration pour cet homme mystérieux qui me permettait de m'ouvrir sans crainte. Dans un monde où les interactions étaient souvent superficielles, Darth me faisait sentir que j’étais plus qu’une simple... Une simple? Evitons de dire le terme.

Je ne savais pas où cela me mènerait, mais j'étais intriguée par la possibilité de découvrir qui se cachait derrière tout ça, j'aimais bien essayer de creuser en lui. Peut-être qu’un jour, je pourrais enfin lui montrer mon vrai visage. Enfin, je ne sais pas. L'envie y était, mais une partie de moi, brisée, cherchait à tout prix à se protéger !

En attendant, j’éprouvais un mélange d’excitation et d’angoisse. Boum, ça y est, je lancais enfin la session!

"Salut, toi" dis-je en souriant, les yeux rivés sur l'écran. J'étais assise au bord de mon lit, mon PC sur mon bureau en face. "Prêt pour une longue soirée de folie, papillon ?" Aujourd'hui, j'avais décidé de revêtir un déguisement sexy : une blouse d’infirmière ajustée qui mettait en valeur mes courbes, laissant entrevoir légèrement la naissance de mes seins, accompagnée d'une jupe courte qui flirtait avec mes cuisses. Les bas apportaient, eux, une petite note provocante, tandis que mes hauts talons rouge vif allongeaient mes jambes avec une telle élégance. J'étais sexy, je le savais, et il le savait aussi ! "Je t'ai manqué ? À mon avis, je dirais que oui ! Moi, je te cache pas que tu m'as légèrement manquer." Je traçais une ligne imaginaire dans l'air avec mes doigts, soulignant l'ampleur de ce manque. En vérité, ce manque était tout simplement insupportable. Heureusement, Thanos était à mes côtés, mais je préférais garder pour moi le fait qu'un autre homme hantait également mes pensées, un amour interdit. Alors, oui, je me concentrais sur ce parfait inconnu, histoire d’éviter de franchir cette zone rouge.

@Sara Wilkersson @Thanos Zaïmis

Après de multiples textos et rencontres virtuelles, je me rends compte que cette fille, je l'ai vraiment dans la peau, je la ressens au plus profond de ma chair. À un tel point que ça devient insupportable si je passe ne serait-ce qu'une seule journée sans avoir un contact avec elle. Et plus les jours passent, plus je dois vivre avec ce conflit intérieur qui me hante, partagé entre les sentiments que je ressens pour cette inconnue et... pour Sara. Deux êtres qui possèdent la capacité de me charmer et de m'émouvoir continuellement. Entre les deux, mon coeur balance. Il est plus facile d'agir dans l'anonymat avec Coconut... mais d'un autre côté, même si tant d'obstacles se dressent entre nous, un partie de mon âme et de mon coeur est entièrement consacré à Sara. Mes sentiments pour elle sont présent depuis si longtemps... autant d'années passées à retenir mes pulsions et mes envies les plus inavouables.

Ce que je vis présentement avec Coconut est une véritable bénédiction, me permettant d'évacuer cette tension... mais c'est plus que ça. Coconut et moi, nous nous ressemblons vraiment énormément et à bien y penser, elle a beaucoup de point commun avec Sara également. Tout cela pour dire que les discussions que j'ai avec Coconut sont aussi captivantes et profondes que celles que je peux avoir avec Sara, voir plus encore. Parce que je me permets d'être moi-même à 100 %, sans peur de son jugement. Je fais aussi entièrement confiance à Sara... mais il y a des choses que je ne peux lui révéler. Ça compliquerait tout et je ne peux pas faire face à un refus, pas maintenant, ce serait trop difficile.

Ce soir, comme tous les autres soirs où je me connecte, je trépigne d'impatience de la voir enfin.  C'est un peu malsaint, il faut bien l'avouer, que ce ne soit pas réciproque, que seul moi puisse la voir... mais c'est un peu l'idée de ce genre de webcam. Et c'est la manière la plus concrète d'avoir un contact avec elle présentement. Je sais qu'elle n'est pas fermé à l'idée d'une rencontre en face à face, un jour... Cela m'angoisse autant que cela m'excite. Pouvoir entendre le véritable son de sa voix, sentir son odeur, caresser la douceur de sa peau... mais en attendant... Salut toi.

Oh, quel être exquis avais-je devant les yeux! Ainsi vêtue, des frissons me parcouraient le corps tout entier alors que mon esprit s'imaginait déjà en train de descendre la fermeture éclair de ce joli haut.

Oh! Tu ne cesseras donc jamais de me surprendre toi... Tu... tu es magnifique, comme toujours. Et je suppose que toi aussi... tu m'as un peu manqué.

Je la taquinais, bien entendu. Elle ne pouvait ignorer qu'elle me manquait. Pas après les multiples texto visant à confirmer la date et l'heure de notre prochaine rencontre, les petits mots doux et les messages vocals témoignant de mon attrirance et mes sentiments sincères pour elle.

