°° Te retrouver °°

J’étais fière de moi, je venais d’éviter la colère de mon amour de femme enceinte, j’aurais passé une mauvaise soirée si je n’avais pas étouffé la faim de ma petite amie. Et je n’avais pas du tout, mais alors pas du tout envie de me fâcher avec elle alors que l’on ne s’était pas vu depuis une semaine. J’affichais un large sourire en voyant ma femme se radoucir, je n’avais pas toujours l’étoffe de la femme parfaite, mais j’essayerais toujours d’apporter à Gemma ce qu’elle a besoin ainsi qu’à ce petit être qui grandit en elle. Elle m’avait demandé d’élever ce bébé avec elle et j’avais accepté, nous allons former une famille, cette image est encore abstraite pour moi, mais j’en suis toute excitée, c’était un grand pas dans notre relation et je voulais prouver à ma brune que je serais à la hauteur.

Je me rapprochais d’elle le paquet de chips à la main avant de lui tendre. Elle m’offrit un tendre baiser avant de se ruer sur la nourriture et bien évidemment cela me fis rire. « Bon appétit mon cœur. » Dis-je en déposant un baiser sur son crâne.

« Mon amour, tu vas donner la vie, il faut que tu manges pour deux, fait toi plaisir. » Je pris un air coquin. « Et puis vu ce que j’ai prévu ce soir, tu vas éliminer toute la nourriture que tu vas manger ce soir. » Je me mordille les lèvres promesses d’une soirée des plus coquines. Je comptais bien rattraper le temps passé loin d’elle.

Elle s’installa sur le tabouret tout en dégustant son paquet de chips même là, elle était magnifique, je ne me lasserais jamais de ce spectacle, cette femme a le don de me faire exploser le cœur quoiqu’elle puisse dire où faire, c’est trop. Je n’aurais jamais pensé avoir droit à un tel bonheur un jour comme quoi le soleil apparaît toujours après les tempêtes.

Vient ensuite le débat concernant mon appartement, ma petite amie ne comprend pas que je sois aussi attaché à ce lieu où le mot confort n’est pas le mot de prédilection. Gemma est une femme qui vit dans le luxe, elle a l’habitude d’être dans une habitation de rêve que sa vie rime avec confort et abondance, mais je ne lui reproche absolument pas, c’est juste que mon appartement a une valeur sentimentale à mes yeux.

« Oui, ce n’est pas le grand luxe, mais je l’aime cet appart, c’est ici que j’ai décidé de vivre quand j’ai quitté la maison des Mahoney. Je voulais retrouver la vie que j’aurais eue si mes parents biologiques n’auraient pas été assassinés. J’ai grandi dans ce quartier, nous vivions au coin de la rue, j’avais besoin de garder le peu de souvenirs qu’il me reste en mémoire. » Je baisse les yeux retenant les émotions qui me viennent. « Je sais, c’est idiot, mais j’avais peur de les oublier alors j’ai pris cet appartement et ensuite, je suis devenue une femme ici, quand je le regarde, je vois toutes les étapes que j’ai vécues combien j’ai changé au fil des années. Et puis c’est aussi ici que l’on se retrouvait toi et moi alors oui, j’y suis attaché. »

J’avais inscrit mon histoire dans ce logement chaque pièce se rapportait à des anecdotes, c’était mon cocon mais je suis consciente que pour le bien de ma famille, il faut que je change de logement.

« Mon plan, c’est que je vais participer à un jeu télévisé pour tenter de gagner de l’argent et avec cet argent, je m’achèterais un appartement digne de ce nom pour toi et le bébé. »

C’est alors que Gemma me proposa de venir vivre avec elle et Zenia. Suite à l’incendie qui avait ravagé l’appartement de la blonde et la perte de son époux, les deux meilleures amies avaient décidé d’emménager ensemble. J’avoue que cela m’avait un peu contrarié, mais je savais que ce duo avait trop besoin l’une de l’autre et que de vouloir donner un avis sur Zenia aller juste me permettre de perdre ma brune. « Je suis touchée de ta proposition mon cœur, mais je ne préfère pas être entre vous deux et puis savoir que vous coucher ensemble dans le lieu où je vis, je ne serais pas à l’aise. Pour l’instant, je préfère encore avoir mon propre chez moi. » J’espérais qu’elle comprendrait mon opinion et ne se braquerais pas.

°° Te retrouver °°

Je terminais mon paquet de chips avec un sourire en coin, savourant chaque morceau tout en observant Louisa avec amusement. Ses expressions, même sans mots, trahissaient une certaine hésitation face à mes remarques. Je ne m'en souciais pas, pas vraiment. La franchise, c’était ma signature, et je ne comptais pas la modifier pour plaire.

