(Tenue). Nicholas est sur les nerfs. Il est incapable de se concentrer sur les dossiers qui sont à traiter sur son bureau. Il songe encore à l’échange houleux en début de matinée. Il ne fallait pas être devin pour deviner avec qui il s’était pris la tête. William. C’est forcément avec cet homme. Il n’y a que lui qui peut le mettre dans un état tel que celui-ci. Lui qui est d’un naturel tellement avenant, cordial et égal, ne se montre pas sous son meilleur profil face à ses collaborateurs. Il essaye tant bien que mal de se concentrer sur ses dossiers, mais les images tumultueuses de la veille lui reviennent à chaque fois que son esprit se dissipe. Il faut dire que la nuit passée lui a rappelé pourquoi il avait été fou amoureux de cet homme à sa prime jeunesse. Il avait un pouvoir sur lui qu’il ne peut pas expliquer et dieu il aimerait avoir la logique derrière cette faiblesse. Du moins, il n’en est pas certains. Sans doute parce que la réponse est simple et évidente. Il tient encore à lui. Il l’aime peut-être encore. Seulement, il n’est pas prompt à se l’avouer, à lui dire et même à l’assumer devant autrui. Pourtant, il ressent le besoin urgent de parler. Il sait auprès de qui il peut le faire : Hailey. La seule qui sait tout. La seule qui peut lui permettre de se décharger et de lui changer les idées. S’il s’abrutit de sa présence, peut-être que l’image de William va s’effriter au fil des heures et que leur dispute de ce matin ne le tracassera pas. Ils échangent naturellement sur leurs journées respectives, mais il ne tarde pas à aborder le sujet qui le tracasse. Il peut le faire avec elle. Elle ne se fait pas prier pour parler du loup dans la bergerie et il lui dévoile ce qu’il s’est passé de manière très brève. Elle lui propose de venir le rejoindre avant de se rendre chez lui. Il accepte sa proposition. Il a besoin de se changer les idées et de profiter de la présence de celle qui deviendra assurément Madame Cavendish. Il sait qu’il va devoir lui aborder un aspect de son échange avec William. Il finit par fermer un dossier. Il abandonne l’idée de pouvoir se concentrer et de prendre des décisions sensées. Il tâchera d’être plus efficient le lendemain. Il devra éviter de plonger son nez dans un verre de whisky. C’est une petite manie qu’il a de plus en plus depuis le retour de William dans sa vie. Il sait qu’il doit y faire attention, mais au moins, dans les effluves de l’alcool, parfois, il arrête de penser à lui au moins quelques heures. Un soupir s’épanche de ses lèvres alors qu’il entend quelqu’un frapper à sa porte. Il invite la personne à entrer et il a le plaisir de retrouver le visage fort agréable de Hailey. Un sourire ravi vient éclairer son visage, illuminant son regard par la même occasion. Il se lève naturellement pour venir vers elle afin de l’enlacer. Ses lèvres viennent embraser tendrement sa tempe alors que son parfum vient embaumer ses narines et son cœur par la même occasion. Il suffit qu’elle soit là pour qu’il se sente mieux.

« Salut Dear. Cela fait du bien de te voir. » Il lui indique avec un ton chaleureux qui dénote de son attitude patibulaire du reste de la journée.

« Tu viens d’égayer ma journée. J’ai abandonné l’idée d’arriver à quelque chose aujourd’hui. On part en catimini, histoire que mes collaborateurs ne le remarquent pas ? » Il questionne dans un ton qu’il rend léger et mutin, car il s’efforce d’être lui-même auprès de sa meilleure amie afin qu’elle ne voie pas les traits tirés de son visage.

Tout simplement que s’il lui a envoyé un SMS aujourd’hui, il ne l’a pas fait ces derniers jours et il ne lui a pas évoqué à quel point sa dispute avec William au gala de bienfaisance l’avait rendu malade, ivre d’une douleur qu’il connaissait qu’à cause de cet homme.

