Louisa & Wyatt

La morte c’est le comportement que j’avais adopté envers Wyatt après mon overdose. J’avais beaucoup trop a gérer pour aussi gérer notre coucherie d’un soir. Entre ma séparation avec Gemma, les soins que j’ai subis, ma désintox, j’ai préféré me consacrer à ma santé plutôt qu’à cette soirée. Je ne regrette absolument pas d’avoir couché avec lui, le moment a été très agréable, c’est pas rapport à Gemma que cela m’embête même si elle et moi nous sommes séparés, je ne veux pas la blessé, ce n’est en aucun cas mon but. Wyatt n’a cessé de m’envoyer des messages après cette soirée, pour prendre des nouvelles très certainement mais je n’ai pas eu le courage de lui répondre… Il mérite des explications lui aussi, il mérite qu’on ait une conversation après tout nous sommes amis avant tout. Certes Wyatt et moi avons une relation particulière mais nous sommes bien amis, nous veillons l’un sur l’autre et je ne veux pas le blesser plus longtemps par mon absence.

Je suis en repos aujourd’hui, j’ai repris le travail depuis quelques semaines, cela me fait le plus grand bien de reprendre le cours de ma vie et surtout de travailler que ce soit en studio de photo ou de danse. Je me prépare un café quand je reçois un message, je saisis mon téléphone et lis ce dernier. Il s’agit de Wyatt, il est inquiet pour moi, il veut des réponses. Je m’en veux de lui causer autant de soucis, il est temps que nous ayons une discussion. Je lui tape immédiatement une réponse : « Je suis chez moi, viens je vais tout t’expliquer. » Je préfère parler en face à face plutôt que de m’étaler par message et puis il mérite une vraie conversation.

En attendant son arrivée, je m’attèle a faire un peu de rangement, je n’aime pas recevoir du monde chez moi alors que l’appartement est en bazard. J’ai juste le temps de finir de mettre de l’ordre quand la sonnerie retentit. Je me dirige vers la porte que j’ouvre et sans surprise, Wyatt est sur le pas. « Salut, je t’en prie entre. »  Je lui souris tendrement, avant de me décaler pour qu’il puisse faire son entrée.

Louisa & Wyatt

Tu sais, tu peux me demander ce que tu veux. Je vais le compter comme un combo.”

“ C’est super gentil, mais tu n’es pas obligé, Tran. Je ne veux…je ne veux…juste pas me tromper. Je pense qu’elle préfère plus le saumon que le thon.”

“ Je te prépare quelque chose. Va t’asseoir, je te sers un thé. Tu dois te détendre pour ton rendez-vous.”

Ce petit resto du Bronx cache un véritable trésor: Tran. Ce type est un spécialiste de la sagesse et du maki. Je suis toujours ébahi par ces propositions de sushis qui sortent des habitudes des restaurants américanisés. On le sait bien, les vrais sushis sont totalement différents de ceux qu’on mange ici. Ils sont plus délicats et minimalismes. C’est ça qui fait la magie; car on se demande comment si peu d’ingrédients puissent provoquer de tels saveurs en bouche.  

C’est ce que je voulais offrir à Louisa: un peu de magie, ce soir. Faire descendre le malaise qu’il aura surement en se revoyant depuis si longtemps.

Vous savez moi et le malaise; je fais tout pour le tourner en humour. Je manque d’air en voyant l’inconfort des gens à ma vue. Parce que je me dis que je suis responsable de ce mal être qu’ils ont. La culpabilité qui me prend au vif ne sachant même pas ce que j’avais fais pour sentir cette triste ambiance.

Je déteste ça. Si je peux prévoir, faire quelque chose pour alléger la tension : je suis prêt à courir pour obtenir une solution.

Tout est de ma faute, au fond, hein ? J’ai pas su gérer la situation comme un gars responsable. C’était, pourtant, moi qui était le moins bourré. Ce qu’il aurait fallu faire, c’est de l’amener gentiment au taxi et fermer la porte derrière….

Ou, la reconduire à sa porte et s’assurer qu’elle entre. Que tout soit barré avant de repartir, qu’elle soit en sécurité pour être rassuré.

Non, j’ai rien fais de cela…

Je me lui laissé emporter par mes pulsions. Voilà…
Sentir qu’une femme aussi merveilleuse te désir, c’est…c’est génial !

