Ma cousine tu m'as tant manqué 

La réserve, c’est là que je me rendais pour récupérer du matériel plus disponible au bloc opératoire avant de terminer ma journée. Il n’est pas rare que l’on se dépanne entre services, aujourd’hui des gants manquait à l’appel et c’est tout naturellement que l’infirmière des urgences m’indiqua de me servir, me notifiant que je connaissais le chemin. Pleine d’ambition, je me dirigeais vers la réserve, je saisis la poignée et rentrai franco, ne me doutant pas du spectacle auquel j’allais assister. « Oh, pardon, excusez-moi ! » Oui mon chef de chirurgie en plein roulage de pelle avec une femme, une femme que je ne reconnus pas tout de suite, mais que je connaissais en vérité. Je refermai la porte derrière moi, honteuse et gênée de la scène qui venait de se dérouler sous mes yeux. Je finis tout de même par faire un petit rire, amusé de la situation, quelle est la probabilité pour que ça me tombe dessus, me connaissant très forte ! J’attire les histoires, c’est plus fort que moi, je n’y peux rien. Je me décale de la porte, attendant que ces messieurs, dames daignent sortir de la réserve afin de pouvoir récupérer mon dû. Au bout de quelques minutes, je vis sortir mon chirurgien, gêné que ça soit moi qui l’ai surpris. Je plante mon regard dans le sien. « Monsieur. » Fis-je un peu amusée, j’ai de très bon rapport avec ce dernier c’est pourquoi je me permet cela. Il me regarde me demandant bien évidemment de garder cela pour moi. « Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, je n’ai absolument rien vu. » Répondis-je tout en souriant. Il me fit un clin d’œil avant de filer à toute vitesse.

Il ne manquait plus que la femme désormais, elle ne tarda pas à se faire connaître. Je l’entendis saisir la poignée et ouvrir la porte pour sortir à son tour. Mon regard me planta dans le sien et je le reconnus directement. « Gemma ? » Son prénom sortit tous seul, ma cousine germaine, Gemma là devant moi. J’étais choquée de la revoir après tant d’années éloignées l’une de l’autre, mais la joie fit aussi son apparition dans mon regard. Gemma ma cousine qui était comme une sœur quand nous étions enfants. J’avoue que sa présence a beaucoup manquée à ma vie, je l’aimais tellement et cette séparation du jour au lendemain fus très dure a accepter. Je m’en voulais aussi d’avoir foutu la zizanie dans notre famille, je n’aurais pas ouvert la bouche, rien n’aurais changé, mais je voulais la protéger avant tous. « Je suis contente de te voir. » Oui, j’avais osé lui dire, c’est mon cœur qui parlait à cet instant, mes mots étaient d’une honnêteté pure.

Ma cousine tu m'as tant manqué 

J'avais un rendez-vous avec un ami, un vieux pote avec qui j'avais fait mes études de médecine il y a des années de ça ! On se croisait de temps en temps, on prenait de nos nouvelles.  Etrangement, malgré notre longue amitié, lui et moi, nous n'avons jamais frauder. Faut dire aussi qu'à mes études, j'étais en couple. Une femme aimée par un homme d'une grande influence.  Alvaro.

À l'époque, franchement, mieux valait pas qu'un autre type finisse dans mon lit, sinon ce brillant chef de la chirurgie, son existence aurait pris fin d'une manière tragique. Alvaro lui aurait réglé son compte !

Et là, en un instant, nous nous sommes retrouvés dans la réserve. Nous nous sommes embrassés passionnément ! Je crois que nous attendions ce moment depuis si longtemps que nous avons finalement cédé à la tentation. Bien sûr, c'était juste du désir, un fantasme. Faire l'amour dans la réserve d'un hôpital avec un chef de la chirurgie, avouez que c'est un fantasme incroyable. Le risque d'être surpris, d'être entendus, rendait la situation encore plus excitante. Nous avons fait l'amour rapidement, mais c'était tellement délicieux !

"Que ta petite Charlène ne vienne pas abîmer mon si beau visage, compris."

