Je ne peux réprimer un rire à l’air satisfait de mon amie. Oui, elle a raison, elle a souvent eu raison dans le passé d’ailleurs. Elle a toujours été la voix de la conscience quand elle sentait les problèmes arriver et bien évidemment en bonne tête brûler que je suis, je ne l’écoutais jamais et finissais par avouer que comme d’habitude, elle avait vu juste. « Oui majesté, vous avez raison, comment ai-je pu vivre sans votre clairvoyance pendant toutes ces années loin de vous ? » Je ris à nouveau, c’est un jeu que nous entretenons elle et moi dans le passé : lui rappelant que son esprit royal avait toujours raison et était supérieur à nous pauvres gens sans titre. C’était surtout un moyen de se moquer de sa famille qui l’avait toujours étouffé avec les responsabilités qu’elle a envers la couronne anglaise. J’espère qu’elle ne prendra pas mal ma remarque et qu’elle se rappellera de comment nous pouvions en rire autrefois.
Nous passons ensuite aux nouvelles concernant ses frères et sœurs qui sont bien évidemment nombreux. Je me rends compte que sa fratrie a bien évolué lorsqu’elle m’évoque ses neveux et nièces et surtout qu’elle est devenue marraine. Je vois un éclair de lumière quand elle évoque ces enfants. Malgré la pression qu’elle a toujours subie, Harmony est restée proche de sa famille et j’en suis contente pour elle, qu’elle ait tout de même des personnes dans son entourage qui je l’espère lui ont tendu la main quand je n’ai pas pu le faire. « Je vois que la famille royale n’est pas en manque d’héritier ! Je suis contente pour eux ! » Je souris largement. Je ne pense pas un jour avoir mes propres enfants, c’est une idée à laquelle je n’avais jamais porté attention. Il faut dire qu’avant mon overdose, ma vie était un tel chaos qu’il était impensable pour moi de prendre soin d’un petit être. Aujourd’hui, je vais mieux, je me soigne, j’essaye de réparer mes nombreux traumatismes, mais dire que je suis prête à avoir ma propre famille serait exagéré, surtout depuis que j’avais perdu la femme de ma vie.
Gemma, une histoire perdue d’avance, mais à laquelle j’avais cru jusqu’au bout. J’ai toujours l’espoir qu’un jour la vie nous ramènera l’une vers l’autre, mais en attendant, je dois penser à moi et à ma santé. « En vérité, je ne suis pas sûre que tu l’aurais apprécié, au premier abord, c’est une femme froide, autoritaire assez garce sur les bords, je dois l’avouer. » Je lâche un petit rire en me rendant compte du tableau que je dépeins de la femme qui fait vibrer mon cœur. « Mais elle est tellement plus que ça, c’est juste qu’elle ne s’autorise pas à être totalement heureuse… » J’espère qu’un jour, elle trouvera la personne qui lui permettra d’être enfin elle car elle le mérité malgré le mal qu’elle a pu faire autour d’elle. «Enfin, ce n’est pas grave, chaque chose en son temps, on va dire, je vais me concentrer sur les cours de danse et le modélisme et ça sera très bien. Oui, parce que tu as devant toi la nouvelle égérie du parfum Cacharel !» Je montre mon visage et prends la pose toute fière de moi. C’est un grand accomplissement pour ma carrière et un vrai tremplin.

