"FIRST DATE WITH YOU"

@Jakub Lehkonen -Aslund

"Don’t find love, let love find you. That’s why it’s called falling in love because you don’t force yourself to fall, you just fall."

C’est limite affolant, j’étais pire qu’un gosse le jour de Noël. J’avais tellement hâte que jeudi arrive vite pour prendre un verre avec Jakub. Je ne sais pas pourquoi je me sens comme ça, mais j’étais content de voir encore une fois ses beaux yeux bleus, cette bouche parfaite qui ne demandait qu’à être embrassée, ce corps parfait contre qui on a envie de se lover. Enfin, si je sais pourquoi. Je suis tombé sous le charme de ce beau PDG. Il est parfait, tellement beau, tellement rayonnant, tellement attrayant, quand il parle on a juste envie de boire ses paroles. C’est bien la première fois que je vis cela. On m’a toujours parlé de coup de foudre, mais je n’y croyais pas du tout. Dès que mon regard s’est posé sur ses yeux bleus, j’ai senti mon rythme cardiaque augmenter, des frissons sur pratiquement tout le corps, une nervosité avec des papillons dans le ventre, une envie de tout savoir sur lui, de repartir avec lui à la fin de l’interview. Au premier abord, cela m’a fait un peu peur de ressentir cela, mais en y repensant le lendemain, j’ai compris que j’étais totalement sous le charme de Monsieur Lehkonen - Aslund. Le lendemain, j’ai regardé sur Internet si je trouvais d’autres informations sur lui, j’ai regardé encore une fois son Instagram et ses photos. Heureusement pour moi, il ne saurait jamais que j’ai fait ça. Il va me prendre pour un taré après. Nos conversations étaient passées à un niveau supérieur, enfin ce n’est que mon humble avis. Nous nous permettons plus de taquineries, de phrases que je ne dirais jamais normalement. Je lui ai même envoyé une photo sans faire exprès. Je m’en suis bien voulu sur le moment, mais quand il a envoyé une photo de lui en retour sur ce lit. J’ai senti une bouffée de chaleur et mon corps a bien réagi. J’ai juste eu envie de le rejoindre dans le lit et de me mettre à côté de lui et de lui faire des choses sales ou juste se reposer contre ce magnifique homme. J’ai d’ailleurs dû prendre une bonne douche froide pour me calmer un peu. Je sais que ce n’est qu’un rêve, mais j’aimerais tellement que ça se réalise. Après tout, on dit toujours « Rêver, c'est ambitieux, l'ambition, c'est de réaliser ses rêves. » Il m’a fait comprendre à moitié qu’il aimait un homme. Ce fameux ‘Il’ qu’il a mentionné dans notre conversation. Bien évidemment que je vais être jaloux de la personne qui va conquérir le cœur de Jakub. On a le droit d’être jaloux et d’envier la personne. Je sais bien que ça va me briser le cœur quand je le verrais en couple, mais je vais m’en remettre ou pas d’ailleurs. Enfin, ce n’est pas le moment de penser à ça. Pour le moment j’allais l’avoir rien que pour moi ce soir et j’allais profiter de chaque seconde. Je me suis promis de ne pas trop boire pour ne pas faire trop de connerie. Je sais qu’il ne va rien me dire de méchant, mais je ne veux absolument pas m’embarrasser devant lui. La honte, surtout quand je bois un peu trop. Je suis vraiment tactile. En temps normal, j’y suis, mais alors avec un coup dans le nez, c’est pire. Je m’étais préparé en regardant plusieurs tenue. Je ne savais pas du tout quoi me mettre, c’est comme si aucune tenue n'était assez bien pour ce soir et pour lui. J’ai opté pour un polo bleu marine, un jean délavé et des baskets. Ce n'est absolument pas une belle tenue, mais je ne savais pas quoi mettre. Je ne voulais pas que ça soit trop formel non plus, mais si lui venait habiter en costume cravate encore ? Tant pis, j’ai mis ça et je m’excuserais au cas