Le sourire aux lèvres, un sourire satisfait avant qu'on s'embrasse à nouveau. Cette Charlène, c'était la pire peste que j'ai jamais connue pendant mes études. Toujours à se la péter, prête à tout pour te mettre des bâtons dans les roues. Elle aimait se la jouer en avant, à se faire remarquer, et aujourd'hui, j'avais pris ma petite revanche.

Mais malheureusement, notre moment avait été interrompu par la porte qui s'était ouverte et refermée aussitôt.

Là, il s'écartait de moi, le visage pâle comme s'il allait mourir. Moi, j'avais lâché un rire nerveux. Oups, on s'était fait chope.  Moi, j'en avais strictement rien à foutre, mais pour lui, ça, c'était plus problématique.

Un problème dont je me foutais complètement. Il s'était donc rhabillé convenablement, pour être présentable en sortant.

Sans un mot, sans un regard, il s'était barré comme ça ! Le salaud. Et qu'il ne compte pas sur moi, pour ramasser la capote usagée.

Je pourrais me sentir offensée, mais en réalité, ça m'a fait un bien fou !

Comme lui, il fallait que je sois un peu plus présentable, alors je m'étais penchée en avant et j'ai tripoté mes cheveux pour essayer de me refaire une belle coupe rapidement.

Je pensais que c'était Charlène qui m'attendait derrière cette porte, mais non, la claque a été encore plus violente, la surprise a été encore plus grande que je ne le pensais !

Nina.
Nina.

Je n''étais pas du tout préparée à la voir, celle-là. Depuis quand bosse-t-elle dans cet hôpital ? Depuis quand vit-elle à New York ? Bon, New York c'est une grande ville, les chances de se croiser étaient minces mais tout de même.

Elle était contente de me voir ? Je l'avais regardée en prenant mon temps avant de répondre.

"Contente de me voir ? Dommage que je ne puisse pas dire la même chose."

D'un main, je la poussais légèrement pour qu'elle dégage de mon chemin, et pour que je puisse continuer ma route.

Avant d'ouvrir la grande porte qui séparait les deux couloirs, en vérifiant bien qu'il n'y avait personne, je me suis retournée vers elle !

"Un conseil, cousine, essaie de la fermer cette fois,  car je doute que ton supérieur apprécierait que tu racontes à sa petite femme que tu nous as surpris en train de batifoler."

Mon index devant ma bouche, je faisais signe qu'elle devait se taire.

Ma cousine tu m'as tant manqué 

Gemma, ma cousine, était là devant moi, je ne l’avais pas vu depuis des années et là, elle est là. Je suis sous le choc, mais à la fois ravie de la revoir, j’aurais aimé reprendre contact avec elle, mais comment ? Nos parents ne se parlent plus et puis vu son caractère, je ne suis pas sûre qu’elle aurait accepter de me revoir. Il n’y a rien qu’à voir son expression quand je lui dis que je suis ravie de la croisée, elle est froide, fermée, c’est le traitement qu’elle donne aux personnes qu’elle n’apprécie pas de toute évidence. Je la sonde et me rends compte à quel point elle a changé. La petite fille timide et renfermée est bien loin désormais. Si c’était moi qui avais le plus de caractère à l’époque, je me rends vite compte que ma cousine en a gagné au fils des années.

Je suis sonnée par sa réponse et aussi touchée, je m’en veux terriblement, moi qui pensais bien faire à l’époque, j’ai juste réussi à perdre ma meilleure amie et à faire brouiller nos familles. Je me suis longtemps demandé ce qu’elle était devenue. Une fois, j’avais eu ma réponse grâce aux informations, on la voyait en compagnie d’un certain Devon, un sportif de combat, je l’avais tout de suite reconnue, ce regard perçant digne de notre grand-mère commune.

Elle me poussa de la main pour me dégager de son chemin avant de prendre le large. Toutefois, une fois à la porte, elle se retourna pour m’adresser de nouvelles paroles.

« Ce que vous avez fait ne me regarde absolument pas Gemma, ce ne sont pas mes histoires et puis tu ne seras pas la première, ni la dernière. » Je m’agaçais de son comportement, elle semblait encore ruminer depuis toutes ces années. « Tu m’en veux encore de toute évidence. » Fis-je en plantant mon regard dans le sien. « Gemma, je n’étais qu’une gamine et je voulais t’aider, je pensais faire au mieux pour toi. Tu penses sincèrement que j’aurais fait exprès de te faire du mal ? » Je pensais qu’elle l’avait compris au fil des années, mais de toute évidence non, la rancœur était encore bien présente en elle. Peut-être que cette rencontre fortuite était l’occasion de mettre les choses à plat après tout.

