Je me trouvais au parc, le soleil était timide, mais de temps en temps, il pointait son p'tit nez. Mon petit garçon courait devant moi, alors qu’il tentait d’attraper un papillon, sûrement pour essayer de l'écraser entre ses doigts.

Son père était absent, parti profiter de la joie d'être un petit riche. Oui, il venait d’acquérir une maison en Polynésie Française. Pourquoi si loin ? Pourquoi là-bas, spécialement ? Et pourquoi maintenant ? Était-ce une crise de la cinquantaine ? Malheureusement, je ne pouvais strictement rien dire, nous étions divorcés... Mais en ce qui concernait mon fils, cela restait encore entre mes mains. Certes, je ne l’interdirais pas d’aller lui montrer ce qu’était le coin de paradis, mais il était hors de question qu'il envisage de passer la moindre fête là-bas avec mon fils sans mon accord.

Soudain, un bruit de moteur puissant attirait mon attention. Je levais les yeux et voyais un 4x4 noir se garer non loin de nous. Deux hommes en costume en descendaient, leur regard se fixant sur moi. Une boule d'inquiétude se formait dans mon ventre. J'ignorais s'ils étaient des flics en civil ou bien des brutes travaillant pour une organisation criminelle.

Ils avançaient vers moi, leurs pas étaient déterminés, et je sentais une montée de panique.

“Va voir les canards, mon chéri ?” demandai-je à mon fils, essayant de garder mon calme et de ne rien lui faire transparaître de mon inquiétude. Heureusement, il était trop absorbé dans son jeu pour s’en soucier. Les hommes étaient maintenant proches, et un frisson me parcourait le long du corps.

“Madame Wilkersson, nous devons parler” dit l’un d’eux d’une voix rauque. Mon cœur s’emballait. Que voulaient-ils ? Je regardais mon fils, essayant de masquer ma peur.

“Ne vous inquiétez pas pour votre fils, il va rester ici, bien sagement avec mon partenaire” déclara l’autre homme en attrapant mon bras. Je me débattais un instant, mais leur force était trop grande.

“Non, s’il vous plaît... attendez !” criai-je, mais ma voix se perdait dans le bruit ambiant du parc, et tout le bruit qui l’entourait. New York est une ville bruyante. Il me tirait vers le 4x4, et je lançais un regard désespéré à mon petit garçon, où cet inconnu s’était approché de lui. Ses yeux, pleins de confusion, me déchiraient le cœur, encore plus quand j’entendis dire : maman.

Je me retrouvais poussée à l’intérieur du véhicule, et le moteur démarrait aussi vite. La panique montait en moi alors que je réalisais que j’étais piégée. J'étais prise comme un rat. Je ne savais pas où j’allais, ni ce qui m’attendait.

“Qu'est-ce que vous me voulez ?” demandai-je, mais il ne prenait même pas la peine de me répondre. Avant de démarrer, il avait exigé de prendre mes effets personnels, dont mon téléphone portable.

Ce lieutenant de police en civil, très certainement l'un des ripoux qui devait bosser pour Zenia, me conduisait finalement dans une salle d’interrogatoire. La lumière des néons était dure, presque douloureuse. Et là, je la voyais : Zenia, assise, avec ce sourire que je redoutais tant. Mon estomac se nouait. Tout cela était de sa faute, et je réalisais lentement dans quel pétrin je me trouvais, alors que mon petit garçon restait en tête de mes préoccupations. J'avais tellement peur pour mon p'tit bébé.

“Vous?” Le policier me forçait à venir m'asseoir en face d'elle. Il se penchait vers moi, il murmurait doucement à mon oreille de bien réfléchir à mes décisions, parce qu'il avait mon fils. Je me retournais, voulant lui foutre une gifle dans le visage, mais sa main sur mon épaule m’empêchait tout mouvement brusque. Il quittait la pièce, et une fois la porte fermée, nous étions que toutes les deux !

“Je te jure, si tu fais quoi que ce soit à mon petit garçon, je te ferai regretter chaque seconde de ta vie. Peu m'importe si je dois couler avec toi, je le ferai et je m'assurerai également que ta petite bande finisse au fond du trou avec nous, crois-moi, tu as ma parole.” Oui, le respect avait disparu! Jamais, je n'avais oser m'adresser à elle de la sorte mais, quand on touche à son enfant, une mère peut devenir incontrôlable.

