ootd . Avec tendresse, les phalanges se glissent des pelages des chats aux livres à ranger sur les bibliothèques. Mio les classe avec soin, a appris de quelle manière le faire pour que tout soit parfait. Les ouvrages rejoignent leur place, parfois après que le jeune homme ait tourné une page ou deux, lut la quatrième de couverture, l’air rêveur peint sur le visage. Les livres le font voyager dans des contrées inexplorées. Grâce à eux, Mio s’envole vers des destinations hautes en couleurs et, un chat ronronnant contre sa jambe, il devient le héros de sa propre histoire. Nouvelle caresse donnée et le garçon revient là, derrière le comptoir. Les clients vont et viennent, commandent le plus souvent du temps dès qu’ils arrivent avant de s’installer pour profiter de l’ambiance cosy de cet endroit hors du temps. C’est probablement pour cette raison que Mio a postulé. Les doigts croisés et le cœur battant à cent à l’heure, il s’est senti tellement redevable quand la patronne l’a embauché ! Un soulagement. Dans le fond, Mio ne sait pas trop ce qu’il aurait fini par faire. Cette librairie est une aubaine, une chance inestimable en plus de se trouver dans le même quartier où il habite. Le myocarde léger, il fait signe à une cliente, s’approche d’un petit groupe pour leur expliquer comment fonctionne l’endroit. Mio est très doux, parle sans un mot plus haut que l’autre. Il se fait discret parce que c’est ainsi qu’on a fini par l’apprivoiser, lui aussi. Il apporte un plateau ici, des pâtisseries là. Conseille un jouet pour les chats plutôt qu’un autre. Et puis la clochette de la porte tinte à nouveau. Mio relève la tête pour apercevoir un nouveau client. Il ne croit pas l’avoir déjà croisé dans le coin. Il lui dit qu’il arrive, essuie ses mains à un torchon et s’approche. – Bienvenue au Cheshire’s Book. Un délicat sourire sur les lèvres. – Est-ce que c’est… la première fois que vous venez ? Il fouille dans la poche à l’avant de son tablier pour en extirper son petit calepin. De son autre main, il attrape la carte des choix et la tend à son interlocuteur. – Je peux prendre votre commande et vous l’apporter à table. Je… euh, les chats ne sont pas sauvages. Ils sont très friands de nouvelles rencontres. Sa timidité prenant le dessus, Mio la contient au mieux pour ne pas paraître trop étrange. Après tout, même s’il append vite, cela ne fait pas si longtemps que cela qu’il travaille ici.

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ootd . Quelques semaines, tout au plus, et le sentiment agréable d’enfin appartenir réellement quelque part. Ici, dans cet endroit chaleureux, Mio se sent à sa place. Même s’il est un peu timide, même si on ne l’entend pas souvent, Mio sait que les autres membres de l’équipe ne lui veulent aucun mal. Ils sont tous des passionnés, que ce soit par la pâtisserie, la lecture ou les chats. Le cœur léger d’arriver dans l’établissement, de pousser la porte tous les jours. Entendre le ronronnement des boules de poils qui n’attendent que les caresses, leurs repas, la présence de ceux qu’ils tolèrent. Et, visiblement, ce nouveau client duquel s’est approché Mio semble avoir une certaine confiance qui aide les animaux à s’avancer. Mio sourit du bout des lèvres, désireux de déporter l’attention de l’homme vers l’animal plutôt que sur lui. Parce que c’est un peu étonnant, non ? Son regard sur sa silhouette qui triture son carnet, son crayon… - Est-ce que vous le souhaitez avec du lait végétal ? Quant aux friandises, oui… Comme Mio l’a suivi jusqu’à la table, il se penche légèrement vers lui pour lui faire tourner la carte. Au verso, il y a quelques snacks disponibles à l’achat pour les chats. - Klaus aime bien les petits poissons saveur saumon. Mio note la commande du client sur son calepin avant de le remettre dans la poche de son tablier. Il s’accroupit pour glisser ses doigts dans le pelage noir du chat qui se frotte contre ses jambes. On dit souvent que les chats noirs sont porteurs de mauvaises nouvelles ou de malchance, pourtant, Klaus a toujours été l’un des meilleurs confidents de