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Je pense que c’est bien la première fois, que nous avons ce genre de conversation à cœur ouvert. Il n’y a ni fierté, ni faux semblants, ni moqueries ou provocations. Il n’y a que la sincérité de nos sentiments, de ce que nous ressentons chacun face à cette situation dans laquelle nous nous retrouvons. J’aimerais avoir la force, de me lever et de partir, pour disparaître pour de bon de sa vie. M’effacer de son existence une fois encore et le laisser vivre sa vie comme il l’a toujours fait depuis. Lui faire croire que je ne ressens rien. Mieux encore, que j’ai joué avec lui et que rien de tout cela n’est réel, pour qu’il puisse me détester pour de bon et qu’il finisse par m’oublier.

Impossible.

Nick se dévoile à nouveau, tandis que je reste là, pendu à ses lèvres et à son bon vouloir. Je sens mon cœur redémarrer au quart de tour, lorsqu’il parle de cette nuit d’amour que nous avions vécu. Qu’il avoue qu’il a encore envie de tout cela, lui aussi. Il me fait par de cette peur qu’un jour, tout recommence. Que je le brise à nouveau et cette fois, qu’il tombe trop bas. Cela me tire un regard presque désespéré. Si je pouvais, je chasserais toutes ses craintes, qui le ronge tellement. Mais j’en suis incapable. Il n’y a que mes actes, qui pourront lui prouver ma sincérité, je supposais. Je devais lui prouver que cette fois, je resterais. Que je m’accrocherais à nous, peu importe ce qui se passerait. Je ne ferais pas deux fois la même erreur. Je fini par écraser le reste de ma cigarette dans le cendrier à mon tour. Je me relevais un peu, changeant de position pour lui faire face, laissant mes prunelles épouser les siennes à nouveau.

« Ok alors… Faisons simplement en sorte de profiter comme il se doit de ce genre de moment ? Sans la moindre promesse, le moindre engagement ? Ne mettons pas d’étiquette sur tout cela. Et si un jour, tu ne veux plus me voir, je partirais. Je disparaîtrais de ta vie, pour de bon. Tu crois que ça te conviendrait ? »

C’est la meilleure solution que j’avais à lui offrir. Celle que j’estimais la plus adéquate, vu la situation.

« Sinon, je peux partir, maintenant. Passez cette porte et ne plus jamais revenir. »

C’était le second choix. Celui qui me briserait. Celui qui allait me foutre en l’air mais que j’accepterais sans rechigner, parce que je lui devais bien ça.

« À toi de choisir, Nicky. »

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William semble entendre ses propos. Il le sent sensible à ses tourments. Il a bien conscience qu’il doit lui être pénible d’entendre qu’il souffle d’un manque de confiance en lui, qui ne peut être résorbé par des mots. Ce sont des actes et du temps qui lui permettront de regagner sa confiance, s’il s’autorise à la lui confier de nouveau. Ce qui n’est pas certain pour autant, même s’il y a de grandes chances que cela soit possible. Après tout, il aurait tort de minimiser le pouvoir qu’à William sur lui. William vient à son tour éteindre sa cigarette et se tourne vers lui. Son regard vient chercher le sien. Il se perd à l’intérieur de ses yeux qui sont bien trop captivants. Il lui soumet un marché. Pas d’engagement, pas de promesse. Il aspire juste à ce qu’il profite de ce genre de moment en sa compagnie. Ils ne mettront pas d’étiquettes dessus et si un jour, il souhaite que ça s’arrête, il le fera, il disparaitra de sa vie pour de bon. Cette pensée lui déplait, mais il la tait, tout comme il ne dit mot à la seconde option qui ne correspond en rien à ses souhaits. Il lui laisse le soin de choisir. Une nouvelle étape est en train d’être franchie entre eux. Il le sait au plus profond de ses tripes. Sa réponse changera tout, mais elle est déjà prise et il le sait.