où. J’ai décidé de ne pas prendre la voiture, les transports en commun, c’est bien aussi. Puis il n’y a rien de mieux qu’une petite marche à pied pour se libérer l’esprit. Je pensais arriver en retard, mais Jakub n’était pas là. Une jeune hôtesse d’accueil m’a dirigé vers le salon VIP dont Jakub m’avait parlé par message. Je peux sentir mon stress monter d’un cran. Il faut absolument que je me calme avant qu’il n'arrive. Dès que mon regard se pose sur lui, j’ai ressenti l’envie de bégayer. Il est tellement beau en tenue décontractée. Ça va être compliqué la soirée. On ne peut pas m’apporter un sceau de bière pour me calmer ? Je me lève pour aller le saluer et bien évidemment, mon téléphone à failli tomber, heureusement, je l’ai rattrapé et je l’ai rangé. Je m’avance vers lui pour lui serrer la main. Ce dernier la saisit. Sa main chaude dans la mienne me fait frissonner de désir et d’envie de le jeter dans le fauteuil à côté et de lui faire un tas de choses. Je sens mon cœur s’accélère et je sens aussi son pouce caresser la peau de ma main. Je baisse le regard sur nos mains liées et je rougis. Je sens aussi son parfum, ça me fait limite tourner la tête. Qu’est-ce que j’aime son odeur. J’ai juste envie de me jeter autour de son cou. Je dois vraiment me calmer, sinon ça n’allait pas le faire. Je détends un peu l’ambiance en remarquant qu’il n’avait pas mis de cravate. Il se mit à rire. Je ne peux m’empêcher de me détendre et de sourire. Son rire est un vrai doux mélodie pour moi. Je lui dis ensuite que je suis content de le revoir et lui me répond qu’il est aussi ravi de me voir, il s’excuse de son retard et me fait un clin d’œil. Si je n’étais déjà pas amoureux de cet homme, je pense que je serais tombé sous son charme maintenant. « Ne t’excuse pas, on sait bien que la route, c’est compliqué parfois. Tu es là maintenant, c’est le principal. » Et je lui fais un grand sourire. Son clin d’œil m’a fait rougir, je dois vraiment reprendre le contrôle de moi-même. D’ailleurs, on s’assoit tant mieux parce que mes jambes ressemblent un peu à de la gelé. Je lui demande ensuite si ça va. Il me dit qu’il allait bien et me demande si j’aurais préféré qu’il porte une cravate et me dis ensuite qu’il en mettra une, une autre fois. J’ai arrêté de respirer une demie seconde, son regard me tétanise un peu. « Je vais bien, je te remercie. Pour ce qui est de la cravate, il vaut peut-être mieux que tu n’en portes pas. Tu sembles les porter de travers et je ne serais pas toujours là pour te les redresser. » Je rigole un peu. C’était bien évidemment une taquinerie, mais je me rappelle bien ce que ça m’avait fait de toucher ce torse et de m’être approché de lui d’aussi près. Une serveuse est arrivée avec la carte des boissons. Je laisse mes yeux se poser sur la jeune femme et je vois que Jakub la prend. Il me la tend ensuite en me demandant si je veux boire quelque chose. « Ce n’est pas ce que nous avions prévu ce soir ? De boire ? » Je lui fais un léger clin d’œil et je souris. Je prends la carte en le remerciant et regarde un peu ce qu’il y a dedans. Je lève discrètement les yeux de la carte et je vois que la serveuse est encore là. Comme si elle attend quelque chose, elle ne peut tout simplement pas partir et nous laisser en paix. Cette dernière tend à Jakub sa carte, mais il ne la prit pas. Je fronce les sourcils, ne comprends pas pourquoi il ne veut pas la prendre. Après tout, c’est vrai qu'il a dit qu’il était un habitué. Enfin, qu’il était déjà venu ici. Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est qu’il mette son sur le dossier du canapé et se rapproche de moi. Alerte rouge, tout les voyant dans mon cerveau se mettent en alerte. Que fait-il. Je me tends un peu et laisse échapper un petit souffle. Je sens son parfum encore, et mon corps frissonne encore une fois. Il se rapproche encore et je sens son torse, ce fameux torse, frôler mon épaule. Je reste concentré sur ma carte comme si tout était normal alors que non ce n’est absolument pas normal. J’ai juste envie de crier et de me mettre contre lui. De le serrer fort et de l’embrasser. Je rougis parce que la jeune femme est toujours là et je sens son souffle proche de ma tête dès qu’il se met à me parler, ce doux parfum mentholé et envoûtant. Il me dit qu’il y a pas mal de choix et je ne peux que secouer bêtement la tête. Il me dit ensuite de prendre ce que je veux, avec ou ses alcools. J’essaie de me concentrer sur la carte, c’est un peu compliqué avec Jakub juste à quelques centimètres. Je regarde la carte encore quelques secondes, je ne vois même pas ce qu'il y a marqué tellement je suis sur un petit nuage. Je tourne ma tête pour regarder Jakub et je vois que nos visages sont vraiment très près. J’ouvre la bouche pour parler, mais aucun son ne sort. Je reste la bouche ouverte et mes yeux vont directement à ses lèvres. Je ne sais pas par quelle force de la nature, je ne me rapproche pas pour l’embrasser. « Je… » Dis-je tout doucement, mes yeux son mis-clos, je flotte totalement comme sur un nuage de bonheur. Je sors ma langue pour mouiller mes lèvres sèches. J’ai la gorge sèche aussi. « Je vais prendre un Mojito. » Dis-je en regardant encore ses lèvres. « S’il te plaît. » Est-ce que je le suppliais de m’embrasser ou alors pour la boisson ? Je voulais ses lèvres sur les miennes tout de suite. Je ne sais même plus mon prénom limite à ce moment précis. « Et toi ? » Je me racle un peu la gorge. « Tu veux embrasser quoi ? » Je fais de grands yeux. Merde, je suis totalement con. Qu’est-ce que je viens de dire ? Putain, j’ai tout cassé. « Pardon. Désolé. » Je gémis un peu. « Tu veux boire quoi comme boisson ? » C’est mieux dit comme cela. J’essaie de reprendre un peu mon sang-froid et je le regarde dans les yeux avant de me tourner vers la jeune femme. Elle a tout noté sur son calepin. Je la regarde partir en souriant et me retourne vers Jakub qui est encore proche de moi. « Euh… C’est vraiment sympa ici. C’est un très bel endroit. Une superbe vue. » Dis-je en le regardant droit dans les yeux. C’est vrai que la vue était très très belle.

D’accord, cette soirée, allait être vraiment, mais vraiment stressante. J’ai hâte de voir Jakub, vraiment hâte, mais j’appréhende aussi. Est-ce qu’on allait discuter 1h et après repartir chacun de son côté, genre merci au revoir et à bientôt ? Est-ce qu’on va avoir une conversation ? Oui bien sûr, mais s’il se rendait compte que je ne suis pas intéressant et que je n’ai pas vraiment sa culture ou autre ? J’ai fait une école de journalisme, mais je n’ai pas non plus une culture débordante comme lui pourrait l’avoir. S’il commence à me parler philosophie, je suis dans la merde. C’était une matière que je détestais le plus à l’école. J’ai dès connaissance évidemment, mais pas non plus trop. J’ai eu la moyenne et pas plus. Je n’ai pas cherché non plus à avoir plus. Se voir ce soir et boire un verre n’a rien à voir que d’interviewer quelqu’un pour le journal télévisé. Bien sûr, on a parlé un peu avant. Ça a été un peu un fiasco, vaut mieux oublier ce moment. Bon, je n’arrive pas à oublier le moment, mes mains sur son corps, sur son torse. C’était tellement parfait. Ce soir, je devais absolument garder mes mains pour moi-même, surtout pas boire beaucoup. Si j’ose boire plus que nécessaire, j’allais partir en mode koala avec lui et là, il