"Alors, mon amour, on se la joue nostalgique avec cet appartement ?" Je laissais échapper un rire sec, puis lançai sans détour, "Franchement, Lou, cet endroit est une véritable merde."

C’était dit, comme ça. Un peu brutal peut-être, mais je ne savais pas faire autrement. Autant dire les choses comme elles sont, non ? Je pouvais voir ses traits se crisper légèrement, mais je continuai, sans même cligner des yeux. "Je comprends que ça ait de la valeur sentimentale pour toi, mais je ne peux pas m’empêcher de penser à ce que tu mérites. Tu es une femme incroyable, pas une locataire dans un trou à rat."

Je lui offris un sourire en coin, mélange de défi et d'affection. Je savais que mes mots pouvaient piquer, mais parfois, c'était nécessaire. "Tu mérites mieux que cet appartement qui pue le vieux et qui n’a même pas d’ascenseur."

Quand elle évoqua l’idée d’un jeu télévisé, je ne pus m’empêcher de lâcher un rire franc, presque moqueur. "Un jeu télévisé ? Oh, mais quelle idée brillante !" Je haussai un sourcil, pleine de sarcasme. "Et tu comptes gagner quoi ? Un an de fournitures de ménage pour nettoyer ce trou ?" Je jetai un coup d’œil à l’appartement, exagérant ma grimace. "Mais l'idée n'est pas bête, si tu gagnes, tu pourrais m’acheter un bel appartement avec un vrai ascenseur, pour que je n’aie pas à grimper ces escaliers de l’enfer."

Je m’approchai d’elle, plus proche que nécessaire, presque collée à son corps. Et d'un ton des plus sensuelles, je lui murmurais: "Ou sinon ..... Imagine ça : toi et moi, dans un bel appart, Zenia qui fait la cuisine pendant que moi, je te fais l’amour…" Je laissai ma phrase en suspens, mes lèvres à quelques millimètres des siennes. "A moins que l’idée que Zenia nous rejoigne t’excite ?"

Je savais exactement comment titiller ses émotions. La grossesse avait fait de moi une véritable montagne russe, me rendant parfois piquante sans même le vouloir, mais aussi douce et très sentimentale par moments. Et puis, il y avait cette envie de sexe... mais honnêtement, même sans l'excuse des hormones, j'avais souvent un appétit insatiable. C'était dans ma nature, et Louisa le savait très bien.

Je balançai le paquet vide sur la table et laissai mes doigts glisser doucement sur sa joue. Ouais, pas super propre, mais on s'en fiche, hein ? Après tout, ma copine sentait maintenant l'arôme irrésistible du chips. Un parfum de romantisme à la saveur barbecue, qui dit mieux ? Rien de tel pour pimenter une petite séance de séduction, non ? Bref, tendis que mon autre  main chercha instinctivement la sienne, nos doigts s'entremêlant avec une douceur surprenante. Un sourire malicieux se dessina sur mes lèvres alors que je chuchotai : "Réfléchis-y, mon amour. On mérite mieux, toutes les deux, et ce petit bout de chou va avoir besoin de tout le luxe que je peux offrir alors peu importe ce que tu décides de faire, tant que tu quittes ce trou à rat." Mon regard, intense et brûlant, cherchait le sien, comme pour sceller la promesse que je venais de faire.

Je sentais son hésitation. Elle jonglait encore avec l’idée de ce jeu télévisé, et je n’allais pas l’en dissuader, du moins pas totalement. Si c’était vraiment son rêve… Je pouvais l’accepter. À ma manière.

"Tu sais que tu vas jouer un rôle, pas vrai ?" Ma voix, plus basse, se fit un peu plus sérieuse. Je saisis son menton avec douceur, forçant son regard à rencontrer le mien. "Tu devras jouer la garce. Une vraie salope qui fait tourner tous les mecs en bourrique." Un sourire, à la fois séducteur et provocateur, passa sur mes lèvres. "Tu sais que t’as ça en toi, non ? Allez, montre-leur ce qu’une vraie femme peut faire."