Ma cousine tu m'as tant manqué 

« Ce que vous avez fait ne me regarde absolument pas Gemma, ce ne sont pas mes histoires et puis tu ne seras pas la première, ni la dernière. » Hmm, un homme des plus fidèles, c’est ce que j’avais cru comprendre sous les paroles de ma petite cousine. Une cousine qui avait bien changé depuis tout ce temps. J’avoue que je ne l’aurais pas reconnue tout de suite, si elle m’avait interpellée de cette manière ! Et c’est cela qui me troublait un peu ! Je ne m’attendais pas à la voir, et oui, mes réponses étaient froides. Et je savais que je ne devais pas lui en vouloir pour ce qu’elle avait fait. Après tout, elle n’était qu’une enfant, une enfant innocente, une enfant qui pensait bien faire ! Mais ma rancœur, ma peine m’empêchaient de la prendre dans mes bras et de lui crier haut et fort qu’elle m’avait terriblement manqué. Qu’elle m’avait vraiment, vraiment manqué.

Elle et moi, on formait tellement un beau duo, dirais-je même, un beau trio. N’oublions pas la blonde du gang ! Zenia était la tête brûlée de notre clan, Nina, elle était la voix de la raison du groupe, celle qui avait plus de jugeote, et puis, il y avait moi, la petite gamine qui servait plus de boulet qu’autre chose ! La petite peureuse du groupe, mais aussi la plus câline. Malgré une enfance difficile, j’avais le cœur sur la main.

En regardant autour de moi, je m’approchais d’elle pour lui faire face. "Nina, ce n’est qu’une excuse que tu te donnes. Tu m’avais promis que tu n’en parlerais à personne, tu me l’avais juré, bordel. Tu me l’avais juré, gamine ou pas " Le son de ma voix s’élevait légèrement sous le coup de l’énervement, mais je me calmait rapidement, consciente de l’endroit où nous nous trouvions. “Tu étais comme une sœur pour moi, et tu m’as trahie.” Et merde, je sais bien qu’il est interdit d’emprunter la sortie de secours, mais j’avais besoin de prendre l’air, de respirer un peu d’air frais. Alors, j’ouvrais cette porte qui menait vers l’extérieur, vers un petit jardin.

Cette période de ma vie, que j'avais réussi à enterrer au plus profond de mon être, se manifeste aujourd'hui avec une puissance incroyable qui me rendait plus vulnérable que jamais!

Ma cousine tu m'as tant manqué 

Tant de souvenirs me reviennent en mémoire, nous avons passé de merveilleux moments durant notre enfance. Nous étions comme des sœurs avec Gemma, il y avait aussi Zenia, sa meilleure amie, ces deux-là, ne se lâchaient pas d’une semelle à l’époque et à nous trois, nous formions un sacré Trio. Je n’ai jamais eu de nouvelles de Zenia, quand Gemma et moi avons rompu les liens. La blonde a pris le parti de sa meilleure amie, ce qui ne m’a pas étonné, mais j’avoue beaucoup blessé. Je me demande ce que cette dernière est devenue depuis le temps. Ces deux femmes étaient les sœurs que je n’avais pas, moi qui à la maison, ne devait me contenter que deux petits frères et d’une petite sœur encore dans son berceau. Nous avons fait les quatre cents coups ensemble, fin, c’est surtout Zenia et moi qui étions à la tête des opérations, Gemma était la fille timide qui nous suivait malgré elle, mais au final, elle se marrait bien de nos bêtises.

Gemma n’a pas oublié mon erreur, oh non, je sens bien toute la rancœur ancrée en elle de par ses paroles. Je l’ai trahie, elle n’a pas tort, je baisse les yeux encaissant ses reproches, mon cœur se serre, même après toutes ses années, la blessure est encore là tout comme les remords. Moi qui pensais bien faire en parlant, j’avais tous juste réussit à perdre ma meilleure amie. Gemma emprunte la sortie de secours et sort dehors, je la suis, je ne vais pas la laisser partir aussi facilement, il faut que nous discutions, je veux retrouver ma cousine.