serait vraiment dans la merde. Un Koala agrippé a un bambou ou même un arbre, c’est dur à déloger et bien là, c’est pareil. Ça allait être compliqué de me déloger de Jakub, surtout que je serais capable de lui avouer mes sentiments pour lui. Chose que je ne veux pas qu’il sache, à part si je veux le voir fuir en courant. Depuis le jour ou Jakub à passé la porte du studio pour partir, je n’ai pas arrêté de regarder son compte Instagram. Je m’y suis même abonné sans faire exprès. Bon, d’accord, je voulais m’abonner. Tous les matins au réveil ou le soir avant de me coucher, j’ai mon petit rituel d’aller voir son Instagram et voir s’il a publié quelque chose. J’ai eu plus d’une fois envie de me frapper la tête contre un mur. Normalement, je n’agis pas comme ça, surtout que je ne connais absolument pas Jakub. Enfin, cette petite soirée allait au moins nous permettre de faire connaissance. J’espère qu’on allait faire comme par message et bien parle de tout et de rien. C’est vrai que c’est plus simple par message, déjà il n’y a pas la personne à côté. On peut plus se cacher et moins avoir honte. Bien évidemment, les 3/4 des messages que j’ai envoyés à Jakub, je n’aurais jamais pu lui dire en face. Je ne me souvenais plus, mais il y avait sa tache de naissance aussi que je devais chercher. Je vais attendre qu’on prenne un ou deux verres de plus avant de me lancer dans des fouilles archéologiques, bien qu’il m’ait dit qu’elle était visible. Cela me donnerait une excuse pour pouvoir le toucher un peu. En espérant que ça ne le dérange pas et qu’il n’appelle pas les policiers ou qu’il tape un scandale. J’étais tellement content de le voir arriver. La serveuse a donné une carte à Jakub et ce dernier me l’a passé. J’ai commencé à regarder ce qu’il y avait et j’ai senti mon compagnon de boisson s’approcher de moi. Je ne comprends pas trop pourquoi il a fait ça, mais je sais que c’est très agréable de l’avoir contre moi. Sa présence, son odeur, son bras musclé, ce fameux torse près de moi. J’ai juste à tendre un peu la main et j’ai accès à tout Jakub. C’est ultra tentent de tendre la main et de le toucher, de passer une main dans son cou et de descendre jusqu'à son torse. Même pas de descendre plus loin, même si j’ai grandement envie, mais juste de pouvoir poser ma main sur son torse si bien sculpté. De tourner la tête et de l’embrasser passionnément. Je pourrais être vite fixé cela dit. J’ai juste à me tourner et à l’embrasser et je vois comment il réagit. Bien sûr, je ne suis pas comme ça. J’ai trop peur de faire une erreur et de le voir m’échapper. Je préfère que nous restions amis et tant pis pour le reste. Je veux l’avoir à mes côtés et lui parler. Je suis beaucoup trop accro à nos messages, beaucoup trop accro à lui. On peut limiter parler de drogue. Il est donc contre moi et je n’ose pas le regarder et je lis, non, je ne lis pas la carte. J’essaie de deviner ce qui peut être mis, je déchiffre un mojito. Je ne cherche pas plus loin. Mon cerveau n’arrive même pas à comprendre que 2+2 = 4. Pour moi, ça peut faire 30 000 et ça ne me pose pas de problème. J’ai le cerveau qui manque de sang. Tout le sang se précipite ailleurs. J’arrive à sortir que je prends un mojito sans trop bégayer tout en le regardant, j’ai envie de m’applaudir. Je veux lui retourner la question pour être poli et comme je le disais plus haut, mon cerveau n’a plus de sang et ne réfléchit plus du tout. Je lui ai demandé, tu veux embrasser quoi ? Mais putain, ce que je peux être con, pourquoi, mais pourquoi. J’ai paniqué, je ne sais même pas pourquoi j’ai sorti ça. Entre boire et embrasser il y a la mer atlantique. Il y a 20 continents. Ça n’a rien