Retrouver Louisa fait partie de ces petits bonus de mon retour à New-York. Je n'avais pas vraiment gardé de contact avec les gens que j'avais rencontré à l'époque. La rupture avec Kae avait été difficile. Mais c'était comme si j'étais partie il y a deux semaines à peine, sauf que j'avais prit quelques années de plus tout de même. En tout cas, les choses étaient naturelles. Et je souris à la question de Louisa, comment à t'elle survécut sans moi ? « Oh je sais pas, c'est un miracle que tu sois toujours en vie ! » Je souris et attrape la boule de poil dans mes bras. Le chiot semble vouloir attaquer une chaussures mais j'aimerais tout de même la garder intact, j'en ai besoin. J'ébouriffe les poils sur sa tête tout en continuant de parler de ma famille puisqu'elle m'a questionné. Je parle des mes jumelles qui ont chacune leur parfaite petite vie avec leurs enfants. Des enfants que j'adore soit disant passant, mais qui ne rappellent qu'une chose à mes parents, mon célibat. Quand Louisa évoque le fait que la lignée royale n'est pas prête de s'éteindre je soupire « Ce n'est jamais assez pour mes parents .... je vais devoir moi aussi mettre au monde au moins un enfant pour qu'ils soient satisfait » Et plus serait encore plus à leur gout, après tout ma mère a eu des triplés, il s'attendent à plusieurs naissances multiples et vu que je suis en retard selon eux, je sais qu'ils seraient plus qu'enchantés que ce soit moi qui relance la machine. Mais est je envie d'avoir des enfants ? Peut être mais pas tout de suite et pas comme ça. J'aimerais vivre dans un monde idéal ou je pourrais faire des enfants avec qui je veux car je l'aime et non pas car mon devoir l'exige. Enfin, la vie n'est pas un contes de fée, je le sais. Alors comme pour moi la vie amoureuse est foutue, je préfère me concentrer sur celle de mon amie, qui me parle de son ex, je suis désolé pour elle, je vois bien que la rupture est encore douloureuse. Je lui en fait part et quand elle me dit que je n'aurais surement pas apprécié cette ex je hausse les épaules « Si elle te rendait heureuse, ça me suffit. Je ne suis personne pour décider pour les autres » Et je subissait trop ça pour l'imposer à qui que ce soit. « J'espère que tu retrouveras quelqu'un qui te rend heureuse en tout cas » J'étais sincère, je voulais voir mes amis heureux. Le sujet dévie sur son travail et je ne peux pas m'empêcher de la taquiner un peu « Ah oui ? Et bien ils prennent vraiment n'importe qui maintenant ! » Je lui offre un grand sourire, pour lui faire comprendre que je ne suis évidemment pas sérieuse. D'ailleurs je reprend « Félicitation ! Je regarderais les photos sur les pubs ! » Dans mes bras, Uranie commence à s'agiter. Je soupire « Bon ma belle, ce n'est pas que ta compagnie est désagréable, mais je crois que ce monstre a besoin de courir un peu. Tu n'as pas changé de numéro ? On s'appelle ? »

La bienveillance d’Harmony n’avait en aucun cas changé et cela me faisait du bien, sa douceur légendaire était comme du miel, doux, sucré et réconfortant. Je voyais mon amie prise au piège par sa famille et j’aimerais tellement pouvoir la sortir de là, l’aider à s’épanouir et pouvoir être la jeune femme qu’elle souhaite devenir, lui offrir cette liberté dont elle rêve tant. Ce sujet, nous en avions tellement parlé durant nos études et comme elle le présentait, sa prison dorée n’a fait que grandir au fil des années. J’aimerais vraiment pouvoir faire plus pour elle, ne serait-ce que l’écouter, lui changer les idées, mais plus que tout, j’aimerais lui offrir la solution à tous ses problèmes si elle existe.

Mon amie me souhaite de retrouver quelqu’un et je lui souris plein d’amour. « Je te remercie, ma belle, j’espère que toi aussi, tu trouveras du bonheur dans ta vie malgré toutes ces contraintes. » J’ose espérer qu’un jour nous nous en sortirons, c’est ce que ma thérapie m’a appris, à prier souvent la positivité, elle finit parfois par nous entendre et nous offrir ce que nous désirons. Elle en vient ensuite à me taquiner au sujet de mon contrat avec la grande maison de parfum. Je ne peux réprimer un rire face à sa blague. Je lui tapote l’épaule plus répondre que véritablement pour lui faire mal. « Tu es vraiment une saleté, j’avais oublié ce trait de ta personnalité. Ce n’est pas convenant pour une princesse d’ailleurs, si la reine, vous entendez très chère. » Je ris de plus belle. « Merci, mais en vérité, je ne suis pas sûre que la maison soit vraiment au courant, du boucan humain qu’ils ont embauché comme égérie, à leur risque et péril, le contrat est signé, ils ne peuvent plus revenir en arrière, à moi les billets ! » Je ris de nouveau de ma bêtise.

La petite boule de poil commence à se remuer dans les bras de sa maîtresse, signalant qu’elle a besoin de se dégourdir les pattes, ne tenant plus en place. Sur ce, mon amie en profite pour me signifier qu’elle va s’éclipser. « Non, j’ai toujours le même ! Oui, tu as plutôt intérêt à me consacrer une soirée maintenant que je t’ai retrouvé, je ne veux plus te perdre Princesse ! » Je lui souris largement. Je suis ravie que la vie nous ait remis sur le chemin l’une de l’autre. Ce bout en train m’avait sacrément manqué, Harmony a beaucoup compté dans ma vie, je ne suis pas prête à la perdre de nouveau.