Dans la merde, j’étais littéralement dans la merde et j’avais besoin d’aide pour me sortir de ce guêpier. Ezio m’a trahi, le beau goss n’a même pas dénier me prévenir avant de venir m’arrêter au sein même de ma clinique. Ah pour me retourner comme une crêpe et me faire chanter jusqu’au petit matin, il était doué, mais pour protéger mes arrières, il n’y avait plus personne. Je suis tellement en rage contre lui et je compte bien me venger quitte à mettre en péril sa carrière pour me sortir d’ici. J’ai voulu croire que notre relation était spéciale, il m’a aidé suite à la mort de Berto, et même si j’ai vu de la détresse quand il m’a mis les menottes, il n’a quand même rien fait et pour cela, je serais impardonnable.

Je me suis donc laissé conduire au poste de police où ces messiers me reprochent des faits d’intimidation téléphonique et de blanchiment d’argent. On m’aurait dénoncé comme ayant de grosses sommes d’argent en ma possession et d’intimidation voir menace de mort sur une personne. Je sais les faits, je les connais et j’ai déjà anticipé une manière de me protéger de ses crimes mais j’ai besoin qu’une personne aille réunir ses preuves pour moi. Cette personne sera bien évidemment ma chère Sara, Madame Wilkersson a beau voulu changer de vie, elle n’en reste pas moins ma marionnette à qui je ferais appel quand j’en jugerais nécessaire.

C’est donc pour cette raison qu’elle se retrouvait désormais en face de moi dans une salle d’interrogatoire a essayer de me faire des menaces si j’en venais à toucher à un cheveu de son petit bambin. Je la laissais finir son discours des plus courageux, je dois l’avouer avant de prendre à mon tour à prendre la parole. J’avais ce sourire féroce aux lèvres, celle de la garce en affaire qui ne se laisse jamais démonter.

« Écoute-moi bien brunette, tu as beau te sentir pousser des ailes parce que tu as peur pour ton minot, je m’en contre fou d’accord. » Je plante mon visage dans le sien montrant toute mon assurance. « Tu ferais mieux de changer de ton si tu veux avoir l’espoir de le retrouver à la maison ce soir. Je ne toucherais jamais à un enfant, mais toi par contre, je ne me gênerais pas de te torturer.» Je tapais du doigt sur la table pour appuyer mes propos. « Alors tu vas bien m’écouter et faire exactement ce que je te dis pour que je sorte de cette cellule. »

Je me lève afin de dégourdir mes jambes, je fais quelques pas dans la pièce arborant une attitude sereine et pleine de pouvoir comme à mon habitude. « J’ai besoin que tu récupères quelques photos dans mon bureau à la clinique, ces photos sont la preuve que monsieur Ezio a passée du bon temps à mes côtés afin que toutes les preuves qu’il a pu trouver me concernant soient récusées. Ensuite, tu iras rendre une petite visite à la personne qui m’accuse de menace afin qu’elle revienne sur sa déposition si elle tient à sa vie. »

Je restais figée un instant, sentant la rage monter en moi. Cette femme n’avait donc aucune limite. Une vraie garce, celle-là !

Mon instinct me poussait à lui répondre avec tout autant de férocité, mais je savais que cela n'aurait fait qu’envenimer les choses. Je devais rester calme, même si l’idée qu’elle puisse menacer me donnait envie de tout faire voler en éclats.

Je la regardais droit dans les yeux, refusant de montrer la moindre faiblesse, malgré mon cœur qui battait à tout rompre. "Tu te crois intouchable, Zenia, mais tout a une fin... Et je crois qu'ici, c'est ton heure" disais-je, la voix aussi froide que l’acier. "J'ai peut-être obéi à tes caprices avant, mais tu te trompes lourdement si tu crois que ça allait durer éternellement. C’est fini entre nous et tu le sais !"

Je me redressais, croisant les bras, décidée à ne plus me laisser manipuler. Je n'étais plus cette Sara naïve d'avant qui se laissait berner pour quelques billets sous la table. À l'époque, j'avais amassé pas mal d'argent liquide... Mais ça, c'était derrière moi.

Je baissais légèrement la tête, un sourire amer se tordait sur mes lèvres. Tout prenait sens maintenant, mais pas dans le sens où Zenia l’espérait. "Alors, Ezio et toi, hein ?" Je laissais mes mots flotter un instant, comme pour savourer l’ironie. "Tu penses vraiment que ces photos vont te sauver ? Que les montrer prouvera quoi que ce soit aux yeux de la loi ?"

Je relevais mon regard vers elle, presque compatissante. "Qu’est-ce qui te fait croire qu’Ezio n’était pas là pour te piéger dès le départ ? Qu’il ne s’est pas servi de toi pour tirer des informations sur tes petites affaires douteuses ? Peut-être qu’il était un agent infiltré depuis le début, et toi… toi, tu pensais que c’était quelqu'un de spécial à tes yeux ?"