à voir. Le pire, c’est que je le vois sourire. Il sait l’effet qu’il fait, c’est ça le pire. Il joue. Il parle enfin en commandant un whisky pur malt avec glaçon. Je ne le quitte pas du regard. Il est tellement envoûtant. Il est un peu comme le serpent dans le livre de la jungle. Il me donne un ordre à cet instant précis, il n’y a pas de problème, je l’exécute tout de suite. La serveuse part enfin, elle doit se demander ce qui se passe. Moins il y a de témoin mieux c’est. Nous nous regardons, son regard est celui d’un homme taquin, joueur, coquin. Dans quoi je me suis mis. Après, ce n’est pas comme si Jakub ne l’avait pas dit. Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est qu’il s’approche de moi. J’arrête de respirer et ne bouge plus. Je sens un souffle chaud à côté de mon oreille et je ne comprends pas tout de suite ce qu’il dit.J’ai les yeux presque fermés et c’est là que je percute qu’il dit juste un mot. Un mot qui peut tout changer. Il le dit d’une façon qui me fait gémir doucement. J’essaie d’arrêter le gémissement dès qu’il sort de mes lèvres. Je rougis furieusement. Ça fait juste 5 minutes qu’on est ensemble. Je ne vais pas résister à toute la soirée si c’est comme ça. Je vais lui sauter dessus à un moment ou à un autre. Une fois qu’il a dit son mot, il se recule et je cligne des yeux. Comme si tout le charme était rompu. C’est comme si ma transe venait de rompre. Est-ce qu’il joue avec moi ou est-ce qu’il le pense vraiment ? Je le regarde mettre quelques centimètres entre nous. Je me redresse un peu et je passe une main sûre contre mon visage. Je sais bien que mon visage montre que je suis troublé. Il répond à ce que je lui ai dit un peu avant en parlant de la vue. Bien sûr, je parlais de lui, mais ça, il n’est pas censé le savoir. Il me dit qu’il est totalement d’accord avec moi. Que c’est magnifique. J’hoche la tête. Il me parle de madame Gibson et si j’aurais des histoires en rentrant. Je suis un peu encore bancale et ma bouche parle avant que mon cerveau ne puisse se connecter. «  Mme Gibson ? » Je fronce les sourcils comme pour me demander de qui il parlait. « Ma mère ne va pas me faire d’histoire quand je vais rentrer. Tu sais très bien que j’habite dans ma propre maison. Elle sait très bien que je sors de temps en temps, mais je suis raisonnable. » Je ne comprenais pas vraiment pourquoi il parlait de ma mère. Je me mets de façon à ce que je puisse le voir en me tournant un peu. Même pas une minute après, je me rends compte de ce que je viens de dire. Il ne parlait pas de ma mère, mais de la personne que j’ai inventée. « Ahhhhh oui. Madame Gibson !! » Mais quel idiot je suis. « Non, non. Il n’y aura pas d’histoire en rentrant. » Je me gratte la nuque gênée. Pourquoi je lui ai menti déjà. Ah oui, la jalousie, je peux vraiment être con parfois. Normalement, je m’assume à 100% et là, je ne le fais pas. Je ne suis pas un menteur. Est-ce que je lui balance maintenant ? Est-ce que j’attends encore ? Non, je veux être honnête avec lui, mais je lui dirais sûrement après le premier verre. Ou s'il me pousse trop, je lui dirai. « Est toi ? Ton chat ne va pas te taper un scandale quand tu vas rentrer parce qu’il a plus de pâté ou que son bol de croquettes est vide ? » Je souris en imaginant Nemo engueuler Jakub pour cela. « Tu viens souvent ici ? » Est-ce qu’il amène toutes ses conquêtes ici ? Est-ce que je suis le premier qu’il amène ici ? « Alors comment tu vis ta célébrité après le passage au journal de 20h ? Les gens t’arrêtent dans la rue pour avoir un autographe ? Il crie ton prénom tout en te pourchassant ? » J’essaie de détendre un peu l’atmosphère assez charger entre nous deux.