Alors, que m'as-tu préparé cette fois?... Faudra-t-il que je feigne un malaise pour que cette jolie infirmière s'occupe un peu de moi?

Je mordillais ma lèvre, impatient de la voir se mouvoir et mettre de l'avant tous ses atouts. Moi je n'avais qu'une envie, glisser mes mains sur ses cuisses pour voir ce qui se cache sous cette jupe minuscule...

@Sara Wilkersson

Comme je l'avais dit, je m'étais donc connectée à l'application, impatiente de l’entendre. Rien qu'à l'écouter, une vague de sérénité m'envahissait. Je ne savais pas comment il faisait, mais il avait ce don particulier de me mettre à l'aise, même avec des inconnus. Alors, le cœur battant, j'avais osé... Osé revêtir ma tenue d’infirmière, soigneusement choisie pour l’occasion. Je savais que, même si je ne pouvais pas le voir, je pouvais sentir son regard sur moi, imaginer son sourire, ses pensées et ses envies.

"Tu veux feindre un malaise ? Je vais devoir être très attentive alors... Je suis sûre que je pourrais te trouver une 'prescription' spéciale." dis-je avec un sourire malicieux aux lèvres, consciente que chaque mot que je prononçais le captivait. Je m’étais légèrement redressée, ma tenue mettant en valeur mes courbes, me demandant ce qu’il pensait de moi à cet instant, à travers les pixels de l’écran.

“Tu sais, j’ai pensé à toi toute la journée, comme toutes les autres d'ailleurs!” murmurai-je, ma voix chargée d’émotion. Je savais qu’il ressentait ce que je ressentais, cette connexion particulière qui nous unissait, presque palpable même à distance. L'idée que mes pensées l’accompagnaient à chaque instant me remplissait d’une douce chaleur.

"Dis-moi, qu'est-ce qui te ferait vraiment plaisir ce soir ?" ajoutai-je, en me penchant légèrement en avant, comme si je pouvais ainsi combler la distance entre nous. Mon cœur battait la chamade, et je ne pouvais m'empêcher de fantasmer sur ce que serait une rencontre en face à face. Je voulais qu'il sache que, peu importe ce qu'il désirerait, j'étais là, prête à jouer le jeu, à le séduire et à le dorloter



@Sara Wilkersson

Plonger mes yeux dans les siens, même à travers un écran, m'emplissait d'une joie indescriptible. Je ne pouvais me lasser de la contempler, de penser à elle jour et nuit. Avec le temps, mes sentiments pour Coconut devenaient de plus en plus concrets et persistants, envenimant davantage ce conflit intérieur, alimenté par mes échanges avec Sara. Je restais honnête avec chacune d'elles au sujet de ce que je ressentais, mais au fil du temps, je ne pouvais m'empêcher de penser que je n'étais qu'un imposteur, trahissant l'une et l'autre dans un jeu dangereux. Un jour, je devrais faire un choix, même si cela implique de briser le cœur de l'une d'entre nous.

Pour le moment, Coconut parvenait encore à capter mon attention, m'empêchant de glisser trop profondément dans mes sombres tourments. Elle jouait si bien son rôle d'aguichante et délicieuse infirmière que j'aurais volontiers laissé m'examiner. Elle avait tellement à cœur mes désirs, mes attentes, mes souhaits, alors que sa simple présence suffisait à me combler. Mon micro ouvert, je l'observais lentement changer de position, inclinant sa tête, faisant glisser sa chevelure sur son épaule.

"Mais tu piques ma curiosité, très chère... Que pourrait bien être cette prescription spéciale que tu me réserves...? J'espère que je n'aurai pas trop mal... je souffre déjà bien suffisamment d'être loin de toi chaque jour qui passe..."

Je souriais d'un sourire sincère. J'espérais qu'elle comprenne que je la taquinais un peu, mais il y avait indubitablement un fond de vérité. Un grincement se fit entendre alors que je reculais mon dos contre le dossier du fauteuil où je prenais place. Je glissais une main dans mes cheveux, cherchant à répondre à sa dernière question.

"Eh bien, en voilà une bonne question... Pour être tout à fait honnête, ce qui me ferait vraiment plaisir n'arrivera pas ce soir, et sincèrement, je l'accepte. Ce que j'aurais voulu, c'est de pouvoir glisser mes mains contre ta peau qui paraît si soyeuse..." Je prenais une grande inspiration avant de soupirer, pensif. "Tu sais que je ne peux pas détacher mes yeux de cet écran... Ce qui m'amène à la conclusion que ce qui me plairait le plus, c'est de te voir, parfaitement détendue, épanouie, que tu me montres ce qui te plaît vraiment, pas nécessairement ce que tu penses que je veux voir. Tu sais comme je t'apprécie, et depuis que nous échangeons, tu sais comme je te respecte. J'aimerais juste en savoir plus sur toi, tes désirs ou même tes limites... Nous avons déjà abordé le sujet, mais j'aimerais aller plus en détail... Parle-moi de toi, montre-moi sur toi ce que tu aimerais que je fasse si j'étais là... fais-moi vibrer."