« OK. Faisons cela, mais si jamais tu ne veux plus de ça, je t’interdis de partir comme un voleur. » Il lui indique en venant se tourner à son tour vers lui. Son regard est déterminé. Il ne souhaite pas être contredit.

« Tu dois me promettre que tu viendras me voir et que tu me diras la vérité, celle qui te poussera à prendre cette décision, car il est hors de question que tu me refasses vivre ce silence. Compris ? » Il lui indique dans un ton qui laisse clairement entrevoir qu’il ne lui pardonnerait jamais de le faire.

Il peut essayer de lui pardonner, mais il ne pardonnera pas deux fois la même erreur. William a tout intérêt à ne pas jouer au con avec lui de nouveau. Son regard luit de cette émotion brulante qui lui tenaille les entrailles alors qu’il vient se rapprocher de lui. Cette fois-ci, il est le premier qui fait le premier pas, qui rapproche son visage près du sien. Sa main vient se saisir de sa chemise pour l’attirer vers lui.

« Tu as plutôt intérêt à tenir cette promesse, William, car je ne referais pas cette erreur une troisième fois. » Il le prévient à l’orée de ses lèvres alors qu’il vient l’attirer dans un baiser.

Un baiser rude, mais passionné, qui se fait peu à peu lent. Il savoure l’étreinte de leurs langues, de ce souffle tenu qu’il lui arrache alors qu’il relâche son esprit.

« Est-ce bien clair ? » Il veut qu’il lui confirme que le message est bien passé, car il ne compte pas s’embourber dans une histoire qui finira par un nouvel échec et une chute aux enfers. Il a déjà donné.

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Ma proposition est claire. Simple. Je lui laisse le choix, auquel je me plierais sans résistance. Le cœur battant, j’attends sa décision, sa réponse, qui changera notre avenir, à l’un comme à l’autre. Heureusement, le suspense est de courte durée. Il accepte ma proposition. Celle de profiter, sans se prendre la tête, sans mettre d’étiquette sur ce que nous partageons. Je retiens difficilement le sourire que cela m’extirpe, tout comme je sens mon palpitant redevenir fou dans ma poitrine. Je l’aime. Tellement que ça me fait mal. Tellement que je suis prêt à me soumettre à toutes ses exigences, alors qu’il m’impose ses conditions. Ne pas partir comme un voleur, cela me paraît couler de source. Surtout après tout ce que nous avons vécu.

« Je te le promets. »

Je réponds sans la moindre hésitation. Mon cœur est allégé, enfin. Enfin, mes pensées et mes sentiments s’apaisent. Je le laisse approcher, s’emparer de ma chemise pour m’attirer à lui. Ça m’excite, de le voir prendre les devants ainsi. De déceler le feu brûlant au fond de son regard. Ses lèvres finissent par s’écraser rudement contre les miennes. Enfin, j’ai l’impression de respirer à nouveau. Comme si on m’avait pris mon souffle et qu’il venait de me le rendre, pour mieux venir s’écraser contre le sien. Mes yeux se ferment sous la danse délicieuse de nos langues qui se retrouvent enfin. Ce baiser est bien trop court à mon goût.

« Limpide. »

Je souffle contre ses lippes. Cette fois, c’est à moi de l’embrasser. D’un baiser bien plus lent, qui se veut langoureux, pour conclure ce pacte que nous venons de passer. Ma main glisse jusqu’à lui. Elle s’invite dans sa nuque, pour finir sa course à la naissance de ses cheveux. Il suffit de ça, pour rallumer le feu brûlant de mon désir pour lui. Celui qui persiste, encore et encore, au fond de mon être, chaque fois que mon regard se pose sur lui. Cette fois, je ne me retient pas. Je l’embrasse encore, refusant cette fois de m’éloigner, de le lâcher, ne serait-ce qu’un instant. Ma poigne se referme sur ses cheveux, pour le forcer à m’offrir son cou. Enfin, je retrouve son odeur, le goût de son épiderme que ma bouche se plaît à redécouvrir le long de sa carotide. Il m’a manqué. Tout de lui, m’a cruellement manqué. Et je me surprend encore, à découvrir à quel point je peux être éperdument accro à lui.

