outfit - Angus

Si ses sms avec ce Dionysos Zaïmis avaient été bien désagréables, je ne pouvais que le comprendre moi même je n'aurais pas apprécié l'apprendre de cette manière. Un mariage organisé n'avait rien de drôle, mais avec Lorcan on avait l'habitude de les détourner, de couper l'herbe sous le pied de mon père et on s'en sortait. Enfin on s'en était toujours sorti.
Preuve en était, j'allais rejoindre Jakub, un des hommes qui avait eu ce rôle de potentiel fiancé. Plus âgé que moi, il pourrait être mon oncle, ou mon père même, il avait pourtant été selon mon père un bon parti. Je ne pouvais pas le nier, et il n'était pas un des plus agé en plus que mon paternel avait osé me présenter. Mais c'était un avec qui j'avais gardé le contact, car il n'avait pas voulu de ce mariage, c'était surement grâce à lui d'ailleurs cette fois là que nous avions pu le faire annuler. Et il m'avait surtout confié la raison, ce n'était pas moi, mais un secret, que je n'avais jamais révéler, mais qui nous avait étrangement uni dans une amitié, malgré tout ce que nous avions traversé et cet écart d'âge. Et c'était lui que j'allais retrouver pour une balade avec nos chevaux respectifs. Enfin quand cette tête de mule se serait calmer.

"Angus, c'est bon... Tu vas arrêter de tirer là ! Je vais arriver à rien avec toi espèce de mulet !" Mais il tirait un peu plus, trépignait sur place...Un long soupire et je compris pourquoi... "Ok. Tu vas te dépenser un peu." Direction le manège, je savais que mon matériel pour longer y était, et j'avais un peu de temps avant l'arrivée de Jakub, alors une fois prêt, je mis Angus sur un cercle, et commençais à le longer... Le détendre, tranquillement.. Mais reprendre les bases et le fatiguer un peu avant que nous partions en balade...

Je finis par rejoindre son box et le mettre dedans, sans même remarquer Jakub qui était arrivé, ce fût sa voix ,alors qu'il parlait à son cheval qui me fit sourire et venir vers lui. "J'espère que je t'ai manqué aussi." Le taquinais-je en les regardant. Un homme qui aimait son animal, belle image. "Bientôt prêt vous deux? "

Je ne sais pas si Angus sera de bonne composition aujourd’hui il me parait bien énervé, mais en tout cas j’ai hâte de poser mes fesses sur cette selle et partir en balade avec mon ami. C’était rare les moments où il venait dernièrement, et puis nous avions grand besoin de cette balade tout les deux. J’avais réussi à venir à l’écurie sans que personne visiblement n’en avertisse mon père ni ma mère. Je pouvais donc souffler et profiter de ce moment en bonne compagnie, et je ne parlais pas que de mon cheval, mais bien de Jakub, que je venais de taquiner en entrant dans l’écurie.

Il s’approche et je lui rends son baiser sur la joue. « Jaloux? On ne dit pas que le cheval ressemble au maitre? » Si c’était le cas… Oui ça doit l’être Angus était aussi rebelle que moi et surtout totalement fougueux par moment. Il y avait alors un lien entre le maitre et le cheval. Cela me fait plaisir de revoir celui qui avait été fut un temps mon prétendant… Heureusement nous avions déjoué ces fiançailles … Encore, même si Jakub était l’un des plus charmant qui m’avait été présenté.. Plus âgé, mais ce n’était pas une chose qui me dérangeait, il était sympathique et bel homme, ce qui n’aurait pas forcément été désagréable, mais sa confidence, et surtout le fait que ni lui ni moi ne désirions nous fiancer était surtout une très bonne raison pour ne pas le faire.