Je laissai mes lèvres effleurer doucement sa peau, traçant une ligne invisible du coin de sa bouche à son oreille. Mais souviens-toi, la seule personne qui compte vraiment à tes yeux, c’est moi. Et crois-moi, tu ne veux pas me rendre jalouse. Je me penchai encore plus près et capturai doucement le lobe de son oreille entre mes lèvres, laissant ma respiration chaude lui chatouiller la peau. Parce que quand je suis jalouse, je deviens une véritable lionne. Et crois-moi, tu n’as encore rien vu…

°° Te retrouver °°

Ces mots étaient durs à entendre, je sais que Gemma ne réfléchissait pas quand elle parle, elle dit haut et fort ce qu’elle pense et tant pis ce que peuvent penser les gens. Je l’aime pour ça, mais je dois admettre que cela fait toujours un peu mal quand son honnêteté me touche. J’accuse le coup, crispant légèrement mon visage. Oui, cet endroit est peut-être vétuste et sombre, mais il fait partie de mon histoire. Elle ne peut pas comprendre, elle n’a pas le même rapport avec son passé que je l’ai. J’essaye de prendre sur moi de garder mon calme, mais ces mots deviennent de plus en plus cassants et j’ai du mal à le supporter. Certes, elle n’aime pas mon choix de vie, c’est un fait, mais respecte l’attachement que j’ai pour cet endroit. Elle sait que mes parents biologiques sont un sujet sensible pour moi, et même si je sais pertinemment que la grossesse n’arrange rien à son franc-parler-là, c’est trop pour moi. J’essaye de m’en sortir par mes propres moyens, prouvant que je ne suis en rien vénale et que je désire être autonome et non entretenue comme une vulgaire petite chienne et elle se moque de moi.

Elle se rapproche de moi toute sensuelle, essayant de me distraire, mais non le mal est fait et je sens que je ne vais pas arriver à me retenir. C’est alors qu’elle évoque Zenia, d’habitude, je n’ai rien contre la blonde, j’ai du malgré moi accepter le lien spécial qui existe entre elles, si je veux être heureuse, mais là, c’est trop. Je prends ses mains dans les miennes et recule d’un pas.

« Si mon trou à rat ou ma petite condition financière n’est pas assez bien pour toi, tu peux retourner avec Zenia, je suis sûre qu’elle n’attend que ça, de te récupérer. Moi l’argent, je le gagne en travaillant, je n’ai pas envie de dépendre de vous deux, désolé, mais c’est bien la seule chose que mes parents biologiques m’ont inculquée, c’est d’être une travailleuse et pas une tire-au-flanc. »

J’avais juste posé ces mots dans un calme olympien, je ne désire pas que l’on se dispute loin de là, mais j’ai besoin de lui faire comprendre que j’étais blessée. Je sais que cet appartement n’est pas un lieu pour élever un enfant, mais je vais arriver à m’en sortir et à trouver un appartement digne de ce nom.

« Oui, je crois avoir joué bien assez de rôles dans ma vie pour savoir que je suis à la hauteur de ce défi. » Je savais que je pouvais gagner sinon je ne me serais pas inscrite, je crois en moi et je veux réussir. Elle me titillait avec ses baisers et ses murmures à l’oreille, madame est jalouse à l’idée que je puisse draguer d’autres hommes ou femmes même. Cela me plaît et à mon tour, j’ai envie de jouer. « Tu devrais préparer tes griffes, à ce que j’ai entendu, le casting sera le plus grand cru new-yorkais, il n’y aura que des bombes. » Je me mordillais l’oreille fière de mon petit effet. Moi aussi, je savais piquer.

°° Te retrouver °°

Je soupirais longuement, sentant la tension monter de plus en plus, et c’était justement ce que je voulais éviter. Mes épaules se détendaient légèrement tandis que je regardais Louisa, essayant de calmer l’agacement qui m’avait d’abord envahie.

J'avais laissé mes paroles dépasser mes pensées, et je regrettais sincèrement d’avoir blessé celle que j’aimais. Je voyais bien que mes mots avaient fait plus de mal que je ne l'avais imaginé, et ça me faisait mal de la voir ainsi. Je ne voulais pas la blesser, jamais. Je me mordillais la lèvre, me reprochant intérieurement de ne pas avoir su contrôler ma langue.

"Bé, je sais que je dis pas toujours les choses comme il faut," commençais-je avec regret, d’un ton plus posé. "Mais tu sais très bien que je dis jamais ça pour te blesser." Je secouais doucement la tête, mes cheveux tombant autour de mon visage, essayant de remettre mes pensées en ordre. "C’est pas ton appart qui me dérange vraiment, c’est juste que… je me perds dans mes projets. Pour nous, pour le bébé."