@Sara Wilkersson

J'avais pris le temps de me préparer pour lui ce soir, peut-être un peu plus que d'habitude. Je me tenais là, dans ma tenue infirmière élégante, le costume bien ajusté, la jupe légèrement au-dessus du genou et ma chemise impeccable. C’était une allure soignée, mais avec une subtile touche de sensualité. Je savais que cela lui plairait. C'était pour cela qu'il venait, après tout.

Mais quelque chose me tourmentait. Ces dernières semaines, avec Darth, une sorte d'intimité inattendue s’était installée. Il n’était plus seulement ce client de passage, ou cette voix. Il était devenu une voix réconfortante, une présence constante dans mes pensées, presque familière. Cette proximité me troublait, me poussant à m’interroger sur ce que j'éprouvais réellement pour lui. Et cela m’effrayait. Parce que, même si je ne voulais pas l’admettre, une partie de moi cherchait en lui un échappatoire, une échappatoire à Thanos. C’était pour cela que Darth m’attirait autant : il était ce parfait inconnu, détaché de tout ce que je cherchais à fuir. Puis, étrangement, je trouvais en lui du Thanos. Etrange, mais je ne posais pas plus de questions.

Ce soir, alors qu’il me lançait une nouvelle question aguicheuse, mon regard s’adoucit un instant. Je décidais de lui répondre, sans trop en dire, mais sans non plus me cacher.

''Si tu étais là à côté de moi ?''

J'étais hésitante, un peu perdue peut-être. Je ne savais pas ce que je voulais, ou ce que je pourrais lui faire. Lui, il attendait certainement une réponse un peu salace, un peu coquine, mais la vraie moi, pas la Coconut, était totalement différente de ce qu'il pensait. Je mordillais mes lèvres, ne sachant pas quoi répondre. Devrais-je continuer à jouer ce jeu de la femme facile, ou bien devrais-je simplement être moi, sans artifice ?

''Tu veux que je sois honnête ? Je pense que...''

Je m'arrêtais un instant, cherchant mes mots, ressentant cette hésitation qui venait de quelque part de plus profond. Un petit blanc s'était installé, presque gênant, mais aussi nécessaire.

''Excuse-moi si tu t'attends à une réponse plus excitante, mais… je pense qu’être dans tes bras me suffirait. Juste ça. Me sentir en sécurité, me sentir bien, aimer…''

Je baissais le regard, un peu perdue dans mes pensées, laissant mes paroles s’étouffer dans le silence. ''Ouais… ça cache totalement tout le charme là, hein ? Tu t’attendais peut-être à quelque chose de plus… cochon.'' Un petit rire nerveux s’échappa de mes lèvres, presque amer.

J'avais l'impression de le décevoir, mais c'était la vérité. Je ne savais pas si c'était ce qu'il voulait entendre, mais c'était ce que je ressentais. Une part de moi voulait m’abandonner à ce jeu, mais une autre, plus fragile, avait juste envie de calme, de tendresse, de quelque chose de plus réel. C'était un moment de vérité que je n'avais pas anticipé, et pourtant… c'était celui que je désirais, même si cela me faisait peur.

Par peur de le décevoir davantage, je me levais pour essayer de réparer mon erreur.

"Mais je vais t'offrir ce que tu veux, tout ce que tu veux. Regarde moi"


@Thanos Zaïmis

Ces moments passés ensemble, juste tous les deux, sont devenus les instants que j'attends avec le plus d'impatience chaque semaine. Bien sûr, la satisfaction physique est souvent au rendez-vous, mais ce qui me plaît par-dessus tout, ce sont nos conversations. Elles sont devenues plus sincères, plus profondes à chaque rencontre. Avec elle, je peux tout dire, sans masque, sans filtre. Aborder des sujets que je n'oserais jamais confier à quelqu'un de mon entourage. C’est incroyablement libérateur, et ça me fait un bien fou. J’en suis persuadé, c'est grâce à ces échanges que je traverse mon divorce avec une telle sérénité.

Alors qu'elle s’apprête à me répondre, je me penche légèrement en avant, mes coudes sur le bureau, mon menton reposant dans la paume de ma main. Dès ses premiers mots, je ressens un malaise, comme si ma question l’avait déstabilisée. Je l’observe attentivement, scrutant le moindre de ses gestes, et je pèse chacune de ses paroles. Je prends soin de lui laisser tout le temps nécessaire pour s’exprimer, sans la presser. Elle semblait croire qu'elle a commis un faux pas, alors qu'elle n’a fait qu’être honnête. Il est temps de remettre les choses en perspective. D’une voix douce, presque caressante, je lui réponds:

"Ma colombe... Te rends-tu compte à quel point tu es précieuse pour moi ? Que tu es bien plus que cette jolie fille déguisée en infirmière que je paye pour satisfaire mes désirs ? Rien ne me fait plus plaisir que de te voir être parfaitement honnête avec moi."