Mio depuis son arrivée. Un lien qu’il ne saurait expliquer. Un instant plus tard, Mio passe commande à son collègue puis il dépose le tout sur un plateau. Il revient vers l’homme, dépose la boisson sans encombre mais, avec maladresse, voilà que le ramequin de friandises pour chat bascule et se renverse un peu sur la table. La gêne imprègne aussitôt le visage de Mio qui remonte ses manches sur ses avant-bras pour ramasser le tout de la tranche de sa main. - J-je suis désolé ! Mio n’ose pas reporter son regard vers son client, clairement mal à l’aise d’avoir fait tomber quelque chose. Heureusement qu’il ne s’agissait pas de son cappuccino ! Les joues rouges pivoines, Mio remet le tout dans le ramequin, s’excuse encore en se courbant légèrement vers son aîné. Il aimerait disparaître derrière l’une des étagères remplie de livres !

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ootd . mio se sent observé. il ne saurait avouer de quelle manière exactement, mais les iris de cet homme sur sa silhouette semblent chercher quelque chose. est-il en train d'essayer de décrypter cette timidité ? pense-t-il à... le draguer ? non, non. mio secoue doucement la tête tandis qu'il récupère la commande du nouvel arrivant. ce serait déplacé, après tout, cet homme est un peu plus âgé que lui et mio est en train de travailler ! la gêne s'inscrit sur les traits de son visage et cela ne tarde pas à se transformer en une maladresse qui lui renverser le ramequin à l'intérieur duquel sont les friandises pour klaus. très vite, mio rougit et, par réflexe, remonte un peu ses manches, afin de rassembler les croquettes pour les remettre dans le petit plat. il s'excuse, voudrait disparaître sous terre, espère que ses collègues n'ont pas vu cette maladresse... tout ça se passe très vite ; autant que les doigts du client qui viennent encercler son avant-bras. mio lâche un petit cri de surprise en sursautant. sous sa poitrine son coeur se met à battre bien plus fort. qu'est-ce qui se passe ? est-ce qu'il va se faire disputer ? tout à coup, mio imagine que cet homme est un inspecteur, ou quelqu'un de très important, qui serait venu pour analyser l'endroit. la panique l'envahit et il se voit déjà renvoyé à cause de ses deux mains gauches. - j-je... il bafouille, ne sait pas quoi dire. l'homme lui fait un peu mal et mio n'a pas envie qu'il voit les petites marques sur ses bras. c'est pour ça qu'il porte des pulls longs. c'est pour ça que ses vêtements sont aussi larges. pour cacher. se cacher. tout cacher. ses yeux se sont arrondis et il s'entend respirer plus fort qu'à l'accoutumée. il a l'impression qu'un temps infini se déroule avant que le client ne relâche enfin son bras. aussitôt, mio rabaisse son vêtement et recule d'un pas, ne veut pas qu'un nouveau contact physique prenne forme entre eux. il doit rester professionnel. qu'est-ce qu'il doit dire, maintenant ? mio triture les manches trop longues de son pull entre ses doigts, les yeux baissés à ses pieds. le myocarde en vrac. il ignore comment réagir dans cette situation et personne ne semble s'être rendu compte de quoi que ce soit autour d'eux. mio est tendu, presque stressé, une boule se forme dans sa gorge. il ignore tout des pensées qui se bousculent dans l'esprit de son interlocuteur. il ne veut pas pleurer. c'est difficile d'être fort. il déglutit et tandis qu'une question le percute, klaus vole à son secours en se frottant à sa jambe. mio profite de cette aide pour s'accroupir et prendre le chat dans ses bras. il a entendu l'interrogation mais il n'arrive pas à répondre. il secoue légèrement la tête, ses cheveux bruns oscillent sur le sommet de son crâne. ses doigts caressent l'animal, cela permet à mio de s'apaiser petit à petit. il n'ose pas relever les yeux vers son aîné. - n-non, je... je ne sais pas. c'est un souffle qu'il abandonne et puis, comme déverrouillées, enfin, ses jambes décident de le porter. - pardon. mio bredouille et s'enfuit. il retourne derrière le comptoir, pense qu'il est en sécurité ici. derrière la caisse enregistreuse. le sang tape dans ses