« J’ai hâte oui, ça va me faire un bien fou.. » Me détendre, je termine d’harnacher Angus, et pose ma bombe sur ma tête pour l’y fermer. Mon téléphone sur sonnerie pas trop forte dans une des poches zippées de mon pantalon, et nous sommes prêt. « Alors allons y. En plus tu m’as promis un massage après non? » je ris et sors de l’écurie pour pouvoir enfin monter sur ma monture à l’extérieur, quelques derniers réglages de sangles, et j’attends mon partenaire de sortie en souriant. « Une envie particulière pour cette balade? » Tranquille, dynamique, obstacles, juste du pas, ..? Je me fixerais à ses désirs.

A cheval, c’était là qu’était la meilleure place, sur le dos de sa monture. On disait bien que l’air du paradis était celui qui soufflait entre les oreilles d’un cheval. Et personnellement j’y croyais. Car là, j’oubliais tout, et le cheval, surtout Angus s’en contrefichais de mon nom, de mon porte feuille, il voulait juste que je lui montre qui j’étais réellement, et ce que je valais, c’était la sincérité, et les émotions qui primait dans une relation entre un équidé et son cavalier.

Je fais une petite moue boudeuse, ce massage serait bien agréable, et sans arrière pensée, car je savais l’attirance de l’homme en face de moi pour la gente masculine, et j’étais bien loin de le juger pour son choix, au contraire, je le respectais et l’encourageais à le suivre ! Mais je sais que c’est impossible de masser à cheval, et là on avait mieux à faire, Cupidon et Angus trépignait d’avance alors qu’ils se retrouvaient côte côte. Hochement de tête pour répondre à Jakub, ça leur ferait plus que du bien, et nous aussi, l’esprit libre quand je m’élance au trot pour commencer, un petit peu plus rapide mais on ne peut pas lancer un galop comme ça sans échauffer les montures.

Devant Jakub, je monte et descend dans ma selle pour suivre le rythme, j’adore ces moments… Rien juste le silence et les sabots qui claquent sur le sol de terre. J’oublie les obligations, les manières, les études, tout… On se retrouve sur le sentier, et j’accélère, nos chevaux ont eu le temps de chauffer leurs muscles, un petit galop tranquille, c’est agréable avec ce temps et lorsque le petit étang de la propriété fait son apparition, je ralentis. « Tout doux mon beau. » je lance à Angus qui repasse au pas lentement.

« On se pose ici un peu? » Je me tourne sur ma selle vers Jakub. Angus penche sans prévenir sa tête en avant pour brouter, j’ai relâcher les rênes, et erreur de débutante je bascule me rattrapant de justesse, avec un petit cri de surprise. « Hey ! pas malin le gourmand, tu peux attendre que je sois au sol pour ça ! » Je râle contre lui en descendant finalement. Sécurisant mon cheval, je le laisse profiter de l’herbe et m’installe non loin à même le sol.

Profiter du soleil, de la brise légère, et des bruits, ses sabots qui galopent tranquillement, et qui claquent aussi au pas sur le sol du domaine… Un moyen d’apprécier venir ici. A l’écurie j’aimais toujours ça, c’était plutôt en compagnie de mon paternel et de ma mère qui c’était difficile… Cette idée de mariage forcé était une chose dont je n’arrivais pas à me faire. Je tentais de faire du mieux, donner tout ce que j’ai pour l’impressionner, qu’il soit fier de moi, et ce n’était jamais assez, à croire que depuis toujours il n’avait eu que mon frère comme seul et unique enfant… Alors oublier un instant, à cheval, sur Angus accompagnée de Cupidon, et Jakub,… C’était enfin une libération…

L’homme passant devant de temps en temps joueur, mais Angus lui n’aimait pas trop être derrière, ce qui était pas mal pour tenter de travailler sa patience, mais ma monture elle trépignait pour repasser devant.
Ce qui arriva, et quand nous arrivions près de l’étang, la vue, le cadre… On devait prendre une pause ici. Le temps de le demander à mon ami cavalier, que mon cheval lui décide de me faire honte. Encolure baissé, mon déséquilibre et la grimace quand je me redresse de justesse. Le rire de Jakub me fait sourire mais je lui tire tout de même la langue ! Geste loin d’être très gracieux.
Pieds à terre, je mets Angus en sécurité, qu’il reste tranquille pendant que l’homme et moi nous allions discuter un peu, nous poser.