Je marque une pause, prenant une gorgée d’eau – je suis un peu plus sage ce soir, pour une fois.

"Je vais être complètement transparent. Je sais qu'au début, nos rencontres étaient centrées sur la sensualité, sur la séduction. Cela me convenait... jusqu'à ce que je m'attache véritablement à toi. La femme derrière le masque. Celle qui ne joue aucun rôle." Je laisse échapper un soupir, mon regard glissant sur son corps, exposé à ma vue, comme l’objet de désir qu’elle veut projeter.

"Tu es ravissante, tu me plais énormément… mais je ne suis plus sûr de pouvoir assumer ce rôle, caché derrière mon écran. Être celui qui te scrute et te déshabille du regard, celui qui paie pour obtenir satisfaction. Ce... n’est plus moi. Ce déséquilibre dans notre relation, cette inégalité, me gêne de plus en plus."

Je passe mes mains sur mon visage, essayant de trouver le courage de lui dire tout ce que je ressens vraiment.

"J’espère que tu ne le prendras pas mal... mais sache que tu n’as plus besoin de jouer les séductrices pour moi, de te présenter en tenue légère devant la caméra. Ce n’est pas que cela ne me plaît pas, mais je crois que notre relation a évolué. Cela commence à me mettre mal à l’aise, comme si, d’une certaine manière, je profitais de toi. Et puis, il y a l’argent... Je pense que payer pour ce genre de service ne me convient plus. Honnêtement, je ne sais pas trop comment gérer ça. Je ne veux surtout pas arrêter de te voir, et je ne veux pas te causer de soucis financiers... mais j’ai le sentiment que notre relation est passée à un autre niveau. Est-ce que je suis le seul à ressentir cela ?"

Je bouge nerveusement sous le bureau, inquiet de sa réaction. Je viens de lui exposer en quelques phrases les pensées qui me tourmentent depuis plusieurs jours. J’espère qu’elle saura lire entre les lignes, comprendre tout le respect et l’affection que je lui porte. Le silence s’étire quelques secondes, me laissant le temps d’ajouter un dernier point.

"Je crois qu’être simplement dans tes bras me suffirait à moi aussi. Je suis convaincu que je m’y sentirais en sécurité, bien... et aimé."


@Sara Wilkersson

Ce surnom, "ma colombe", m'avait une fois de plus pris par surprise, comme un souffle doux et fragile, quelque chose que je n'avais jamais imaginé entendre. Ça me touchait plus que je n'aurais voulu l'admettre. C'était étrange, cette image qu'il avait de moi, cette colombe. La paix, la douceur, la liberté... Il ne me voyait plus comme une simple séductrice, mais comme une femme, vulnérable, prête à lui offrir ce qu'il cherchait tant : la sérénité. Ça me bouleversait. Ça me faisait presque peur. Parce que c'était rare, ce genre de parole sincère, mais c'était aussi terriblement troublant. Mais en même temps, c'était une sorte de soulagement, comme un poids qui tombait, et je voulais lui offrir encore plus, prouver que sa perception était juste.

Ses paroles, si pleines de respect et de tendresse, étaient aussi terriblement lourdes de conséquences. Je ne pouvais pas le nier mais son aide financier m'avait aider dernièrement même, si la maison était à deux doigts d'être saisit par la banque.

Je pris une grande inspiration, me forçant à contrôler ma respiration, à ne pas laisser mes émotions m'engloutir. Je me retournai, cherchant à apaiser la tempête qui menaçait de déchirer. Puis je posai mes mains sur mon visage, mes doigts tremblants, cherchant les mots qui semblaient me fuir. Puis, à nouveau, je me retournais vers lui, asseyant.

"Tu sais… jamais je n’aurais cru qu’on en arriverait là. Pas que je ne l’espérais pas, mais… j'avais tellement peur de m'illusionner. Ce que l’on partage, là depuis des semaines, c'est tellement précieux pour moi aussi. Plus précieux que je n’aurais su l’exprimer. C’est… ça me touche plus que tu ne l’imagines."

Je marquai une pause, les mots s'accrochant à ma gorge, un poids que je n'avais pas envie de porter. Mais il fallait que je parle, que je sois honnête, quitte à me briser un peu plus. Ce n'était plus un simple jeu. Ce n'était plus juste une question de désir.

"Si je te disais que tu me manques, que tu es devenu cette petite lueur dans ma semaine, cette lumière que j’attends… tu me croirais ? C’est sincère, tu sais… Je ne veux pas que ça cela soit qu'un jeu. Je veux qu’on soit là, juste nous deux, sans rien d’autre. Même si… même si je viens de perdre mon job…"

Mes yeux s’étaient baissés, fuyant le poids de son regard. La vérité était là, prête à éclater, mais je n’étais pas prête à lui dire. Pas encore. Pas maintenant. Pas devant lui. Les mots s’accumulaient dans ma gorge, mais je me sentais trop faible pour les laisser sortir. La honte me paralysait. Tout ce que je voulais, c’était qu’il sache que ce que j’éprouvais pour lui était plus profond que l’argent, que tout ce que j’avais bien voulu lui offrir, comme une sorte de façade. Je n’étais pas ce qu'il voyait. Je n’étais pas cette femme prête à vendre son corps pour survivre. Mais je n’arrivais pas à lui dire. J’avais trop peur de lui faire peur, de tout gâcher.