Je faisais un pas vers elle, cherchant à apaiser cette ambiance lourde qui me pesait. "Je sais à quel point cet endroit compte pour toi. Ce n’est pas juste un appart, c’est tout ce que tu as vécu et traversé. Je le sais, et je n’aurais jamais dû dire ces choses horribles. Je veux juste qu’on soit bien, tous les trois. Je voulais pas te blesser avec ce que j’ai dit. Si j’ai été dure, je suis désolée. Mais là où nous nous dirigions, cela ne sert à rien: on doit arrêter de se balancer des piques comme ça."

Je cherchais son regard, mes mains frôlant doucement ses bras, essayant de me faire pardonner pour mes paroles. "Et puis Zenia… c’est rien, chou. Tu comptes plus que tout à mes yeux. Même si Zenia fera toujours partie de ma vie, c’est avec toi que je suis, non ?" Je baissai les yeux un instant avant de prendre une profonde inspiration. Quand je relevai la tête, je continuai plus doucement : "Je sais que tu veux tout faire par toi-même, et je t’admire pour ça, vraiment. Mais on est une équipe, d’accord ? Je ne veux pas que tu penses que je te vois comme une 'petite profiteuse'. C’est tellement pas ce que je ressens."

Un petit sourire malicieux se dessina sur mes lèvres, cherchant à alléger l’atmosphère. "Et ce casting… je suis pas jalouse, tu sais. Tu pourrais draguer toutes les bombes de New York, ça ne changerait rien. Parce qu’à la fin de la journée, je sais que c’est avec moi que tu veux être, pas vrai ?"

Je laissais ma main caresser doucement sa joue, mon regard plongé dans le sien. "Maiiis atttend, je réflèchis, si tu fais cette émission, ça voudrait dire qu’on se verra pas pendant plusieurs semaines, c’est ça ?"

Mais soudain, nous étions interrompues par la sonnette de l’appartement, probablement le livreur de pizza. Je me dirigeais vers la porte et l’ouvrais pour accueillir notre grande pizza, dont le parfum me mettait déjà l’eau à la bouche. Mon sac à main était posé sur la commode, alors, par réflexe, je prenais mon portefeuille. En payant, je lui laissais un généreux pourboire avant de refermer doucement la porte derrière lui. Je me retournais vers Louisa, le sourire au lèvre, la pizza dans ma main.

°° Te retrouver °°

Le message était apparemment passé puisque Gemma n’hésita pas une seconde à s’excuser. C’est avec des réactions comme cela que je vois à quel point notre relation a évolué entre elle et moi. Avant elle m’aurait envoyé paître et le tout se serait terminé par des cris et des portes qui claques. Il nous en aura fallu des épreuves et surtout beaucoup de temps pour en arriver à ce résultat, certes tout ne sera jamais parfait, mais ça me suffit amplement. La voir se confondre en excuse m’apaise immédiatement, mais je reste silencieuse la laissant s’exprimer. Je sais qu’elle ne fait pas exprès, mais je veux qu’elle comprenne que parfois les mots peuvent faire mal.

Je la regarde essayant de se rapprocher doucement de moi, de peur que je la rejette. Sa chaleur me fait du bien tout comme ses paroles. Elle se projette vraiment pour le bébé, pour que je fasse partie intégrante de sa vie et j’avoue que même si j’en suis folle de joie, je me mets des barrières. J’ai peur de trop m’attacher à cet enfant, j’ai peur que tout parte en fumée comme c’est trop souvent arrivé entre nous. Je veux plus que tout être la mère de ce bébé, mais tant qu’il n’est pas la physiquement, j’essaye de ne pas trop espérer.

Je ne dis toujours rien, la laissant tendrement revenir vers moi, j’aime la voir galérer, elle est tellement belle avec ce petit air désolé. Ses mains frôlent mes bras et des frissons me parcourent le corps, c’est dingue l’effet qu’elle a sur moi, il suffit d’un simple toucher pour que mon corps s’embrase de désir et d’amour. Je la regarde tout en m’imprégnant de ses paroles qui me tordent le ventre. Je suis vraiment devenue plus importante que Zenia ? Moi la pauvre Louisa ? Je sais pertinemment que Gemma m’aime, mais à se point je ne pensais pas, je ne pensais même jamais être à la hauteur de la blonde. Je m’écouterais, je l’embrasserais, mais je la laisse poursuivre son monologue, plus rassurant à chaque minute.