(Tenue). Le contact délicat de ses lèvres sur sa joue est toujours appréciable. Nicholas ne se prive pas de ses marques d’affection qu’il partage avec sa meilleure amie. Elle est cette bulle d’oxygène dont il a besoin au quotidien. Elle a cette légèreté qui lui manque parfois dans sa petite vie bien trop rangée. Du moins lorsqu’il se retrouve plongé dans son rôle d’héritier. Il sent la malice poindre dans le regard d’Hailey. Il sent son esprit se mettre en place pour faire de cette remarque futile, un divertissement qu’il est fort à parier va lui rendre le sourire. Il suffit de la voir se prendre au jeu, venir déposer sa main sur sa bouche pour le contraindre au silence. Hailey s’effrite pour devenir une agente secrète. Elle adopte cette posture méfiante, observe les lieux à la quête d’un danger en approche. Nicholas se prend au jeu en tant que spectateur. Un sourire attendri et amusé ourle ses lippes alors qu’il la suit obligeamment. Personne ne peut la remplacer. C’est une évidence. Avec elle, il pourrait se prendre au jeu de redevenir un gamin, l’adolescent qu’il était, mais il n’en oublie pas qu’il joue un rôle important au sein de cet établissement et qu’il ne peut pas se livrer à la même liberté que cette dernière. L’effet souhaité voulu par Hailey est atteint. Un sourire détendu ourle ses lippes alors qu’ils retrouvent l’accueil et rejoigne les rues bondées de la ville sous le regard amusé de ses collaborateurs qui semblent rassurer de retrouver un M. Cavendish plus détendu. Ils s’immiscent dans un taxi qu’ils halent et prennent la direction de son appartement. Elle y prend ses aises, comme elle a l’habitude de le faire. Elle s’y laisse tomber, semble satisfaite d’abandonner ses talons.

« Plus que des chaussons de danse ? » Il la taquine naturellement alors qu’il vient prendre à ses côtés après avoir retiré ses mocassins plus tôt.

Il vient naturellement glisser ses doigts autour de ses doigts pour l’inciter à lâcher prise pour pouvoir prendre la relève. C’est un geste qu’il a l’habitude d’accomplir, qu’il a commencé à avoir à son égard à l’époque où elle était sa petite amie. Il vient délicatement masser les plantes de ses pieds. Des membres qui portent les séquelles d’heures interminables de torture passées sur des pointes pour s’assurer d’avoir le mouvement de danse parfait. Il l’a vu tant s’échigner à la tâche que la masser est une évidence pour la soulager de cette douleur qui vient inévitablement se faire sentir. Il en profite même pour remonter sur ses mollets, laisse son pied s’échouer contre sa cuisse dans des gestes intimes qu’ils ont toujours l’un envers l’autre. Il ne le remarque même plus tant c’est ancré dans son ADN.

« Ça va mieux ? » Il questionne simplement avec un sourire mutin alors qu’il vient récupérer délicatement sa seconde jambe pour pouvoir masser son second pied alors qu’il l’abandonne sur ses cuisses.

Il sait pertinemment qu’elle adore qu’il la masse. Cela a même était parfois un geste impliqué dans des préliminaires. L’idée lui frappe son esprit, mais il n’en fait rien. Il serait bien trop aisé de se perdre dans la chaleur de ses bras pour tenter d’oublier William, mais il n’en a pas envie aujourd’hui. Sans doute parce qu’au fond, il aspire à garder un bout de lui, ancré dans son épiderme par cette morsure qu’il a déposé sur son omoplate durant leur étreinte sulfureuse. Il parlera à un moment donné de lui, de cette nuit passée, de son abnégation le lendemain, mais pour l’instant, il profite simplement de la présence de son amie, celle qu’il ne tardera pas à demander en mariage, car elle est la seule qu’il aime avec cette tendresse amoureuse, bien qu’elle ne sera jamais suffisante et qu’elle mérite bien mieux que cela.