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Il lui assure qu’il ne partira pas de nouveau comme un voleur. Il va s’efforcer à la croire pour ne pas revenir sur la décision qu’il est en train de prendre. A vrai dire, il n’a plus vraiment le choix. C’est soit, il saute dans le bain avec lui, soit, il quitte sa vie et cette perspective lui semble désormais fortement désagréable. Il est pris au piège de cette affection qui le dévore pour cet homme malgré les années écoulées et il le déteste en partie pour cela. Il escompte que le message sur ses conditions est bien passé. William lui confirme que c’est le cas. Ses lèvres viennent flirter avec les siennes et c’est à son tour de rompre la distance entre elles pour lui voler un baiser. Un baiser dans lequel il se perd à son tour. Un baiser qui allume une mèche, celle d’un désir qui le prend toujours en traite lorsqu’il est en contact avec cet homme. Il sent sa menotte glisser sur sa nuque, atteindre ses cheveux dans lesquels elle se perd. Le baiser gagne en langueur et il sent l’appétence de William s’exprimer dans le contact de sa main qui l’oblige à rester à sa place tandis que ses lèvres glissent sur son cou pour se repaître de sa saveur. Ce contact l’électrise, agite les battements de son cœur alors qu’il tente de garder contenance. Ce qui est résolument une affaire difficile. Fort heureusement, la fin de la face du disque se fait attendre dans ce petit clic spécifique.

« Je vais changer la face. » Il lui indique dans un sourire narquois alors qu’il s’éloigne déjà de lui sans lui laisser la possibilité de le retenir.

Désormais que les règles sont définies, il lui est possible de redevenir plus lui-même et William risque de comprendre qu’il est très doué pour jouer au jeu du chat et de la souris. Il se dirige naturellement vers le tourne-disque et vient tourner la face pour lancer la suivante.

« Après tout, que serait un diner romantique sans de la musique ? » Il lui indique dans un petit sourire en coin, fier de sa remarque avant qu’il ne retourne vers la table basse pour s’installer de nouveau.

« J’ai faim. Pas toi ? » Il le questionne avec une expression provocatrice alors que cette fois ci il attrape un nouveau met qu’il glisse entre ses lèvres.
Il adopte une attitude plus détendue, satisfait de pouvoir contrecarrer un peu les plans que ce baiser a pu faire naître dans l’esprit de William. Il trouve cette sensation particulièrement grisante même s’il ne l’avouera pas, sans y être contraindre bien entendu.

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Mon cœur est gonflé d’allégresse. Chaque fibre de mon être a enfin le plaisir de se détendre à nouveau, de redécouvrir le plaisir de me laisser aller au moment présent. Et quel moment. Mes lèvres le désirent. Elles le cherchent, grappillent la moindre parcelle de peau, le dévorant petit à petit sans retenue avec le furieux désir de lui prouver à quel point il m’a manqué, ses derniers jours. Cela ne fait que deux jours, pourtant. Deux jours, depuis que je l’avais fais mien, d’une manière qui demeurerait gravée dans ma mémoire à jamais. Je crois un instant qu’il va me laisser faire, me laisser graver dans sa chair notre pacte pour de bon, mais il n’en est rien. Il se défile, le bougre. Il s’éloigne, s’échappe de ma prise sans que j’ai le temps de le retenir. Je l’observe se lever, sans comprendre de quoi il parle, avant d’enfin prendre conscience qu’il s’agit de la musique. Elle s’est arrêtée. Ma langue claque sur mon palet lorsque je réalise qu’il se joue de moi. Je souris de m’être fait avoir. Plus encore sous sa remarque.

« Tu as raison. C’est indispensable. » je lâche dans une remarque légèrement amusé.