Nous parlons ensuite de l’émission, nous allions justement évoquer la durée de mon absence quand le livreur de pizza sonne à la porte. Je n’ai pas le temps de dire ou de faire quoique se soit que Gemma accourt à la porte. L’appel du ventre est plus fort que tout, je la regarde amusé, se mouvoir avec son ventre de femme enceinte. Elle paye la course et renvoie le livreur, je ne râle même pas qu’elle ait payé, car dans tous les cas, je n’aurais pas gain de cause. Elle se retourne un grand sourire aux lèvres, fière de la pizza qu’elle tiens dans la main. Je lui souris largement, le regard rempli d’amour.

Elle se rapproche de moi, je me saisis du carton à pizza que je dépose que la table de la cuisine et me retourne vers ma brune. Je dépose mes mains de part et d’autre de son visage et plante mon regard dans le sien.

« Merci pour tes mots, je sais que tu ne fais pas exprès que tes mots son maladroits, mais moi aussi mes vieilles blessures sont tenaces et parfois, je suis sur la défensive. Bien sûr que toi et le bébé méritiez mieux que cet appartement et je compte bien vous l’offrir, mais laisse moi un peu de temps. » Je caressais sa joue avec mon pouce. « Tu as ton appartement avec Zenia, mais je veux nous offrir un cocon à nous 3 où on pourra se retrouver en intimité. Je sais qu’à l’avenir, je devrais passer plus de temps avec Zenia et ça ne me dérange pas, mais vivre tout le temps avec elle je ne pourrais pas du moins pas pour le moment. Tu le comprends ? »

°° Te retrouver °°

Nous voilà enfin avec la pizza, et Louisa me guidait jusqu'à la cuisine avant de saisir subitement mon visage de ses deux mains chaudes, entourant ainsi mes joues. Nous étions là, coller l'un à l'autre, et l’odeur alléchante de la pizza fraîchement livrée me donnait l’eau à la bouche. Louisa avait déposé le carton sur la table, et je ne pouvais m’empêcher de fixer ce délice, ma faim grandissant à chaque seconde.

« Je sais Louisa, je comprends que tu aies des blessures du passé et que ça te rende un peu sur la défensive et je ne te jugerais jamais la desssus. Je suis là pour toi, et j'attendai le temps qu'il faudra, !!! mais je ne vais pas te mentir, je suis déjà impatiente de créer notre petit cocon à nous trois » disais-je en lui souriant, tout en jouant avec une mèche de ses cheveux qui tombait délicatement sur son épaule. Étais-je un peu trop impatiente ? Peut-être. Voulait-je aller trop vite ? Sans doute. Mais j'avais tellement envie de franchir une étape que je n'avais jamais osé atteindre avec qui que ce soit.

Je lui lançai un regard malicieux. « Mais sérieusement, si tu continues à me regarder comme ça, je vais avoir encore plus faim, et cette pizza va disparaître plus vite que mon dernier petit ami et toi, toi, toi, et toi, tu savoureras mes coups de langue, parce que mon dessert, je l'aurai  »Disais-je en tapotant doucement le petit bout de son nez avec le bout de mes doigts

Puis sadiquement, en l'écoutant, je lâchais un petit rire avant de poursuivre sur ma propre lancée. Évidemment, je ne pouvais m’empêcher d’ajouter une touche , un ton de provocation, en évoquant ma vie avec Zenia. « Oh, tu ne pourrais pas vivre tout le temps avec elle ? Pourquoi donc ? Tu sais, Zenia est une experte, une bonne lécheuse, si tu vois où je veux en venir. »

Je laissai échapper un autre rire avant de capturer rapidement ses lèvres, ne voulant pas qu'elle s'énerve davantage. « Je rigole, bébé, je blague » disais-je entre deux baisers sensuels, mes mains glissant doucement sur ses joues, savourant la chaleur de sa peau également « Pardon ! » Et encore un baiser, cette fois-ci plus long, plus langoureux, comme pour effacer toutes les tensions qui pouvaient subsister entre nous.

« Et si on se concentrait sur cette pizza, avant qu'elle ne devienne froide ? » murmurai-je, mes lèvres frôlant les siennes, tandis que mes yeux brillaient d'une promesse silencieuse. L’odeur de la pizza se mêlait à celle de son parfum, créant une ambiance délicieusement intime. Je me sentais prête à savourer non seulement le délice de la pizza, mais aussi ma sublime louisa.