On se sent comme un homme à part des autres. Qu’on a, sans doute, quelque chose d’intéressant pour qu’elle capte son attention sur toi. Que tu n’es pas aussi idiot à ces yeux, finalement.

Enfin, ce sentiment d’être véritablement apprécié de quelqu’un, d’être aimé au fond…, hein ? C’était peut-être ça qui se cache derrière tout cela, non ? Derrière cette petit visage mesquin, il y a une femme qui m’aime bien…

Je le croyais, en tout cas…Finalement, c’est plus que je suis bel et bien un idiot à ces yeux.

Elle m’avait demandé de partir dès le lendemain matin. Depuis que j’ai vu cette porte ce refermer; aucun signe de vie…Rien.

Même mes appels, mes textos cherchant à comprendre ce que j’avais fais de mal; aucun retour. Qu’est-ce que j’ai pu bien lui faire ? Peut-être que je lui ai fais mal ? Qu’elle n’a pas aimé ce côté plus “animal” chez moi. Ça ne peut pas plaire à tout le monde, c’est sur…

Essayer de me remémorer cette soirée dans les moindres détails pour trouver le moment qui l’a froissé, brusqué…J’ai, pourtant, vu que son magnifique sourire, même des rires angéliques sortant de ces lèvres. Si vous aviez vu son regard de braise sur moi et la musique de ces plaintes: rien qui pouvaient m’indiquer que j’avais fais fausse route.

“ Si tu continues comme cela, mon garçon, tu va te gruger le pouce jusqu’à l’os. Elle doit être à ce point importante cette femme pour ne pas avoir goûté à mes biscuits sous ton nez.”

Les fameux biscuits de Tran. Je les regardais avec un sourire avant d’en prendre un pour le manger devant lui, essayant de prouver que je les avais bien vu.

“ Excuses-moi, Tran…Je veux juste…Je veux juste pas la perdre...Elle m’a ignoré si longtemps alors qu’elle aurait eu besoin de moi…”

Oui, j’ai entendu les échos à son sujet. J’étais à la fois fière d’elle d’avoir eu le courage de franchir un pas immense pour se sortir de ce cercle vicieux et aussi tellement triste qu’elle n’a pas voulu que je sois là pour elle…

Même ces roses blanches que je déposais une à la fois tous les vendredis matin pour signifier ma présence, que je pensais à elle, que je l’encourageais à sa guérison n’avaient rien donné. Ce n’est que cette semaine-là qu’elle me donnait signe de vie.

“ La solitude te pèses à ce point ?…Ne devrais-tu pas dire que tu as aussi besoin d’elle ? Pourquoi courir autant après les gens qui t’ignores ? Tu te blesses, mon garçon.”

Je n’avais pas aimé ces mots; plutôt, ces accusations. Que j’étais le responsable de cette pression que j’avais sur mes épaules. À vouloir trop bien faire…on peut finir par le faire tout seul. C’était ça, au fond, ce qu’il voulait dire, hein ?

J’avais pas le temps pour les énigmes. Je venais de monter les dernières marches qui me séparaient de cette porte. La même qui s’est refermé, il y a plusieurs semaines. Je regardais ma tenue que j’avais pris soin de choisir. Mes jeans les plus propres avec un beau t-shirt uni noir, pas trop moulant. Avec la chaleur, je voulais éviter que ça me colle à la peau. Par contre, mes verres fumés préférés étaient bien là, sur ma tête. Elles me portaient chance…

Je poussais un soupir, peut-être même une petite prière en même temps.

Je n’ai pas pu douter de mon choix de venir bien longtemps. La porte s’ouvrait sur un visage souriant. Un léger soulagement. C’était un bon signe. Enfin, j’espère…Je lui retournais son sourire avec le mien, sous ma moustache bien taillée.

Je la regardais cherchant, quand même des indices de ce qu’elle voulait bien me dire, m’expliquer. Oui, j’étais craintif, ayant même du mal à dévoiler la rose blanche que je cachais derrière mon dos ainsi que ce sac brun contenant une boite de sushis fait avec amour.

“ Tiens, et je…je…j’espère que tu as faim. Je me suis dis que des sushis,…c’était..enfin, c’était pas trop lourd comme casse-croûte…en discutant. Je me souvenais que tu préférais le saumon…, c’est bien ça ? ” disais-je tout bas en mettant aussitôt mes mains dans mes poches une fois débarrasser de mes présents.