Il ne perd rien pour attendre. Et il le sait très bien. Je reprend contenance. Inspire et expire pour réprimer le désir qui est né dans mon bas ventre alors qu’il retourne en direction de la table basse.

« A vrai dire, je suis affamé. »

Le regard que je lui lance est aussi clair que mes intentions. Qu’il s’amuse à me faire languir, s’il le désire. Si cela l’amuse. En vérité, ce petit jeu m’excite au plus haut point. Il n’en sera que plus délicieux à dévorer par la suite. Je coule un regard tendre à son encontre, en l’observant se détendre petit à petit. J’aime le voir ainsi. Il semble même avoir retrouvé l’appétit. Le vrai. Peut-être qu’il finira aussi par apprécier le vin à sa juste valeur, finalement. De mon côté, je ne me fais pas prier pour récupérer mon verre, que je rempli à nouveau tout en le servant également avant de m’approcher à nouveau de la table, m’installant à ses côtés, à ma place initiale.

« Alors, comment tu le trouves, ce grec ? »

Je piochais dans un plat, m’emparant d’une brochette. Ce n’était plus très chaud, mais ça n’avait pas l’air de le déranger outre mesure, comme moi.

« Tiens, j’ai réussi à passé un peu de temps avec Alex hier. Tu sais, ma grande sœur. Elle va bientôt repartir, déjà. J’avoue que je lui en veux un peu. Elle fait toujours des passages éclairs quand elle vient. Elle me manque. »

Nos moments me manquaient. Ma meilleure amie, car elle l’était, me manquait cruellement. Les soirées que nous avions passées dans sa chambre d’ado à refaire le monde en écoutant de vieux tubes me manquaient.

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Nicholas se montre provocateur juste pour le plaisir de jouer avec ce pouvoir qu’il souhaite pouvoir regagner dans ses échanges avec William. Désormais que les règles sont définies et qu’ils se sont actés qu’ils allaient simplement profiter des moments passés ensemble, Nicholas s’efforce de remplir la part du contrat en se montrant plus naturel. Il sait bien évidemment que sa fébrilité reviendra dans l’intimité de leurs échanges. Il était à deux doigts de lui donner ce que William désirait. Il lui donnera, mais plus tard, et après avoir joué, car c’est comme ça que les choses avaient fonctionnées entre eux par le passé et c’est comme cela que ça se passe pour lui avec les autres. Il savoure ce léger moment de flottement où il sent William s’extirper d’une transe enivrante due à des préliminaires avortés. Son regard intercepte sa prise de conscience, cet amusement que cela provoque en lui. Sa réponse est parfaitement en adéquation avec sa taquinerie. Le jeu de séduction est lancé entre eux tandis qu’il retrouve de nouveau le salon et la table basse pour s’installer à ses côtés, mais sans être totalement à côté. Il est joueur, mais il ne tente pas le diable. Il sait à quel point ce dernier peut se révéler fourbe. Surtout quand il le provoque sur son appétit. Le sous-entendu ne lui échappe pas. Il lui soutire un sourire mutin alors qu’il se détend véritablement sous le regard attentif de son partenaire. Il déguste un met sur la table, en savoure enfin la qualité et la combinaison des ingrédients qui lui ouvrent enfin l’appétit. Il voit William leur servir de nouveau des verres de vin. Sans doute qu’il leur sera plus aisé de savourer celui-ci. Il sent déjà les effets des précédents venir griser ses sens. Il se détend enfin véritablement et profite de la musique et du repas.

« C’est une bonne adresse, je veux bien que tu me la donnes. » Il lui indique alors qu’il vient piquer à son tour une brochette dont il met un morceau de viande entre ses dents pour en déguster un morceau.