°° Te retrouver °°

Gemma semblait impatiente que nous formions cette famille elle et moi. Depuis que je la connais, je ne l’ai jamais vu s’engager dans quelque chose d’aussi sérieux avec un de ses partenaires. Bien au contraire, Gemma n’a jamais voulu d’attache, la liberté était son maître-mot, mais aujourd’hui, on se retrouve elle et moi dans une relation sérieuse attendant l’arrivée d’un enfant. Certes, Gemma a toujours d’autres partenaires sexuels, mais je m’en moque, ce que je vois, c’est qu’elle fait passer notre relation avant tous et qu’elle m’a choisie moi pour élever cet enfant. « Moi aussi, j’ai hâte d’avoir notre chez nous. »

Ce petit rebondissement n’a en rien dissipé la faim de ma brune bien au contraire et au vu de ses paroles je n’ai qu’une hâte, c'est qu’elle se remplisse le ventre pour qu’on puisse enfin se retrouver comme il se doit elle et moi. Ma petite amie a de la chance d’être enceinte sinon je lui aurais déjà fait sauter l’étape pizza ou du moins je l’aurais gardé pour plus tard. « Tu es courant que c’est uniquement grâce à notre futur bébé que toi et moi sommes encore habillé à cet instant précis ? » Je lui lance d’un regard appuyé.

Ses promesses cochonnes me donnaient envie comme d’habitude, mais sa taquinerie concernant Zenia me fit réprimer mon sourire. Mon visage se ferma comme si j’allais de nouveau me mettre en colère, mais Gemma se mit à rire et m’affirma qu’elle plaisantait. Je mimais de toujours faire la tête pendant qu’elle me donnait de doux baisers. Il ne me fallut pas bien longtemps avant de me détendre et de profiter de la chaleur de ses lèvres et de sourire à nouveau.

Mais quand elle évoqua notre dîner qui était enfin arrivé, je ne pus réprimer un rire. Le message était passé cinq sur cinq, nous devions manger tout de suite sinon madame allée devenir désagréable. « Aller, nourrissons la bête avant qu’elle ne devienne féroce. » Je ris de nouveau et me libérai de son étreinte avant de l’asseoir sur une chaise. Je me rapprochai de la table et ouvris le carton de pizza. Cette dernière était déjà coupée, parfait. Je saisis une part et me retournai vers ma brune. Je l’approchai de son visage. « Bon appétit mon amour. » Elle ouvrit la bouche et je glissai la part entre ses lèvres. Quant à moi, je me nourrissais du spectacle qui se jouait devant moi alors que Gemma se saisit de la part. Je m’appuyais sur la table de la cuisine et la contemplais sous chaque couture.

« Un jour, il faudra que tu m’expliques quel sort, tu m’as jeté pour que je retombe chaque jour amoureuse de toi. » Oui, car à part la sorcellerie, je n’arrivais pas à m’expliquer à quel point cette femme remplissait mon cœur de bonheur et d’amour. Oui moi Louisa, celle qui n’avait jamais aimé et se refusait d’aimer, j’étais arrivée à déborder d’amour pour Gemma.

°° Te retrouver °°

J’avais toujours su que Louisa et moi, c’était plus qu’une simple histoire. Depuis que je l’avais rencontrée, je m’étais attachée à elle d’une façon que je n’avais jamais imaginée possible. Moi, la fille libre, l’amante sans attaches, j’étais là, enceinte de l’enfant que nous allions élever ensemble. Et bien que d’autres relations physiques parsèment encore mon quotidien, c’était elle ma destinée, elle que je voulais à mes côtés pour construire cette famille.

Sa remarque me faisait sourire. "Oui, c’était clair que si on n’attendait pas ce bébé, je me trouvais déjà à savourer mon dessert... Bien juteuse! Mon préféré des desserts! " Je lui lançais un clin d’œil taquin. Ses sous-entendus avaient toujours ce pouvoir sur moi, cette manière de faire battre mon cœur plus vite, mais aussi de me rappeler à quel point elle était spéciale. Elle ne laissait rien paraître de son ancienne vie, celle qu’elle avait laissée derrière elle, mais elle restait Louisa, la femme forte et indépendante que j’aimais plus que tout.

Alors qu’elle ouvrait le carton de pizza et s’apprêtait à me nourrir – ce qui, honnêtement, me faisait fondre – je la regardais avec cette lueur dans les yeux. Mais soudain, le téléphone de Louisa émit un petit "bip". Le son résonnait dans l’air, coupant net notre moment complice. Je voyais son regard se tourner vers le téléphone posé sur la table de travail, et avant qu’elle ne puisse le saisir, j’avais eu un réflexe plus rapide. Je l’attrapais avant elle.

Tout roulait parfaitement, comme d’habitude. Mais bien sûr, il y avait toujours un truc pour tout foutre en l’air, pas vrai ? Rien de dramatique au départ mais ... Toujours ce fameux MAIS.