« Oui, j’ai merdé, je l’avoue, mais mon seul but était de te protéger Gemma. » Je reste distante, je sais qu’elle a besoin d’espace, cette conversation n’a rien de facile pour elle. « Je pensais qu’en parlant, je te protégerais, que tu sortirais de cet enfer pas que la situation allait empirer. J’ai cru que mes parents pourraient avoir un impact positif, mais j’ai fait tout le contraire, j’en suis consciente… » Que dire, que faire pour me faire pardonner. J’avais pensé qu’en bien en ouvrant ma bouche, je pensais que c’était la bonne solution, mais non apparemment ça ne l’étais pas.

Ma cousine tu m'as tant manqué 

Ma cousine tu m'as tant manqué 

Oui du haut de mon jeune âge, j’avais compris que ce que vivait ma cousine n’était pas normal, j’avais tout de suite su qu’il fallait que quelqu’un intervienne pour la sortir de ce cercle vicieux. J’en ai parlé à mes parents, pensant qu’eux au moins pourraient agir. Ils étaient censés être les adultes, ils devaient sauver ma cousine, mais eux non plus n’ont rien fait. Ils n’ont pas aidé Gemma, ils sont tentés de confronter ma tante et mon oncle, mais ces derniers, ont utilisés leurs vices pour les convaincre que ce que je disais était faux. J’en ai longtemps voulu à mes parents, je n’étais pas la plus sage des enfants, mais pour ce genre de fait, je n’aurais jamais menti. J’ai été blessé, de nombreuses fois, j’ai essayé de leur en reparler, mais en vain, on me faisait taire mon clapet. Je n’ai jamais vraiment su pourquoi il n’avait pas agi, parce que dans le fond, ils savaient que je ne mentais pas. Les secrets de familles sont souvent impénétrables, tout ce que mes parents avaient gagné, c’était ma rancœur éternelle. Je ne leur ai jamais réellement pardonné leur comportement. À cause d’eux, j’avais perdu ma sœur, ma cousine, ma meilleure amie.

Gemma finis par céder, concevant que je n’étais qu’une enfant après tout. Elle ajouta que cette histoire lui avait servi de leçon, je compris vite que cette leçon n’en était pas une bonne. Non, Gemma avait changé et je suis persuadé que cela est en grande partie à cause de moi.

« Je suis désolée, Gemma, j’aurais tellement aimé que tous soient différents, que mes parents agissent. Tu méritais d’être protégé... »

Je lâchais ces quelques mots tout en la suivant. Elle se dirigeait vers le banc présent dans le parc, je vins m’installer à ses côtés sur celui-ci. En me levant ce matin, je n’aurais jamais imaginé recroiser ma cousine, en vérité, je ne pensais jamais le revoir, mais j’en suis ravie. Elle m’a tant manqué. C’est peut-être trop espérer, mais oui, j’espère que nous pourrons essayer de nous retrouver comme avant. Je disais tout à Gemma, elle était ma confidente, j’ai toujours ressenti un vide dans ma vie en la perdant.

Elle devint tout d’un coup très agréable, comme si elle tournait la page pour repartir à zéro. Cela me réchauffa le cœur et je ne pus réprimer un rire face à ses compliments.

« Merci beaucoup, mais je peux te retourner les compliments, t’es une vraie bombe ! Je suis sûre que la ville entière se retourne derrière ce magnifique fessier. »

Nous nous sommes toujours beaucoup ressemblé avec Gemma, nous avions pris les gènes italiens de nos mères, nous étions très brunes, la même intonation de voix grave. Beaucoup de monde nous a pris pour des sœurs, même moi, j’y croyais étant enfant.

« Je veux tout savoir de toi, fin si tu acceptes de rattraper le temps perdu ? »

Je lui lançais une perche, je ne voulais plus jamais la reperdre de vue, mais est-ce le cas pour elle aussi ?