Bon Dieu que j’ai l’air d’une quenouille pas de couilles. Ça ne me ressemble pas.

Louisa & Wyatt

Xérès, muscat, bordeaux, autant de vin qui trônait dans mes placards, prêt à être dégusté, ces vins délicieux étaient des cadeaux que Gemma m’avait fait à l’époque où nous étions encore un couple. Vaste présage du passé qui me ramenait à des semaines en arrières, je refermais mon placard et continua de ranger mon appartement en attendant la venue de mon ami. Bien des choses avaient changé ses derniers temps. Gemma et moi c’était terminé, j’avais fini à moitié soule dans un bar, j’avais fini par coucher avec Wyatt, j’avais ensuite fait une overdose à laquelle j’avais miraculeuse survécu et enfin j’ai été en désintox. Ma vie avait changé du tout au tout, j’avais pris conscience que je comptais pour mes proches, que je devais me ressaisir et aller de l’avant. J’avais démissionné du Red Cellar, abandonnant mon métier de prostitué pour me consacrer au modélisme et à la danse. La drogue ne faisait plus partie de ma vie et ma consommation d’alcool avait considérablement diminué. Je me sentais mieux dans mon corps, dans ma tête, me faisait même suivre par un psychologue, étape obligatoire dans mon processus de sevrage.

Qui dit nouvelle vie, dit nouvelle femme mais surtout il fallait que j’assume mes choix et mes comportements. C’était la raison pour laquelle j’avais demandé à Wyatt de venir, je ne voulais pas que mon silence passe pour ce qu’il n’est pas. Je ne regrettais pas la nuit que nous avions passé ensemble et notre amitié n’en avait pas changé pour autant.

Wyatt toqua à la porte et je le fis entrer. Il avait une tenue impeccable et cela m’amusa, connaissant le moustachu, il a du se mettre dans tous ces états, se posant mile questions face à mon silence. Il n’arrivait pas les mains vides, chargés de sushis et pas n’importe lequel ceux au saumon dont je raffole. Je saisis le paquet et le dépose sur la table de la cuisine.

« Merci Wyatt, c’est très gentil de ta part mais tu n’étais pas obligé. »

Je lui souris largement pour le rassurer face à son malaise évident.

« Je t’en pris installe toi sur le canapé, il faut qu’on discute mais rassures toi tu n’as rien fait de mal. »

Je dépose une main sur son épaule et le guide vers mon salon afin que nous puissions prendre place sur le sofa.

Louisa & Wyatt

Je ne me sentais pas obligé, non plus. J’avais envie de le faire…Mettre ce beau sourire sur ton visage.” disais-je par la simple volonté de rendre sa journée meilleure. Pas besoin du gros bracelet en diamant ou la décapotable de l’année. Une petite attention qui lui prouve que tu tiens à elle, que tu sais personnellement ce qu’elle aime; ça vaut pour beaucoup.

Et je m’en rappelais bien de ces préférences en sushis. Une petite victoire pour moi qui me rapproche de mon désir de retrouver cette belle et vieille relation entre nous. Éliminer ce nuage grisâtre au-dessus de nos têtes.

Peut-être plus la mienne, car Louisa ne semblait pas aussi hésitante que moi face à nos retrouvailles. C’était, espérons, une bonne chose voulant désamorcer le malaise le plus vite possible.

Alors qu’elle prenait le sac, je me retrouvais qu’avec la rose blanche entre les mains. Je la faisait tournoyer par la nervosité du moment tout en marchant pour m’approcher de son salon.

Un salon propre. Nettement plus propre que ce que j’avais déjà vu. Un vent de fraîcheur sillonnait la pièce. Un renouveau. Bien des semaines ont passé depuis que je suis rentré ici et je sentais bien que bien des décisions ont été prise, par la suite.

De bonnes décisions, si j’avais bien suivis les nouvelles à son sujet. Je ne pouvais qu’être fier de cette demoiselle qui s’est choisi face à tous les embûches que cette vie ardue nous donne. Refuser de continuer de descendre dans les emmerdes et prendre un grand virage à cent quatre-vingt degrés. Sa tête, son corps et sa maison étaient transformés.

Mais, je n’ai pas pu la soutenir dans tout cela. Elle ne m’avait pas permis de le faire.

Et je voulais comprendre pourquoi. Je n’ai pas pu m’empêcher de pousser un petit soupir mesquin face à ces propos.