Ce rendez-vous prend une tournure assez spéciale. Tout avait bien commencé, j’attendais Jakub et dès qu’il est arrivé bam, comme si le fait qu’il soit dans une pièce m’avait totalement déstabilisé. J’ai failli faire tomber mon téléphone, ma timidité est revenue fois mille. Pour rien arranger Jakub qui se colle contre moi et qui me parle très proche. Je pense qu’on m’a totalement perdu à ce moment-là. Je ne me rappelle même plus de ce qu’il a dit. Son souffle mentholé contre moi, ses paroles, enfin plutôt sa douce voix. Je ne sais même pas comment j’ai fait pour rester maître de moi-même et ne pas lui sauter au cou et l’embrasser, voir faire plus. Bien, j’ai menti. Je me souviens d’un mot qu’il a dit, un seul mot qui a tout son sens. J’étais dans un état de plénitude et je lui ai demandé ce qu’il voulait embrasser à la place de ce qu’il voulait boire et sa réponse a été un toi. Ça veut dire qu’il voulait m’embrasser ? Jouait-il un jeu ? Vu comment on était proche, je ne pense pas qu’il jouait un jeu. Je n’ai qu’une envie, c’est qu’il m’embrasse en vrai. Sentir ses lèvres contre les miennes. Je sais que ça n’arrivera peut-être jamais, mais j’ai bien le droit de rêver un peu. Après quelques instant, Jakub reprend sa place, j’ai juste envie de gémir face à la perte. C’est comme si une partie de moi avait été enlevée, c’est assez bizarre. Nos boissons sont arrivées et nous avons parlé de choses et d’autres. Mme Gibson a été abordée assez rapidement. Je sais qu’il veut savoir des choses sur elle, mais elle n’existe pas du tout. C’est une pure invention pour faire chier Jakub, pour le moment, c’est moi que ça ennuie parce qu’il faut que j’invente et que je lui mente et je n’ai pas envie. D’ailleurs au départ, je pensais qu’il parlait de ma mère. Il n'y en a qu’une Mme Gibson et c’est bien ma mère. Comme un débile, je réponds franco en lui disant que ma mère n'en a rien à faire si je rentre tard, je ne comprenais pas trop. Je ne m’attendais pas au fait qu’il rigole. J’ai déjà dit à quel point il est beau quand il rigole ? Enfin bon, je me suis repris un quelques seconde après pour parler de cette fameuse Mme Gibson. Je rigole au fait qu’il dise que si je confonds ma mère et ma chère et tendre, elle va pas être contente. Je bois une gorgée de ma boisson quand il continue de parler en disant qu’il espérait que je ne mette pas ma mère dans mon lit. D’ailleurs, il vient ébouriffer mes cheveux à ce moment-là et je m’écarte pour ne pas lui cracher dessus. J’ai recraché la gorgée que j’avais prise et je me suis mise à tousser. « Ça… » Je tousse encore. « Ça ne va pas… » Je le regarde avec des yeux choqués. Je tousse encore un peu. « C’est très glauque. Ça me fou la chair de poule rien que d’y penser. Et puis je n’aime pas les… » Je m’arrête là. Je ne sais pas pourquoi. J’allais dire que je n’aime pas les femmes, mais les hommes. Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas continué. Jakub mérite de le savoir, mais est-ce que ça va casser notre amitié ? Je ne veux pas penser au fait que je puisse le perdre. J’arrête de parler et fixe mon verre dans ma main. J’ai vu qu’il avait retiré sa main quand il m’avait caressé les cheveux. Il a dû se rendre compte de ce qu’il faisait. On parle ensuite de son chat. Et je rigole quand il dit qu’il allait râler de son absence. « Les animaux adorent avoir de la compagnie que ça soit chien ou chat. J’ai eu un chat quand j’étais petit, il me suivait partout et me collait. Pourtant, on m’a toujours dit que les chats étaient des êtres indépendants, c’est faux. » Je me souviens de ce chat, je l’ai aimé tellement. J’ai été dévasté quand