J’étais perdue dans mes propres pensées, luttant contre la honte qui me rongeait. Le silence en disait tellement plus que n’importe quel mot. Je ne pouvais pas lui dire, pas maintenant. La réalité de mes dettes, de mes problèmes financiers... ça me semblait trop. J’avais trop honte pour ça. Je n’avais jamais voulu qu’il pense que j’étais là juste pour l’argent, pour récolter un chèque.

"Mais tu as raison, tout ça, ce n’est pas ce que je veux… Et je déteste ça d'ailleurs… Être ce que je suis devenue. Cette… poupée pompeuse de fric, qui se donne pour un chèque, juste pour se sentir vivante. Tu sais, je n’ai jamais été comme ça. Je n’ai pas toujours été cette femme-là. Et ça me ronge d'être devenue cette chose que je suis. Ça me déchire de l’intérieur. C’est… je suis tellement perdue… C’est comme si ma vie entière avait coulé dans un fleuve que je n’arrive pas à contrôler alors, si je peux être avec toi, je me sens encore honteuse quand je découvre le lendemain que tu m'as versé une somme parce que, au bout de moment, je ne faisais pas pour que tu me donnes de l'argent, mais qu'on passe un moment ensemble..."

Des larmes m'avaient échappé sans que je puisse les arrêter. Chaque mot semblait me déchirer davantage, mais c’était tout ce que j’avais, tout ce que je pouvais dire.

"Mais toi… toi, tu es arrivé et tout ça, tout ce chaos dans ma vie… ça m’a donné une petite lueur. Une petite lueur d’espoir. Je me disais que… peut-être que tu pourrais m’aider à sortir de ce gouffre. Je sais que j’ai tout gâché, que j’ai laissé la tempête m’emporter, et que tout est purement ma faute, et que je mérite cette vie mais… toi ...  Tu es… peut-être celui qui pourrait m’aider à respirer à nouveau mais je me dis que, ce serait égoïste de ma part d'y croire.  C'est vrai, je m'affiche souvent en petite tenue parce que... et bien, égoïstement, j'aime penser que tes yeux sont rivés que sur moi, que je suis la seule dans tes pensées, et que tu ne t’en lasses jamais. C’est peut-être possessif, mais je n’arrive pas à m’imaginer autrement. J’aimerais vraiment te rencontrer en vrai, pourtant…  mais j’ai peur. Peur de ne pas être à la hauteur de ce que tu attends."

Je me sentais m’enfoncer, un peu comme un naufrage sans fin. Je m'accrochais à l’espoir que quelqu’un vienne me sauver, même si je ne savais pas comment le demander.

"Moi aussi, j’aimerais passer à l’étape suivante, comme tu dis. Mais j’ai peur de ça, peur de ne pas savoir comment m’y prendre avec un homme. Je sais que tu voudras plus que des câlins, même si tu es le plus tendre des hommes. Tu auras des envies… et ça me fait un peu peur."

Je baisais mon regard, un peu gênée de ce que je racontais!
@Thanos Zaïmis

Cette séance prenait une tournure bien différente des précédentes. Était-ce à cause de nos échanges SMS qui, loin de se cantonner au flirt, avaient évolué vers des confidences profondes, révélant nos failles, nos faiblesses? Nous avions appris à nous connaître sous une lumière plus sincère, et maintenant, je devais me rendre à l'évidence : je m'attache à cette femme d'une manière que je n'aurais jamais imaginée il y a quelques mois. Elle me redonne espoir. Elle est la clé qui m’aide à surmonter les échos de mes échecs avec Thalia et la relation intime inatteignable avec Sara. Elle m'inspire un désir irrésistible de tout abandonner, de plonger dans l'inconnu pour la rejoindre en chair et en os, sans m'attarder sur les conséquences.

Alors, lorsque je la vois détourner son visage de la caméra, une angoisse me saisit. Mon cœur se serre, mes sourcils se froncent malgré moi. " Ma colombe... tout va bien ? ", dis-je dans un murmure à peine audible, presque craquelé.

Je ressens une vague de culpabilité m'envahir. J'avais abordé un sujet sensible, frontalement, sans douceur, sans filtre. Et si je l'avais blessée? Si elle choisissait de se fermer à moi, de ne plus me parler? Assis au bord de ma chaise, je retiens mon souffle, attendant qu’elle se retourne, qu’elle parle enfin. Quand elle le fait, son regard et ses mots confirment ce que j'espérais tant : ce que je ressentais entre nous était bien réel. Je n'étais pas le seul à percevoir cette chose rare, précieuse, qui émergeait entre nous. Mais ma gorge se noue quand elle me révèle avoir perdu son emploi.