William aborde le sujet de sa grande sœur. Une tension l’habite, rien qu’à son évocation. Il garde un mauvais souvenir de leur rencontre. Cette suffisance. Cette arrogance. La même que William le jour de leur rencontre chez lui. Il l’avait détesté d’aborder un sujet sensible pour lui sans le ménager. Cela avait engendré une telle colère en lui. Une colère dont il subissait encore les répliques. Il lui en veut. Il est fort à parier que son absence ne lui fera ni chaud, ni froid, mais il perçoit que l’absence de son alliée principale chagrine William. Par conséquent, il s’efforce de dépasser cette colère qui s’est légèrement réveillée.

« Je comprends qu’elle puisse te manquer, après rien ne t’empêche d’aller lui rendre visite à ton tour dès que tu en as l’occasion ou de l’appeler. Vous avez l’air proche. Cela ne devrait pas être une corvée pour vous. » Il lui indique avec un sourire en coin alors qu’il vient boire une gorgée de son verre de vin.
Cette fois-ci, il a la capacité d’en saisir les différentes notes qui le rende fort appréciable. Il le déguste différemment, laisse ses saveurs se fondre dans son palais, rendant l’ensemble plus qu’appréciable.

« Pour ma part, hier, j’étais avec Hailey. » Il lui explique simplement, sans chercher à activer la jalousie de William.

« Je n’étais pas dans mon assiette et j’avais besoin de parler à quelqu’un. Elle a toujours le talent de m’arracher un rire même lorsque je suis patibulaire. La scène de notre départ de l’hôtel à son arrivée, était une pépite d’un remake de mission impossible. » Il lâche dans un petit rire, quand il resonge à la scène, à l’hilarité que cela a engendré chez son équipe, sous son regard amusé.

Contrairement à sa relation avec William, celle qu’il entretenait avec la femme de sa vie était si simple, légère. C’était un de ses petits bonheurs de sa vie, même s’il ne l’aimerait jamais comme il pouvait se consumer pour William. Cela, il ne le savait pas et il se gardait bien de lui dire. Il ne faudrait pas qu’il prenne trop confiance en lui.

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Parler de ma sœur me ramène aussitôt à la journée d’hier. Il était toujours difficile ses dernières années d’arriver à trouver du temps pour nous revoir et pour réellement passer du temps de qualité ensemble. Alors hier, j’en avais profité comme il se devait. Nous nous étions retrouvés comme avant, à parler de tout et de rien. Elle m’avait parlé de son époux, de ses problèmes de couple, tandis que je n’avais pas pu m’empêcher de parler de Nicky. Je lui avais reproché, d’avoir vendu le secret que je lui avais expressément demandé de garder à propos du chantage de notre belle mère et des raisons pour lesquelles je l’avais quitté, il y a quinze ans. Elle n’en avait cure. Bien au contraire, elle s’octroyait plutôt le mérite de nos retrouvailles, même si cela avait été un carnage. Je ne lui en voulais plus. La vérité aurait fini par éclater à un moment ou à un autre, j’aurais simplement voulu que ce choix me revienne et non pas me le prendre tel un poing en pleine face.

« On s’appelle assez souvent, mais pour ce qui est de ce voir, c’est plus compliqué. Elle a une vie bien remplie, tout comme moi. Mais tu as raison, on devrait faire en sorte d’arranger ça. »

Parce que j’avais besoin d’elle dans ma vie. Elle n’était pas seulement ma sœur. Elle était ma meilleure amie, ma confidente. C’était elle, qui m’avait ramassé lorsque j’avais brisé ma relation avec Nicholas. C’était grâce à elle, que je ne m’étais pas laissé allé à la dépression à l’époque. Sans elle, je ne savais pas ce qu’il serait advenu de moi.

Nicky enchaîne en me parlant de Hailey. Mes muscles se tendent rien qu’à l’évocation de son prénom. J’écoute à peine ce qu’il me raconte à son propos. En vérité, je n’ai pas envie de le savoir. Je ne veux pas savoir à quel point elle est importante pour lui, à quel point elle le fait rire et toutes ses conneries. Je sais, que je ne devrais pas en être jaloux, ne pas la détester. Qu’il faut que je me fasse à la réalité à son propos. C’est avec elle, qu’il va faire sa vie. C’est elle, qu’il va épouser. Je le sais. Et pourtant, ça me rend malade. Jaloux ? À crever.