il est mort. Je rigole quand Jakub me dit que son chat lui vole ses cravates. « Sérieusement ? Mais non ? C’est peut-être un message caché pour dire qu’il déteste tes cravates et qu’il serait temps que tu en rachète d’autres non ? » Je lui tire la langue. Un peu enfantin, mais c’est vrai que certaines cravates qu’il a ne sont pas très belle. « Tu sais un chat, c’est plein de ressource. Ça peut ouvrir n’importe quoi avec de la bonne volonté. » Quand ces petites ont une idée en tête, ils ne l’ont pas ailleurs. Je le regarde boire une gorgée de son whisky. Qui a dit que ce n’était pas hypnotisant de voir quelqu’un boire. Il me dit ensuite que c’est là. Première fois qu’il vient ici. Je le regarde étonner. J’étais prêt à parier ma carte de presse qu’il était déjà venu avant. D’un côté ça me rassure aussi, c’est pas là où il emmène ses conquêtes ou je ne sais quoi. Je regarde autour de moi quand il dit qu’il est beau. J'hoche la tête en accord. « C’est vrai qu’il est vraiment magnifique comme bar. Je ne le connaissais pas non plus, mais je suis content de l’avoir décou… » Je ne finis pas ma phrase parce que mes yeux se posent dans les yeux de Jakub et je vois qu’il ne regarde pas le bar, mais me regarde bien. Je rougis, je ne peux pas m’en empêcher. Le message est passé cinq sur cinq. On dirait limite un lion regardant sa proie. Ça devrait me faire peur, me faire fuir, mais non j’aime son regard sur moi. Son sourire que j’ai envie d’embrasser. Je pourrais limite lui sauter dessus. Pour briser un peu la tension, je lui demande comment il gère sa célébrité depuis qu’il est passé au 20h. Il me dit qu’il est tranquille et qu’il n’était pas la star ce soir-là. Je secoue la tête en faisant oui. Je rigole quand il dit qu’heureusement, on ne lui courait pas après. Il me demande ensuite si ça m’est déjà arrivé qu’on me reconnaisse et qu’on me demande des photos ou autographes. Son compliment après me fait rougir encore une fois. Cet homme ne fait que me faire rougir, c’est dingue. « Je suis reconnu dans la rue. Les gamins sont là ‘Maman, c’est le gars de la télé.’ Je ne sais pas si je dois être flatté ou non. Bien évidemment, j’ai des gens qui me demandent des autographes ou des photos, mais ça me met mal à l’aise. Enfin, c’est cool que les gens t’apprécie, mais je suis quelqu’un de très réserver aussi sur ma vie privée. Je ne refuse jamais un autographe ou une photo, mais ce n’est pas mon truc la célébrité. » J’aime ma tranquillité. J’aime être discret, limite qu’on ne me voit pas. Évidemment, ça fait bizarre pour un journaliste de dire ça, mais j’aime ma vie privée. Je voulais aussi revenir sur le sujet de Mme Gison. Ça me pèse de lui mentir. Je prends une ou deux respirations. « Je dois te dire un truc. » J’allais jouer l’honnêteté. Je me racle la gorge. « Il n’y a pas de Mme Gibson qui m’attend à la maison. » Je tourne la tête pour le voir, voir sa réaction. Je continue ensuite en le regardant droit dans les yeux. « Mme Gibson n’a jamais existé en vrai. Je… Je ne sais pas trop pourquoi j’ai dit ça. Pris dans l’instant d’un moment. Je n’ai pas pu revenir en arrière et l’engrenage était lancé. » Je le regarde encore et parle avec sincérité. « Je suis désolé de t’avoir menti. » Je m’en veux, je sais que c’est, quitte ou double soit il se lève et il s’en va et c’est fini nos échanges. Soit on parle et on reprend notre soirée. Je sais qu’il n’est pas chiant, mais c’est un mensonge. Je ne lui ai pas encore dit que j’aimais les hommes, après s’il a fait un peu de recherche, il a pu tomber sur certaines choses que j’ai dites et d’autres sont des photos volés lors d’une soirée.