À quoi avais-je pensé ? La laisser faire lorsqu’elle avait proposé de n’avoir que moi comme client, de lui offrir des bonus, d'abord parce qu'elle les méritait, puis parce que cela me plaisait? Où croyais-je que cela nous mènerait ? Ce n’était plus une inconnue qui me vendait ses charmes; elle était devenue bien plus pour moi. Pourtant, nous avions tous les deux glissé dans cet engrenage et je ne savais plus comment l’arrêter, si ce n’est en étant honnête avec elle.

De mon côté, au fond de moi, je savais qu'elle était sincère. Jamais je n'aurais pu croire qu'elle continuait nos échanges et nos rencontres uniquement pour l'argent. C'était tout simplement impensable. Pourtant, ses aveux me brisent. Chaque mot, chaque émotion me touche profondément. Elle m'explique ce qu'elle ressentait, jour après jour, à chaque paiement que je lui envoyais. Je ressentais aussi ce malaise latent, mais que pouvais-je faire ? Je ne pouvais tout de même pas la laisser sombrer, en pleine conscience de la situation. Une chose est sûre, je n'aurais jamais dû laisser les choses aller aussi loin.

Je la regarde, impuissant, alors que des larmes coulent silencieusement sur ses joues. Derrière l'écran qui nous sépare, je me sens soudainement si distant, incapable de la réconforter comme je le voudrais. Elle baisse les yeux, tellement accablée que je peine à la reconnaître.

" Ma colombe, tu dois me croire quand je te dis que tu n'as jamais été cela pour moi. Jamais je ne t'ai vue comme une femme attirée par mon argent, vendant son corps au plus offrant. Je ne prétends pas tout connaître de ta vie, ni comprendre ce qui t'a amenée à choisir ce chemin. Mais il est évident que ce métier te pèse désormais. Je le vois, il te détruit, et tu ne mérites pas ça. Personne ne mérite ça. Ma vie, peut-être moins chaotique que la tienne, est en désordre aussi. Mais toi, tu es ma lumière, tu m'as aidé plus que tu ne l’imagines, chaque jour tu m'aides à sortir de cette torpeur. Alors, s’il te plaît, laisse-moi t’aider à mon tour. Si c'est ce que tu souhaites vraiment, je suis convaincu que je peux t'aider à te libérer de tout ça. "

Je m’arrête un instant, le silence s’installe pour nous permettre de reprendre nos esprits, avant de continuer :

" Et tu as raison, tes petites tenues ont capté mon regard et éveillé des désirs inavouables. Ton charisme, ta sensualité, tout cela a attiré mon attention. Mais ce n'est pas ça qui me ramène à toi, encore et encore. Tu te fais du souci pour des choses qui n’ont aucune importance à mes yeux. N’aie pas peur, ma colombe. La sexualité peut prendre bien des formes, et je ne suis en rien exigeant. Ne te mets pas de pression inutile à cause de l'image que tu projetais lors de nos premières séances de webcam. Je sais que cette femme aguicheuse n'est qu'un rôle, un personnage que tu as accepté, peut-être malgré toi, d'endosser pour te sortir la tête de l’eau. Celle qui m’attire vraiment, celle que je veux, c’est la personne derrière ce masque que tu portes. Pour le reste, il va falloir que tu me fasses confiance. Sache que je ne pourrai jamais être déçu si tu es heureuse dans mes bras. "

Je prends une grande inspiration, priant intérieurement que mes mots aient réussi à la rassurer, ne serait-ce qu'un peu.


@Sara Wilkersson

 "Ma colombe... tout va bien ?" Je ne sais pas pourquoi, mais ce surnom me donnait des papillons dans le ventre. Je le trouvais terriblement mignon. J’acquiesçai d’un signe de tête, comme pour dire que tout allait bien, mais au fond, l’étais-je vraiment ? Nous venions certainement de franchir une nouvelle étape, et qui dit nouvelle étape, dit qu'il serait bientôt temps de briser ce miroir entre nous. Je savais que je ne pourrais pas repousser éternellement la date d’un vrai rendez-vous en tête-à-tête.

Alors que ses mots résonnaient en moi, je m’interrogeais, le cœur lourd. Pouvait-il vraiment m’aider ? Moi, qui avais traversé tant d’épreuves, mené des combats que personne d’autre n’aurait pu imaginer, pouvais-je vraiment espérer que quelqu’un m’en sorte enfin ? Sa sincérité me bouleversait ; son envie de me soutenir éveillait une lueur d’espoir en moi. Pourtant, cette même lueur me terrifiait, comme si la promesse d’un avenir sans ce fardeau pouvait disparaître dès que je tendrais la main.

J’avais tellement lutté pour garder la tête hors de l’eau, pour ne jamais laisser entrevoir mes blessures, mes faiblesses. Mais lui… Il m’avait vue dans mes moments de doute, perçue au-delà des masques, touchée là où je ne laissais personne entrer. Comment lui expliquer qu’accepter son aide, c’était admettre que je n’étais pas aussi forte que je le prétendais ?