« Je suis heureux pour toi, qu’elle te fasse du bien. »

Ça sonnait horriblement faux mais au moins, j’essayais de faire l’effort de l’accepter. Si j’étais jaloux maintenant, à ce point, alors qu’ils n’étaient même pas encore mariés, qu’en serait-il lorsqu’ils auraient des enfants ? L’idée même me répugne. Au point de me couper l’appétit. Je préfère reprendre mon verre de vin, pour oublier tout ça, le ranger loin dans un coin de ma tête et reprendre une cigarette, qui m’aidera à changer le fil de mes pensées. Du moins c’est ce que j’espérais.

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Il y a quelque chose qui sonne terriblement faux lorsque William rebondit sur son partage d’anecdote concernant Hailey. Nicholas n’ignore pas que l’affection et la nature de l’amour qu’il porte à l’égard de sa meilleure amie irrite le plus âgé. C’était déjà le cas à l’époque où ils étaient jeunes. Cela l’est résolument d’autant plus aujourd’hui où il songe sérieusement à la prendre pour épouse, car quitte à avoir une femme, autant qu’elle soit celle qu’il a toujours eu à ses côtés. Tout comme William compte prendre une femme pour épouse afin de donner le change et réaliser ses devoirs d’héritiers. C’est une épée de Damoclès qui a toujours été au-dessus de leurs têtes, surtout dans la société où ils évoluent. William pourrait même devenir son beau-frère si Lana accepte de jouer le rôle qu’il lui a proposé de tenir. Egoïstement, il souhaite qu’elle refuse. Il n’est pas prompt à accepter l’idée qu’il devra jouer les indifférents à l’égard de William, alors qu’il partagera sa couche lorsque les regards sont tournés. Pourtant, c’est exactement ce qu’il risque de se produire pour eux. C’est pour cela qu’il est bien mieux que cette relation qu’ils s’apprêtent à avoir n’ait pas d’étiquettes. Cela ne ferait que rendre d’autant plus complexe, une relation qui l’est déjà bien trop à ses yeux. Une jalousie qui vient doucement prendre possession des membres de son partenaire. Il la sent cette tension masquée derrière un silence qui le pousse à se plonger dans l’alcool et la cigarette. Il le sait, car il l’a expérimenté ces derniers temps en le sentant aux côtés de Lana, tellement bien impliqué dans son rôle de parfait petit ami. Cela ne lui apporte aucune once de plaisir de le voir se renferme de la sorte. Par conséquent, il abandonne son côté pour se rapprocher de lui et lui subtiliser sa cigarette qu’il glisse entre ses lèvres. Ses prunelles brunes viennent se perdre dans celles de son compagnon pour la soirée. Il prend une bouffée qu’il prend le temps d’apprécier avant d’extirper la fumée à côté d’eux.

« J’apprécie l’effort fourni pour masquer ta jalousie. » Finit-il par lui murmurer au creux de son oreille alors qu’il lui rend sa cigarette.

Il vient glisser sa main dans sa nuque, dans ses cheveux qu’il tire légèrement pour que son visage se tourne vers le sien. Leurs souffles se frôlent, leurs lèvres flirtent ensemble sans jamais rompre la distance.

« Je l’aime, mais je ne l’aime pas comme j’ai pu t’aimer. » Il lui rappelle gentiment dans un murmure pour qu’il prenne bien conscience de ce qu’il est en train de lui dire.

Il utilise le passé, mais il est évident que les sentiments demeurent intacts sinon jamais il ne l’aurait laissé entrer dans sa vie de nouveau. Son regard se fait pénétrant alors qu’il joue avec la tension entre eux juste pour sentir ses sens anticiper la suite, les siens également. Seulement une nouvelle fois il se défile en venant simplement se poser à ses côtés, son épaule contre la sienne tandis que sa menotte glisse sur son genou à portée de main et frôle sa cuisse dans une caresse légère, apaisante, intime. Une manière de s’approprier le fait d’être de nouveau à ses côtés et d’apprécier le fait que cette sensation là l’avait particulièrement manqué.