tempes. qu'est-ce qui vient de se passer ? mio n'a pas tout compris, mais sa patronne lui propose une pause, voyant qu'il semble troublé. mio s'échappe prendre l'air à l'extérieur. accroupit contre le mur, il relève doucement sa manche. le croissant de lune à son poignet... c'est la première fois que quelqu'un paraît si intéressé par cette tâche de naissance. mais, craintif, mio demeure là, dehors, tentant de retrouver une contenance. il a un peu honte de son comportement. il se sent gêné même s'il s'est excusé auprès de son client. c'est une drôle de rencontre. mio frotte le bout de son nez avant de gonfler ses poumons pour inspirer du bon air. ça va aller. cacher ses tremblements. parce que pendant des années, il a été la victime des autres, mio a du mal à savoir comment accepter les contacts physiques.

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ootd . le coeur au bord des lèvres, mio demeure accroupit durant de longues minutes. recroquevillé de la sorte sur lui-même, il agit de cette manière comme un mécanisme de protection ; de réassurance. il tente de retrouver une certaine contenance afin de revenir servir les clients du mieux qu'il le peut. il n'a aucune envie de se faire remarquer par qui que ce soit. à l'inverse, depuis qu'il est embauché dans cet endroit qu'il chérit, mio est davantage à l'aise avec les chats qu'avec ses collègues. il lui faut encore un peu de temps pour qu'il puisse réellement se sentir bien et ne pas imaginer que ce qu'il a vécu un peu plus jeune se reproduise. c'est pour cette raison principale qu'il a pris peur et qu'il est dans cette ruelle. mio caresse doucement son poignet ramené contre sa poitrine. est-ce que cette tâche aurait pu plaire d'une façon ou d'une autre à cet homme ? et après ? qu'est-ce qu'il chercherait de la part de mio ? ce dernier secoue doucement sa tête brune alors qu'il entend des pas s'approcher. ah. mio croise à peine son regard avant de rougir et reporter ses prunelles sur le bitume à ses pieds. il ne peut s'empêcher de rabattre la manche de son pull jusqu'à la paume de sa main, peu désireux d'un éventuel nouveau contact avec son aîné. toutefois, ce dernier paraît avoir compris le fonctionnement de mio. en effet, il ne vient pas davantage vers lui, conserve une certaine distance. mio l'entend, hésite quelques secondes et puis acquiesce d'un bref mouvement du chef. peut-être peut-il lui apprendre quelque chose ? veut-il s'excuser une fois de plus ? en effet, à mesure des paroles de son interlocuteur, mio découvre son nom qui ne lui dit que très peu d'indication. en revanche, le reste... mio ne sait pas quoi dire. il observe les mouvements de jakub, sa belle montre qu'il retire de son poignet et cette similitude entre eux. lui aussi possède une tâche de naissance en forme de croissant de lune sur son poignet gauche. - oh. c'est la forme que prennent les lèvres mio en apercevant ce qu'il pourrait nommer d'impensable. est-ce qu'ils ont la même ? qu'est-ce que cela peut signifier ? jakub a parlé de la mère de mio, vingt ans plus tôt. - v-vous connaissez ma mère ? le jeune homme n'a que des questions dans son esprit. elles se bousculent dans tous les sens et il ignore dans quel ordre les énoncer. - mio. mio yun... c'est comme ça que je m'appelle. puis, tout doucement, mio se redresse, s'avance, s'accroupit à nouveau. en face de jakub cette fois. il est curieux. il veut voir de plus près. il tend un index vers le poignet de son aîné sans jamais pour autant le toucher. il finit par remonter sa propre manche une fois de plus. juste suffisamment haut pour dévoiler sa tâche. - pourquoi... est-ce que vous croyez que ce sont les mêmes ? son regard demeure ancré à leurs poignets. allant de celui de jakub au sien, du sien à celui de jakub. pour l'instant, mio ne réfléchit à rien d'autre qu'à cette forme. il n'imagine pas encore tout ce que cela pourrait réellement signifier. - maman a toujours dit que le croissant de la lune représente la renaissance. une signification qui aide encore beaucoup mio dans les choix qu'il fait aux jours d'aujourd'hui.