"Laisse, je regarde." disais-je d’un ton léger, sans vraiment penser à mal.

Mais quand l’écran s’illuminait, ce que je voyais me faisait l’effet d’un coup de poing dans l’estomac. Le message provenait d’un numéro que je connaissais parfaitement, et son contenu était plus que clair. C’était explicite, bien trop explicite pour être anodin, surtout venant de l’une de ses anciennes clientes de son ancienne vie. Mon sourire disparaissait aussitôt, remplacé par une vague de colère que je n’arrivais pas à contrôler.

Ce putain de message allait foutre notre si belle retrouvaille ? Est-ce que c’était ça ? Ce genre de message que je n’avais aucune envie de lire.

Je relevais la tête vers Louisa, mes yeux lançant des éclairs. "C’est quoi ça, Louisa ? Tu m’expliques ?" Mon ton était sec, tranchant, sans la moindre once de patience. Louisa tentait de m’expliquer, mais je levais la main pour l’arrêter, la coupant net, mon sang ne faisait qu’un tour. "  Non, tu fermes ta gueule !  Tu sais quoi? Tes excuses, tu peux te les foutre où je pense mais bien profond, je te le dis! " Je balançais le téléphone sur la table avec un bruit sourd, les poings serrés et je me levais du tabouret pour faire les cents pas dans la cuisine "Bordel, tu reçois encore ce genre de messages ?! Me dis pas que c’est juste un malentendu. Sérieusement, t’as cru que j’allais gober ça ? Tu sais quoi, si tu veux encore jouer la petite pute dévergondée, je t’en prie, Louisa,  retourne traîner avec tes pouffiasses, fais-le, mais pas devant moi, t’as compris ?"L’envie de manger, de partager quoi que ce soit avec elle, s’était envolée. Dos à elle, désormais,  la colère m’engloutissait, répétant encore. "Si tu aimes jouer la pute, fais-toi plaisir, Louisa ! Va te faire démonter par cette salope, j’en ai strictement rien à foutre, tu m’entends, rien à foutre, bordel de merde !"

°° Te retrouver °°

Un message, il ne suffit que d’un stupide message pour ce qui ressemblait à des retrouvailles pleines d’amour deviennent un vrai chaos. Quelques secondes, auparavant, je nourrissais mon amour avec de la pizza, remplissant son ventre qui criait famine et qui menaçait de laisser la bête rugir si la nourriture n’arrivait pas. Toutefois, ce n’est pas le manque de nourriture qui réveilla la furie qui sommeille en la femme que j’aime, ce ne sont que quelques stupides mots affichés sur un téléphone. En effet, je venais de recevoir un message et Gemma s’en saisit afin de m’informer de qui était l’expéditeur. Honnêtement, cela ne me dérange pas que Gemma regarde à ma place mon téléphone, je n’ai rien à lui cacher, bon à par le fait que j’ai couché avec Wyatt mais ça c’est une autre histoire que je préfère taire à jamais pour des raisons évidentes. Enfin, revenons à cette histoire-ci présente qui se joue dans ma cuisine. Gemma se saisit donc de mon téléphone et je vois son visage se décomposer pendant qu’elle lit le message.

Elle me retourne le téléphone dans un ton plein de rage. J’eus à peine le temps de lire les mots inscrits et d’ouvrir la bouche que, Gemma partie en furie. Le message provient d’une de mes anciennes clientes quand je n'étais encore que la petite catin du Red Cellar. Il m’arrivait de faire des extras en tant qu’escorte avec certains clients, Gemma le savait pertinemment. La dite cliente me propose un contrat, mais elle ne doit pas savoir que j’ai raccroché depuis quelques mois maintenant. Il faut dire que je n’ai pas appelé tous mes clients pour leur annoncer que j’arrêtais de vendre mon cul, j’avais un peu autre chose à penser, comme ma guérison par exemple.

Enfin bref, je n’ai pas voix au chapitre puisque ma petite amie part sur ses grands chevaux sans même me laisser m’exprimer, vive les hormones ! Son ton est méchant comme à chaque fois qu’elle est en colère, mon téléphone vole au sol comme je m’y attendais, mais ce n’est pas ça qui me blesse le plus. Non ce qui me blesse, c’est qu’elle puisse penser que je lui cache une chose pareille. La rage monte en mois également parce que je n’accepte pas qu’elle soit si injuste avec moi, je pense avoir beaucoup changé au cours des derniers mois et méritais plus de confiance que ça. Elle est de dos faisant son caprice telle une diva, mais je ne vais certainement pas me laisser traiter de la sorte.