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Je mens mal. Nicky n’est pas dupe et je le sais. Pourtant, j’aimerais sincèrement ne pas ressentir tout ça à l’égard de sa meilleure amie. Sauf que je ne sais pas faire autrement. Je n’ai jamais su. Je ne l’aime pas. Et cela depuis bien longtemps. Sans doute aussi parce que je sais, que je vois, comment est-ce qu’elle se comporte mielleusement avec lui et cela ne me plaît pas. J’ai toujours été persuadé qu’elle était amoureuse de Nicky. Des années plus tard, j’en avais encore eu la confirmation lors de notre dîner de famille. Je ne peux pas la sentir, c’est au dessus de mes forces.

Néanmoins, j’essaie de faire semblant quand même. Parce que je sais qu’il tient à elle et que ça ne changera pas. Elle fait partie de sa vie et bientôt, ce sera pire encore. J’aurais beau lui faire par de mes ressentis, ça ne changerait rien à la situation. C’est mon problème après tout. C’était à moi de composer avec. Alors, je me referme comme une huître sans réellement en avoir conscience. Je sais que je ne dois pas réagir comme ça. Que ça ne devrait rien changer à la situation et que ça ne devrait pas impacter notre soirée. Ça va passer. Il me fallait juste quelques minutes, pour chasser tout ça.

Heureusement, mon amour le sent. Plutôt que de me provoquer, de jouer avec cette jalousie, il approche. Mon regard plonge dans le sien alors qu’il m’extirpe ma cigarette. J’ai un faible sourire sous ses mots, accroché à un frisson qui remonte dans mon cou alors que je sens son souffle dans mon oreille. Il sait, à quel point je suis sensible à ce genre d’attention. Il me connaît par cœur. Il m’électrise avec ses gestes, avec ses lèvres qu’il s’amuse à approcher si près des miennes. Il suffit de ça, pour me faire revenir à notre réalité. À nous, sans Hailey. Puis, ses révélations ont le don de raviver mon cœur au creux de ma poitrine. Une étincelle s’éveille au fond de moi, alors que je comprends toute l’ampleur de ce qu’il m’avoue. Moi aussi, je l’aime, même si ses mots ne sortiront pas de ma bouche à cet instant. Je laisse mes yeux parler à ma place. Il a le don de me faire chavirer, rien qu’avec cette phrase. Son regard, lui, ne fait qu’accentuer les choses. Faisant battre mon cœur plus vite encore. Il me rend fou, rien qu’avec ça. Juste ça. Comment est-ce possible, d’être si facilement envouté ? Je ne réponds rien, le laisse reprendre place à mes côtés, se permettant une nouvelle intimité entre nous. J’aime ça. Ses gestes simples mais si significatifs. Je voudrais que nous ne sortions jamais de ce cocon. Juste pour le plaisir de partager de tels moments avec lui.

Mon bras libre fini par passer au dessus de ses épaules, lui offrant une place bien plus appréciable au creux de mon torse. Mon nez se perd dans ses cheveux dans une caresse tendre. J’embrasse sa chevelure dans ma lancée, me gavant de son odeur qui apaise mes sens dans un geste emprunt de tendresse. Je reste ainsi quelques secondes, en silence, juste pour en profiter. Pour effacer Hailey et ma jalousie. Pour qu’il ne reste que nous. Parce que le reste n’a aucune importance.

« J‘ai eu des nouvelles de Lana. » je fini par lâcher, après avoir à nouveau embrasser son crâne et avoir repris une bouffée de cigarette.