Je le regarde arriver, quand ses pas se glissent derrière moi, et lui souris. Je retire ma bombe quand je le vois faire libérant mes cheveux. Ce casque est comme une seconde peau vu le temps que je le portais, alors j’avais totalement oublier de la retirer. Un souffle que je relâche et je ferme les yeux. « Quand il est à nous, on en profite jamais assez… J’adore venir ici… C’est comme un petit bout d’Irlande… » Et dieu sait comme j’avais le mal du pays… Je tourne ma tête légèrement pour croiser son regard. « Il a été rendu en temps et en heure, mais j’en peux plus, les professeurs sont des monstres sadiques. » Je ris doucement pour ne pas trop bouger et faire bouger Jakub, « Tes réunions ne te laissent pas beaucoup de répit non plus… » petite grimace pour ponctuer mes mots.

La vue était superbe, c'était l'endroit que je préférais ici. Cette étendue d'eau calme, et parfois bien plus énervée, selon le temps qui défilait autour. Le chant des oiseaux, pour mélodie, il n'y avait aucun autre bruit, mise à part nos chevaux qui broutaient et la respiration de Jakub derrière moi. C'était un petit paradis sur terre.

J'aime bien ces moments de complicité entre nous, proches, tactiles, et en même temps je sais que nos attentes sont similaires, en tout cas du point de vue mariage, on est loin d'être prêt. En plus il a une attirance pour les hommes alors, pour moi, c'est un ami, un très bon ami, avec qui les confidences vont et viennent en toute confiance.
Avec lui je n'ai pas besoin de me cacher, d'être quelqu'un d'autre, de mettre un masque, et c'est ça qui est plaisant. Il m'a confié une partie de lui, de ses secrets, et moi je sais que je peux être totalement moi à ses côtés. Et pourtant, on sait l'un comme l'autre qu'il n'y aura rien entre nous, enfin rien de plus... L'âge, déjà peut être une grosse barrière, même si pour moi cela compte pas du tout, ce n'est qu'un chiffre. Et il y a surtout le fait que on n'est pas fait l'un pour l'autre, il n'est pas le prince charmant que j'attends, que j'ai pu tant rêver petite et dont le rêve c'est largement éloigné maintenant, au fur et à mesure du temps et des désillusions.

Si on était là pour se détendre, ce n'était pas pour parler boulot et pourtant je confirmais que les cours étaient barbants et que ces réunions étaient trop prenantes. Je l'entends bouger et me retourne, il s'est allongé dans l'herbe. Je viens le rejoindre, me placer à ses côtés, appuyée sur mon coude, ma tête dans la main face à lui.
"Il te manque la chevelure et je ne suis pas sûre que mes robes t'aillent très bien."

Je ris doucement, mais sans douter que c'était un homme intelligent, il aurait très bien pu prendre ma place.

"Peut-être que tu aurais aussi besoin de repos pour essayer de détendre ton esprit."

Il me fait des confidences qui me désarçonne légèrement, je ne m'attendais pas à ça. Un enfant ... Un sourire rassurant étire mes lèvres. Evidemment mon ami a du mal avec cette nouvelle, il faut dire que l'apprendre soudainement ,c'est pas forcément la meilleure solution pour devenir père. Je pose ma main sur sa joue avec tendresse et lui affirme.

"Tu seras un excellent papa n'en doute jamais. Et comment c'est possible que tu ne le saches que maintenant ? Si tu ne veux pas en parler je comprends, mais crois moi cet enfant à de la chance de t'avoir."
En comparaison avec mon tyran de père, qui tente toujours et encore de me marier, tous les pères du monde étaient bien meilleurs. Et encore plus avec le regard et la tolérance, les valeurs qu'il avait, je ne doutais pas un seul instant que cet enfant serait aimé et chérie.