Je tape du poing sur la table avant de moi aussi m’exprimer. « Maintenant, ça suffit, Gemma ! » Je vois ma brune se retourner pour me faire face. « Tu n’as pas le droit de me traiter de la sorte sous prétexte qu’un message te blesse ! » Je pointe mon doigt vers elle tout en continuant à parler. « Tu ne m’as même pas laissé une chance d’expliquer la situation qui de toute évidence ne peut absolument pas être un malentendu pour toi ! » Je n’accepte pas qu’elle me traite encore comme la femme objet que j’ai pu être dans le passé, j’assume d’avoir vendu mon corps à tous ses clients, mais que la femme que j’aime ne me résume qu’à ça, ça fait mal. « Je pensais que tu avais une meilleure estime de moi, moi je ne vois pas que la trafiquante de drogue, ou la maquerelle ou encore la garce quand je te regarde, non moi, je vois la femme aimante, sensible, attentionné, mais apparemment à tes yeux, je ne représente qu’un putain d’objet, la petite chienne à son maître. »

Je me retourne vers la table faisant voler sa pizza au sol de rage. « Je ne suis plus cette personne et je n’accepterais jamais que tu me rabaisses à cela ! Je ne suis plus ta petite pute fétiche, tu n’es plus ma patronne et je ne suis plus ton employé ! Je veux que tu me respectes en tant que femme, c’est comme ça que tu vois la mère de ton enfant ! » J’ai littéralement, mal au cœur, j’ai la rage qu’elle me traite de la sorte, qu’elle me dénigre comme ça, moi qui ai tellement fait pour elle.

°° Te retrouver °°

Je la regardais, la rage bouillonnant en elle, et je ne pouvais m’empêcher de lever les yeux au ciel. "Oh là là, on joue encore la victime, hein ? Veux-tu que je sorte les violons ? Ça irait tellement mieux avec ton discours !" Je croisais les bras, affichant un air faussement compatissant.

Je me retenais de rire nerveusement alors que Louisa, furieuse, faisait voler la pizza au sol dans un éclat dramatique qui me dépassait. Bien sûr, la scène m’exaspérait autant qu’elle me peinait.

Je soupirais, exaspérée, les bras croisés, alors qu’elle pointait son doigt vers moi avec toute sa haine. Son discours, sa façon de me décrire comme la vilaine responsable de ses anciens démons, c’était presque trop. J’aurais dû me calmer, sûrement, mais la frustration me montait à la tête aussi vite que la nausée qui pointait doucement dans le creux de mon ventre.
"Tu te rends compte de ce que tu dis, Louisa ?!" Mon ton était sec, mes mots claquaient comme un fouet.

Je posai mes mains sur mon ventre, sentant une légère tension, probablement plus psychologique que physique, mais suffisante pour me rappeler que dans cet état, le moindre stress pouvait tout amplifier. Les hormones ? Peut-être, mais ce n’était pas une excuse.

Je jetai un coup d'œil à la pizza éclatée au sol – celle que j’avais encore goûtée quelques minutes auparavant, chaque bouchée un réconfort, chaque saveur un rappel que, malgré les doutes, tout ce que nous bâtissions avait un sens. Mais la voir réduite en miettes… C’était presque symbolique de l’absurdité de notre dispute.

"Et cette pizza, Louisa ! Je crève de faim et toi, tu me balances mon repas comme si c’était rien ! Tu veux te faire respecter ? Très bien, mais apprends d’abord à respecter le ventre de ta future femme, et cette putain de pizza par la même occasion."

Je secouais la tête, serrant un peu plus les bras autour de moi, tandis que le silence retombait entre nous. Je balayais la pizza renversée du pied comme si c’était une simple nuisance et m'avançais doucement vers la fenêtre, l’esprit ailleurs.

"Si je suis furieuse, c’est parce que je sais à quel point tu peux être vulnérable, et je n’ai pas envie que ce passé revienne te hanter, encore et encore... Je n'ai pas envie de te retrouver avec une aiguille dans le bras parce que madame ne supporte pas la pression de la vie. Je ne suis pas ici pour être ta mère  !!!  Tu dis que tu n’es plus cette personne, mais chaque fois qu’un vieux fantôme se présente, tu agis comme si tu étais encore cette petite catin du Red Cellar. Alors, excuse-moi, mais je n’ai pas envie de jouer à la douce pendant que tu fais ta petite drama queen. Ce n'est pas moi qui te rabaisse, c'est toi qui te mets dans cette position."