« Elle veut qu’on se voit cette semaine, pour parler. On devrait se voir demain soir. »

La situation était complexe. La jeune femme n’avait pas été froide, lorsque je l’avais eue au téléphone, mais pas enjouée non plus, ce qui me plongeait dans un état de doute que je n’appréciais pas trop. Demain, j’en aurais le cœur net.

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Ses propos ont l’air de porter ses fruits. Il le perçoit dans l’éclat de son regard, dans l’émotion qu’il perçoit se loger dans ses rétines. Il ne l’avouera pas à haute voix, mais il sème quelques graines pour ouvrir le chemin de la vérité à son partenaire. Sans doute parce qu’une part de lui est las de ses disputes qui font partie du langage de cette affection bien trop forte qu’ils se portent l’un à l’autre. Voyant que le message est bien passé et que les règles du jeu ont été définies entre eux, il s’autorise à se poser à ses côtés, à ravoir des contacts qu’il n’avait plus réaliser depuis quinze ans. Cela lui revient naturellement, comme ça a toujours été naturel de les avoir avec Hailey, seulement l’effet que cela lui procure n’a pas la même intensité. Son cœur bat la chamade. Il savoure la pression de son bras autour de son épaule, la douceur de ce baiser qu’il dépose contre son cuir chevelu. Ils retrouvent une intimité qui jusqu’alors était absente. Cette fois-ci, ils ont la capacité de juste apprécier d’être au contact de l’autre, sans chercher à vouloir plus, plus que ces gestes dénués de toute sensualité, même si elle n’est jamais loin, car ils se désirent. Cela est une certitude. Ses muscles se crispent lorsque William aborde le sujet de Lana. Sa main reste inactive contre le tissu de son pantalon sur laquelle elle glissait jusqu’alors. Il écoute, tente de mettre de côté ce pincement inévitable qui vient titiller son organe vital. Elle souhaite qu’ils se rencontrent durant la semaine. Ils avaient convenu d’un rendez-vous demain soir. Nicholas garde le silence alors qu’il vient se saisir de sa cigarette qu’il récupère entre ses doigts pour la porter aux siennes, partager cette dernière, comme ils partagent cette étreinte.

« D’accord. Tiens-moi au courant de ce qu’il en résulte. » Il lui ordonne simplement comme si c’était un du.

Ce qui est le cas. Après tout, il lui a dévoilé leur histoire, lui a parlé du fait qu’il avait encore des sentiments pour lui. Même si elle n’a pas eu vent de leur précédente nuit passée et qu’elle ignore si les sentiments ressentis sont réciproques, il sait qu’elle est loin d’être idiote. Elle le connait suffisamment pour pouvoir entrevoir sa propre fébrilité à l’égard du quarantenaire. La situation présente donc un risque pour lui, surtout si elle désire passer outre et de continuer de partager son quotidien. L’idée lui déplait fortement, mais il sait qu’il n’aura pas le choix, comme William n’a pas le choix que d’accepter l’idée que Hailey risque de devenir officiellement Mme Cavendish si elle le désire. Il tire une bouffée de la cigarette relativement longue. Il la termine presque avant de la rendre à William. Il expire, laisse la fumée s’échapper de ses lèvres alors qu’il demande.

« Comment l’as-tu sentie ? Tu crois qu’elle va dire quoi lors de cette rencontre ? Et toi ? Est-ce que tu veux toujours que ça soit elle qui partage ta vie et ta couche ? » Il questionne car il a besoin de savoir, de se préparer psychologiquement à ce qu’il pourrait potentiellement arriver.

Si William a du mal à se faire à l’idée qu’il se marie avec Hailey. Lui, il a du mal avec l’idée qu’il va devenir son beau-frère, celui qui sera rattaché par le mariage à sa demi-sœur et duquel il sera l’amant, celui qu’on cache. La découverte de leur lien serait un scandale a bien des égards. Son père pourrait assurément ne jamais lui pardonner, pourtant, il ne se voit pas se séparer de cet homme dans l’immédiat, alors qu’il meurt d’envie d’être là contre lui s’il s’écoute vraiment.