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ootd . mio a peur de ne pas saisir tout ce qui est en train de se dérouler. ses prunelles sombres demeurent ancrées à leurs poignets dont il n'a de cesse d'observer la forme qui y est apposée. comme un sceau. à l'instar d'une similitude... peut-il s'agir d'autre chose que d'une coïncidence ? le jeune homme écoute les paroles de jakub sans savoir quoi y répondre. tout semble hors du temps. encore plus quand jakub mentionne cette rencontre entre sa mère et lui. il y a longtemps, maintenant. plus de vingt ans. et mio pense alors que sa mère ne lui a jamais réellement parlé de cet homme qui, bien qu'il ne soit pas son père, l'a mise enceinte. l'histoire racontée a été celle d'une nuit, d'une rencontre, et puis l'envie de garder cet enfant au creux de son ventre. de le choyer, de l'élever seule malgré les difficultés qu'elle a pu rencontrer. ne rien demander à personne. et mio se doute qu'elle a dû souffrir de tout ça. pourtant, il estime n'avoir jamais manqué de rien, même si l'argent ne rentrait que peu. - je n'ai pas de père. il déclare cela d'une voix blanche. il déclare cela comme une évidence parce que, pour lui, cela en est une. il n'a que sa mère qui veille sur lui depuis toujours. ils sont tous les deux et il ignore si elle serait prête, elle-aussi, à remonter le fil du temps si les propos de jakub s'avèrent réels. mio rabat alors la manche de son vêtement sur son poignet, rencontre quelques secondes le regard de son interlocuteur. il se remet debout, se recule, un pas, ou deux. les mains s'enfoncent dans ses poches. - q-qu'est-ce que ça veut dire, tout ça ? presque un murmure qu'il perd entre leurs deux silhouettes. est-ce que c'est de cet homme dont sa mère est tombé enceinte ? est-ce lui qui est son... géniteur ? mio secoue légèrement la tête comme pour chasser toutes ces idées dans son esprit. ça ne peut pas être ça. en plus, il doit retourner travailler. sa pause ne fait que s'éterniser et il n'a pas envie de se montrer peu consciencieux. - je... je n'en sais rien. écoutez, il faut que je retourne servir les clients... mio nie en bloc. n'est pas encore prêt à entendre ce que jakub tente de lui communiquer. et puis, au visage de cet homme, il voit bien que les choses semblent tout aussi particulières. cette tâche, cette date, ce nom que mio porte... est-ce des pièces de puzzle qui ne se sont pas encore imbriquées les unes aux autres ? mio déglutit, la gorge serrée. peuvent-ils remettre en question vingt années d'une vie ? mio se mord la lèvre inférieure avant de lâcher un - je suis désolé... qui résonne faiblement dans la ruelle. et la porte claque derrière lui tandis qu'il revient à l'intérieur. il se sent tout en vrac. tremblant, il essaie de reprendre son service, pourtant, il ne lui faut que cinq minutes pour griffonner son numéro de portable sur un bout de papier et le glisser sur la table qu'occupait jakub.

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