"Tu sais…" Ma voix trembla légèrement, laissant transparaître cette vulnérabilité que je tentais désespérément de masquer. "Je me suis battue si longtemps seule que j’en ai oublié comment accepter l’aide de quelqu’un d’autre." J’avouais cela avec un lourd regret. "Et pourtant, je me surprends parfois à espérer… à imaginer que ta présence pourrait vraiment m'apaiser. Que je pourrais peut-être laisser derrière moi tout ce qui m’a façonnée, me libérer de ce passé. Mais si tu savais combien ça me fait peur, tout ça... Comme si accepter ton aide allait m’arracher à une partie de moi-même." Sa voix douce et rassurante réchauffait mon cœur, éveillant un désir que je croyais éteint depuis longtemps : celui de ne plus être seule. Mais une part de moi résistait encore. Elle avait appris à se méfier, à se protéger des belles promesses.

Je me levai pour aller chercher une petite veste que je passai par-dessus mon costume d’infirmière. Je ne voulais plus jouer. Et lui non plus, même si je savais qu’au fond, il devait apprécier de me voir ainsi, si dénudée. Après tout, il restait un homme, n’est-ce pas ?

Je posai un doigt sur l'écran pour lui indiquer de se taire, de me laisser m'ouvrir à lui.

"Tu sais ! Ne dis rien, ok, laisse-moi parler !" Un long silence suivit, le temps que je cherche mes mots, tandis que les larmes embuaient mes yeux. "Tu vois, au début, je ne faisais pas ça pour l’argent. Non… c’était bien plus personnel, bien plus sombre. Je voulais provoquer, faire naître en eux, à tous ces hommes, une forme de souffrance, de frustration qu'ils ne pouvaient ignorer. J’étais une femme mariée, une femme qui aimait éperdument son époux, et pourtant, j’ai grandi entourée de regards qui glissaient sur moi, des regards qui ne voyaient que ce qu’ils voulaient voir, que ce qui pouvait leur appartenir, sans jamais se soucier de qui j’étais, de ce que je pouvais ressentir. Comme si chaque partie de moi leur était due, un objet qu’ils pouvaient manipuler, consommer, puis jeter comme si je n’étais rien !

Alors, un jour, j’ai pris la décision de leur rendre la pareille. Je voulais que chacun de mes gestes, chacune de mes tenues, chaque regard qu’ils croisaient devienne un rappel cruel de ce qu’ils ne pourraient jamais avoir. C’était ma vengeance silencieuse. J’étais là, sur leurs écrans, dans leurs pensées, provocante, inatteignable, éveillant leurs désirs et leur propre frustration.

Mais cette façade, ce masque de séduction, ça me détruisait aussi, lentement. Derrière l’écran, j’étais prisonnière de ma propre guerre, combattant un feu que j'avais moi-même allumé. Et malgré la douleur, je continuais, car cela me donnait l'illusion de contrôler la situation, de contrôler ma vie, de contrôler ce qu’ils pensaient de moi. Ils croyaient pouvoir m’acheter, me posséder, mais en réalité, c’était moi qui les possédais, eux, leurs pensées, leur désir impossible à combler.

Jusqu’à toi… Tu es entré dans ce ''jeu'', d’abord comme tous les autres, mais tu m’as vue différemment. Peu à peu, je t’ai senti percer ce masque, et c’est là que tout a changé. Je n'étais plus qu'un personnage pour toi ; j’étais une personne, une femme, avec mes fêlures, mes blessures. Et ça m’a terrifiée. C’est la première fois que j’ai douté de mon jeu, de mon propre contrôle. J’ai commencé à me demander si je pouvais encore revenir en arrière, si je pouvais sortir de cette prison que j'avais construite.

Et maintenant, me voilà, assise ici, face à toi, à me demander s’il est vraiment possible de renoncer à cette colère, d’abandonner cette armure, et de redevenir quelqu'un de plus vulnérable, de plus entière. Mais… je ne sais pas comment faire. Toi, tu veux m’aider, et pourtant, cette idée même me déstabilise. Je n’ai jamais laissé personne m’aider, encore moins me sauver." Je soupirai, hésitante, un poids pesant sur mon cœur. "Je ne sais même plus ce que ça signifie, faire confiance. Surtout pas à un homme... Pas même à toi. J’ai cette peur constante, ce besoin de me méfier, comme si c’était la seule chose qui me protège encore. Et pourtant, tu arrives toujours à trouver les mots qui me font un peu douter, me rassurer un instant. Mais ça me fait peur, parce que si je commence à croire en toi, à croire en nous... je pourrais perdre tout ce que j’ai construit pour me protéger. Et cette idée, cette vulnérabilité, ça me terrifie  parce que ça voudrait dire que j’ai eu tort de croire que tous les hommes étaient les mêmes.."