Je me penchais légèrement en avant, m’appuyant sur la table. "Ces photos ne prouveront rien. Il n'y a rien d'autre à retenir que le fait que tu t'es laissée manipuler de manière peu flatteuse, et c’est tout ce qu’ils verront.  Zenia, tu ne feras qu’aggraver ta situation." Ma voix se faisait plus douce, presque compatissante, mais tout en restant ferme. "Ces preuves ne te sortiront pas de cette cellule. Tu es finie, c'est terminé, ton heure de gloire est passée. Si j'étais à ta place, je chercherais rapidement un bon avocat ! Peu importe ce qu'on te propose sur la table, accepte-le sans hésiter sinon tu pourrais passer le reste de ta vie derrière les barreaux."

Mon dieu, c’était la première fois, la toute première fois de ma vie, que j’osais parler de la sorte, montrer mes crocs ! Jamais, au grand jamais, je n’aurais osé le faire auparavant. Je me levais de ma chaise prête à quitter la salle quand sa voix m'arrêta net.

Elle n'en avait pas fini avec moi et peut-être que j'avais sous-estimé ma propre fierté trop vite.

Cette petite garce pensait qu’elle pourrait se débarrasser de moi aussi facilement, mais pour qui se prend elle ?! Elle n’est pas la première à vouloir me fausser faux bond, beaucoup avant elle ont essayé et des biens plus féroces et comme vous vous en doutez, beaucoup on échoué. Je ne vais pas me laisser intimider par une ancienne avocate qui n’a même pas eu le tempérament de rester au barreau. Des ennemis, j’en ai depuis toujours et mes stratégies, j’ai su les étoffer avec le temps, ce ne sont pas ses petites menaces qui vont me faire peur, loin de là. Ce qu’elle ignore, c’est que je la laisse penser qu’elle a le dessus, pendant quelques secondes, elle se croit forte, supérieure, mais quand je balancerais mon jeu, elle me suppliera à genou de l’épargner, pauvre idiote.

« Tu crois vraiment que tu vas t’en sortir aussi facilement ? »

Elle gagnait en confiance, se redressant fièrement, pensant toucher une de mes failles. Ezio une faille ? Quelle bêtise ! Certes, l’homme a eu une place importante dans ma vie, mais je ne suis pas idiote pour me laisser avoir par un bel apollon. Le seul homme qui a joué avec mon cœur, c’est mon mari Berto et où est il maintenant ? Six pieds sous terre, je crois qu’elle n’est pas au courant de la panoplie de cruauté que j’ai à mon actif.

« Oui Ezio et moi ? Ce n’est pas parce que je suis veuve que je n’ai pas le droit de me faire plaisir. » Je la regardais d’un regard carnassier. Elle pensait me déstabiliser en me parlant de lui, de la possibilité qu’il puisse se servir de moi. Ce qu’elle ignore, c’est que j’avais pensé à cette possibilité des lustres avant elle. Je la laissais se galvaniser de courage. C’était amusant à voir, je feignis d’être touché par ses propos, rendant le spectacle encore plus délicieux.

J’étais toujours debout fière sur mes talons, tandis que Sara pensait gagner la bataille. Elle se leva prête à partir, c’est alors que je compris que c’était à mon tour d’abattre mes cartes.

« Le 12 juillet 2020, U Hôtel sur la 5ème Avenue, au bar précisément, a été vu une certaine avocate, quel est, son nom déjà ? J’ai du mal à m’en rappeler. » Je pose mes mains sur mon menton faisant mine de m’en rappeler tout en faisant claquer mes talons sur le sol. « Ah oui, je le tiens, Mme Sara Wilkersson. Voilà, c’est ça ! Donc cette femme a été photographiée même filmée en train de droguer un riche homme d’affaires, qui suite à ça a été inculpé dans une affaire de trafic de drogue, il me semble alors qu’il était innocent. On y voit d’ailleurs la présumer avocate monter avec lui dans sa chambre, déposer des documents ainsi que de la drogue dans cette dernière. » Avec toute l’élégance qui me caractérise, je me rassois sur ma chaise, fière de mon coup. « Ça serait dommage que cette jeune femme qui je le crois est mère se retrouve en prison à cause de cette malencontreuse affaire… »

Je fixe Sara, lui montrant la chaise sur laquelle elle était assise afin que l’on puisse enfin discuter de la manière dont elle va m’aider à sortir d’ici.