En faisant quelques pas vers le canapé.

“ Tsss…Tu en es sûr…?! Parce que pour me repousser comme cela…Pas me répondre…m’empêcher de te voir, de…de t’aider, de te supporter dans cette…cette magnifique décision de te reprendre en main : j’ai dû faire quelque chose de grave…ou que tu me vois comme une nuisance. Que tu ne me veux plus dans…dans ta nouvelle vie…”

Je m’assoyais tranquillement, en déposant la rose blanche sur sa table à café devant moi. Je ne regardais plus Louisa, me concentrant sur la rose.

“ Et pourtant, tu le sais très bien que je ne supporte pas qu’on me délaisse sans me dire pourquoi, sans me dire quoi que ce soit…Je suis de moins en moins capable de le supporter sans…angoisser comme un dingue.” avouais-je tout bas en me cachant le bout de mes doigts ayant été grugés par l’anxiété.

Une de mes plus grandes faiblesses que ma psychologue à creusé pour chercher la cause. En vérité, il ne fallait pas chercher bien loin, mais je n’arrive toujours pas à en parler aisément…

Louisa & Wyatt

La plus grande qualité de Wyatt est bien d’être attentionné, toujours prêt à prendre soin de ses proches, à leur rendre le sourire quand ça ne va pas mais aussi à se focaliser sur eux, en s’oubliant complètement. Oui j’adore Wyatt mais il a tendance à vouloir aider tous le monde en oubliant de vivre sa vie. Je sais aussi qu’il a souvent peur de blesser les autres et c’est aussi la raison pour laquelle je lui ai demandé de venir. Je ne veux pas qu’il pense qu’il a quelque chose à voir avec mon silence.

Je lui souris tendrement, le remerciant de cette gentille attention. Ce n’étais peut être pas grand-chose mais ça avait le don de me réchauffer le cœur. Je sais que je peux compter que lui à n’importe quel moment, c’est un ange.

Il faut dire que ces derniers temps nous avons fait du chemin tous les deux, nous avons dépasser le stade de s’insulter à tous vas, pour se dire clairement les choses, prendre soin l’un de l’autre, allant jusqu’à coucher ensemble. Bon la coucherie c’était un bonus on va dire mais tous ça pour dire que nous avons développer une réelle amitié et j’en suis contente.

Nous nous dirigeons vers mon salon afin de nous installer sur mon canapé. Je ne pus que remarquer, les yeux de Wyatt qui inspecter mon appartement. Oui beaucoup de chose avait changé, ce lieu qui habituellement était en désordre, remplis de cadavre de bouteille, de joint ou drogue en tous genre ou bien de vêtement jonchant le sol, se retrouvait désormais comme un sous neuf. Tout était rangé, en ordre, j’étais fière de moi, fière qu’il puisse remarquer ce changement.

Comme je m’en doutais, Wyatt pensait que je lui en voulais alors qu’il était bien loin de la vérité, il avait raté quelques petites étapes de ma vie. Mon ami me signifiait ses angoisses, je les connaissais et je m’en voulais de lui avoir provoqué ce sentiment mais il faut dire qu’en camp de désintox, je n’avais pas accès à mon téléphone et je n’étais pas du tout en état pour appeler qui que ce soit d’ailleurs. Seul ma famille avait le droit de me rendre visite et encore j’ai du attendre 3 semaines avant de les voir. Nous prîmes place de sur le canapé et je mis fin aux doutes qui rongeait mon ami.

« Wyatt stop, tu n’as rien fait d’accord, tu n’y es pour rien. Je ne t’ai rien dit parce que je n’avais pas accès à mon téléphone là où j’étais. Je vais tout t’expliquer mais c’est moi la seule fautive alors écoute moi bien parce que ce n’est pas facile pour moi d’en parler encore, c’est assez frais… »

Je baissais les yeux, la partie que j’allais comptais n’étais pas facile pour moi, me faisant remonter beaucoup de noirceur mais aussi de honte face aux comportements que j’avais dans le passé et surtout mon addiction.

« Bon on ne va pas y aller par quatre chemins, j’ai fait une overdose, Gemma m’a trouvé chez moi à moitié entrain de mourir, c’est pour ça que je ne t’ai pas contacté. »

Je lui donnerais plus de détails au fur et à mesure mais déjà, c’était une bonne entrée en matière pour qu’il comprenne, qu’il n’avait rien à se reprocher.