(Tenue). Elle semble suivre le fil de ses pensées et il n’y a rien d’anormal tant ils se connaissent par cœur, mais ce soir, il semble y avoir un commun accord qu’il n’y aura rien de sensuel entre eux. Elle finit par se défaire de l’emprise de ses doigts pour se redresser et lui faire face. Elle lui rappelle qu’il est nécessaire de lâcher prise. Il le fait régulièrement dans l’intimité de son club ou lorsqu’il retrouve une amante ou un amant, mais il sait qu’elle ne parle pas de ce genre de lâcher prise. Elle glisse ses bras autour de sa nuque. Elle lui rappelle qu’il n’a pas à se définir par rapport à l’avis des autres. Il est d’accord sur le principe, mais il n’oublie pas qu’il est un membre de la famille Cavendish et que des attentes pèsent sur ses épaules qu’il le veuille ou non. Elle sait parfaitement qu’elle ne pourra pas le libérer pleinement de son rôle d’héritier. Il la laisse s’éclipser de ses bras alors qu’elle se glisse dans la salle de bain à l’étage. Il en profite pour se saisir d’une cigarette qu’il glisse entre ses lèvres pour l’enflammer. Il se laisse profiter des effets de la nicotine alors qu’il se retrouve quelques instants seuls. Son esprit s’égare quelques instants. Impossible d’oublier ce qu’il s’est passé la veille. Sa peau s’échauffe légèrement au souvenir de cette étreinte. Il s’intime à s’en extraire lorsqu’il entend la demoiselle redescendre de l’étage de son penthouse. Elle revient équipée de la bouteille de massage et elle l’invite à se laisse faire. Ne voyant d’objection à ce sujet, il retire naturellement son polo après avoir écrasé son mégot de cigarettes. Ainsi, elle verra la marque de la morsure déposée sur son épaule la veille. Il s’installe sur le ventre, laisse la possibilité à sa meilleure amie de se glisser sur son bassin pour laisser ses doigts magiques faire à leur tour leur merveille sur son épiderme qui porte encore les marques d’une nuit d’ivresse. Elle le trouve tendu et il ne peut que soupirer.

« C’est ce qu’il se passe lorsqu’on se dispute avec son ex avec qui on a remis le couvert la veille… » Il murmure avant d’ajouter : « et qu’on n’arrête pas de penser à ce qu’il s’est passé alors que ça ne devrait rien signifier. »

Malheureusement cela en a et il le sait, mais il est bien trop fier pour se l’avouer. Par conséquent, le massage offert par sa meilleure amie est un bon procédé pour tenter de se détendre et de lâcher prise comme elle lui a préconisé plus tôt. Elle y parvient sous le toucher de ses menottes de fées dont les touchers viennent défaire les nœuds présents dans son dos. Il grogne de mécontentement lorsque cette dernière décrète qu’ils s’arrêtent. Il se sentait bien. D’ailleurs, il ne bouge pas de sa place et se laisse juste profiter de ces quelques minutes. Il s’autorise de somnoler quelque peu. C’est mieux que de se questionner perpétuellement sur la marche à suivre maintenant qu’il est passé à l’acte avec William. Il accepte de se mouvoir uniquement lorsque sa meilleure amie est revenue avec lui avec un plateau rempli de denrées qui leur permettront de passer une bonne soirée tout en discutant avant de se lancer un film, il suppose. Il se redresse et vient remettre son polo qu’il avait abandonné plus tôt. Une fois rhabillé, il vient attraper quelques chips qu’il glisse entre ses lippes pour se mettre quelque chose sous la dent. Il a bien conscience d’être quelque peu ailleurs et d’une humeur assez taciturne. Difficile de se tenir trop éloigné de ces questionnements qui obstruent ses pensées. Fort heureusement, il peut toujours compter sur sa meilleure amie pour qu’elle lâche une bombe qui lui permette de se raccrocher au présent. Il tourne le visage vers le sien alors qu’elle lui aborde le sujet qui lui tient à cœur. Elle hésite sur la voie à suivre. Continuer sa carrière et donner des cours quand elle le peut alors que c’est quelque chose qui semble la passionner. Elle le questionne, lui demande son avis.

« Tu sais ce que je vais te conseiller, Dear. Suis ce que ton cœur de dire de faire. Nous savons tous les deux que prochainement, tu porteras une alliance au doigt et qu’on t’appelle Mme Cavendish. Ma fortune sera tienne également. Tu pourras pleinement te consacrer à cette nouvelle reconversion sans à avoir à t’inquiéter pour l’argent. La vraie question est donc de savoir si monter sur scène ne va pas te manquer pour encore les quelques années à pouvoir le faire. » Il la questionne à son tour alors qu’il l’observe avec bienveillance, car il est réellement intéressé par la problématique qui va signification changer sa vie en fonction de la voie qu’elle va prendre.