Je me tenais devant cette porte de sortie, ses mots m'arrêtèrent net. Je savais que la conversation avec Zenia ne serait pas simple, mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle ressorte cette vieille histoire. Chaque mot qu’elle prononçait me donnait envie de l’étrangler, mais je ne laissais rien paraître, bien sûr. Pas question de lui offrir le plaisir de voir que son petit jeu m’atteignait. Elle pensait jouer avec moi comme un chat avec une souris, mais je n’étais plus cette femme fragile qui obéissait à ses ordres sans broncher.

Zenia aimait se vanter de ses stratégies, de ses victoires passées, et je voyais bien qu’elle se délectait à l’idée de me voir trébucher. Je l’avais sous-estimée, c’était clair. Mais je n’étais pas idiote non plus. Le fait qu’elle mentionnât cet incident à l’U Hôtel sur la 5ème Avenue me faisait boullir intérieurement.

Zenia claquait ses talons sur le sol en se pavanant avec son air supérieur. Elle croyait vraiment qu'elle avait l'avantage, qu’elle me tenait par la gorge avec ses menaces. Mais j’avais appris à naviguer dans ses eaux troubles. J’avais déjà envisagé qu’un jour elle viendrait avec cette carte en main, pensant que ce serait son coup de grâce.

Je laissai un sourire en coin se former, un sourire qui ne trahissait pas mon agitation intérieure.

« Le 12 juillet 2020… » murmurais-je en jouant la carte de l’amnésie. « Ah oui, cette soirée-là. Je m’en souviens vaguement. »

Je la fixais dans les yeux, sans flancher. Elle se croyait intouchable, mais elle ignorait que je m’étais préparée à cette éventualité. Elle voulait que je m’écrase, que je cède à ses demandes, mais je n’allais pas me laisser faire aussi facilement. Pas cette fois.

« Zenia, tu as toujours aimé le drame, anéantir tout sur ton passage comme un vulgaire tourbillon », dis-je d’une voix douce, presque amusée.

Néanmoins, elle ignorait ou feignait d’ignorer les véritables raisons de ma présence ce jour-là. C’était elle que je couvrais, elle que je protégeais des regards insistants des flics qui avaient déjà des soupçons. Ce pauvre gars, un toxicomane et un dealer minable, n’était qu’un pion. Il devait prendre la chute à la place de Zenia. Ce n’était pas une question de justice, mais de survie. Et elle le savait.

Je pris une grande inspiration, comme pour m’assurer de garder mon ton toujours aussi doux, sans la moindre note agressive.

« Bien-sur que je n’ai pas oublié cette nuit, Zenia » dis-je avec une sérénité qui me surprit moi-même. « Ce que tu sembles omettre dans ton récit, c’est que j’étais là pour te protéger. Les flics avaient déjà des soupçons sur toi, et ce pauvre homme, ce dealer, devait payer à ta place. Tout ce que j’ai fait ce soir-là, c’était pour toi, pour t’épargner une enquête bien plus dramatique. »

Je m’avançai légèrement, toujours sans hausser le ton.

« Ce n’est pas parce que tu as quelques photos ou vidéos de cette nuit que tu détiens le pouvoir sur moi, Zenia. Je n’ai jamais rien fait de ma propre initiative ce soir-là. Tout était pour toi, selon tes petites magouilles de l'époque. »

Je fis une pause, guettant sa réaction. Zenia se délectait de ses stratagèmes, pensant que je tremblais devant elle. Mais j’étais restée droite, imperturbable, et mes mots, bien qu’enrobés de douceur, n’étaient pas sans poids. Elle voulait que je m’assoie, que je m’écrase, mais je n’allais pas lui offrir ce plaisir.

« Je comprends que tu veuilles abattre tes cartes maintenant », continuai-je d’un ton poli, presque bienveillant. « Mais dis-toi bien une chose, Zenia. Si je tombe pour cette affaire, tu tomberas aussi. Rien de tout ça n’aurait existé sans toi. »

Je restai debout, un léger sourire en coin, polie et élégante jusqu’au bout. Zenia pouvait jouer à son jeu autant qu’elle voulait, mais elle ne me ferait jamais perdre mon calme. Pas cette fois.

« Tu veux que je t’aide à renouer avec les démons du passé, mais je ne peux plus. Je n’ai plus aucun pouvoir, je ne travaille plus, et je ne suis plus avocate. Tout ce que je peux faire pour toi désormais, c’est t’apporter des oranges dans ta cellule. »

Elle en rajoute, prenant de plus en plus d’assurance face à mes paroles. Elle pense pouvoir me doubler, moi qui suis dans le métier depuis des années. Elle ne connaît pas la femme insensible que je suis. J’ai voulu être gentille, mais les avocats ne comprennent que la manière forte.