Ma cousine tu m'as tant manqué 

Ne pas m’impliquer dans cette situation, mais elle est folle, au contraire, elle avait très bien fait, ce n’était pas à elle qu’elle devait s’en vouloir, mais à mes parents ! Ce sont les adultes qui auraient dû l’aider, la sortir de cette mauvaise situation, mais non personne n’a bougé, personne n’a bougé le petit doigt pour sauver ma cousine des atrocités que lui faisait subir son père. J’ai tellement honte à cet instant, honte que ma famille ait pu agir de la sorte. En tant qu’infirmière, cela me révolte qu’une enfant ait dû subir ce genre de traitement, elle ne méritait pas ça, personne ne le mérite !

« Tu as simplement pensé comme moi que mes parents auraient la bonne réaction, comme je l’ai cru si souvent moi-même. Je n’ai toujours pas compris pourquoi ils n’ont rien fait, je leur en veux toujours d’ailleurs, fin à ma mère… Mon père lui, je ne peux plus. » Mon père était décédé depuis deux ans désormais, même si je l’aimais énormément, je n’ai jamais oublié ce chapitre de nos vis, jamais n’oublierais, c’est d’ailleurs aussi à cause de cela que j’ai fuis New York, j’ai voulu régler mes problèmes seuls car la seule fois que je leur avais demandée de l’aide, ils n’avaient pas su réagir correctement. « Non, tu aurais dû fuir Gemma, voilà ce que nous aurions dû faire. Je t’aurais aidé, tu serais allé vivre chez Zenia ou n’importe qui d’autre, on aurait dû élaborer un meilleur plan. » Avec des si on refait le monde comme on dit, mais j’aurais tellement aimé pouvoir l’aider, c’est un des plus gros regrets de ma vie, du moins le premier.

Elle me confia ensuite que Zenia l’avait beaucoup aidé, je suis rassurée qu’elle ait pu compter sur la blonde du groupe. Elle n’avait pas la langue dans sa poche dans mes souvenirs donc je suis sûre qu’elle à tous faire pour aider Gemma à se sortir de tout ça. « Oui, je me doute qu’elle a su gérer la situation, je suis contente qu’elle ne t’ait pas lâcher, c’est une vraie amie. Comment elle va d’ailleurs ? » Je souris contente qu’elle ait pu avoir quelqu’un sur qui compter au fil des années, je ne suis en rien jalouse bien au contraire, je sais combien il est précieux d’avoir des amis qui deviennent votre famille surtout quand vous ne pouvez pas compter sur cette dernière.

Nous étions en effet un duo terrible, semant la terreur dans nos quartiers. Toujours prête à faire les pires conneries, nos parents n’en pouvait plus de nous, ce qui m’a voulu de nombreuses raclées par mon paternel. « Oui de vrais petits démons, mais qu’est ce qu’on a pu rire quand même. » Nous étions pires que des garçons, déjà enfants nos caractères trempés se faisaient bien remarqué. D’un côté, nos parents ne craignaient rien pour nous, ils savaient que nous nous en sortirions toujours, que nous étions fortes et qu’on ne se laisserait pas marcher sur les pieds.

« Gemma, tu es ma cousine, je ne dirais pas maté, j’ai juste déposé mon regard dessus pendant que tu marchais devant moi. En même temps, on ne peut pas le rater. »

Je pouffai de rire pour la taquiner, notre complicité revenait comme dans le passé, c’était si bon de la revoir. Je l’aime tellement cette mauvaise graine. « Je crois que j’avais pu cerner ça oui, madame a pris du caractère, c’est que tu m’effraies presque Gemouille. » Je lui fis une grimace, repensant à notre adolescence quand je la surnommais de la sorte et qu’elle détestait ça. Moi, je n’avais pas trop changé, j’avais morflé certes, mais mon caractère restait le même. « Toi aussi, tu m’as manqué cousine. » Nous nous prîmes dans les bras, je le serrai fort, profitant de ce moment de tendresse dont j’avais tant rêvé. Nous étions en voie de réconciliation, c’était tellement plaisant d’avoir ma cousine dans ma vie à nouveau.

« Alors parle-moi de toi, Madame le Docteur, c’est ça ? » Lui demandais-je curieuse.