Je parlais à coeur ouvert, peut-etre un peu trop mais, ça, moulin à parole, dirais-je.
@Thanos Zaïmis

Assis à mon bureau, j'écoutais attentivement chacune de ses paroles. Elle avait tant à dire, et bien que certains mots soient difficiles à entendre, je me sentais profondément touché par la confiance qu'elle me témoignait en se livrant avec une telle franchise. Derrière ses confidences, je percevais une douleur profonde, une estime de soi réduite en miettes, comme si elle avait été piétinée sans ménagement. Je n'osais imaginer ce qu'elle avait traversé pour en arriver à douter ainsi des hommes. Je la laissai parler jusqu'au bout, comme elle me l'avait demandé, même si certaines de ses phrases éveillaient en moi des réactions vives et un sentiment d'urgence.

" Je te remercie, ma colombe. J'imagine à peine la force qu'il te faut pour t'ouvrir ainsi à moi. À travers ta vulnérabilité, je te découvre un peu plus, et ce qui me frappe surtout, c'est ta force et ta détermination. Tu n'as pas accepté ton sort, tu t'es battue. Tu as trouvé en toi les ressources pour survivre, et je ne peux qu'être reconnaissant pour cela... car sinon, je n'aurais jamais eu la chance de te rencontrer. Tu as dû affronter tes démons seule, sans l'aide de personne. C'est incroyablement difficile, et je comprends pourquoi tu as bâti cette carapace dont tu parles. "

Je fis une pause, cherchant à rassembler mes pensées alors que le silence devenait presque étouffant.

" Comment un homme, un simple homme rencontré sur une application, pourrait-il vraiment faire une différence dans ta vie? C'est ce que tu te demandes, n'est-ce pas? Je sais que nous nous connaissons à peine. C’est normal de douter d’un inconnu, surtout si le passé t’a appris à ne plus faire confiance aux hommes. Si c’est ton expérience, je suis sincèrement désolé que tu aies été blessée, qu'on ait abusé de ta confiance et de ta gentillesse. Désolé qu’on t'ait brisée au point de te pousser à riposter, à te venger... sur un chemin qui, en fin de compte, t’a apporté encore plus de douleur. "

Je pris une grande inspiration, cherchant les mots justes pour lui montrer combien je tenais à elle.

" Tu sais, ce n'est pas facile pour moi de trouver les bons mots. Je ne suis qu'une voix, une présence invisible pour toi, et les mots sont tout ce que j’ai pour exprimer ma sollicitude, mon affection. Mais j'aimerais tellement qu'au plus profond de toi, tu parviennes à te libérer de cette douleur, de cette colère. Pas pour moi, ni pour que nous vivions quelque chose ensemble... mais simplement pour toi-même. Même si tu décidais de couper les ponts avec moi, rien ne me ferait plus plaisir que de savoir que tu as retrouvé une paix intérieure, que tu n’es plus prisonnière de cet état de survie constant, cachée dans ta propre cage dorée. Je ne pense pas que tu aies besoin de moi pour retrouver ce bien-être. Mais si, par mes mots, je pouvais t’aider à rallumer un peu d'espoir et te redonner confiance, je serais comblé. "

Je me mordillai les lèvres, incertain de l'impact de mes paroles, puis je pris un ton plus ferme, plus assuré.

" Et puis, qu'y aurait-il de mal à te détacher de cette part de toi qui t'empêche d'avancer? Celle qui assombrit tes pensées, qui contrôle chaque aspect de ta vie sans t’apporter ni réconfort ni joie? Si tu as besoin de quelqu'un pour te soutenir, t'encourager, t'écouter pendant que tu avances sur ce chemin, je peux être cette personne. Je le veux, parce que je tiens à toi. Et parce que je veux que tu réalises qu'il existe des hommes qui te veulent sincèrement du bien.

Je suis conscient que, comme homme, je n'ai pas à subir les regards, les remarques ou les gestes déplacés de ceux qui se croient tout permis. Mais il y a d'autres façons de se défendre, de se faire entendre, sans s’autodétruire. Tu l'as dit toi-même, ce jeu te ronge de l'intérieur, et cela m'attriste profondément de savoir qu’au début, j'ai pu, moi aussi, être complice de cette destruction qui te fait tant de mal.

Mais il n'est jamais trop tard. Il ne s'agit pas de revenir en arrière, mais de te donner les moyens de construire la vie que tu mérites, pour toi et pour ton enfant.

Je sais que cela fait peur, mais si tu es prête à sauter dans le vide, à te donner une vraie chance de changer de vie pour le mieux, je serai là pour te tenir la main. Je serai là, autant que tu me le permettras. Je ne sais pas tout ce que les hommes t’ont fait subir, mais je ne suis pas comme eux. Jamais je ne ferai quoi que ce soit sans ton consentement... à part peut-être t’aimer et te protéger. "

J'espère seulement de pas être allé trop loin cette fois et qu'elle voudra encore de mon aide. Si seulement il n'y avait pas cet écran dressé entre nous...


@Sara Wilkersson