« Sara, Sara, Sara. » Je me lève, la belle veut me défier, alors jouons, j’adore ça ! « Il y a une chose que tu ne comprends pas. »

Je caresse la table tout en m’approchant d’elle, faisant claquer mes talons au sol tout en plantant mon regard intense dans le sien. Un regard noir plein de promesses de peines et de douleurs. Tu as dépassé les limites ma douce, il est temps que tu le comprennes. J’arrive enfin à sa hauteur.

« Quand je dis quelque chose. » Je saisis brutalement sa mâchoire, l’enserrant de la main d’une poigne de fer. « On fait ce que je demande. Tu penses avoir le choix une seule seconde, tu penses que toi, tu peux me détruire. Tu penses me doubler, mais j’ai trois coups d’avance sur toi, alors maintenant, tu t’assieds et tu vas m’écouter petite garce. »

Je lui indique la chaise, où elle va reposer son fessier comme la brave petite bête obéissante qu’elle se doit d’être.

« Le problème, tu vois, c’est que je ne vois pas comment tu peux m’incriminer pour des faits que je n’ai pas commis. Certes, j’ai eu affaire à toi par rapport à la clinique pour persuader quelques clients, mais ces faits me seront juste réprimander avec une amende. » Je marche pour me positionner derrière elle. « Non toi, tu m’accuses de choses dont je suis innocente. » Je m’abaisse pour lui murmurer à l’oreille. « N’oublie pas que c’est la chimiste qui t’envoyait des messages pas moi. »

La brune se croit invincible, protégé de ses actes parce que j’en étais la commanditaire, mais ce qu’elle ignore, c’est que même si en effet, je lui ai donné les ordres, je ne l’ai jamais fait en mon nom propre, j’ai toujours utilisé le surnom de la chimiste. Oui, Sara connaît mon identité, mais j’ai déjà des témoins qui pourront assurer que je ne suis pas la chimiste. Je n’ai jamais eu confiance en cette femme, sachant qu’elle pourrait nous apporter des problèmes à tout moment.

« Ma pauvre Sara, tu penses pouvoir me faire enfermer si facilement alors que bons nombres de mes ennemis ont essayé avant toi ? » Je m’assois sur la table juste à côté d’elle. « J’ai été patiente jusque-là, mais si tu veux jouer, je peux utiliser des manières plus radicales pour que tu m’aides, n’oublie pas que tu es mère de famille toi aussi. »

Je me laissais envahir par un calme presque surnaturel, bien que, au fond de moi, je sentais ma vulnérabilité se dresser, invisible mais bien présente. Je savais que Zenia jouait avec moi, cherchant à me pousser à bout. Mais il y avait aussi cette part de moi, fragile, qui me retenait de répondre avec trop de force. Peut-être parce que je ne voulais pas être perçue comme une menace, ou peut-être simplement parce que je n'étais pas prête à m'engager dans une bataille qui me forcerait à abandonner toute ma douceur.

Je baissai les yeux un instant, cherchant mes mots, puis je soufflai, presque comme si je me parlais à moi-même. " Petite garce ? Moi ? " Ma voix était douce, hésitante, marquée par une vulnérabilité qu’elle semblait exploiter sans effort. " Je n’ai jamais voulu en arriver là. Je sais que j'ai été beaucoup trop loin, et que je n'aurais jamais dû"

Je me sentais si petite face à elle, si perdue dans ce jeu de pouvoir où je n'avais pas de place. Mais, quelque part, je savais que je n'étais pas totalement impuissante. Je pouvais choisir de ne pas répondre à ses provocations, de rester fidèle à la personne que j’étais, même dans les moments les plus sombres.

Je pris une profonde inspiration, et malgré la peur qui me rongeait, je réussis à poser mon regard sur elle, presque comme une supplique silencieuse. Je m'assis devant elle, l'écoutant me réduire à rien, comme si je n'étais qu'une ombre sans valeur. Je me sentais si mal, si vulnérable, que les mots peinaient à sortir. Je secouai doucement la tête, une trace de tristesse traversant mes yeux. '' Et qu’est-ce que tu veux, exactement ? Qu’on partage la même cellule ? '

Est-ce ça, son but ? Me priver de tout, y compris de mes enfants ? Drole d'envie. J'étais loin d'être sa pire ennemie, tout de même.

Puis, une réplique piquante m’échappa : " A moins que .... Tu voudrais que je t’enseigne comment être une bonne mère, loin de tout ce monde criminel ? "

Je n’avais pas conscience d’où venait cette colère, mais une chose était certaine : quand on touche à ma famille, peu importe à quel point on se sent faible, c’est le seul endroit où je laisse mes griffes apparaître.