Ma cousine tu m'as tant manqué 

« Tu as simplement pensé comme moi que mes parents auraient la bonne réaction, comme je l’ai cru si souvent moi-même. Je n’ai toujours pas compris pourquoi ils n’ont rien fait, je leur en veux toujours d’ailleurs, fin à ma mère… Mon père lui, je ne peux plus. » Malheureusement,  on ne peut pas être dans la tête des gens, et parfois, il est clairement difficile de les comprendre. Cependant, connaissant mes parents, je crois qu'ils ont sans aucun doute fabriqué des excuses crédibles, des excuses qui avaient du sens. Une logique. Ils étaient tellement doués pour tromper les gens, les faire gober n'importe quoi. Ma mère excellait dans cet art du mensonge, de dissimuler la vérité et de me faire passer pour la pire des enfants, tandis que mon père, son mari, était considéré comme un homme au cœur généreux, un homme parfait. Et il l'était réellement, du moins aux yeux des autres. Un talentueux comédien. Un monstre de père!

"Ne te torture pas avec la culpabilité, Nina. C'est du passé maintenant, et regarde-moi aujourd'hui. Je vais bien, et en réalité, je peux même remercier mes parents de m'avoir façonnée en la femme que je suis aujourd'hui." Oui, j'ai construit une carapace qui me protège du mal, et dans le monde des affaires où je me suis plongée, je ne peux pas me permettre de ressentir la moindre once de culpabilité. Si je devais me séparer d'une personne avec qui j'entretenais une relation même si je l'appréciais... Les affaires passent avant mes sentiments.

Bon, il y avait une seule personne qui avait réussi à percer ma carapace, mais c'est parce qu'elle était la mienne. Louisa et moi, en vérité, nous sommes tellement similaires. Nous avons tous deux un passé douloureux, même si elle ignore tout de cela. Je préférais jouer le rôle de la femme forte et la protéger sous mon aile.

"Plus facile à dire qu'à faire, ma chérie..." Fuir loin de mes parents aurait pu être une option, mais j'étais encore une petite fille, et je doute que mes parents m'auraient laissée partir. Ils m'auraient retrouvée, et la situation aurait pu être encore pire. "Eh bien, Zenia va très bien, elle est toujours aussi séduisante, une vraie beauté." Oui, même à son jeune âge, elle ressemblait à un mannequin - elle a hérité de bons gènes physiques, mais pour le caractère, c'était une autre histoire. "Oui, nous étions de véritables démons, et honnêtement, je ne crois pas que nous ayons changé, tu sais." Je rigolais, et en effet, Zenia et moi semions la terreur parmi les hommes les plus puissants !

D'ailleurs, je la taquinais sur le fait qu'elle avait osé regarder mes fesses alors que nous sommes cousines. Je n'avais AUCUNE intention malsaine dans mes pensées.

"Gemouille ? Noooon, ce surnom, bon sang. Arrête avec ça." J'étais un peu gênée, comment pouvait-elle ressortir ce surnom après tant d'années, surtout maintenant qu'il avait une double signification. "Surtout après m'avoir vu sortir de la remise avec ton chef" Qui, en passant, gemouille, je mouille... Ceci dit, je n'avais eu aucun orgasme avec son supérieur. Bien triste.

Ensuite, elle voulait savoir ce que j'étais devenue. Inconsciemment, je ne pensais pas à ma carrière de médecin, mais à mon fils, ma plus grande et plus belle fierté. D'ailleurs, je fouillais dans mon sac pour trouver mon portefeuille.

"Oui, oui Zenia et moi avons même ouvert un centre médical, mais... on s'en fout de ça" Une fois que je l'eus retrouvé, je sortis la photo de mon fils, âgé de 5 ans à l'époque. Dans mes yeux, on pouvait lire le bonheur d'une mère éperdument amoureuse de son fils. "Regarde ce beau garçon." Je lui tendis la photo et poursuivis : "Il n'a plus cette petite bouille depuis longtemps, mais il reste le plus bel homme .... c'est mon petit garçon chéri." J'étais extrêmement fière de lui montrer ce que la vie m'avait offert, le plus beau des cadeaux. Et je ne m'arrêtai pas là, je lui montrai une autre photo, beaucoup plus récente. "Il est magnifique, n'est-ce pas?"